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[RP] Château de Bapaume : domaine d'Agnès de Saint-Just

Gnia
Situé à la croisée des routes menant vers Arras, Cambrai et Péronne, Bapaume était un bourg densément habité, presque plus qu'Arras, distante seulement de quelques lieues.
Les habitations semblaient se pelotonner au pied d'une imposante forteresse à la tour de donjon carré et ceinte de hautes murailles.

Agnès de Saint-Just se rendait pour la première fois sur ses terres et ce qu'elle vit l'impressionna.
Passé le fossé d'entrée et le pont levis, l'on traversait les imposantes murailles de la forteresse, capables de tenir de longs sièges et l'on entrait dans la basse cour.
Là s'élevait le donjon qui abritait au sous-sol le magasin et les caves du castel. De nombreux souterrains semblaient s'étaler en un vaste réseau sous la forteresse mais l'on manquait de temps pour les explorer.

C'est un vieux garde, chargé de l'entretien du logis et de superviser la petite garnison en place qui faisait visiter les lieux à la nouvelle châtelaine et à Puylaurens qui s'était laissé emmener dans cette expédition.
Des escaliers creusés à l'intérieur des murs menaient d'un étage à l'autre.
L'on entrait par une porte qui menait à l'entrée haute, légèrement surélevée du sol par une volée de marches et qui abritait l'office, les cuisines et les latrines.
La grand-salle occupait tous l'étage supérieur. Au deuxième, l'on trouvait la chambre du seigneur et d'autres plus petites. enfin sous le toit, une vaste pièce semblait servir d'arsenal et s'ouvrait sur un chemin de ronde qui offrait un panorama saisissant de toutes les routes depuis les frontières champenoises jusqu'à Arras. L'on apercevait même au loin la forêt de Cambrai.

Revenue dans la grand-salle, La Vicomtesse commença à donner les ordres pour que la demeure soit prête à accueillir une cérémonie et ses invités.
L'ancien seigneur de Bapaume, Henri-Baptiste de Richebourg n'avait pas vraiment eu le temps d'occuper les lieux mais l'ont avait hérité de sa présence en ces lieux de quelques pièces de mobilier de goût, d'une meute de chiens féroces dont Agnès ne savait que faire et de quelques bouteilles de Framboise Richebourg qui elles par contre trouvaient grâce à ses yeux. Depuis l'incendie de la propriété des Richebourg, la fameuse eau de vie était une denrée rare et recherchée.

Arpentant d'un pas rapide la grand-salle où le vieux garde avait fait allumer un feu, elle réfléchissait à voix haute, donnant des ordres à son brave Georges, déplacé également pour l'occasion.


Je vous charge d'embaucher la domesticité nécessaire pour accueillir et nourrir une dizaine d'invités. Songez également que je vais convier les habitants d'Arras à nous rejoindre après la cérémonie et à partager le banquet avec nous.
Tâchez de nous trouver un ménestrel digne de ce nom, quelques musiciens et peut être quelques jongleurs également.
Envoyez Mauricet, mon coursier récalcitrant à Desvres pour qu'il ramène les oriflammes des seigneuries de Desvres. Elles rejoindront celles des seigneuries de Bapaume comme ornements pour cette pièce.


Les derniers détails furent évoquées avec Georges et le chef de la garde. Une fois qu'ils eurent quittés la pièce, Agnès se tourna vers Puylaurens et lui lançant d'un regard malicieux

Et bien, qu'attendons nous pour explorer ces fameuses caves, mon cher ami ? Nous avons peu de temps avant de devoir retourner à Arras et préparer nos effets pour habiter Bapaume le temps d'une fête.


[edit : fautes que décemment je ne pouvais laisser traîner... ^^]
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Puylaurens
Tout comme Gnia Puylaurens n'avait jamais mis les pieds à Bapaume, et la taille du bourg l'impressionna. Il avait du mal à réaliser que ce qu'il voyait constituait le fief de la Vicomtesse, que nombre de terres qu'ils avaient traversées en venant lui appartenait. En comparaison les terres des Bruay, qu'il avait gérées lorsque Philibert était enfant, lui paraissaient bien moins grandes et riches. Car la taille d'une cité était en général un très bon indice de sa prospérité, et à cet indicateur Bapaume semblait bien placée.
Et il y avait ce castel, dominant les habitations. Symbole par excellence du pouvoir féodal, la silhouette du donjon se découpait dans le ciel gris clair.

