Aux hérauts généalogistes, par les bons soins des coursiers héraldiques,
Nous Kirah du Breuil et Vinkolat de Gisors, frais émoulus époux,
A l'heure de prendre le large à destination du grand Nord, nous sommes rappelés que dans sa grande farcerie, Aristote mais surtout son petit représentant perché sur son nuage pouvait nous réserver un tour à sa manière et nous conduire aux cotés des ancêtres qui ont fait la Normandie plutôt que sur la terre de ceux-ci...
C'est pourquoi nous couchons ci-devant nos dernières volontés si jamais une telle situation devait advenir.
Nous laissons derrières nous nos deux fils, les neufs autres enfants reconnus de Vinkolat et adoptés par nous, des vassaux fidèles, des amis très proches, ...
Certes nous allons en oublier, qu'ils sachent qu'une pensée leur est accordée au moment de prendre voile, à ceux passé et présent que nous avons côtoyés et qui ont pu observer notre histoire.
Ainsi donc, dans l'ordre ou le désordre, ne cherchez point priorité, nous émettons les souhaits suivants :
Concernant notre famille :
- Que nos fiefs respectifs reviennent à nos fils selon le partage suivant : A titre d'ainé et d'héritier, le duché d'Estouteville et le vicomté de Gisors deviendraient usufruit en plein de Gabriel, s'il l'accepte, à titre de cadet, la baronnie de Falaise serait confiée à Arutha.
- Si nos fils étaient encore mineurs, nous souhaitons que leurs parrains veillent sur eux. Que la tutelle héraldique pour ces fiefs soit confiée à Estienne Morkar dans un premier temps, qu'il fasse hommage pour nos fils durant leur minorité. Et que lorsque Gabriel sera majeur, lui soit confiée celle de Falaise, qu'il fasse hommage et gère ce fief pour son frere tant que celui-ci n'aura pas atteint sa majorité.
- Bien qu'il s'agisse là d'une lourde tache déjà sur les épaules de notre ainé qui n'a découvert qu'il y a récemment sa filiation, nous demandons qu'il laisse ses 9 autres freres et soeurs continuer à vivre sur le domaine de Gisors ainsi qu'ils le font déjà. Certes, ils ne sont de fratrie que par le sang de leur père, mais nous les avons élevé sans distinctions entre eux.
Concernant nos vassaux, nos amis :
- Tous nous vous avons choisi pour les valeurs que vous représentez, ce que vous êtes. Nombre d'entre vous font partie de nos intimes même. Nous souhaiterions que soit reconduit entre vous et nos fils les serments qui vous liaient à nous. Tous vous nous êtes précieux et nous serions très honorés si vous continuiez à conseiller nos fils comme vous l'avez fait avec nous.
- Nous avons de même certains souhaits particuliers concernant certains des fiefs de nos domaines. Souhaits liés à l'histoire de ces fiefs et les personnes qui les ont tenus un temps. Ainsi nous aimerions que Bernouville demeure entre les mains de Mère Seriella. Et que si celle-ci venait à décéder, sa terre et son monastère ne soient octroyés qu'à un clerc dont notre fils serait particulièrement proche, et qui saura garder en Aristote ce que Seriella nous en a fait découvrir. Seriella fut avant tout une amie pour nous, et sans elle, il est net que les préceptes aristotéliciens n'auraient point trouvé en nous oreilles parfois attentives. De même, Neaufles revet pour nous une signification bien particulière. Premier lien tangible qui nous unit tous les deux. Souvenir enchanteur d'une danse sur un rempart, souvenir d'un toit qui explosa, atelier de recherche, plaine de jeu gargouillesque... D'autres choses encore que nous nous sommes réservés le droit de ne transmettre qu'à nos fils en privé. S'il devait etre à nouveau octroyé, qu'il le soit à une personne très chère à notre fils, voir en douaire à son épouse, afin que demeure la nimbe amoureuse qui toujours entoura cette tour. A l'instar de Neaufles et Bernouville, nous souhaiterions que les deux fiefs de Torcy, de par leur proximité soient à attribué à une paire de personnes s'appréciant mutuellement et sachant travailler la main dans la main, voir se soutenir comme le font actuellement Zya et Rebaile.
Quoi qu'il en soit, nous faisons confiance à nos fils quant à leurs choix, gageant qu'ils sauront faire leurs choix dans la lignée de l'éducation insouciante que nous avons tenté de leur apprendre, loin de la rigidité nobiliaire que certains prônent en exemple.
- A Seriella, nous confions part le coffre ouvragé qui lui a été confié ce jour de notre départ. Que ce coffre et son contenu soient les siens, sans que nul ne puisse le lui contester. De meme, le salut des ames de nos enfants sont les siens. Avec toi, nous n'avons aucun doute qu'ils fileront droit, tous les onze. Entre les indispensables virages occasionnels, bien entendu.
