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[RP] Chez Cyann & Sabifax - 5 rue du verger - Vaudemont

Sabifax
Ce soir là, Sabifax rentra tard du tribunal, ceci n'avait rien d'exceptionnel mais ce soir là... Brisson était avec lui. Le jeune enfant avait eu une journée assez éprouvante ou il s'était retrouvé au tribunal, trainé par sa mère pour avoir utilisé un arc et viser le couvre chef d'un gentilhomme En chemin, il avait demandé à se faire porter et il dormait maintenant dans les bras de son père.

Tournant la poignée d'une main alors que son autre bras commençait à fatiguer, il poussa la porte de la maison et... voyant l'état dans lequel l'intérieur de la chaumière était, il savait par avance qu'il n'était pas encore couché. C'était pas seulement les casseroles, poêles, assiettes, couverts, chaudrons et autres godets entassés dans l'évier en pierre, mais il y avait aussi les chausses dont certaines étaient conçues pour laisser les orteils s'aérer et les braies en laine épaisse - spécial hiver - bien dissimulées sous des tas de chemises disséminés aux quatre coins de la maison. Mouais.... Il y avait eu du laisser aller dans ces derniers jours et bien du ménage à rattraper...

Il posa Brisson sur un fauteuil et il cala le petit avec un coussin qui lui supportait la tête appesantie.Puis il commença le grand rangement... C'était pas seulement pour son fils qu'il faisait ça. Cyann était en route pour Vaudémont et... il n'était point convenable de recevoir la dame dans une masure qui ressemblerait à un taudis malpropre de souillon. Il récurerait jusqu'au lever du soleil si il le fallait, mais la maison serait proprette et sentirait bon! Foi de Sabifax.

Il commença donc par jeter quelques bons morceaux de bois dans le foyer qui éclairèrent la maison d'une bonne flamme chaude puis s'attaqua au gros des travaux: le lavage des bas et des braies. Il était rendu à son quatrième et dernier baquet de linge à laver, comme en témoignait les habits partout étendu et finissant de dégouliner leur eau sur le plancher quand il se rendit compte que Brisson était réveillé et suivait tout ses mouvements du regard les yeux grand ouverts. Le temps d'une pause semblait être venue et l'heure de coucher officiellement le gamin d aussi.


Mon Petit bonhomme... ... Tu seras mieux sous des couvertures. Allez hop!

Brisson, obéissant, descendit immédiatement déjà de sa chaise et partait en direction de la petite pièce qui lui avait toujours servi de chambre. Sabifax réalisa tout d'un coup qu'il n'avait pas prévenu le jeune homme que demain...ils auraient de la visite, de la grande visite. Il attrapa Brisson qui passait à coté de lui et l'assit sur ses genoux, au grand plaisir du gamin qui allait bénéficier d'un peu de temps.

Attends un petit peu... viens ici.

Sabifax hésita... ne sachant pas par ou commencer son histoire. Et puis Brisson n'était qu'un petit enfant... il fallait faire simple. Avait il besoin de tout savoir ? de tout comprendre ?

Brisson... tu te rappelles la grande fête ducale cet automne ? Ce bal avec les belles étoiles ?
Bien tu sais la troubadour....


Papa... C'est quoi une troubadour ?

Ouch... première question de l'enfant. La réponse simple aurait été de dire qu'elle invente des histoires tout en musique et en vers. Mais Sabifax n'était pas le genre à donner une explication simple à un enfant de 5 ans.


Et bien Brisson... une troubadour c'est... Mmmm comment dire...
Je vais te prendre un exemple: Quand tu t'allonges dans l'herbe et que tu regardes le ciel. Tu choisis un nuage et tu imagines à quoi il ressemble. * Brisson sourit devant le souvenir évoqué * puis t'en choisis un autre... puis un autre et ainsi de suite tu peux lire une belle histoire écrite au dessus de ta tête.
Et bien une troubadour... elle sait faire ça mais sans avoir besoin de regarder les nuages.


Le gamin souriait, faisant penser à son père qu'il avait compris. Faut dire qu'il est habitué d'entendre les explications saugrenues de son père ou qu'il sait qu'il vaut mieux laisser son paternel penser qu'il a compris sinon il en aura pour des longues minutes d'explications toujours aussi peu claires.

Bien que très simpliste, le juge, lui était satisfait de son explication... nul besoin de préciser qu'une troubadour adore chanter car connaissant son fils, celui ci n'aurait cesse de demander des chansons à la belle. Nul besoin aussi de préciser, qu'une troubadour est avant tout...
Le jeune homme interrompit sa pensée, sentant le regard toujours interrogateur de l'enfant qui le fixait. Surtout que partir à penser à cette troubadour risquait de l'entrainer dans de longues rêveries.


Et bien la troubadour sera ici demain et devrait y rester quelques jours, La fée bleue du bal sous les étoiles...

A cette évocation si mémorable pour le jeune enfant, ses yeux s'ouvrirent tout grand et 2 longs sillons se dessinèrent de part et d'autre de sa bouche. Se rappelait il la magicienne ? Le costume de roi des lutins ? La part de tarte qu'elle lui avait donné cette journée là au concours de cuisine ? ou était ce tout ces souvenirs mais Brisson semblait content et donc, de fait, son père aussi!

Ah! Quenotte ?

Un O de surprise qui le laisse sans voix reste dessiné sur la bouche du jeune homme... Ne serait ce que la tête de mule qui a marqué son fils de cette nuit là ?


Euh... oui... non!
Bon.... Tu verras bien demain. Maintenant au dodo...


Lui aussi il verrait bien demain!
Il apporta Brisson jusqu'à son lit et à peine couché il ne prit pas deux minutes à s'endormir, emporté par ses rêves enfantins.

Sabifax retourna pour finir son grand nettoyage mais au lieu de s'y remettre immédiatement, il relut la dernière lettre qu'elle lui avait adressé et s'installa à son bureau pour écrire une longue lettre à celle qui allait venir habiter ici... si rien ne les faisait changer d'idée. Il finirait de ranger plus tard.

A peine eut il fini d'écrire et de cacheter sa lettre que la fatigue le saisit et l'emporta, lui aussi, dans des rêves hantés par cette attirante et désirable amante.


_________________
Cyann


Vaudémont, chaumine de Sabifax et Brisson, 24ème jour du mois de février 1458

Alors que Cyann, une moue sur ses lèvres framboises, toisait la malle en bois cerclée de fer contenant ses biens les plus précieux, tout en se demandant comment la transporter, Sabifax pointa son nez et l'enlaça par derrière. Après les embrassades désormais d'usage entre les deux amoureux, le jeune homme demanda à sa compagne comment il pouvait l'aider à emménager dans ce qui devenait ce soir leur chaumine. Celui-ci, venant de débarquer après une rude journée de labeur, ne savait rien de l'état d'avancement du dit déménagement, La jeune femme lui indiqua une malle qu'elle n'avait pu transporter seule, enfin c'était surtout pour qu'il se sente utile et fort … La troubadour n'avait en fait que très peu partagé sa vie avec un homme antérieurement et était un peu trop habituée à tout faire toute seule … Sabifax râla avec des « ha les femmes »  « 
vous n''aviez pas plus gros ? » puis, il lui demanda en soupirant pour savoir où il devait poser l'énoOOOrme malle. « Où avez-vous mis vos affaires ? »

La troubadour taquine lui annonça avec son plus grand sérieux avoir commencé par la chambre d'amis mais que, comme tout ne rentrait pas, elle en avait aussi mis dans sa chambre à lui. Le jeune homme sursauta puis pâlit au fil de la description du chantier et soupira de nouveau avec des « ah les femmes », « qu'est ce que c'est encombrant » blablabla, Il eut l'espoir soudain qu'au moins elle eût emmener parmi tout ce fatras inutile -décrit avec minutie et application par la poétesse-, de quoi remplir sa cave mais, la coquine pris un malin plaisir à le décevoir de ce coté là aussi, prétextant que tous ces tonneaux resteraient à l'auberge « L'Arbre à Cadabras », loin des gosiers voraces. La plantureuse blonde, espiègle, le fit mariner un moment avant de lui faire remarquer qu'en tant que troubadour, elle avait l'habitude de voyager léger. Et que, à part la grosse malle sise ici même, le reste se devait de rentrer dans les fontes de ses chevaux, provisions comprises, et qu'il n'avait donc aucun souci à se faire, Elle pouvait arriver et .. repartir aussi vite que le vent ou presque, toute sa vie contenant sur une nappe de pique nique. Une fille de l'air … comme elle savait si bien le chanter à l'occasion ...