Puy ne fut pas fâché de pénétrer dans la salle principale de l'édifice en question ; une bonne flambée y avait été allumée en prévision de l'arrivée de la nouvelle châtelaine.
La chevauchée jusqu'à Bapaume avait été plaisante ; le chemin avait été parcouru à une allure soutenue, ce qui avait permis de ne point prendre trop froid. La Vicomtesse à ses côtés, il avait éprouvé une joie simple à aller sur les routes, son épée venant battre contre sa cuisse au gré des mouvements de sa monture. En fait il éprouvait même une certaine excitation, enfin il bougeait un peu, il quittait la morne routine que vivait la majorité des paysans et des artisans.
Et il était temps ! Encore un peu plus, et il ne savait pas ce qu'il aurait fini par faire. Quelque chose d'insensé, à coup sûr. Au bas mot partir en voyage, un long voyage, et au pire... Il ne préférait pas songer au pire ; sans qu'elle le sache Agnès était arrivée à point nommé avec ses propositions, avec son fief à gérer.

D'ailleurs maintenant que Puylaurens entendait la Vicomtesse donner des ordres à Georges et au chef de la garde pour organiser les prochaines festivités qui auraient lieu à Bapaume, il était plus que jamais persuadé qu'elle n'avait besoin de personne pour administrer ses terres. Elle lui avait demandé son aide, mais il doutait qu'il lui soit vraiment utile ; elle n'avait pas l'air d'avoir besoin de conseils, sa jeunesse ne l'empêchait pas d'avoir une grande expérience dans la gestion, elle avait tout de même été à la tête du Comté ! Peut-être pourrait-il tout au plus s'occuper de certaines affaires à sa place et lui donner ainsi un surcroît de loisir.
C'étaient à peu près les pensées qui l'occupaient, ça plus l'observation d'une tapisserie si vieille et si abimée par les aléas du temps et par le peu d'attention des hommes qu'il lui était impossible de dire avec précision ce qu'elle représentait, lorsque la Vicomtesse s'adressa à lui. Ce fut le mot "cave" qui le fit sortir de sa contemplation ; jetant un dernier regard à la mystérieuse tapisserie, il se leva et acquiesça.


Mais je n'attends que vous pour y descendre chère Agnès, vous vous doutez bien que seule la bienséance m'a retenu d'y aller sans vous, pendant que vous régliez ces affaires.

Il fit quelques pas vers elle, et souriant ajouta avec nonchalance, à voix plus basse :

Pour être honnête avec vous, la seule raison qui explique que je ne sois pas encore dans votre cave c'est que c'est vous qui en avez la clef...
Gnia
La dernière phrase de Puy lui arracha un franc éclat de rire et farfouillant dans les poches de sa robe, elle en sortit un imposant trousseau de clefs qu'elle lui tendit

Tenez, vous en ferez bon usage, j'en suis sure. Je trouve pour ma part que ces trousseau de clefs ont la fâcheuse habitude de peser lourd et irrémédiablement trouer le fond des poches.
J'ai assez à faire avec celles du château d'Arras...


Puis s'avançant dans les escaliers, elle se retourna vers lui


Pensons à demander une torche en passant par l'office, que nous puissions y voir dans les sous-sols.

Amusée par l'expédition, la Vicomtesse descendait rapidement les marches et arrivée devant la lourde porte des magasins, elle patienta le temps que Puy la rejoigne.
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Puylaurens
Afin de ne point trop faire attendre Gnia il se dépêcha d'aller chercher quelques torches, prévoyant large pour l'éclairage. Equipé du matériel nécessaire à l'exploration de la cave - il avait eu la prudence de prendre aussi un tire-bouchon et deux verres - il descendit à son tour et retrouva la Vicomtesse devant la porte des magasins.
Il ouvrit l'huis à l'aide d'une des clefs du trousseau qu'elle lui avait confié ; un rectangle noir se découpa, à peine troublé par la lumière issue des torches qui brûlaient dans le couloir. Il en alluma une, qu'il donna à Gnia, puis une autre qu'il garda en main.
Il s'avança dans la pièce, et ses yeux s'habituant à la demi-clarté dispensée par le chiche éclairage dont ils disposaient il découvrit les réserves de Bapaume. Il se tourna vers la Vicomtesse.


Hum, la famine n'est pas à l'ordre du jour.

