Ombeline
La jeune femme était en route pour la capitale depuis la veille. Emmitouflée dans son manteau, elle observait sielncieusement la paysage blanc qui défilait sous ses yeux à travers la fenêtre de la petite calèche. Nathanael dormait en face d'elle enseveli sous le flot de couvertures multicolores qu'elle lui avait quelques heures plus tôt déposée sur les épaules. Elle avait bien hâte d'arriver afin de voir son amie qui devait être très certainement en ébullition depuis quelques jours.
La calèche conduite par Rufus, son habituel coursier bougon, et escortée par son garde personnel, Lordkiche, roulait tranquillement sur la route. La nuit était bien calme... Un peu trop même sous ce paysage dénudé et monotone. Sur le chemin, ils rencontreront peut-être l'Ost Artésien sous la houlette du Baron Lndil. En tout logique, il avait installlé son campement à l'entrée de la grande ville. Il ne fallait pas qu'elle oublie d'ailleurs, de passer voir le Fort et ce campement mais pour l'heure, la priorité était le domaine de Bapaume. Le sommeil la prit peu à peu ... elle se laissa alors guider sans combattre vers les bras protecteurs de Morphée.
CAPT'AINEUUUUUUUUUUUUUU, zon est pas loin du Domaine de Bapaume, za quelques foulées.....
Ombeline sursauta sur son siège.... Mazette, quel réveil en douceur. Se frottant les yeux, elle s'étira comme un chat puis alla coller sa frimousse vers la fenêtre. Elle demanda à Rufus de faire un léger détour par la grande cathédrale, elle devait Lui parlait. Il était temps de le faire, peu importait l'heure.
Puis quelques temps après sa visite, la calèche poursuivit sa route. Les grandes grilles du Domaine étaient en vue. Enfin.... nous voilà arrivés songea-t-elle.
Se tournant vers son fils, elle déposa tendrement un baiser sur son front puis caressa sa joue tout en lui mumurant quelques mots doux d'une mère à son fils pour le réveiller, lui, sans brusquerie. Allez, mon chaton, c'est l'heure... nous sommes arrivés à destination, tu pourras même jouer dans la neige, la cour en est remplie mon amour... allez, sois courageux, lève toi...
La calèche venait de s'arrêter dans la cour principale et la porte s'ouvrit avec vigueur par Lorkiche qui avait devancé Rufus d'une bonne foulée. La Capitaine, bien réveillée descendit les petites marches et posa ses pieds sur le sol enneigé. Elle attrapa son fils encore emmitouflé dans une des couvertures et le garda dans ses bras après lui avoir déposé un second baiser sur le front et soufflé quelques mots au creux de son oreille. Levant la tête en direction de son escorte de choc, elle leur sourit.
Un majordonne vint à leur rencontre.. D'après sa tenue et son physique, il devait sans doute s'agir de Georges. Ombeline le salua et le suivit avec toute sa petite troupe vers l'entrée. Elle déposa à terre Nathanael, confia à Georges son manteau. La jeune femme prit la petite main potelée de son fils, après un rapide coup de main dans les cheveux tout hirsutes de ce dernier, histoire qu'il n'est pas trop l'air d'un sauvageon.
En quelques pas, ils arrivèrent dans une grande salle.
Puylaurens
Puylaurens accompagna Grégoire d'Ailhaud jusqu'à la grand salle dans laquelle tous étaient rassemblés. Il salua les personnes arrivées entre temps, et alla s'assoir sur un banc adossé contre un mur. Il se répéta encore une fois les paroles à prononcer, ce serait si idiot de se tromper, d'hésiter trop longuement voire même de ne plus savoir quoi dire.
Cela lui rappela une autre cérémonie, les premières allégeances auxquelles il avait dû se présenter pour son filleul, et prêter serment en son nom. C'était il y a maints printemps, et il avait alors beaucoup moins d'assurance que maintenant. Il était terrifié, et s'il se souvenait de nombreux détails de la cérémonie il s'aperçut avec amusement qu'il ne savait plus dire quel était le Comte auquel il avait prêté cette allégeance. Etrange labyrinthe que celui de la mémoire...