Pour leur première nuit ensemble, enfin ….leur première nuit ensemble non ..., disons leur première sous le même toit, quoique non plus .. leur première nuit sous leur toit ? Mmh Cyannn ne se sentait pas vraiment chez elle dans la demeure de Sabifax ; malgré ce sentiment sans doute passager, il faut laisser le temps au temps, comme se complaisait à lui seriner son Oma, cette nuit avait une importance particulière pour la jeune femme, Elle était à) la fois pleine d'espoirs et pleine d'appréhensions. Elle se dévêtit, prit le soin de dénouer ses tresses et de brosser sa longue chevelure couleur des blés sous le soleil d'été et glissa vite sous l'édredon pour ne pas attraper la crève car malgré le feu qui ronflait dans la cheminée, l'air était frais dans la chaumine. L'océan de ses yeux reflétant le scintillement de milles et une étoiles, elle attendait le retour de son aimé, Sabifax,. Ou du moins, elle voulait l'attendre. Cependant, malgré ses sentiments exaltés en cette journée si particulière, si pleine de signification, ou peut être à cause d'eux, la fatigue s'était accumulée durant la journée et la jeune femme sombra malgré toute sa bonne volonté assez rapidement dans un sommeil de plomb. Ou alors le juge mis des plombes à récurer les sabots des canassons, à lustrer leurs poils et à jeter quelques bottes de paille dans ce qui leur servait pour l'heure d'écurie, Tout est relatif.

Lorsque Sabifax eut fini de s'occuper des deux chevaux à l'étable, ôté ses bottes devant la porte d'entrée, fait quelques pas pour pousser la porte de sa chambre et jeté ses braie sales et autres attributs inutiles pour passer la nuit dans son lit, surtout en si charmante compagnie, par dessus son épaule sans vraiment se soucier de l'endroit ou cela atterrissait, il compris enfin d'où venait ce bruit étrange et inattendu ou plutôt, ce vrombissement incessant digne d'un moteur diesel mais ça, le jeune juge en bois brute ne pouvait utiliser cette image, les chevaux, ânes, charrettes à bras et autres attelages ne vrombissant pas le moins du monde, Parfois, ils halètent ou s'ébrouent, mastiquent mâchonnent, ruent ou râlent, couinent aussi mais ce ronflement là .. non.
C'est ainsi qu'au petit matin la blonde s'éveilla et le trouva tout contre elle, elle se pinça pour être sur qu'elle ne rêvait pas et sourit aux premiers rayons de soleil accrochés aux cheveux de miel de Sabifax, Elle le regarda dormir en silence n'osant pas bouger de peur de briser ce moment magique ou l'ange marche dans ses rêves. Puis, il ouvrit un œil et bailla et la dévisagea un air un peu étonné sur son visage sembla t il à la poétesse. Elle sourit et lui caressa sa joue rappeuse en ce matin. IL lui rendit ses caresses et déposa un baiser sur ses lèvres puis un second puis un autre est elle les lui rendit. De caresses en baisers de fil en aiguille, de soupir en sourire, de mots doux en plaisanteries, ils disparurent sous la couverture qui se mit à faire des vagues dans un rythme évoquant le flux et le reflux, Une plage de sable fin léchée par l'écume. D'abord ample et lent, les mouvementés se firent plus rapides, plus puissants, toujours plus hauts, comme quand la mer prépare un ras de parée, Hé oui : les couvertures murmurent bien des choses à qui sait écouter …

Puis, tout à coup, une tête blonde émergea de cet océan de laine déchainé. Bientôt suivie d'une seconde, aux yeux fauves.

Mais, si je vous dis que j'ai entendu quelque chose ... comme un ... grattement ...

Sabifax écoute puis fait non de la de la tète en la secouant de droite et de gauche

Cyann, vous aurez entendu un oiseau dehors sans doute, un pic vert


Sabifax ! C'est un son 'inhabituel pour moi .. pas comme un oiseau ou une bête dehors, non non ! Je vis dans un arbre ...


Le jeune homme tend l'oreille et pose son regard fauve sur elle un sourire en coin

mhh vous n'essayeriez pas d'échapper à votre devoir conjugale des fois ?


Sabifax : on est pas mariés !


Le jeune homme rit et replonge sous la couverture, Cyann se met à rire et replonge à son tour sous la couverture qui se remet à s'agiter de mille tremblements. Soudain, le visage de Sabifax sourcil froncées et air grave émerge à nouveau, cette fois il a entendu lui.

Brisson se tient cette fois devant la porte de la chambre et les regarde enfin, l'enfant regarde la couverture que le jeune homme tire d'un geste nerveux vers lui histoire d'être bien sur que leurs deux corps demeurent cachés alors que son fils frotte ses grands yeux encore tout emplis de poudre de perlimpinpin :


Papa … Dis ze peux venir faire un câlin ?


La tête blonde de Cyann émerge elle aussi de sous l'édredon et son visage vire au coquelicot. Grummff ça elle y avait pas pensé l'aventureuse et très indépendante troubadour qui, elle, n'a pas jamais eu d'enfant. La vie de bohème a ses exigences ...Une série d'émotions la traverse puis, elle s'écrie les yeux pétillants rivés sur Brisson.


Hey le roy des lutins ! Bonjour toi


Elle lui sourit.

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Sabifax
Le regard fauve était bien ce qui décrivait le mieux le jeune homme quand il sortit la tête de sous la couverture. Il avait tout d'un fauve (sauf l'haleine... qui, par chance pour la troubadour, restait toujours marquée par une effluve de mirabelle) et ca résumait tout aussi bien les derniers instants qui brillaient encore dans ses yeux et son regard digne d'un grand félin à la crinière épaisse trahissait l'activité sauvage qui s'était déroulé auparavant. Oh! ne vous méprenez... par sauvage, je ne veux pas dire bestial, barbare ou en dehors de la bienséance. Il ne s'agit pas non plus d'une activité brute, grossière au cours de laquelle un farouche carnassier vorace et assoiffé de chair fraiche se serait jeté sur une pauvre petite proie sans défense. Ni même une carnassièrE qui... ( je vous laisse compléter la suite).

Non! bien au contraire, la 'fauve attitude', c'était exprimée tout autrement. Bien sur, les deux amoureux n'avaient pas la souplesse d'une panthère mais ils s'étaient minaudés puis rugis quelques petits mots d'amour entrecoupés de caresses tendres et félines. Sous le soleil tropical et la chaleur humide qui régnait alors sous la couette, les vrombissements nocturnes avaient été remplacés par des petits ronrons et des miaulements parfois rauques. Exalté par toutes ces chatteries, le jeune homme tel un tigre à l'appétit aiguisé avait mordu de baisers les lèvres suaves de sa proie et parcourue sa peau enduite de plaisir dont il était si friand. Bref... c'était la fête sous la couette entre une pétulante lionne et un tigre impétueux.
Mais tout ça, Brisson du haut de ses 5 ans d'innocence ne pouvait pas le deviner. Tout au plus, avait il entendu un rire ou un feulement plus expressif que les autres qui aurait éveillé curiosité ou inquiété.

Par surprise et par réflexe pudique, le jeune homme avait tiré à lui une bonne partie de la couverture, ne laissant que le strict minimum à sa compagne de la nuit (d'une vie ???) qui, de fait, avait du mal à tout cacher. Réalisant son indélicatesse et nullement inquiété par la présence de son fils, il se redresse un peu et sort de la couette son torse de soldat sur-entrainé de l'OST, laissant par la même occasion une plus grande bande de couverture à sa troubadour adorée.







Le gamin regardait Cyann fixement, mille pensées assaillaient son esprit face à un univers d'adulte dont il n'avait pas encore conscience. Incapable de dissimuler ses émotions, le visage de Brisson exprimait clairement l'incompréhension et l'embarras.

Bonjour Dit simplement Brisson d'une voix timide, puis son regard chargé d'appréhension se porta vers son père.

Sentant la confusion de son fils, Sabifax regretta d'un coup d'avoir en quelque sorte provoqué cette situation en invitant Cyann à vivre sous son toit alors que son fils y était aussi. Encore une idée foireuse... pensa-t-il ou son explication de la veille qui n'avait vraiment pas été à la hauteur. Mais là, ce n'était plus temps de reculer. Il enfoui ses craintes et lança d'un ton guilleret.

Bonjour mon bonhomme!

il lui sourit, glissant sa main sur celle de Cyann encore cachée sous la couverture.

Bien sur que tu peux avoir un calin..
Viens vite ici..


Brisson fit un beau sourire et trottina jusqu'au lit puis il sauta dans les bras de son père pour y sentir le réconfort et la chaleur paternelle. Sabifax serra plus fort sa main autour des doigts de Cyann avant de la lâcher puis il caressa les cheveux ébouriffé de son fils. Brisson déposa un bisou sur la joue et enfoui son visage dans le creux de l'épaule de son père puis il se blottit contre lui, tirant à lui toute l'affection qu'il pouvait aller chercher. Sabifax continua de passer sa main dans la tignasse de son fils et tourna la tête pour adresser un sourire amoureux à Cyann. Le temps s'écoulait lentement, chacun semblant perdu dans ses pensées et il profitait de ce moment de tendresse qu'il n'avait pas eu depuis longtemps, n'ayant peu vu son fils depuis sa séparation avec Rosa.