La salle semblait en effet bien plus petite qu'elle ne l'était sous l'effet d'accumulation produit par les nombreuses denrées entreposées là ; beaucoup étaient dans des tonneaux : céréales de toutes sortes, viandes salées, pommes,... Des magnifiques jambons pendaient, accrochés à des poutres.
Puy était surpris par la douceur de l'atmosphère, qui était bien moins humide qu'il ne s'y attendait. A coup il devait exister un ingénieux système d'aération qui évitait que la nourriture ne s'abime de trop. Ou alors c'était un coup de chance, un sacré coup de chance...

Il fallait maintenant trouver où était la cave. Ce ne fut pas chose bien difficile, il n'y avait qu'une seule porte dans la réserve, plus celle par laquelle ils étaient entrés. Il marcha jusqu'à ce qui ne pouvait être que l'entrée de la cave, et posa sa main contre l'huis, sorte de tentative instinctive et vaine de communiquer avec le bois, d'en tirer une sensation qui inévitablement ne pouvait être autre que celle d'une paume contre un panneau de vieux chêne.
Il batailla un moment avec le trousseau de clefs, le temps de les essayer toutes ou presque et de parvenir à ouvrir la porte. Une odeur douceâtre, dominée par l'humidité, lui monta à la gorge. Il se retourna, se plaça à côté de l'ouverture et d'un geste de la main invita Gnia à la franchir.


Après vous...

Il se demandait ce qu'il allaient bien pouvoir découvrir, une cave quasi vide ou débordante de bouteilles ? Et quelle serait la qualité du contenu ? Il serait difficile de répondre à cette question, à moins de goûter systématiquement à tous les types de breuvages entreposés. Car, Puy ne se faisait pas d'illusion, il y aurait bien peu d'indications sur les noms et la provenance des vins ; le travail serait plus facile avec les eaux-de-vie, mais cela nécessiterait de toute manière du travail et de la patience...
Gnia
Gnia ne put retenir un rire quand elle avisa Puy, encombré du matériel nécessaire au parfait petit explorateur de cave. Se saisissant de la torche, elle entra à sa suite dans la pénombre que dissipaient à peine les lueurs tremblotantes des flammes.

Effectivement, la disette n'était pas pour tout de suite. Les magasins débordaient de victuailles, quantité proportionnelle à l'étendue des terres qui devaient dépendre de Bapaume. La Vicomtesse songea avec un soupir à l'étendue de travail qu'allait représenter le référencement des métairies, l'enregistrement des taxes sur le four, le moulin, le pressoir...
Tandis que Puy s'acharnait sur l'huis de la porte qui devait mener aux réserves de vins et spiritueux, Elle se félicita de lui avoir proposé l'intendance du domaine, il saurait probablement s'acquitter de la gestion des terres sans qu'elle n'ait à s'en inquiéter.


Après vous...

Ah ! Ainsi était venue l'heure fatidique de découvrir l'étendue du trésor ou du désastre - selon ce qu'on allait découvrir.
Elle entra, esquissa au passage une petite révérence à son compagnon d'aventures souterraines et leva haut la torche pour éclairer la pièce.
Elle ne discerna d'abord qu'une multitude de reflets pâles et quelques ombres importantes le long des murs.
Se retournant, elle interpela Puy.


Mais entrez donc, on y voit goutte icelieu, j'ai besoin de lumière...

La deuxième torche apporta, et c'est peu dire, un éclairage nouveau au décor. Le long des murs s'entassaient et s'alignaient tonneaux, tonnelets et quantités de bouteilles poussiéreuses. La cave était pleine à craquer. Restait à déterminer ce qui serait consommable.

Gnia fit face à Puy et lui lança un regard amusé.


Et bien... Je crois que nous avons de quoi nous occuper pendant quelques soirées arrosées au coin de l'âtre, mon ami.
Et surtout, je l'espère, largement de quoi organiser une petite réception en l'honneur de mes futurs vassaux.

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Puylaurens
La petite courbette de Gnia lui tira un éclat de rire, et il était sur le point de lui rétorquer un pompeux et ironiquement hautain "voyons Vicomtesse, pas de cérémonie entre nous !" lorsqu'elle lui intima d'apporter sa lumière dans la cave.
Il s'exécuta, et découvrit en même temps que son amie le décor qui les environnait. Un décor de rêve, pour sûr : le nombre de fûts était tout à fait satisfaisant, et celui des bouteilles était même impressionnant. Les mouvements virevoltants des flammes tiraient ça et là des éclats lumineux, le verre scintillant brièvement avant que les ténèbres ternissent à nouveau son brillant. Il posa la main sur le tonneau le plus proche ; espérons que le rêve n'allait pas tourner au cauchemar... Il se demandait par quel bout commencer, et tergiversait tant et plus sur la méthode à adopter ; ce fut Gnia qui le sortit de ses pensées.
Il lui sourit en retour, et son sourire s'élargit à l'évocation de futures soirées arrosées, puis s'accentua encore à celle de la petite fête pour les futurs vassaux.


