Après que les convives et le prélat eussent encerclé le livre des vertus , Honoré plongea le nez sur le passage qu'il avait choisi de lire à l'assemblée:
- Mes enfant, je vais pour lire un extrait de La Vita d'Aristote, Livre I, Chap. XIII - La réception chez Polyphilos :
Citation:« Tous ces gens ici, sont donc vos amis ? [
] Je vois pourtant des gens de toutes extractions sociales et occupant diverses fonctions pour la Cité. [
]Mais il ne peut s'agir d'amitié véritable. Un vrai ami est un égal car l'amitié doit être parfaitement réciproque et équitable. Si elle ne l'est pas, ce n'est plus de l'amitié mais de l'intéressement. Un roi ne peut rien attendre d'un mendiant, ce dernier est incapable de l'aider en cas de besoin, or l'entraide est la base de l'amitié. Donc il n'y a pas d'amitié possible entre personnes par trop inégales. [
] L'amitié est le plus grand bien de l'homme. Elle noue les liens des communautés. Et les communautés forment à leur tour la Cité. L'amitié permet les relations sociales et l'Humain peut alors prendre part dans les affaires de la Cité. Et comme la vertu cardinale de l'homme est la participation à la cité, l'amitié est une chose essentielle. [
] Il faut surtout que l'intéressement ne soit pas trop prononcé dans le chef d'un des prétendus amis. Le juste milieu, celui de la vertu, c'est de savoir s'entourer d'amis véritables, de gens qui peuvent compter sur vous et sur qui vous pouvez compter. »
- le discours qui va suivre a été écrit par le frère Bender.B.Rodriguez, c'est une des thématiques de l'église aristotélicienne, celle de l'amitié
Citation:Doit-on penser quil ny a pas damitié possible entre personnes de haut rang et bas peuple ? Si lon prend lindividu singulièrement, à nen pas douter, cela dépend des circonstances. Un noble perdu dans une forêt lointaine saura être aidé par un simple paysan, certes, mais linverse est-il vrai ? Doit-on ainsi penser que ceux qui occupent les charges les plus importantes sont ceux-là mêmes qui corrompent la notion damitié ? Il va sans dire que cela est tout aussi inexact. Lamitié ne peut se traiter si simplement et les paroles dAristote nous le prouvent, il nous faut éviter dêtre affirmatifs sans avoir étudié la question plus avant. Pour ce faire, attachons-nous à comprendre ce qui différencie amitié et alliance.
Lalliance, cest le rapprochement de deux individus, ou plus, par intérêt, cest ainsi quon peut observer les rapports qui régissent les hommes politiques de nos royaumes. Ceux-là se prétendent souvent amis, mais ne sont qualliés. Ils ne connaissent rien de lautre ou presque si ce nest lorientation politique et religieuse, ainsi que les grands principes quils mettent en uvre dans leurs gouvernements respectifs. Cette notion se retrouve aussi pour le reste du peuple, chacun déclare son voisin ami mais, en réalité, cest plus en raison dintérêts communs quen raison de vertueuse amitié.
- Nous pouvons en conclure que les traités signés entre Comtés ou/et duchés sont plus une alliance qu'une amitié avec un grand "A", ils servent effectivement à rapprocher mais les enjeux sont de nature économique, politique, sécuritaire, cette proximité ayant une connotation nettement plus matérialiste au sens le plus terre à terre du terme.
- Cepandant, ça n'enlève en rien au fait que les traités sont nécessaires, dans la mesure où les paroles s'envolent, les écrits restent "scripta manent verba volant".
- Nous pouvons, dés à présent, soutenir cette alliance en effectuant une bénédiction, ce qui apportera une dimension spirituelle sensible, je vous invite donc à fermement vous tenir par les mains et à baisser la tête afin de montrer votre humilité envers Celui qui dirige Tout du Haut des Cieux.
- Mahaut., Ambassadrice du Périgord en Maine, Erwelyn, Chambellan du Maine, Aimbaud, Compères et compagnons, je vous bénis au nom du Tout haut, dAristote et de Christos ses deux prophètes, que le fruit de votre labeur consolide le noyau d'une coalition afin qu'elle soit durable, efficiente et pourquoi pas exotique, de la façon la plus ludique qui soit.
le prélat reprit son souffle avant de poursuivre...
- Sur ces bonnes paroles, il ne nous reste qu'à prier, récitez après moi:
Citation:Je crois au Très-Haut le Créateur tout puissant,
Qua créé la parole qui bouscule les silences infinis de la bêtise,
Avec ses syllabes poétiques et douces qui font samouracher les âmes les plus ingrates,
Qua aussi fabriqué les mots dégoulinant de fiel,
Pour que les plus aventureux et les plus curieux dentre les hommes, et les femmes aussi,
Puissent sessayer, parfois à la méchanceté, le plus ordinairement à la médiocrité et à la bassesse,
Et en revenir, la larme au groin et le sourire en coin.
Je crois en Aristote, son prophète,
Un sacré Grec, un adepte de la parlotte, qui donnait de belles leçons,
Dabord à ses géniteurs Nicomaque et Phaetis,
Puis à tous les passants qui passaient sans savoir par ses chemins,
Et qui reçurent pêle-mêle, sagesse et révélations sur les lois divines de l'Univers.
Je crois aussi en Christos, un autre bavard indiscipliné,
Né de Maria et de Giosep, un couple plutôt taiseux.
Il a voué sa courte vie à nous raconter le Soleil et la Lune,
Comment quil fallait faire pour se dorer la pilule grâce au premier,
et éviter les froides caresses, parfois bien tentantes, de lautre.
Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.
Que la fulgurance d'Aristote nous accompagne !
Que l'extase de Christos nous transcende!
Que le Très-Haut nous garde !
AMEN !
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Evêque du Mans