Il prit sont fils par les épaules et, en le reculant un peu pour mieux le voir et, dans un même mouvement, lui dit d'une voix souriante:


Alors Brisson,On va déjeuner puis tu veux venir travailler à l'atelier avec ton papa aujourd'hui ? * il dépose un baiser sur son front *


Je veux maman... Elle est ou maman?

La réponse ou plutôt la question du garçon pinça le cœur de son père qui resta un instant sans voix. En un instant le vide complet se fit dans sa tête, puis un sentiment de culpabilité l'envahi, celui d'avoir précipité les choses ne voyant que son propre intérêt sans penser ni à son fils ni à la situation dans laquelle il plaçait à ses yeux enfantins sa relation avec Cyann. Le gamin savait très bien ou était sa mère, là n'était pas la vraie question. Sabifax allait plutôt devoir lui expliquer pourquoi, à la place qui était, il y a peu de temps encore, celle de Rosa se trouvait une autre femme et qu'elle comptait beaucoup pour lui. Sachant que cette explication était inéluctable, Il avait pourtant essayé de la repousser au maximum, mais là... il n'avait pas d'autres choix et il allait devoir expliquer cette situation à son fils. Même si... il n'avait pas encore idée de comment s'y prendre ni comment lui présenter la Cyann dont il était éperdument amoureux.

Il se tourna vers Cyann, allait se pencher pour l'embrasser mais se ravisa, lui envoyant à la place un regard embarrassé, espérant qu'elle comprendrait et qu'elle lui pardonnerait de ne pas voir préparé son fils sa nouvelle vie. Il souleva son fils puis le posa par terre.


Ta maman, elle est à St-Dié.
Bon! Je m'habille et on va aller tout les deux préparer le déjeuner. Va à la cuisine... j'arrive!


Sabifax se tourne et sort ses jambes -seulement ses jambes - de dessous les couvertures à la chaleur encore moite puis il ramasse ses braies qui trainaient par terre au pied du lit et saute dedans pendant que le gamin s'empresse de sortir de la chambre. Il saisit sa chemise et repose son regard vers la belle troubadour qui semble se poser bien des questions. Sabifax grimpe sur le lit, s'agenouille à coté d'elle, pose sa main sur la couverture et dépose un rapide baiser sur les lèvres de son aimée.

Cyann, Je dois y aller...

Il la regarde une dernière fois, remarquant la petite marque rouge qu'elle a sur son cou, signe d'un baiser un peu trop mordant puis saute en bas du lit et se dirige vers la porte, glissant sa chemise pour cacher son torse encore imprégné du parfum de son amante. Arrivé à la porte, il se retourne et dans un sourire qui cache son embarras, il lui lance:

Cyann... Deux œufs pour vous!?


Il part rejoindre son fils qui a déjà sorti le pain, sachant qu'il va devoir lui expliquer certaines choses de la vie et rassurer le petit bonhomme. Et ça, c'est vraiment pas gagné d'avance...


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Sabifax
Ils, le père et le fils, ne furent pas si long que ça... Même si la durée est une notion toute relative et qu'une seconde loin de l'être aimé peut tout aussi bien sembler durer une longue éternité d'absence. Mais il faut savoir prendre le temps de bien faire les choses, en l'occurrence il s'agissait d'un petit déjeuner substantiellement nourrissant. Après que le jeune homme ait coupé d'épaisses tranches de pain, Brisson avait pris tout son temps pour les beurrer copieusement d'une couche de graisse luisante... A coté de ça, ils avaient préparé une demi douzaine d'œufs, cuits mais pas trop avec un 'petit' fond de graisse de canard... Un petit déjeuner un peu différent de ceux - d'ordinaire plus gourmet - auxquels le juge et la troubadour étaient habitués mais qui avait été facile à faire et avait pour objectif de rassasier leur appétit à tout les trois.

Il poussa la porte de la chambre portant un plateau chargé des victuailles juste pour le montrer à la troubadour et exciter ses papilles gustatives alors que le jeune garçon s'évertuait toujours à ouvrir une bouteille de lait, lui pourtant déjà si habile quand il s'agit d'ouvrir une bouteille de mirabelle.

Entre deux œufs cassés dans la poêle - ai je besoin de le préciser ? -, le jeune homme avait essayé de faire mieux comprendre à Brisson ce qu'était sa relation avec Cyann. Il avait d'abord songer à lui raconter la célèbre histoire du crapaud et de la belle princesse mais finalement il s'était ravisé, ne l'estimant pas des plus propices pour expliquer à son fils de cinq ans la pluralité des sentiments amoureux et que rien au monde n'altèrerait l'affection qu'il lui portait. Il avait plutôt trouvé comme idée - saugrenue - de simplement lui expliquer que le lien entre lui et la plantureuse blonde était comme celle que le jeune garçon et loup blanc entretenaient. Ouais... ca peut paraitre bizarre comme comparaison... surtout dit de même - et espérons que la troubadour soit bien resté sagement dans la chambre pour ne pas entendre un seul mot de cet alambiqué discours dans lequel il s'était lancé. Le fou...

En plus, à l'entendre, on pourrait penser que le juge et la jeune femme passent leur temps à gambader et batifoler à travers bois et fourrés ou à se frotter le museau l'un contre l'autre. Surtout que le jeune homme prenait bien des détours pour 'éclaircir' ses élucubrations sur l'amour. Mais que nenny! Il ne s'agissait pas du tout de cela mais bel et bien de la multiplicité des sentiments et le juge avait mis toute sa force de conteur à convaincre Brisson que l'amour qu'il portait à la jeune femme priverait jamais le garçon de l'affection de son père. Brisson avait finalement semblé comprendre quand il lui avait dit, avec un clin d'œil complice, que la jeune femme était une perle en cuisine, de surcroit experte en cochonnailles: galantines, saucissons, rillettes et autres andouilles avaient fini de convaincre le jeune garçon - qui comprenait vite quand on lui expliquait avec les bons mots - qu'il allait trouver en Cyann une très bonne alliée.

Et c'est ainsi que les Beauregard, père et fils retournèrent dans la chambre, espérant que la troubadour n'aurait pas pris les jambes à son cou et qu'ils allaient pouvoir attaquer.


Cyann... on vous attend et on a faim... Surtout Brisson. * sourire *
Z'avez pas un petit creux, vous ? Me semblait que le matin... vous aviez un appétit d'ogresse.




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Cyann


Cyann... Deux œufs pour vous!?


C’est ça … allez me faire cuire un œuf !

Répond la blonde mi boudeuse mi rieuse en jetant un coussin à la tête du « papa », ce qui fait voleter quelque plumes et des éclats de rire ci et là, puis, la jeune femme s’étend sur le lit désormais vide, sur le dos, les bras au dessus de la tête bien écartés et elle s’étire comme un chat. Languide, elle s’enroule et se cambre, puis s’allonge et se rallonge encore, baille et libère ces milliers de papillons de nuit coincés entre ses fibres désormais accordées. La jeune femme, sa chevelure d’or formant une flaque doré sur la paillasse ramène ensuite les bras le long de son corps nu et regarde le plafond ou, plutôt, ses yeux sont rivés sur cette partie de la chaumine mais, ils voient bien au delà du toit, un ciel parsemée d’étoiles scintillant encore faiblement car disparaissant au fur et à mesure que la toile violette de brume matinales ne se tisse sur le ciel de Vaudémont. Un matin comme tous les matins du monde se demande la troubadour, les yeux emplis d’un bonheur encore incertain d’être réel. Parfois elle se fait l’impression de marcher dan s les rêves d’une autre, empruntant des chaussures qui ne sont pas les siennes et lui feront peut être mal à la longue… Elle grimace et joue avec les ombres sur le mur blanc.

Des mots doux, des mots tendres ou coquins, des mots ronds, des mots rêveurs, des mots gaies, des mots des mots toujours des mots ! Ils sont là et se bousculent dans sa tête blonde, elle saisit un parchemin et couche les importuns pour se libérer puis repose le petit mot griffonné sur la table ronde à côté du lit, à côté de la chandelle.


Citation:
Cher Sabifax,


je le crie sur les dunes

je le hurle à la lune

je grimpe aux murs en y songeant

je saute en l'air en le disant

je vous aime, je vous aime à la folie !


j'en ai des frissons dans le dos

et les poils qui se hérissent sur ma peau

Je m'en mords la lèvre inférieure

je sens que ça bat fort à l'intérieur

yeux de merlans fris, bouche toute arrondie

hou là là c'est excitant


exaltant étonnant époustouflant


vraiment ... d'aimer

de vous aimer



Cyann, tout simplement vostre


Elle n’en a pas fini de rêvasser quand les deux Beauregard pointent de rechef le bout de leur nez mutins, poussant la porte et avec ça une délicieuse odeur d’œufs brouillés et de pain frais qui émoustille les papilles de la très gourmande troubadour.


Cyann... on vous attend et on a faim... Surtout Brisson. * sourire *
Z'avez pas un petit creux, vous ? Me semblait que le matin... vous aviez un appétit d'ogresse.