Ils vont en avoir de la chance vos futurs vassaux, car m'est avis que la réception en leur honneur devrait être assez réussie si l'on en juge par la quantité de denrées et de boissons entreposées en ces réserves...


Il s'interrompit, et adressa à la jeune femme un regard mi-amusé mi-soucieux.

Maintenant, tout le problème consiste à en déterminer la qualité... Au travail !

Puy alluma deux nouvelles torches, et les disposa dans des anneaux muraux prévus à cet effet. Il parcourut ensuite la pièce des yeux, et satisfait de l'éclairage il s'approcha des fûts les uns après les autres, tentant de lire d'éventuelles informations inscrites sur le bois. Des marques, des traits, des symboles, mais point d'écritures.
Sans guère d'espoir, il passa aux bouteilles ; elles étaient certainement classées par origine, en tout cas lui aurait fait ainsi. Mais là encore aucune indication. Il soulevait une bouteille par ci par là, chassait la poussière et parfois des moisissures, et la plaçait à la lumière de telle sorte qu'il puisse juger de la couleur du liquide qu'elle renfermait.
Il put ainsi facilement trouver le coin dans lequel était rangées toutes les bouteilles d'eau-de-vie de diverses factures. Pour ce qui était du vin, il était peu avancé... A priori, personne ne connaissait la façon dont était agencée la cave, ils n'avaient pas pu retrouver celui qui en était responsable, si tant est qu'il y eut un responsable attitré. Cependant l'aspect ordonné jouait en la faveur de l'existence d'un classement, et une idée avait fait jour dans la tête de Puylaurens. Il décida de suivre cette piste, faute d'en avoir une meilleure.


Dites-moi, Agnès, savez-vous si Bapaume possède quelques arpents de vignes ?
Gnia
La qualité, tout était là. Puy lui avait expliqué que certains vins vieillissaient fort mal et l'on risquait d'avoir à en jeter de grandes quantités. Même si l'on voulait en faire du vinaigre, l'on risquait d'avoir du vinaigre pour plusieurs siècles...
A présent la pièce était bien éclairée et ce que l'on avait deviné s'était précisé. La cave débordait tout comme le magasin et semblait tout de même être ordonnée selon un classement qui échappait à Agnès.
Tandis que Puy commençait son exploration, elle l'observa un instant et de son côté souleva de même quelques bouteilles poussiéreuses. Elle reconnu le sceau des Richebourg sur certaines d'entre elles et un large sourire éclaira son visage. Elle détenait probablement la dernière réserve de la fameuse framboise de la famille.
Elle fut tiré de ses pensées par la question que Puy lui lança de l'autre côté de la pièce.


Et bien, vous me posez une question fort intéressante, Puy. Je ne sais si Bapaume possède de vignes mais je gage que vu l'étendue des terres rattachées au domaine, il doit probablement y avoir plusieurs arpents. Nous en saurons plus en compulsant les registres des métaieries.

Elle avait repéré les archives stockées sous les toits du donjon, à côté de l'arsenal. Leur lecture livrerait surement l'étendue de ce qui était récolté chaque année. Encore un travail de titan en prévision, pour peu que le dernier intendant ait une vilaine écriture et le travail se transformerait rapidement en calvaire.
Elle secoua la tête pour chasser cette désagréable pensée et demanda à Puy sur un ton réjoui.


Alors mon ami, il est temps, je crois, de se faire une idée et de remplir ces verres que vous avez apportés.
J'aimerai que nous puissions recevoir dès demain nos invités et si le héraut est disponible procéder avant le souper demain soir aux anoblissements.
Dans l'idéal si nous n'avons pas trop bu, j'aimerai rentrer avant la nuit à Arras et revenir demain matin à Bapaume...

