[Questions pour un champion !]
(en parallèle du procès d'Eru, propos tenus en taverne à Vendôme)
La Vilaine avait poussé la porte de la Tomate bleue, taverne municipale de Vendôme dans laquelle elle avait aperçu la silhouette du maire candidat. Ni de une, ni de deux, son chignon s'était hérissé et elle allait poser son potron à côté du bougre, lui annonçant d'entrée de jeu la couleur de sa venue après les salutations de rigueur par un tonic-truand :
Vous n'en avez rien à faire de savoir comment je vais !
Et oui, elle était de bien mauvaise humeur la gueuse et toujours aussi impétueuse et odieuse. Non en raison du quota de voix qu'elle avait décroché car elle savait pertinemment en se présentant qu'une inconnue installer à Vendôme la veille de l'ouverture des élections n'en obtiendrait guère plus. Au contraire, elle était même satisfaite de son score. Nessty était d'humeur exécrable et il fallait à cette cocotte lâcher un peu de pression avant qu'elle n'explose. Elle venait de découvrir une missive de sieur Oldtimer dans son pigeonnier. Un pur plagiat de l'annonce municipale que la candidate au chignon avait faite. En effet, l'accroche de Nessty s'intitulait "Campagne offensive aux noms des humbles !" et son discours en lieu et place d'un programme ronflant s'adressait directement aux Vendômois pour les inciter au civisme. Vlà que le bougre de maire se mettait à parler d'humbles à son tour et à user de termes ne lui étant point familiers ! Etrange, étrange, étrange...
Pas tant que cela lorsqu'on connaissait le vieux-chrono-maître. La nouvelle vendômoise ne pouvait pas encore prétendre avoir un avis objectif sur lui mais il se profilait depuis quelques jours déjà. Elle avait donc déchiffré le dernier papelard faisant office de propagande électorale avec une attention particulière. Sieur Old avait pris grand soin de ne plus aborder le sujet des animations dont il s'était attribué à tort l'intégralité des mérites. Peut être que la leçon donnée par la Vilaine et les autres dames présentes au débat publique avait été comprise. Il s'avançait prudemment cette fois ci au sujet de la justice mais se taisait sur l'ignominie de son geste envers Eru. Peut être que là encore la leçon avait été comprise mais insuffisamment. Il abordait encore le sujet du marché et des nouveaux arrivants. Peut être que là, il était aveugle car personne ne pouvait accéder au statut d'artisan depuis des semaines à Vendôme ou encore amnésique car il avait fait preuve de mépris envers la voyageuse qu'était alors Nessty quand elle voulut participer à une animation. Si la leçon n'avait pas été faite sur ces points là, il ne tarderait pas à en faire les frais.
Quoi qu'il en soit, la Vilaine ne voulait savoir qu'une seule chose pour cerner totalement le personnage : jusqu'où il était prêt à aller pour décrocher le poste de maire, lui qui se découvrait subitement humble et peu ambitieux malgré ce comportement qui le trahissait que trop. Ainsi lui posa-t-elle franchement la question dans les minutes suivant son entrée.
Sieur Old, êtes vous prêt à tout pour devenir maire ?
Pas de réponse, long moment de réflexion pour le bonhomme qui finit tout de même par distiler un bruit interrogatif... après maintes insistances de la part de son interlocutrice dont le mordant d'acier ne lui faisait jamais lâcher prise. Pitt-la-boule aurait pu être son surnom dans une telle situation, surtout avec un compagnon de parlote aussi fermé qu'une moule. Voici un exemple de réponse du maire.
Que voulez vous dire par là ?
Niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit !
(s'imaginer le bruit du champignon enfoncé au jeu "Questions pour un champion" et le sourire niais de Julien-le-perse sur la trombine de la gueuse quand une fausse réponse est donnée.).
Et le ping-ping interminable repris. Question de Nessty réitérée à l'infini sous toutes ses formes, avec une patience dictée par la détermination de la Vilaine. Réponses sporadiques après de très longues minutes d'intense réflexion, simulant une incompréhension totale jusqu'à celle des mots les plus simples. Niiiiiiiiiit imaginaires s'égrainant tristement jusqu'à ce qu'avec un sourire aimable, l'enchignonnée déclara :
Vous êtes un crétin !
ça y est, l'insulte préférée de la gueuse était tombée ! La cocotte avait persifflé cela devant tout un auditoire. La Tomate bleue alors déserte s'était remplie soudainement d'une foule gardant le silence, enfin presque, pour admirer le spectacle d'un lâche harcelé par une mégère.