Cyann vire au coquelicot et lâche un petit rire en grelot. Elle s’assoit sur le bord du lit enroulée dans la couverture et dit de sa voix claire et chantante :

Roooo Sabifax ! Vous allez effrayez Brisson avec ces ... histoires d’ogresse !

La troubadour lève ses yeux couleur d'océan au ciel puis plante son regard bleu dans celui de l’enfant.

Rassure toi, roy des lutins, je ne mange pas les enfants * dit elle un sourire framboise aux lèvres *
Je préfère de loin les œufs, les petit pains chauds et ronds à la croûte croustillante, avec du fromage de chèvre mmmhhhh! Et toi qu’est ce que tu préfères ?


Ben moi ze que ze préfere c'est les quiches de ma maman * dit il d'un air gourmand puis il rajouta d'un ton docte *et pis aussi les œufs de mon papa

L'enfant répondit et elle sourit d'un air entendu et dit

Bon et si… au lieu d’en causer on allait le manger ?


Les deux hommes acquiescèrent, enfin elle avait finit de bavasser ; eux, ils n’attendaient que cela surtout que .. leurs ventres criaient famine par des grooaa infernaux depuis un bail. La blonde attendit, le silence se fit, ils l’attendaient, elle restait plantée là ou plutôt, planquée sous la couverture dissimulant ses rondeurs. Leur regards pesant lourd sur ses épaules dénudées, elle rougit un brin et dit en évitant de croiser leur regard, surtout celui du juge, son bourreau, fichtre il ne perdait rien pour attendre pour l’avoir mis en et telle situation !

Filez à la cuisine, hum je … * elle fit un petit mouvement du menton* j’enfile quelque chose et j’arrive !


Elle sourit sur cette parole enthousisate et Sabifax rougisant un brin lui aussi, tout de même ! Comment avait-il pu ne pas y penser ? Et, le jeune homme entraîna Brisson à sa suite pour l’attabler. La jeune femme enfila ses vêtements à la hâte et ils se retrouvèrent pour un premier petit déjeuner à trois.

Cyann, qui depuis son enfance dévorait quotidiennement sa ration de pain accompagnée de fromage ou de charcutaille, se sentit étonnamment attiré en ce jour par une écuelle de lait fumante et des œufs. Cela la fit sourire. Ce devait être l’air de Vaudémont. Ou bien le cuisinier était un maistre de la préparation d’œufs … à moins que ce ne soit cette situation étrange. Elle posa un regard amoureux sur Sabifax et un œil attendri sur son fils. Elle caressa des yeux l’espace d’un battement de cils les courbes du visage de Brisson y retrouvant des sillons hérité de son père, et repéra ci et là des traits piochés chez Rosana. Toujours est-il que changer de petits déjeuner… était ce là l’aube d’un grand changement ? Cyann en avait des frissons dans le dos.

Une toute petite voix dans sa tête s’écriait :
Par Aristote pourquoi a-t- il fallut que je tombe amoureuse d’un homme marié et père de famille de surcroît et pis un vaudémontois ! Bien monté certes mais tout de même… la vie n’aurait elle pas pu être plus simple… ?
Ce à quoi la voix de stentor de feu sa grand mère paternelle, Oma, teintée de son sempiternel accent allemand, s’empressa de lui répondre intérieurement, ma bhelleuu tu l’as choisi et tu assoumeuus. Etre l’amanteuu d’un homme mariée c’est une situation bien trop difficileuu tu y perdras ton âmeuuu.
Cyann se mordit la langue. Elle pensa aussitôt sachant la force des sentiments qui les unissaient tout deux « je ne suis pas juste son amante » mais, cette pensée fugace fût bientôt remplacée par une autre poignante et implacable.
Cyann était bel et bien devenue « l’amante d’un homme marié », ce qu’elle s'était bien jurée de ne jamais faire. Pis ! Elle vivait sous le même toit que lui et son fils. Elle n’avait aucune légitimité et n’en n’aurait sûrement jamais aucune, du moins au yeux de la Saincte Eglise... Ses principes aristotéliciens en elle se rebellaient. Et pourtant, elle était terriblement heureuse aux côtés de Sabifax et ce, pour la première fois de sa vie et ne comptait pas laisser tomber … Mais comment allait-elle s’y prendre pour trouver sa place ? Ca… elle ne le savait pas encore… La seule chose dont elle était tout à faire sur c'est de son amour pour Sabifax. Elle plissa les yeux et passa une main dans sa chevelure d’or cherchant à penser à autre chose et surtout à dire quelque chose, un de ces riens qui habilleraient le silence.

Elle but quelques gorgées de lait chaud dans son écuelle en bois et entre deux bouchées d’œufs se lança hésitante ne sachant trop ou les mettait les pieds…


Qu’est ce que vous avez prévu aujourd’hui tous deux ?

Elle s'aperçut bien vite que même cette question prenait une ampleur inconsidéré dans cette situation ... et se dépêcha de rajouter quelque chose n'importe quoi pour échapper à ce gouffre qu'elle sentait poindre.

parce que moi je vais à la recherche de la fée bleue....

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Sabifax
Le petit déjeuner se déroula dans un silence inhabituel entre les eux amoureux. Était ce la présence de Brisson au milieu d'eux ? ou étaient ils chacun plongés dans leurs pensées sentant le malaise que la présence du jeune garçon semblait avoir involontairement semée au milieu d'eux. Le jeune homme ruminait encore les pensées qui avaient envahi son cerveau lorsque Brisson avait vu Cyann partageant sa couche. Il n'était plus sur que les choses seraient aussi simples qu'il avait songé... D'ailleurs il se demandait à quoi il avait donc songé en se retrouvant avec ces deux là sous son toit. Mais voila... ce qui était fait était fait et il allait devoir composer avec son fils et la belle ménestrelle.

Bien sur, ceci n'empêcha pas le jeune homme de finir toute son assiette... Ça n'est pas quelques petits soucis qui allaient lui couper l'appétit et les œufs accompagnèrent les épaisses tranches de pain dans son estomac. Il finissait son écuelle, trempant un dernier bout de pain dedans qui léchait le fond et la laisserait comme propre. Il allait quitter les yeux du lourd silence pesant sur la table, quand la voix de la troubadour lui fit perdre le fil de ses pensées.


Qu’est ce que vous avez prévu aujourd’hui tous deux ?

parce que moi je vais à la recherche de la fée bleue....


Les pensées du jeune homme se bousculèrent dans sa tête. De un, il n'avait pas vraiment prévu quelque chose de spécial à faire avec Brisson.
De deux.... de ce qu'il se rappelait que la troubadour lui avait dit sur la fée bleue, celle ci était au fond de la cascade et ne risquait pas d'en sortir avant la fonte des glaces. Sachant cela, le jeune homme s'était fait à l'idée d'attendre le printemps pour aller voir celle qui exauce les voeux les plus fous et qui repousse les limites des rêves les plus ambitieux.

Là... il se demandait ce que la troubadour manigançait. La dernière fois ou la troubadour avait entrainé Brisson dans son monde, la soirée c'était terminée avec milles étoiles pétaradant au dessus de leurs têtes... il n'était pas près de l'oublier. Mais bon... elle n'allait quand même pas menacer Brisson de le transformer en crapaud au corps recouvert de pustule verdâtre ou le jeter dans la gamelle de l'horrible marmita.

Il se sentait craintif de devoir passer la journée avec ces deux là.... un vague sentiment difficile à qualifier mais un pressentiment qu'il avait trop précipité les évènements et qu'il risquait de le regretter amèrement. Vous savez comme quand on voit un mur d'ennuis ou d'imbroglios difficile à s'extirper s'approcher à grande vitesse. Le temps qu'on se rende compte de ce qui arrive et il est déjà trop tard pour s'arrêter. Les évènements s'enchainent parfois plus vite qu'on ne le souhaite et vous glissent comme du sable entre les doigts, et à la fin il ne vous reste plus rien...

Il cherchait une excuse pour décliner et se sortir du piège dans lequel il s'était lui même placé quand son regard se porta sur Brisson qui regardait la troubadour, les yeux déjà plongés dans la magie de la conteuse d'histoire. Comment résister ?


Cyann... vous pensez que la fée bleue est sortie de sa cachette hivernale et qu'elle a fait de Vaudemont son havre de paix au moins pour quelques jours?

Il surveilla du coin de l'œil Brisson qui était devenu un enfant très très attentif à la discussion qui débutait entre les deux adultes. Le jeune homme prit le temps d'engloutir son morceau de pain et de se lécher les doigts qui avaient généreusement contribué au nettoyage de son écuelle, puis il continua.

On croise à Vaudémont des courges qui parlent - et ca n'est pas la moindre de leurs surprenantes qualités - ou des fruits énormes dans le fond du verger... Mais je n'ai jamais entendu parler de la fée bleue de Vaudémont.
Mmmm il y a aussi eu un loup géant... qui a décimé quelques troupeaux de moutons, c'était il y a une bonne année, au plus froid de l'hiver quand la neige avait déjà laissé une bonne couche sur nos terres.