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Puylaurens
Si Bapaume avait bien quelques vignes Puylaurens espérait trouver quelqu'un qui en fut en charge, et ce quelqu'un saurait, avec un peu de chance, lui dire de quelle façon était rangé le vin en la cave. C'était un espoir assez ténu, mais pas idiot au regard de la vaste quantité de boisson qui avait été entreposée là ; il fallait logiquement que quelqu'un s'en fut occupé...
Aux dernières paroles de Gnia il haussa les sourcils, il ne savait pas que les anoblissements se tiendraient dès le lendemain. S'ils devaient rentrer à Arras ce soir il ne fallait pas traîner, et il allait devoir abandonner l'idée de comprendre le classement des vins avant la petite sauterie qui se préparait. Il aurait tout de le temps de s'en occuper par la suite, pour l'heure il fallait procéder de manière brutale mais efficace.


Tudieu ! Je croyais que nous avions un peu plus de temps que cela pour jauger votre cave.
Tant pis, nous allons devoir goûter jusqu'à avoir sélectionné suffisamment de bons vins pour demain...


Disant cela Puylaurens prit un air contrit, tout à fait faussement désolé que les circonstances leur imposent pareille épreuve. Son sourire en coin en disait d'ailleurs suffisamment long sur ses pensées réelles...
Il tendit une coupe à Gnia, et prenant l'autre il s'approcha du tonneau le plus proche, car il avait remarqué qu'il avait déjà été mis en perce. Il fit couler un peu de liquide dans son verre, l'approcha de ses narine et grimaça. Versant le tout par terre, il annonça laconiquement ce à quoi il s'attendait un peu, le vin ayant vraisemblablement été trop longtemps en contact avec l'air.


Du vinaigre...


Il regarda les autres fûts d'un air songeur, se demandant si certains réservaient de bonnes surprises. Un autre avait aussi été mis en perce, et à moins qu'il ne l'ait été très récemment il était perdu. Choisissant de ne pas s'en assurer maintenant, il alla plutôt échanger sa coupe contre les instruments qui traînaient sur un fût en position verticale, dans un coin de la pièce. S'approchant ensuite d'un tonneau de belle allure, il s'accroupit à côté, le maillet levé. Il jeta un regard à Gnia avant de donner plusieurs coups savamment dosés pour extraire le bondon du trou de broquereau. Lorsque le bouchon sauta Puy introduit très rapidement un robinet de bois qui permettrait de soutirer facilement le vin, et l'assujettit de quelques coups habiles. Il fit couler un peu de liquide par terre avant de remplir le fond de leurs verres.

Point trop n'en faut, ce n'est que le premier d'une longue série !...

Il amena la coupe à son nez, et ce qu'il sentit lui plut. Il la leva alors à l'adresse de Gnia.


A votre santé Vicomtesse !
Gnia
Ayant pris place sur une caisse à l'origine et au contenu inconnu, Agnès étudiait avec attention les gestes de Puy. La mise en perce, notamment, la captiva tout le temps que prit l'opération.
Par contre, le constat d'un tonneau quasi plein et totalement gâché ainsi que la perspective d'en avoir perdu au moins un autre, lui arracha une grimace. Voilà ce qu'elle redoutait... Bapaume allait devenir le haut lieu de la conserve de légumes au vinaigre... C'était bien moins prestigieux comme renommée que les meilleurs vins ou eaux de vie d'Artois, tout de même.

Heureusement Puy semblait avoir trouvé un filon correct et il était temps à présent d'en juger la qualité.
Elle prit la coupe tendue et trinqua avec son ami.


A la vôtre, mon cher Puylaurens !

Puis humant l'odeur dégagée par le breuvage, elle reprit d'une voix malicieuse

Si vous pensez que nous manquerons de temps pour trouver de quoi honorer nos invités, nous pouvons tout aussi bien décider de rester à Bapaume pour la nuit et nous faire porter ce dont nous pourrions avoir besoin depuis Arras par Georges.
Je m'en voudrai de ne pas vous laisser le temps de mener à bien votre exploration...


Elle lui lança un regard ironique tout en faisant tournoyer le liquide dans sa main avant d'un prendre une petite gorgée. Si le nez s'était avéré puissant, le gout était un peu âpre mais Agnès jugea que le vin, une fois coupé d'eau selon l'usage, ferait amplement l'affaire pour accompagner pâtés, tourtes à la viande et gibiers.
Elle murmura alors plus pour elle même que pour son compagnon d'aventure.


Je suis certaine que les vins les moins agréables pourront être préparés en hypocras ou en clairet... De quoi accompagner divinement desserts et douceurs...