- A Estienne, notre ami fidèle depuis tant d'année, qu'offrir sinon notre reconnaissance éternelle ? Nous souhaiterions que tu gardes un oeil sur nos fils et les conseille au mieux sur les chemins qu'ils choisiront. Certes, nos yeux se tournant vers le passé, nous préfèrerions qu'ils évitent la voix politique et ses astreintes qui n'apportent bien souvent que regrets et dégouts, néanmoins chaque homme est libre de ses choix, et vouloir laisser un monde meilleur que celui dans lequel on est entré en est un noble. Nous avons tenté d'apprendre l'insouciance à nos enfants, de leur apporter la liberté d'esprit et d'opinion qui manque bien souvent à de nombreux nobles par trop imbus de leur rang. Nous espérons que par le souvenir, tu maintiendras cet etat d'esprit près de nos enfants, Estienne. Nous te transmettons également certains éléments de notre garde-robe qui te seront peut etre utiles pour t'assurer un siege plus confortable lors de tes déplacements à Paris. Rien n'est plus important que la famille et son terroir, garde le à l'esprit, pour que jamais le regret ne t'étreigne fier ami !
- A Cyrielle de Saint Ange, dicte Zya, filleule de coeur, d'ame. Tu es la fille que nous aurions pu avoir tous deux. Rayon de soleil de certaines heures sombres, nous te devons beaucoup. A toi, l'épée de GEF et du souvenir, encore une. A toi l'écu rutilant de chevalier qui fut reçu lors de cet adoubement au cénacle des Dames.
- A toi, fidèle Rebaile, infatigable voyageuse, à l'esprit franc et ouvert. Tout trésor se cherche et se mérite. Bien souvent il se cache derrière une coquille bien épaisse. Tu es de ces trésors quoi qu'en pensent certains esprits chagrins. A toi la première épée que je reçu chez les Dames, mon épée d'écuyere. A toi la jument nommée "Inflexible" qui m'accompagnait ces derniers temps.
- A Patsy, Nkhan, Julien, continuez ! A vous sont transmis certains livres de notre collection d'ouvrages de stratégie militaire, ainsi qu'à Julien, les armes, lame et écu, de Vinkolat. Qu'il en fasse usage à la guerre avec le même esprit qui fut le sien.
Legs particuliers :
- A Mariette, reviens l'armure italienne que tant de fois elle a du remettre en état et la monture qui allait de pair. Une somme d'argent et un cottage lui ont également été prévus sur le domaine de Gisors.
- A Hildegarde et Adalbert, deux maisons également pour finir leurs vieux jours, et une rente pour leur permettre de vivre décemment, et sans tracas. Nous serions honorés qu'ils continuent à régir nos domaines, mais ainsi seront ils libres de faire leur choix sans contrainte.
- A Strakastre, le rosier qui fut planté à Falaise un jour de janvier.
- A Perrinne, notre fille adoptive et qui sous les traits de Jehan, petit ecuyer, toujours fut là dans les cérémonies héraldiques nous confions notre écritoire de voyage, nos pigments et nos manuels d'héraldique.
- A Sardanapale, que soit transmise notre reconnaissance pour l'aide inégalable qu'il apporta à la hérauderie normande, de même lui sont offerts les multiples mémoires et compilations de nos recherches et pérégrinations au travers de notre belle province.
- A Thomas de Clerel, en mémoire de feu Barahir de Malemort, les oreillers tissés et rebrodés qu'ils ont souvent regardés et souhaités
- A Legueux, nos éternels remerciements pour la confiance qu'il nous offrit, et quelques tonneaux de notre meilleurs calva, en espérant qu'avec le temps il se soit habitué à cet alcool plus fort.
- A Llyr, cette recette que longtemps il nous réclama. Le Lavardin conserve une symbolique particulière pour nous deux.
- A Asdrubaelvect, la correspondance échangée et le présent recu de son Emminence Kreuz en leg. Cette croix ouvragée trouvera au mieux sa place à son coté.
- Aux hérauts, les futs qui demeurent en mon alcove et ont semble-til attisé certaines convoitises.
- A Sebbe de Valrose, le collier que je tenais de ma mère, dernier symbole persistant de ce lien qui fut.
Nombreux sont ceux que nous ne citons pas, nos pensées vont vers eux : Aegidius, Dunhyll, vieux baroudeurs de la première heure, qui furent nos guides longtemps, tous les défunts qui nous ont laissés, Asticot et nos lointains périples, aux amis normands non cités, à Marie Alice, complice de nombreuses heures, Wonderanny, sage et appréciée grande amazone, mes anciennes Soeurs estimées, aux membres des Ordres royaux que nous avons cotoyés sur le champ de bataille, compagnons d'infortunes, compagnons d'armes, et à Zalina. Quelques pensées également à certains Grands Officiers, Pairs, que nous avons cotoyé. Armoria, la femme, qui rarement se dévoile et qu'il nous fut permis de connaitre lors de discussions chasseresses mémorables.
La fantaisie a guidé notre relation, libre de toute contrainte, et dans le moment présent.
C'est dans le même esprit que nous tournons maintenant nos yeux vers ce qui nous attends.
Fait à bord de la Dame des Songes, ce 30 novembres 1457.