Il porte son regard vers son fils qui après avoir but son verre de lait, boit maintenant les paroles de son père.

Et toi...Brisson, tu as entendu parler d'une fée bleue à Vaudémont?


Le garçon tourne sa tête de 5 printemps vers la troubadour et les yeux la suppliant de lui en dire plus, il répond à son père.

Non...
mais je connais pas tout. * se dépêcha-t-il d'ajouter.



Réponse pleine de sagesse du jeune enfant à laquelle le juge ne pouvait finalement qu'acquiescer... Tout argument contre un fait si évident ne pouvait qu'être battu à plate couture. Le score était ouvert: Juge 0 Fée bleue 1.

Le jeune homme esquissa un petit sourire pincé mais qui disparut assez vite quand il réalisa qu'il n'y avait aucune raison pour que la journée ne se déroule pas merveilleusement bien. Après tout, la fée bleue ne lui avait elle pas porté chance jusqu'à présent ?
Et puis.. il mourrait d'envie de demander à Cyann ce qu'elle lui voulait encore à la fée bleue...

Cyann... Pensez vous que Brisson... euh le roi des lutins puisse vous aider à chercher la fée bleue ?

Et il enchaine aussitôt d'une voix plus basse en direction de la troubadour.

Dites.... vous l'envoyez pas la chercher au fond de l'eau ???
Sa mère aimera pas apprendre qu'il s'est baigné en plein hiver....




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Cyann



Que n’avait il point dit sombre fou qui brave la tempête ? Décidément le juge avait un don pour mettre doigts là où ça fait mal. Cyann foudroya Sabifax du regard

Mais pour qui vous me prenez vous Sabifax, je ne suis peut être pas * elle rougit * mère …mais je n’ai jamais encore eu de plainte quand je gardais des enfants …

Elle se mordit la langue en songeant à un petit garçon tout là bas en Artois qu’elle avait élevé durant le long coma et la convalescence de sa mère, la duchesse Ombeline et surtout sa meilleure amie… blessée à mort …et des images affluèrent dans sa mémoire, elle réprima cet accès de nostalgie et rouvrit les yeux qui tombèrent sur les rideaux roses tendus en travers de la fenetres san doute par rosana et se mordilla la langue... Elle regarda Brisson qui la toisait de ses deux yeux excités ou semblait nager quelques frais gardons ce qui eut l'effet d'effacer instantanément toute autre pensées parasites ... un sourire naquit sur son visage de porcelaine et des étoiles brillèrent dans ses prunelles

Vous plaisantez ! Qui mieux que le roy des lutins pourrait m’aider à retrouver la fée bleue ? décidément il y a bien des choses que vous ignorez mon cher juge.. * elle lui sourit et presse sa main dans la sienne * mmhh les lois de vostre tribunal ne s’applique pas en certaine parti du monde je le crains… et seuls les lutins savent …enfin, paraît-il, car je ne suis que troubadour et je ne fais que répéter les « on dit » ….

On dit que la fée bleue, un rien frileuse, lasse de vivre dans sa gangue de glace, ou rien l’hiver ne se passe, nage parfois dans l’espace sis sous l’épaisse couche de glace et se faufile à travers nostre bon pays pour se réfugier en cette froide saison sous des eaux plus clémentes peut être…. à la recherche de la compagnie d’un génie avec qui faire du rififi ou bien d’un mortel à effrayer…

On dit aussi toutefois que si elle rencontre un cœur courageux, elle peut lui accorder un vœux.
On dit qu’il ne faut pas la regarder dans les yeux car si l’on s’égare … on ne revient pas de ce pays merveilleux…

Est ce que le roy des lutins a fini son pain ?

Car si c’est le cas nous pourrions aller chausser nos bottes et raquettes…


Tous trois finirent leur petit déjeuner et filèrent se chausser. Sabifax pris soi d’habiller l’enfant chaudement tandis que Cyann était déjà dehors. Lorsque les deux Beauregard sortirent de la tiédeur de leur chaumine, la plantureuse et rieuse blonde arriva un sourire aux lèvres framboise tirant derrière elle un traîneau.

Le coche de sire le roy des lutins est avancé … si vous voulez bien vous donner la peine…


L’enfant les yeux luisant ne se le fit pas dire deux fois et se rua dans la luge en bois sous le regard ravi de son père et de la troubadour.

Alors… alors… où y a t-il de l’eau à Vaudémont ? Car la fée bleue ne peut vivre que là où il y a une source.. un filet d’eau …. Une riv …

Alors direction le lac !
s’écria Sabifax

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Sabifax
Après ces petits mots taquins murmurés à voix si basse, mais que la troubadour à l'oreille fine n'avait pas manqué d'entendre, le regard que la jeune femme jeta au juge avait de quoi glacer le sang de n'importe quelle créature soumis au regard implacable de Cyann tel celui de la méduse des mythes anciens. Mais là s'arrête la comparaison entre la méduse de la mythologie grecque et la grande maître troubadour, non pas qu'elle n'était pas aussi séduisante et à la chevelure aussi éclatante et luxuriante que Medusa avant d'être transformée, mais elle n'était tout de même pas été l'amant d'un dieu. Quand même...

Et puis, le jeune homme voyait bien que Brisson, curieux et intrigué comme pourrait l'être une souris sentant l'odeur du fromage, était déjà tout énervé par cette histoire de fée bleue errant dans le petit village. Brisson semblait avoir compris qu'avec la troubaba, il allait gagner une amie de jeu et non pas perdre son père. Voyant cela, les craintes du jeune homme s'éloignaient rapidement, à tire d'aile, ne laissant en lui qu'un sentiment apaisant et rassurant dans son esprit. La simple pression des doigts de la jeune femme sur sa main finit de lui redonner toute sa confiance et cette simple marque de tendresse aviva en lui la flamme amoureuse qui le consumait tout les jours d'avantage. Il sourit, sentant son bonheur au bout des doigts et quelques minutes après - le temps de se préparer et de prendre une indispensable bouteille de mirabelle, ils partirent ensemble à la recherche de la fée bleue... Direction le lac de Vaudemont.



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Uriel
Sur la route d'Epinal, le Premier Archidiacre fit halte près de la demeure du Juge de Lorraine, ce dernier lui avait promis, voici bien longtemps, un coq au vin. Bien qu'il ne se serait contenté que du vin, il ne trouva que porte close.
Il déposa donc ce qu'il avait apporté de Mâcon sur le pas de la porte ...

Deux bonnes bouteilles de vin de Bourgogne, du meilleur cru. Vieilliraient-elles ... ou pas ? Il y avait fort à parier que non, vu que de toutes façons il ne fallait pas trop traîner avec cela.




Mon cher Sabi,

Mes pas me portèrent ce jour à l'ombre de votre demeure que je trouvai bien vide, cependant, il semblât que l'odeur du bonheur fut encore présente.
Je parle de mirabelle, bien entendu.

Ayant vu ce magnifique coq dans votre jardin, la fois dernière, j'avais apporté quelque vin rouge, pour l'accompagner.

Dès lors, je vous le laisse, vous avez encore gagné cela !

bien amicalement,
que Dieu vous garde,

Uriel

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Sabifax
Le couple d'amoureux fou - N'ayons pas peur des mots ! - avaient repris leur chemin inverse, du lac vers la petite maison, traversant les rues calmes du village en se tenant la main... N'importe quel observateur curieux, aurait eu un petit soupir ému de voir ainsi un si charmant couple en cette fin d'hiver alors que le soleil baignait le paysage de ses rayons caressant leurs visages rieurs sous le pépillement des oiseaux annonçant le proche retour des beaux jours et que les graines enfouis dans le riche terreau lorrain allaient bientôt commencer à germer pour donner d'ici quelques mois des fruits magnifiques.

Leurs mains unies, jointes par leurs doigts emmellés se balançaient au rythme de leurs rires qui papillonnaient dans l'air printanier qui semblait fabuleusement féérique si ce n'était au loin, venant du fond des bois, un cerf qui rairait cherchant à attirer les faveurs d'une jeune biche, en grattant le sol et en s'aspergeant d'urine tel un jeune galant se parfumant allègrement, certains de ramener une femelle.
Le son rauque et guttural que l'animal émettait retentissait étrangement et contrastait avec la calme beauté de la nature prête à s'éveiller tranquillement et laisser poindre les bourgeons qui avaient patienté tout l'hiver. Bref... un grand moment de romantisme charmeur qui terminait la promenade dans laquelle Brisson avait entraîné les deux amoureux.

Le jeune homme ne perdait un seul des rires de la jeune femme. Bon... vous me direz, qu'avec un tel rire grelot résonnant à travers le village... il était sans doute pas le seul à pas en perdre un grelot, ni même une clochette. (D'ailleurs vous vous imaginez dans une époque future, les écus que vous feriez en vendant un tel rire sortant d'une espèce de petite boite pleines de boutons sur laquelle le monde se précipite pour répondre 'allo!?'... Oups je m'égare).