Une nouvelle gorgée fit taire ses réflexions à voix haute tandis qu'elle attendait le verdict du nouveau responsable de cave.
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Puylaurens
Il lui rendit son regard moqueur alors qu'elle lui proposait de rester à Bapaume pour la nuit afin qu'il puisse avoir le temps de réaliser sa petite sélection.

C'est-à-dire que... Je ne sais pas vous, mais personnellement je n'ai pas plus envie que cela de passer une nuit d'hiver dans une cave froide et humide.
A moins que ce ne soit pour la vider pensa-t-il.
D'ailleurs je gage que cela ne sera pas nécessaire, nous aurons trouvé ce qu'il nous faut à temps pour départir pour Arras.

Il recentra son attention sur la coupe qu'il tenait dans sa dextre, et goûta le liquide à la teinte vermeille. La bouche était décevante par rapport au nez ; le vin n'était pas bien équilibré. Il n'était pas non plus très charpenté, et ils n'auraient rien à perdre à le boire maintenant.
Il leva la tête en entendant Gnia dire quelques mots à voix basse ; il ne savait pas trop si elle s'adressait ou non à lui, mais il poursuivit sur l'idée qu'elle venait d'exprimer.


Oui, vous avez tout à fait raison. Ainsi à mon sens ce vin ci
- il fit un geste avec son verre - mériterait assez de finir en hypocras. Mais attendons d'avoir goûté un plus grand nombre de vins, peut être celui là se révélera-t-il finalement parmi les meilleurs...

Il haussa légèrement les épaules, et son visage et son regard traduisaient son optimisme un peu défaillant. "Eh oui, il faut nous préparer au pire !" avaient-ils l'air de dire.
Espérant que le prochain essai soit tout de même un peu plus réussi, il mit en perce un nouveau tonneau dont l'aspect patiné l'avait incité à le choisir. Il soutira un peu de vin, et le sentit avec appréhension. Un sourire éclaira son visage, et il s'empressa de remplir le verre de la Vicomtesse.


Tenez, celui-ci devrait faire l'affaire !

Il sourit à la jeune femme, et fit tourner le vin rouge dans sa coupe avant de le humer à nouveau. C'était un vin puissant, ce que le goût confirma ; il était charpenté, avec des tannins bien fondus, agréables. Aux saveurs fruits rouges se mêlaient un goût viandé marqué, ainsi qu'une note évoquant les sous-bois. S'il avait dû identifié le cépage, il aurait parié sur pinot noir. C'était du Bourgogne, il en aurait mis sa main à couper. Il reprit une gorgée. Et du quatre ou cinq ans d'âge.
Ils avaient eu de la chance qu'il arriva jusqu'à eux, l'usage voulant que le vin soit consommé rapidement. En effet, sauf année exceptionnelle très peu de vins vieillissaient bien ; mieux valait boire un vin médiocre que du vinaigre... Reconnaître un vin qui avait un bon potentiel de vieillissement était ardu, et peu de personnes s'y intéressaient, ce qui impliquait qu'encore moins y parvenaient. Le père de Puylaurens en faisait partie ; il s'occupait des vignes du seigneur local, et ce-dernier ayant su reconnaitre ses talents il l'avait mis en charge de sa cave. Puy n'avait rien inventé, ça non. Il avait simplement été à bonne école, et ironie du sort lui aussi avait maintenant une cave, et même un domaine en intendance... A ceci près que c'était celui de la Dame dont il serait bientôt le vassal.
Gnia
Le moins qu'on puisse dire c'est que Puy n'était pas confiant sur la qualité des vins, ce qui s'expliquait facilement puisque ils se conservaient mal.
Au pire celui qu'elle venait de gouter accompagnerait le repas, au mieux, ils feraient une nouvelle découverte et il finirait en vin aux épices.

Nouvelle mise en perce, nouveaux espoirs. Agnès observait les expressions du visage de Puy avec une certaine anxiété. quand son visage s'illumina d'un sourire, elle sut que le nouveau tonneau réserverait une belle surprise.

Elle s'empressa de saisir le verre tendu et d'en sentir le contenu puis d'en boire une gorgée. Aucune comparaison possible avec le précédent. Celui-ci était tout bonnement divin.


Mon cher Puy, je crois que vous avez découvert un excellent filon. Je lève mon verre à votre savoir des vins !

L'humidité et le froid qui s'insinuait dans les sous-sols lui arracha un petit frisson. Contrairement à Puy, elle ne s'activait pas. Elle se releva de son siège de fortune et se frotta les mains pour les réchauffer.

