Terwagne_mericourt
Parvis de la Cathédrale de Vienne :
Silhouette fragile, comme effacée par la brume noyant ses propres pensées, la femme qui s'avançait en cet instant vers les marches de l'édifice n'avait plus rien de l'attitude pleine d'assurance et de certitude qu'on lui connaissait depuis quelques temps au castel de Pierre-Scize et en place publique. Et à moins de parvenir à discerner ses traits malgré le fait qu'elle marchait le visage baissé vers le sol, il aurait été impossible de reconnaitre en elle la Dame de Thauvenay.
Ses lèvres murmuraient un chant connu d'elle seule sans doute, sans même qu'elle en aie vraiment conscience.
"Je suis entré dans l'église
Et je n'y ai vu personne
Que le regard éteint du plâtre des statues
Je connais un endroit où il n'y a rien au-dessus
Je pense encore à toi.
J'aurais dû me méfier des vents qui tourbillonnent
De ces pierres qui taillent cachées sous l'eau qui dort
De ces bouts de ruisseaux qui deviennent des ports
Je pense encore à toi"
(Cabrel, fonds musical)
Perdue une fois de plus dans ses interrogations, elle ne prit conscience d'être parvenue à hauteur de la première marche que lorsque son pied butta contre. Alors, relevant légèrement sa robe - juste suffisamment pour ne pas s'y trébucher - elle entreprit l'ascension de l'escalier la menant vers le silence et le face-à-face avec elle-même qu'elle était venue chercher là.
Il était encore bien tôt, et le froid de l'aube provoquait une légère buée au niveau de ses lèvres.
La hauteur plus qu'imposante de la façade de pierre n'étendait pas encore son ombre sur le parvis, mais cela ne l'empêcha pas de se sentir une fois de plus bien peu de choses en comparaison. Le bâtiment en avait sans doute déjà vu des dizaines, des centaines même, de femmes perdues comme elle-même en ce moment, et serait le témoin muet des larmes et sourires de centaines d'autres dans les siècles à venir. Mais pour l'heure, celle qui n'avait ce matin-là absolument plus rien d'une tempête dans la démarche, ni dans le port de tête, était à mille lieues de penser aux autres. Elle ne pensait qu'à elle et aux tourments de son âme.
S'arrêtant un instant sous le portique de gauche, elle releva longuement la tête, caressant de son regard voilé de tristesse les robes des statues le décorant. Comme elle aurait voulu être de pierre comme elles! Lisse au point que tout lui glisse dessus, froide au point de ne jamais rien ressentir!
Finalement, elle poussa la porte de bois et resta à nouveau immobile un instant, le regard perdu sur la longueur du bas-côté qui s'étendait devant elle.
Il n'y avait personne, et elle en fut soulagée.
Alors, elle se décida à entrer, refermant derrière elle, s'avança d'une démarche glissée jusqu'à la moitié du bâtiment, et choisit un banc sur lequel s'assoir afin de prier le Très-Haut de l'aider à calmer les tourments de son coeur, mais aussi et surtout qu'il l'aide à trouver comment comprendre sa nièce.
Alors qu'elle s'apprêtait à prendre place, se penchant légèrement vers l'avant, un rouleau de parchemin s'échappa de son corsage et tomba sur le sol. Ses yeux s'y posèrent et s'embuèrent plus encore.
Une poignée de secondes plus tard, une larme roulait sur sa joue.
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Silhouette fragile, comme effacée par la brume noyant ses propres pensées, la femme qui s'avançait en cet instant vers les marches de l'édifice n'avait plus rien de l'attitude pleine d'assurance et de certitude qu'on lui connaissait depuis quelques temps au castel de Pierre-Scize et en place publique. Et à moins de parvenir à discerner ses traits malgré le fait qu'elle marchait le visage baissé vers le sol, il aurait été impossible de reconnaitre en elle la Dame de Thauvenay.
Ses lèvres murmuraient un chant connu d'elle seule sans doute, sans même qu'elle en aie vraiment conscience.
"Je suis entré dans l'église
Et je n'y ai vu personne
Que le regard éteint du plâtre des statues
Je connais un endroit où il n'y a rien au-dessus
Je pense encore à toi.
J'aurais dû me méfier des vents qui tourbillonnent
De ces pierres qui taillent cachées sous l'eau qui dort
De ces bouts de ruisseaux qui deviennent des ports
Je pense encore à toi"
(Cabrel, fonds musical)
Perdue une fois de plus dans ses interrogations, elle ne prit conscience d'être parvenue à hauteur de la première marche que lorsque son pied butta contre. Alors, relevant légèrement sa robe - juste suffisamment pour ne pas s'y trébucher - elle entreprit l'ascension de l'escalier la menant vers le silence et le face-à-face avec elle-même qu'elle était venue chercher là.
Il était encore bien tôt, et le froid de l'aube provoquait une légère buée au niveau de ses lèvres.
La hauteur plus qu'imposante de la façade de pierre n'étendait pas encore son ombre sur le parvis, mais cela ne l'empêcha pas de se sentir une fois de plus bien peu de choses en comparaison. Le bâtiment en avait sans doute déjà vu des dizaines, des centaines même, de femmes perdues comme elle-même en ce moment, et serait le témoin muet des larmes et sourires de centaines d'autres dans les siècles à venir. Mais pour l'heure, celle qui n'avait ce matin-là absolument plus rien d'une tempête dans la démarche, ni dans le port de tête, était à mille lieues de penser aux autres. Elle ne pensait qu'à elle et aux tourments de son âme.
S'arrêtant un instant sous le portique de gauche, elle releva longuement la tête, caressant de son regard voilé de tristesse les robes des statues le décorant. Comme elle aurait voulu être de pierre comme elles! Lisse au point que tout lui glisse dessus, froide au point de ne jamais rien ressentir!
Finalement, elle poussa la porte de bois et resta à nouveau immobile un instant, le regard perdu sur la longueur du bas-côté qui s'étendait devant elle.
Il n'y avait personne, et elle en fut soulagée.
Alors, elle se décida à entrer, refermant derrière elle, s'avança d'une démarche glissée jusqu'à la moitié du bâtiment, et choisit un banc sur lequel s'assoir afin de prier le Très-Haut de l'aider à calmer les tourments de son coeur, mais aussi et surtout qu'il l'aide à trouver comment comprendre sa nièce.
Alors qu'elle s'apprêtait à prendre place, se penchant légèrement vers l'avant, un rouleau de parchemin s'échappa de son corsage et tomba sur le sol. Ses yeux s'y posèrent et s'embuèrent plus encore.
Une poignée de secondes plus tard, une larme roulait sur sa joue.
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