Revenons à nos deux amoureux... qui arrivent maintenant devant la petite maison, le jeune homme tire d'un coup plus sec sur la corde de la luge et avance d'un seul élan jusqu'à la porte. C'est à ce moment là qu'il se retourne et fige d'un coup, voyant la coque du traineau complètement vide. Brisson a disparu! C'est pas que le jeune homme s'inquiète pour le jeune garçon. Il ne peut pas être loin! D'ailleurs il ne fait que quelques pas en arrière et il aperçoit le gamin allongé dans la neige, au détour du chemin qui regarde son père les yeux plus endormis qu'hagard. Non... c'est pas vraiment l'enfant qui embête le jeune, mais c'est surtout de l'avoir égaré un instant sans s'en rendre compte, devant les yeux de la jeune femme.... Qu'allait elle penser de lui!? Un père indigne qui ne s'aperçoit que tardivement qu'il a perdu son fils en route, un père irresponsable qui préfère batifoler avec la jeune femme au lieu de s'occuper de son fils, un père insouciant qui préfère rire aux éclats et roucouler plutôt que veiller sur son enfant...

Il ne peut qu'espérer qu'elle n'en tienne pas trop rigueur ou qu'elle n'ait pas pensé que le jeune homme était un père frivole. Il se tourne vers la jeune femme, lui adressant un sourire d'ange dont il a le secret puis lui désigne le panier sur le seuil de la porte.

Cyann... Le temps que je revienne avec le bonhomme de neige Brisson...
S'il vous plaît, Pouvez vous regarder ce dont il s'agit là?


Deux bouteilles évidentes dépassent du panier. Pourtant le jeune homme n'est pas trop inquiet et laisse Cyann s'occuper des bouteilles. De toute façon, il y a peu de chances que la jeune femme ait sur elle ou sous ses jupons de quoi les ouvrir et elle n'oserait quand même pas y aller avec ses dents. Et puis, Sabifax ne fut pas très long-... il revient rapidement portant son fils dans ses bras. La troubadour n'a pas tarder à rentrer et les bouteilles sont déjà rangés dans l'armoire... ou ailleurs. Brisson est de nouveau en forme et part aussitôt courir dehors, direction l'étable qui sert aussi d'écurie.

Sabifax regarde le dos de la troubadour poétesse déjà en train de se plonger dans ses affaires et se murmure d'un souffle à voix basse, comme pour lui même

C'est donc ça l'amour par..fée.


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Sabifax
[J-2 du mariage à Sybille et Uriel , Vaudémont ]

Depuis les quelques jours qu'ils étaient revenu de leur promenade avec Brisson, bien de l'eau avait coulé sous les ponts et le jeune couple s'aimait toujours aussi fort ou plus encore. Était ce le printemps qui avançait ou autre chose qui se passait entre eux?
Depuis quelques jours, Brisson était retourné avec sa mère pour y grandir en sagesse.

Sabifax avait précieusement rangé les deux bouteilles que son ami diacre avait laissé, il avait trouvé l'attention très sympathique et lui avait donc écrit pour le remercier.






Mon cher ami Uriel,

Je tiens à vous remercier pour vos deux bouteilles laissées sur le seul de ma porte. J'en prendrai bien soin, même si je ne peux garantir que je les garderai pour les partager avec vous... Non pas que je ne veuille pas, mais Cyann les a aperçu et connaissant la dame, je crains qu'elle ne montre quelque intérêt à avoir hâte de les ouvrir. Peut-être puis je espérer en sauver une de sa soif insatiable...

Je vous ai raté de peu. Nous étions parti promener jusqu'au lac avec Brisson, à la pêche d'une mystérieuse fée qui hanterait les eaux lorraines. Au final, je n'ai eu droit qu'à quelques boules de neige bien visées et des éclats de rire.

Puis je profiter de cette missive de remerciement pour vous demander des nouvelles de la demande en annulation de mariage?

J'ai bien reçu votre invitation pour votre mariage et vous pouvez être assuré que je ne manquerai la cérémonie pour rien au monde.

Je vous dis donc à bientôt et que notre coq au vin n'est que partie remise.


Salutations,

Sabifax de Beauregard.


La réponse n'avait pas tardé...




Très cher Sabi,

Bah, buvez-les, il se trouve que j'ai justement un contact qui peut m'apporter quelques tonneaux de Vin de Bourgogne.
Dès lors, je n'en manquerai pas de si tôt.
Merveilleuse nouvelle n'est-ce pas ? Alors, faites plaisir à vos palais respectifs et louez Saint Sylphaël en dégustant cela.

Je ne suis hélas resté qu'un seul jour à Vaudemont, maintenant me voici établi à Epinal pour un peu plus longtemps.
Il est fort possible que je quitte de moins en moins la Lorraine, maintenant.

Alors, pour votre annulation, il faut croire que le destin joue contre nous.
J'ai enfin pou trouver un stratagème pour me faire nommer procureur ecclésiastique, mais voici que dans l'entre-faite, Mgr ArtManiak a rejoint le Très-Haut.
Je ne peux rendre seul la justice, on ne peut être juge et accusateur en même temps. Même si personnellement, je ne vous accuse de rien, c'est ainsi le terme communément usité.
Dès son retour, je verrai avec Mgr Graoully si, en tant qu'inquisiteur, il peut se substituer à l'Evêque de Toul mais je ne suis pas certain.

Si la justice temporelle semble lente, celle d'Eglise est encore pire.
Je sais que vous avez déposé ce dossier depuis des mois, maintenant je ne suis pas dupe.
Et sans vouloir vous encourager au péché, je ne peux que vous conseiller la discrétion, car le clerc est aussi un homme et il sait que le coeur humain n'est pas fait pour vivre sans amour.
Les lois des hommes sont parfois bien inadéquates en rapport à celles du divin ...

Soit ! Pour le coq au vin ... nous en avons prévu au marige ! Nous serons donc servis !
Mais bien sûr ... je ne manquerai pas d'aller vous voir un jour, à Vaudemont et nous fêterons dignement cela.

Que Dieu vous garde mon ami,

Uriel


Cette missive d'uriel avait laissé au jeune homme un sentiment de tristesse malgré la promesse d'un coq au vin futur qui saurait lui ravir l'estomac. Quand même, il lui faudrait parler de cette lettre à sa bien aimée et lui annoncer la nouvelle et ça... il ne se sentait pas la force de lui parler du délai occasionné. Qui sait combien de temps cela allait durer ?




[Jour du mariage de Sybille et Uiel, à l'aube , Vaudémont ]



Comme presque tout les matins, Sabifax ouvrit les yeux sur un magnifique visage ovale entouré de longs cheveux blonds reposant sur un oreiller, à ses cotés. Presque tous... En fait bien souvent, c'est elle, plus matinale, qui le regarde, le fixant de ses deux yeux d'un bleu océan - mais pas un glacial océan arctique, plutôt un bleu comme celui de l'océan pacifique, au large des côtes de la Papouasie, là ou prolifèrent les étoiles de mer -. Mais ce matin là, après que les paupières se soient décollés, les habituels baisers, caresses, mots doux, clignements de paupières et frissons jusqu'au bout des orteils furent plus rapide que de coutume. La raison était fort simple: Ni lui, ni elle ne voulaient arriver en retard au mariage qui s'était annoncé depuis longtemps déjà et le jeune homme tenait à se laver un peu plus que d'habitude.


Hop hop! Cyann... on se lève!


Moui Mmmmmmmhhh

D'ordinaire, elle s'exprime mieux...beaucoup mieux, mais il l'avait immédiatement bâillonner avec ses lèvres et le résultat s'était fait entendre.
Puis, un peu à regret, il avait abandonné le confort des draps du lit et les bras douillets de sa bien aimée pour se plonger dans un baquet d'eau chaude mais point trop. Au moins il allait sentir bon - ou ne pas sentir trop mauvais - et tant pis pour la troubadour qui aimait tant sentir son effluve fauve et musquée. Elle s'en passerait pour quelques heures...

Donc le jeune homme se sèche et s'habille... d'une tenue très simple. Pas d'habits chargés de fioritures, ni sa tenue d'apparat de colonel de l'OST et encore moins sa robe de juge. Ça ne l'aurait pas vraiment gêné, il trouve que le port de la robe - de juge! - lui sied bien, mais il ne voulait pas voler la vedette ni à la mariée, ni aux autres dames. Il n'oublie pas de prendre sa fiole de nectar lorrain même si il ne pense pas en avoir besoin pour s'enivrer: le vin de messe servirait de mise en bouche, ensuite viendrait la réception et si..mais seulement si, il lui reste une petit soif, il irait finir de se gorger aux lèvres de sa bien aimée C... adorée. Là, vous vous dites quel goujat.... mettre sa douce en dernier. Mais non... le jeune homme n'est pas si bête : Il se réserve le meilleur pour la fin. C'est pas pour rien qu'il dit vivre d'amour et de mirabelle. A croire que seul l'ivresse l'intéresse et c'est pas tout à fait faux. La troubadour lui apportait à satiété des griseries d'émotions et les vertiges d'un amour dont il ne voyait pas la fin du tonneau. En clair et sans décodeur, il était heureux mais se devait d'être discret dans ses gestes et paroles comme on lui avait conseillé... Au moins, il pouvait encore en profiter en privée.