Et bien mon ami, si nous avons trouvé de quoi arroser le banquet de demain, je suggère que nous cherchions au plus vite une bonne source de chaleur et qu'ensuite nous affrontions à nouveau le froid pour retourner à Arras.

Elle lui adressa un sourire avant de boire les dernières gorgées de cette belle découverte.
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Puylaurens
Puy haussa les épaules au compliment que lui fit Gnia ; il n'avait pas grand mérite, et même aucun à part celui d'avoir mis en perce le bon fût. Mais c'était vrai que le vin était bon, diablement bon...
D'ailleurs il n'avait pas pu résister, il s'était resservi une coupe remplie de ce délicieux nectar et le savourait à sa juste valeur. Le souvenir d'une autre aventure lui revint en tête, une expédition qui maintenant commençait à dater ; avec la Baronne Teckli_lâ et... et, oui il lui semblait bien que c'était Aelys, sa mémoire lui jouait des tours. Donc, ensemble, ils étaient partis à la recherche d'un quasi mythe à Péronne : les bouteilles de Jcaest, dont personne ne savait où elles dormaient, ni même si elles existaient réellement. Puy, lui, n'avait même pas connu Jcaest, qui avait été curé de Péronne. Au final ils s'étaient bien amusés, mais n'avaient point trouvé le fameux vin de messe...
Encore plongé dans ces souvenirs, il regardait sans vraiment le voir le contenu de son verre d'un oeil attendri ; ah, c'était une sacrée époque ! Simultanément il se fit la réflexion qu'il n'était tout de même pas encore assez vieux pour être aussi nostalgique. Du nerf, une cave l'attendait !
Son regard se promenait avec curiosité et envie sur les bouteilles alignées perpendiculairement au mur lorsque Gnia se leva et lui proposa d'aller se réchauffer avant de se remettre en selle.
Il se tourna vers elle, et réfléchit quelques instants avant de répondre.


Je serais bien resté un peu plus, histoire d'ouvrir quelques bouteilles... Mais vous avez raison, nous avons assez pour demain. Je vais aller donner des consignes pour les fûts, et je demanderai aussi de ramener des bouteilles, par sécurité. Si besoin est, on les ouvrira et là... ce sera la surprise !

Il sourit en imaginant ce que pourraient bien être les surprises en question. Et subitement se dirigea à nouveau vers le dernier tonneau qu'il avait mis en perce.

Allons chère Agnès, nous ne pouvons quitter cette salle certes humide mais si plaisante sans prendre un dernier petit verre de cet excellent vin...

Sans lui donner l'occasion d'approuver ou de refuser il alla remplir une dernière fois leurs coupes, qu'ils remontèrent vider auprès du feu qui pétillait dans l'âtre de la grand salle.
Ensuite, ce fut le retour dans la froidure dont la morsure se faisait plus aigüe à mesure que le soleil déclinait et qu'ils avançaient vers Arras... La nuit était tombée depuis quelques temps lorsqu'ils parvinrent à l'Hostel Saint-Just et sa bienfaisante chaleur.
Gnia
[Le lendemain - Branle-bas de combat pour petite fiesta ^^]

Pour la deuxième fois en moins de 24 heures, Agnès de Saint-Just chevauchait sur la route entre Arras et Bapaume. Un épais manteau de neige avait recouvert dans la nuit, la campagne et les chemins.

Tandis qu'elle chevauchait avec ses compagnons de route, elle songeait à ce qu'il restait à faire. Chacun avait été prévenu par missive de la tenue de la cérémonie pour ce jour. le Héraut avait confirmé sa présence et elle espérait qu'il soit accompagné de son épouse. Cela faisait des semaines que Gnia n'avait fait que croiser Deedlitt au détour des couloirs du château d'Arras et il lui tardait de la voir dans une atmosphère plus détendue.
Georges l'avait assuré que tout était prêt pour recevoir, nourrir et loger les invités.
Il ne restait plus finalement qu'à procéder à ses anoblissements.

Agnès était heureuse. Erel semblait être sorti de ses envies de solitude et avait accepté de l'accompagner. De plus, les invités n'étaient autres que ses plus proches amis. La journée se présentait sous les meilleurs auspices, noble assemblée de personnes qui lui étaient chères, plats raffinés, breuvages triés sur le volet, troubadours et musiciens...