Je ne suis pas prêt à tout faire.
ça y est la réponse à 2 balles du bougre lui fut arrachée ! Nessty se doutait bien qu'Oldtimer n'était pas disposé à faire une promotion canapé avec une vicomtesse des plus chastes ou encore à venir traire ses chèvres. Quoi que, qui sait ce qui se trame dans ses fanstasmes les plus secrets... Elle se tut toute fois sur le sujet, enfin presque car la malice inspirée d'un murmure d'une plus malicieuse encore la poussa à lui demander :
Vous avez fait crac-crac avec Feuille avant le mariage ?
Niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit ! Niiiiiiiiiiiiiiiiit ! Niiiit Niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit !
(s'imaginer que Julien-le-perse vient de se tromper de fiche mais que les candidats donnent quand même la bonne réponse de la bonne fiche.)
Là encore, point de réponse ou plutôt un consentement par le silence comme aime à le rappeler la Vilaine. Dieu sait qu'une femme vouée à l'église se doit d'arriver pure au mariage et homme ne respectant point cela ne pouvait se prétendre de bonne morale. Mais la conversation sur la fornication hors du mariage n'était pas le but de la gueuse. Elle tenta en vain de faire répéter au sieur ses mots, ceux par lesquels il affirmait ne pas être prêt à tout, sous entendant pour arriver au poste de maire mais ne l'exprimant pas suffisamment explicitement pour que la gueuse puisse lui porter l'estoc tant désiré. La donzelle voulait qu'avec cette insulte suprême du mensonge elle finisse elle aussi au tribunal comme la blondasse quoi. Nessty prit à témoin les convives présents et, lorsque le chignon se tourna vers sa malheureuse victime qui demandait où la Vilaine voulait en venir, elle lui répondit sèchement :
Parce que je souhaite vous traiter officiellement de menteur, cher sieur !
Pour avoir usé de sorcellerie en exprimant des pensées d'autrui ou des conversations privées ne lui étant pas destinées, pour avoir mis en procès par le biais de la mairie une blondasse sur base de fausses accusations afin de régler un contentieux personnel, pour avoir prétendu entendre des insultes alors qu'il n'était pas sur les lieux, pour avoir plagié les mots et les idées des autres candidats en pleine campagne électorale, Nessty était maintenant persuadée que le sieur Oldtimer était prêt à tout pour rester à la mairie et qu'il mentait ouvertement en affirmant le contraire.
Voleur était donc l'insulte suivante qu'elle escomptait user envers le sieur, histoire d'aggraver son cas dans l'éventualité où le pleutre laisserait à nouveau son instinct lui dicter l'ouverture d'un procès par la mairie afin de traiter un litige personnel. Oui, la gueuse était de mauvaise humeur ce jour pour avoir constaté qu'on usurpait son accroche de façon aussi éhontée. Mais de là à ne pas lui répondre à ses questions des plus simples et des plus directes, le couillu n'arrangeait pas son cas. Elle manqua donc d'exploser et se mit à secouer son voisin pour en extirper un son plus précis quand... une étrange odeur lui fouetta à la truffe. Elle agita ses narines à proximité du vieux-chrono-maître.
Dites, vous avez fait caca dans votre culotte ?
Face à un tel harcèlement, face à une gueuse aussi déterminée à obtenir réponse, face à une assemblée comportant des personnes nobles et d'autres respectables, il pouvait être compréhensible qu'un homme imprime dans le fond de ses braies sa faiblesse. Mais, là encore, point de réponse ou plutôt un nouveau consentement par le silence comme le rappela l'enchignonnée.
Niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit !
(s'imaginer qu'un champion vient de s'endormir sur son champignon.)
Nessty avait donné plus d'une chance à sieur Oldtimer de s'exprimer entre 4 yeux, en place public ou encore devant une taverne pleine. Le bellitre n'avait su saisir aucune de ces occasions là. Tant pis pour lui. Il venait de reporter le titre de champion attribué par celle aux gros lots-lots. Elle conclut après le départ du bonhomme :
Quel personnage puant et dur de la feuille en plus de cela !
Peut être même que ces mots prononcés en dehors de la présence du concerné lui vaudront enfin le procès qu'elle désirait tant déclencher. Moralité de l'histoire : un sorcier tel que Oldtimer est effectivement prêt à tout pour se maintenir à la mairie.
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Adoratrice des MP d'insultes de LdJ Theudrik.