Cyann.... mon amour, dépêchez vous ou nous allons être en retard.

Lui dit-il en regardant d'un œil amoureux les doigts de la poétesse finir d'attacher ses cheveux blonds torsadés avec des rubans bleus. Ah! Que le jeune tourtereau aurait aimé pouvoir arrêter le mécanisme de l'horloge du temps et déposer quelques baisers chauds et mouillés dans le creux de son épaule.Le jeune homme avait bien des talents mais pas le don de retenir les secondes qui s'écoulent. Au mieux il pouvait espérer lui voler quelques battements de cœur, le temps que leurs lèvres se frôlent.... si elle se dépêchait un peu. Mais là, l'heure avance inexorablement, sans pitié pour ses lèvres toujours assoiffées et Sabifax doit se résoudre à aller préparer les montures qui leur feront parcourir les derniers lieues.


( suite Forum officiel secondaire > Les Institutions du Saint Empire (RP) > La Cathédrale d'Aix-la-Chapelle > Mariage de Sybille et d'Uriel )
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Sabifax
La vie poursuivait son cours à Vaudémont. Tranquille ? Oui et non.. Les deux amoureux n'étaient pas du genre trop flegmatique ou pantouflard. Fallait que ça bouge! Et puis si ça bougeait pas, il y en avait toujours un pour réveiller l'autre. Ils passaient moins de temps ensemble, mais le jeune homme n'en restait pas moins très follement épris de la blonde. Pourtant, il avait craint un moment de perdre le T, en la voyant s'investir autant comme mairesse. De voir les comptes prendre un peu la place des contes. Mais non! Au contraire... De voir la belle si épanouie, si contagieuse d'enthousiasme, si débordante d'énergie, si... si... si.. tout ça, il s'en était senti encore plus amoureux ardent. Il adorait la voir ainsi, pétulante comme un dindon au milieu d'une basse cour ou toute la volaille se retrouve pour caqueter, cancaner, glousser et même se trémousser le popotin. N'allez pas imaginer qu'iI se représentait les habitants du petit village qui retrouvait vie comme de la petite volaille ou la mairesse comme un de ces gallinacés à la gorge saillante - la sienne est plutôt seyante -. Non..non... 'Lapinou' ne fait pas ça. Il était tout simplement content de voir le village s'animer chaque jour de plus en plus.

Et surtout... le printemps avançait à grand pas. Vite... trop vite? Les jours qui défilaient emplissaient le jeune homme d'un sentiment mêlé à la fois d'anxiété, et d'empressement attentionné quand il pensait à elle. N'en faisait-elle pas trop ? Ça n'était pas une question d'age. Il voyait en Cyann, une femme encore bien portante et vaillante comme 3 bœufs. Mais quand même... Il savait que le temps faisait son œuvre et que bientôt l'été murs serait là, la nature qui s'était réveillée allait donner de beaux fruits murs. Il se disait qu'un soir, elle allait rentrer et les traits tirés sur son visage montrerait la fatigue qui commencerait à se faire sentir. Et ce soir là, il voulait être là, présent pour elle... pour eux.

Ce matin là, avant même d'ouvrir les yeux, il pensa à elle et savait déjà qu'elle n'était pas là à ses cotés. Dans la petite chambre on entendait seulement le lointain gazouillis des oiseaux au milieu des bruits habituels du petit village. Le jeune homme se leva, ouvrit grand la fenêtre laissant entrer l'air frais. Une grosse journée l'attendait, entre le baptême du tribun par Uriel, puis leur ami viendrait faire un tour à la maison déguster les fameuses bouteilles de bourgogne qu'il leur avait laissé et en profiter pour se remplir l'estomac d'un bon petit plat fait maison. Bon... restait le problème du 'fait maison' car Cyann et Sabifax n'avait pas vraiment discuté pour savoir qui s'occupait de cuisiner. Il leur restait encore quelques petits détails à mettre au point dans leur vie commune. Finalement, la seule chose sur laquelle ils étaient tombé d'accord était le partage de la couche. Et là encore, c'était arrivé suite à de longues palabres entre les deux amoureux...

Le deuxième sujet abordé, soit le reprisage des chaussettes du jeune homme, avait été plus vite réglé. Cyann avait montré clairement son opposition à l'idée et le jeune homme avait jugé préférable de ne pas trop insister. Il leur restait encore à discuter de la cuisine et du ménage. D'ailleurs c'est en songeant au ménage que Sabifax se rendit compte qu'il devrait commencer à ramasser ses habits qui trainaient encore partout. Recevoir la visite d'Uriel allait nécessiter un sérieux coup de balais. C'est alors qu'il finissait de ranger ses propres frusques que son regard tomba sur les tenus froufrous de la troubadour et ses rubans bleus qui restaient épars sur la petite commode. Le doute saisit le jeune amoureux: Pouvait il laisser les affaires de la plantureuse blonde trainer ainsi dans sa chambre ? N'avait il pas dit à Uriel qu'il entretenait une relation chaste et pure ? Enfin.. ça, c'était avant.... Les choses avaient un peu changé depuis. Les affaires de la troubadour étaient un peu partout dans la maison et l'évidence serait dure à dissimuler. Mais bon... si ce n'était que ça...

Après quelques heures de dur labeur, passer à ranger, épousseter, frotter, récurer, astiquer et faire briller tout ce qui se voyait. La maison avait un peu belle apparence si on ne s'attardait pas à regarder de trop près les coins, ni sous le lit et ni derrière les meubles. Il ne restait plus qu'à aller retrouver Cyann et régler le sujet pour savoir qui s'occupe de la boustifaille à servir au diacre. Sachant le diacre fin connaisseur et très gourmet, Sabifax se voyait mal apprêter et risquer de rater le coq au vin prévu, à cause d'un soupçon d'inspiration mal placé qui l'aurait porter à remplacer le vin par de la mirabelle. Ce genre de bévue, c'est un peu sa spécialité.

La sonnerie des cloches le tira de sa réflexion culinaire, sans que le petit problème du repas soit réglé. Il faudrait bien qu'il en discute avec elle et il ne restait que peu de temps. Mais là... direction l'église de Vaudémont, partager le vin de la communion était un devoir sacré pour tout bon aristotélicien qu'il était.



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Uriel
[Plus tard, dans la soirée ...]

Le baptême de Spagyricus s'était admirablement bien passé, Uriel était satisfait. L'homme était un élève studieux, intelligent et fort cultivé.
Il ferait sans nul doute un bon diacre pour Vaudemont ; bon il ne restait plus qu'à espérer que les étudiants de Toul continueraient sur la voie qu'ils avaient empruntés et le diocèse serait repeuplé à nouveau de diacres et de diaconnesses.
Bien évidemment, le plus chanceux - lui - était à Epinal où sa filleule Héliona prenait maintenant en charge la paroisse et lorsque Gribouille rentrerait, elles ne seraient pas trop de deux pour faire les messes, lui bien sûr, superviserait.
Mouais ... ça, fallait peut-être pas trop rêver, mais il avait l'avantage du galon donc ce serait ... bhen ce serait partage des tâches, quoi, parce que bon, avec "les filles", comme il aimait les appeler, il savait à quoi s'attendre.

Sur la route du verger, il pensa à sa belle Sybille, voilà qu'elle lui manquait déjà. Trop occupée pour faire le voyage jusque Vaudemont et en plus en ces temps il aurait certainement réussi à lui faire prendre le cheval au lieu de venir dans ces abominables carrosses qui lui donnaient la nausée, tant et si bien qu'il fallait faire des arrêts fréquents pour ne pas étaler ses tripes à l'intérieur ; mais cela dit, un peu de mirabelle l'aidait à passer un voyage plus paisible car il s'endormait, bercé par ce mouvement et surtout la compagnie de sa douce duchesse.
Arrivé en face de chez le Juge de Lorraine, une subtile fragrance lui titilla les narines, un plat en sauce ... au vin bien sûr, mais il devait traîner de la mirabelle quelque part. Sans doute le dessert ... mais en cette saison, il n'y aurait pas de tarte, ce n'était même pas la peine d'y penser.

Arrivé devant la porte il frappa avant d'être reçu ... souriant, il déclama alors.


Maître Sabifax, face à son fourneau allumé,
tenait dans ses mains un coq au vin,
Maître Uriel, par l'odeur alléché,
lui tint à peut près ce refrain,
Et bien le bonjour Monsieur le Juge Lorrain,
que vous êtes accueillant, que vous me semblez serein,
Et sans mentir, si c'est là du Bourgogne,
Alors nous le boirons sans vergogne !