Enfin, l'ont arriva en vue des murs de Bapaume et la petite troupe après avoir confié les montures aux écuries put se mettre rapidement au chaud dans la grand salle de la forteresse.

Georges avait fait faire le nécessaire. Un feu important ronflait dans l'immense cheminée, la jonchée avait été faite et le long des murs s'entassait ce qu'on avait pu trouver comme herbes et feuillages par ce temps rigoureux.
Aux murs étaient à présent tendues les oriflammes des seigneuries rattachées à Bapaume et Desvres.
Des sièges avaient été ajoutés et l'on attendait finalement plus qu'eux.

Les couloirs grouillaient d'une activité débordante, signe que le banquet qui clôturerait la journée se préparait activement.
Il ne restait plus qu'à attendre que l'assemblée soit complète et l'on pourrait lancer la cérémonie.

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Thegregterror
Bapaume... un nouveau fief à visiter. Sa charge le faisait décidément voyager à travers tout l'Artois. Ayant préféré la voiture aux couleurs de Sainct-Omer à la simple monture, autant pour les affaires à prendre que par le temps qui l'aurait trempé, Grégoire arriva enfin à destination. Dans l'entrée, ne voyant personne et ne sachant pas trop par où aller, il appella...

Oyez !
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Puylaurens
Deuxième fois en deux jours qu'il chevauchait vers Bapaume ; il accompagnait cette fois aussi la Vicomtesse, toutefois leur troupe était plus nombreuse que la veille. Plutôt qu'être au botte à botte avec les autres il avait choisi d'être un peu en avant, et il y avait à cela plusieurs raisons. La neige en était une ; il avait l'envie enfantine d'être le premier à fouler, fut-ce sur sa monture, le blanc manteau immaculé qui recouvrait à perte de vue le plat pays artésien. Son humeur solitaire en était une autre ; de nombreuses choses allaient changer en sa vie, et cela commençait aujourd'hui. Il souhaitait profiter du trajet jusqu'au fief de Gnia pour penser tranquillement.
Il appréciait le calme visuel et sonore que lui procurait la neige ; la monochromie des paysages était reposante, la nature semblait avoir plié sous cette nuée blanche, et la seule autre couleur qui persistait était le marron des arbres complètement dénudés et des rares surfaces de terre sur lesquelles le ciel n'avait pas déversé ce linceul. Pas un seul bruit ne se faisait entendre, si ce n'était celui des sabots écrasant la neige dans un craquement doux et lointain ; chaque son semblait amorti, comme s'il avait rebondi plusieurs fois sur la pellicule blanche avant de venir aux oreilles.
Puylaurens cheminait donc en avant du petit groupe, goûtant le plaisir simple de n'avoir devant lui qu'une surface blanche qui adoucissait les contours du terrain, qui là où se trouvaient de méchants angles dessinait des courbes parfaites. Il se fit la réflexion que la neige serait sensuelle si elle n'était pas aussi froide ; elle était belle certes, mais terrible. Existait-il des femmes à la mesure de la neige ?...
De fil en aiguille, de lieue en lieue des pensées diverses occupèrent son esprit qu'il laissait vagabonder, jusqu'à ce que peu à peu il s'apaise, et que, doucement, progressivement, il ne soit plus que contemplatif.

C'est ainsi dans un état de rêverie prononcé que Puy atteignit Bapaume ; il suivit les autres jusqu'à la grande salle, et ce ne fut qu'en découvrant l'aspect grandiose et festif des lieux qu'il émergea complètement. Georges avait bien fait les choses, la pièce n'était pas la même que celle qu'il avait vue la veille. La quiétude laissa soudainement place à de l'anxiété, de façon aussi incontrôlée qu'inévitable. Il jeta un oeil aux personnes présentes dans la salle. Tous n'étaient pas encore arrivées, il avait le temps.
Il sortit donc dans la cour, et le visage tourné vers le ciel gris il inspira une grande bouffée d'air. Il sourit. Il était prêt. Quelle inquiétude grotesque. Comme si sous peu il allait au combat. Son sourire s'élargit. Il aimait se moquer de lui-même presqu'autant que des autres.

Il entendit alors une voix d'homme appeler. Il n'y avait pas fait attention, mais une voiture était arrivée. Il se dirigea vers l'entrée du château, et reconnut le Comte d'Ailhaud. Maintenant qu'il était allé voir, autant aller accueillir l'invité.


Bienvenue à Bapaume votre Grandeur ! J'espère que vous avez fait bon voyage malgré cette neige.
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