Nicotortue
Engoncé plus qu'enfoncé dans son fauteuil, il pense. Oui, de temps en temps, il met de côté superficialité, orgueil et préjugés pour se pencher sur la vie des mortels d'ici-bas. Et là, justement, il a matière à profonde réflexion. Trop de choses en si peu de temps et trop d'éventualités insoupçonnées, même pour un esprit et une intelligence comme les siens.
D'abord, le retour à Limoges - même si ses biens en Aquitaine ne se vendent pas -, ensuite le mariage de Neb, puis Saint-Ouen qui semble renaître - semble, hein, rien n'est sûr - et surtout le beau-cousin qui s'annonce un morceau fort difficile à digérer, d'autant plus qu'il semble lui aussi doué de raison. L'allusion à feu Rassaln le montre bien. Joli coup. Si, si, vraiment. Humpf... ce Poitevin est peut-être à prendre plus au sérieux qu'il n'y paraît. Peut-être est-il plus prometteur qu'il n'en a l'air.
Le retour à la réalité se fait avec une Neb assise à ses côtés et qui devise, devise, devise comme si de rien n'était, comme s'ils s'étaient vu la veille au coin de la rue et qu'il ne venait pas de se passer un événement important. D'ailleurs, fine mouche qu'elle était, elle avait enchaîné sur un thème fort susceptible d'accaparer son attention. Mais pas cette fois-ci !
Il ne saisit donc pas la coupe de prune, sûrement tendu en gage d'apaisement. Elle le connaît par coeur pour savoir que cette union ne le satisfait guère, pour un millier de raisons qu'il lui faudrait une semaine au moins pour exposer, et encore sans la moindre interruption ou digression. Il ne prend pas même un nouveau biscuit, même si ceux-ci sont succulents. Il se contente d'écouter la tirade de sa cousine et attend qu'elle s'essoufle avant d'espérer prendre la parole à son tour. Un discret coup d'oeil à Lunedor qui semble occuper avec sa toute nouvelle - 'fin, tout est relatif, à la voir - gouvernante. Bon... il est temps.
Renversante... je n'en doute pas un seul instant. Mais pas davantage que ce à quoi je viens d'assister. Passe que tu te maries, je dirais même qu'il était grand temps ! Passe que tu épouses un Poitevin, tu aurais pu tomber pire... sur un Angevin par exemple ! Passe qu'il déguerpisse à l'autre bout du Royaume sitôt vos noces achevées ! Passe que le pigeon m'invitant à vos noces se soit égaré entre Ségur et Turenne, l'imbécile ! Passe que j'ai manqué tes noces, splendides à n'en pas douter ! Passe encore qu'il préfère guerroyer plutôt qu'être à tes côtés, il a quand même décidé de t'épouser ! Passe enfin qu'il déboule ici hirsute, puant, insolent, crotté et pouilleux ! Mais un Baron ! Par Aristote, un Baron ! Qu'ai-je fait au ciel pour mériter un simple Baron comme cousin ? Et fort dégarni, j'imagine, puisque tu en es encore à t'acheter tes toilettes toi-même ! Ah... le beau mariage qu'il a fait. Ca a dû gloser en Poitou. Regardez donc le puant pouilleux Baron qui épouse la Comtesse limousine bien garnie en pécunes et fiefs ! Quelle élévation radicale, pour sûr ! Mais qu'est-ce qui a bien pû passer dans la tête de Rassaln ! Quoique... te connaissant, cela n'aurait de toute façon rien changé. Argh... j'enrage !
Se disant, il saisit le verre de prune et l'avale d'un trait. C'est que sa tirade, longue et presque sans respiration, l'a quelque peu assoiffé. Les mots sont sortis sans qu'il y pense vraiment et un rapide regard à Neb suffit à lui faire comprendre que sa réaction ne va pas se faire attendre et qu'il y a de l'orage dans l'air.
D'abord, le retour à Limoges - même si ses biens en Aquitaine ne se vendent pas -, ensuite le mariage de Neb, puis Saint-Ouen qui semble renaître - semble, hein, rien n'est sûr - et surtout le beau-cousin qui s'annonce un morceau fort difficile à digérer, d'autant plus qu'il semble lui aussi doué de raison. L'allusion à feu Rassaln le montre bien. Joli coup. Si, si, vraiment. Humpf... ce Poitevin est peut-être à prendre plus au sérieux qu'il n'y paraît. Peut-être est-il plus prometteur qu'il n'en a l'air.
Le retour à la réalité se fait avec une Neb assise à ses côtés et qui devise, devise, devise comme si de rien n'était, comme s'ils s'étaient vu la veille au coin de la rue et qu'il ne venait pas de se passer un événement important. D'ailleurs, fine mouche qu'elle était, elle avait enchaîné sur un thème fort susceptible d'accaparer son attention. Mais pas cette fois-ci !
Il ne saisit donc pas la coupe de prune, sûrement tendu en gage d'apaisement. Elle le connaît par coeur pour savoir que cette union ne le satisfait guère, pour un millier de raisons qu'il lui faudrait une semaine au moins pour exposer, et encore sans la moindre interruption ou digression. Il ne prend pas même un nouveau biscuit, même si ceux-ci sont succulents. Il se contente d'écouter la tirade de sa cousine et attend qu'elle s'essoufle avant d'espérer prendre la parole à son tour. Un discret coup d'oeil à Lunedor qui semble occuper avec sa toute nouvelle - 'fin, tout est relatif, à la voir - gouvernante. Bon... il est temps.
Renversante... je n'en doute pas un seul instant. Mais pas davantage que ce à quoi je viens d'assister. Passe que tu te maries, je dirais même qu'il était grand temps ! Passe que tu épouses un Poitevin, tu aurais pu tomber pire... sur un Angevin par exemple ! Passe qu'il déguerpisse à l'autre bout du Royaume sitôt vos noces achevées ! Passe que le pigeon m'invitant à vos noces se soit égaré entre Ségur et Turenne, l'imbécile ! Passe que j'ai manqué tes noces, splendides à n'en pas douter ! Passe encore qu'il préfère guerroyer plutôt qu'être à tes côtés, il a quand même décidé de t'épouser ! Passe enfin qu'il déboule ici hirsute, puant, insolent, crotté et pouilleux ! Mais un Baron ! Par Aristote, un Baron ! Qu'ai-je fait au ciel pour mériter un simple Baron comme cousin ? Et fort dégarni, j'imagine, puisque tu en es encore à t'acheter tes toilettes toi-même ! Ah... le beau mariage qu'il a fait. Ca a dû gloser en Poitou. Regardez donc le puant pouilleux Baron qui épouse la Comtesse limousine bien garnie en pécunes et fiefs ! Quelle élévation radicale, pour sûr ! Mais qu'est-ce qui a bien pû passer dans la tête de Rassaln ! Quoique... te connaissant, cela n'aurait de toute façon rien changé. Argh... j'enrage !
Se disant, il saisit le verre de prune et l'avale d'un trait. C'est que sa tirade, longue et presque sans respiration, l'a quelque peu assoiffé. Les mots sont sortis sans qu'il y pense vraiment et un rapide regard à Neb suffit à lui faire comprendre que sa réaction ne va pas se faire attendre et qu'il y a de l'orage dans l'air.