Il rit alors, donnant l'accolade à son ami.

Comment vas-tu, Sabi, me voici enfin, depuis le temps que nous en parlions !
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Sabifax
Ca n'a pas été une partie facile. Il a fallut quitter l'église à toute vitesse, délaissant le moment sacré de la communion. Il a couru au marché. Là, à défaut de trouver un vieux coq au milieu des étalages de boucherie, il a dut se rabattre sur une vieille poule. Au début, la vendeuse avait bien essayé de lui faire croire qu'il s'agissait d'un coq, mais à force de poser des questions le jeune homme avait eu la puce à l'oreille et la marchande avait avoué qu'il s'agissait en fait d'une vulgaire poule. Ne demandez pas quelles sont exactement les différences, Sabifax n'en savait trop rien. Il n'y avait pas de coq au marché et le jeune homme n'avait pas trouvé d'autres solutions que d'accepter l'offre de la vendeuse. Il en avait profité pour négocier quelques écus de rabais. L'essentiel est qu'il pouvait repartir avec son ingrédient principal pour préparer ce coq au vin même si au final, il s'agirait en fait une poule. On fait ce qu'on peut, avec ce qu'on a... non?

Il avait commencé par ouvrir une bouteille de vin rouge... qu'il trouva fort bon, après l'avoir fait rouler sur sa langue. Puis il avait débité le 'coq' en morceaux dans une marmite en fonte, pris une gorgée de vin - un grand verre pour être franc -, puis recouvert le cadavre découpé avec des légumes et maintes épices qu'il avait à porté de main. Il n'osa pas y mettre les herbes de son cousin Gogosse. Même si il savait Uriel appréciait les fines herbes aromatiques, comme celles que sœur arthefax - paix à son âme - mettait dans les petits pains.

Ensuite, il fit comme pour la cueillette des fraises, un verre de vin dans la marmite pour deux verres enfilés dans la gosier du jeune homme. Évidemment, à ce rythme là... non, il ne devint pas saoul. Habitué à des longues scéances de consommation d'alcool sans aucune modération, ca n'était pas les 3/4 d'une bouteille qui allaient lui donner un coup dans le nez. Mais quand la bouteille fut vide, le coq qui était une vieille poule était loin de baigner dans son vin. Disons plutôt qu'il ne s y trempait que le bas des cuisses alors que le jeune homme baignait dans une petite euphorie naissante.

Mais le juge n'est jamais à court d'idée et encore une fois trouve son salut dans... la mirabelle. Il prend sa fameuse bouteille, et d'une main de maître fait valser le bouchon. Voilà de quoi compléter la marinade du coq au vin. Une fois, qu'il a fini d'arrosé et... qu'il s'est pris aussi quelques gorgées du nectar mi-fruit, mi-alcool, il regarde son œuvre et c'est là... que le jeune cuistot a un éclair de génie inspiré directement par toutes les vapeurs de mirabelle accumulé dans son cerveau durant des mois et des mois.

Il se tourne vers le feu dans la cheminée, saisit une petite brindille rougeoyante et l'approche de la marmite pour y faire flamber son futur chef d'œuvre culinaire. Une petite flamme bleue parcourt la peau du coq, y laissant un petit suc collant sur la chair de l'animal. Sabifax se lèche déjà les babines et se reprend un petit verre rien que pour se féliciter de sa future réussite. Allier la mirabelle au coq - je sais bien que c'est une poule! - ne pouvait que séduire sa belle troubadour et satisfaire le palais des trois gourmands.

Il met le tout à mijoter sur le fourneau, quelques buches pour entretenir le feu, une gorgée de mirabelle pour ragaillardir le jeune homme qui a couru toute la journée et...


Ca frappe à la porte...
Ça sent bon le parfum du bouillon dans la cuisine, mélange d'herbes, de bouquet garni, de vin et de mirabelle.

Coup d'œil qui balaye la cuisine... tout est sous contrôle.
Coup d'œil qui balaye le reste de la pièce, quelques affaires anodines de Cyann déposées par ci, par là.

Il ouvre la porte, un large sourire au parfum de mirabelle apparait sur le visage du juge. Son ami Uriel vient d'arriver.

Les vers qu'il déclame se mélangeaient parfaitement avec les effluves en provenance du fourneau. La soirée s'annonçait festive pour les papilles gustatives.
Sabifax donna l'accolade au diacre en jetant un petit coup d'œil pour voir si il apercevait une blonde au bout du chemin.


Entrez donc Uriel!
Je suis en grande forme * comme en témoigne les pommettes rouges du jeune homme *
Cela fait vraiment bien longtemps que nous attendons ce repas. Bien de l'eau à coulé sous les ponts depuis.
Je dois cependant vous prévenir... c'est moi qui me suis mis aux fourneaux. Il semblerait que je n'ai pas trouvé en Cyann une cuisinière. Pourtant à voir son appétit, j'aurais crut. J'espère que mon coq mijoté fera honneur à votre visite.


Il s'écarte pour laisser entrer le diacre, le suit puis sort immédiatement un verre supplémentaire qu'il pose au milieu de la table.

Avant que je te demande de tes nouvelles et comment va Sybille, Je te sers bien quelque chose à boire ?

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Sybille_von_frayner
Nancy, son Castel, son Conseil Constitutionnel... Que de travail en perspective !

Recrutement, courriers, affaires diverses à traiter... Les dossiers s'amoncelaient et Sybille ne pensait pas terminer avant un long, tréééés long moment.

Elle s'affairait, sans relâche, bien décidée à abattre le maximum de travail en un temps record. D'ailleurs elle était bien partie pour.

Mais quand la cloche de la grande Cathédrale raisonna, elle leva les yeux vers la fenêtre. Doucement elle se leva et alla jeter un oeil au dehors. Le soleil brillait encore. Il faisait très doux pour la saison. Elle ouvrit la fenêtre et savoura la brise légère qui caressa son visage.

Elle ferma les yeux l'espace d'un instant. C'est Uriel qu'elle vit. Elle sourit sans même s'en rendre compte. Ce soir il était à Vaudémont, chez Sabifax, pour un repas entre amis. Submergée par le travail, Sybille avait préféré décliner l'invitation.

Elle se retourna et jeta un oeil à sa table de travail. Elle soupira prodondément.


- Pffff... Toute cette paperasse !

Elle ferma doucement la fenêtre. Fatiguée, elle commençait réellement à saturer. Bien qu'elle avait prévu de rester ce soir là sur Nancy histoire de boucler certains dossiers, elle commença à s'interroger sur son efficacité des prochaines heures.

Elle reprit place sur son siège. Rien qu'à observer sa table de travail, le courage venait à lui manquer. Elle finit par se résoudre à rassembler ses affaires et à mettre de l'ordre sur son bureau. Après tout elle ne ferait plus rien de bon. Il y avait trop longtemps qu'elle se crevait à la tache. Elle avait besoin de se changer les idées.

Elle s'empara de sa cape qu'elle jeta sur ses épaules et quitta sans regret ce bureau trop confiné.

Elle négocia avec le palefrenier des écuries du Castel le prêt d'un cheval appartenant au duché. Celui-ci, réticent, finit par accepter.


- Merci je vous revaudrait ça !

Elle monta en selle et donna un coup sec que les flancs de la monture. Celle-ci démarra au quart de tour. Un seul but à présent : rejoindre Uriel coûte que coûte et voir ses amis pour partager une bonne soirée. Drôle de tableau que celui de cette duchesse en robe de soie et en cape bordée d'hermine qui chevauchait vers Vaudemont à fond de câle...

C'est une Sybille écheveulée, un rien poussiéreuse, qui passa les portes de la ville alors que le crépuscule commençait à s'installer.

Elle mit sa monture au pas et l'orienta vers la maison de Sabifax. Arrivée devant la porte, elle sauta à terre sans une once de grâce... Comme quoi même les duchesses pouvait se conduire en garçon manqué.

Reste de coquetterie quand même, elle replaça une mèche rebelle derrière son oreille et lissa les plis de sa robe... sale...

Et en plus elle parlait à son cheval !


- J'suis pas terrible hein !

Légère grimace.

Elle frappa à la porte, les rennes de l'animal dans la main. Attendant qu'on lui ouvre, elle continuait à parler à l'équidé.


- Je vais te mettre où toi ! Il a une écurie Sabi tu crois ?

Heureusement que personne ne la vit. On aurait bien pu la prendre pour une folle. Entre sa tenue, sa coiffure et le fait qu'elle parle à son cheval, fichtre ! La Duchesse aurait-elle perdu la tête !?
Elle toujours si élégante, tirée à quatre épingles, ne faisait guère honneur à sa réputation...

Et alors ? L'important... n'était-ce pas le bonheur ?

Trouvant le temps long, elle frappa une seconde fois, plus fort. Peut-être ne l'avait-on pas entendue. Ou alors avaient-ils déjà tellement bu qu'ils ne trouvaient plus le chemin de la porte...

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