Il fallait dire que la journée, clôturée par la disparition de Philibert, avait été pour le moins spéciale et à ce titre mémorable, au propre comme au figuré. Une fois de plus il se fit la remarque que le temps adoucissait considérablement les souvenirs, les polissait jusqu'à ce que l'amertume qu'ils contenaient soit si lointaine et diffuse que presque tous paraissaient heureux, ou tout du moins bien moins tristes qu'ils n'avaient pu l'être en réalité. Formidable phénomène que cette transformation, cette lente maturation qui s'accomplissait dans les tréfonds de la mémoire. Formidable et intempérante faculté que cette mémoire, qui sans qu'il le lui soit exigé distordait la plupart les évènements qu'elle avait pris soin de retenir, rendant ainsi la vie plus facile grâce à un passé plus léger. Cependant tout ne pouvait être allégé...
Décidément, Puy était bien méditatif aujourd'hui.
Puylaurens
Puylaurens s'était levé et approché des autres lorsque Gnia l'interpela. Il lui rendit son regard, puis avança. Maintenant qu'il était l'heure, il était serein. Il avait remarqué que le moment venu tous ses doutes toute l'appréhension qu'il pouvait avoir s'effaçaient, pour ne plus laisser place qu'à de la résolution et à de l'assurance. D'ailleurs en ce qui concernait ce jour d'hui, son choix était fait depuis bien longtemps, ce n'était pas maintenant qu'il allait le reconsidérer.
Il posa donc un genou à terre, leva la tête et tendit lentement ses mains devant lui.
La gravité de la Vicomtesse et le peu de bruit qu'on entendait rendaient l'instant diablement solennel. Le temps lui paraissait s'écouler au ralenti ; il avait tant de fois vu ce type de cérémonie de l'extérieur et voilà qu'il la vivait lui aussi.
Puylaurens
Il écouta sans ciller Gnia égrener les différents points sur lesquels il devait prêter serment ; il les connaissait bien, autant pour les avoir entendu par le passé que pour se les être répétés ces derniers jours.
Il inspira avant de répondre, toutes les pensées qu'il avait pu avoir à propos de cet anoblissement lui traversant la tête en un éclair. Oui, il souhaitait toujours autant devenir vassal de cette femme, envers qui son lien d'amitié serait toujours plus fort que ce lien de vassalité qui allait s'établir dans quelques instants...
En ce jour je prête serment sans réserve, sous le regard et dans l'amour et la crainte de Notre Seigneur, Aristote.
Il s'interrompit l'espace d'un instant, préparant et pesant soigneusement les mots qu'il allait prononcer, songeant à la portée et à l'engagement qu'ils impliquaient. Ce n'étaient pas des paroles que l'on prononçait à la légère.
Et je jure de servir ma Dame, Agnès de Saint-Just, avec la plus grande fidélité et la plus grande loyauté, et de lui apporter toute l'aide dont elle pourrait avoir besoin ainsi que tout le conseil qu'elle requerra.
Thegregterror
Le Héraut ayant suivi les quelques personnes arriva dans la grande salle, endroit où aurait apparemment lieu les différents anoblissements. Plaçant les quelques actes nécessaires sur le pupitre à disposition, il acta l'échange vassalique entre Puylaurens et Gnia avant de valider le contreseing de l'octroy.
Sieur Puylaurens, vous voilà dès à présent Seigneur des Auteux et de ce fait noble, devant donc respecter les devoirs et pouvant user des droits qui en découlent.
Citation:
Faict à Bapaume le 8ème de Janvier de l'an de grasce 1457. A tous présents et advenir, salut.
Nous, Grégoire d'Ailhaud, Héraut d'Armes d'Artois, faisons acte de la demande de dame Agnès Adélaïde de Sainct-Just, dicte Gnia, Vicomtesse de Bapaume, Baronnie de Desvres, Dame de Seuiri, quant à l'octroi de la seigneurie issue du mérite de Les Auteux, se trouvant sur les terres de Desvres, au sieur Puylaurens.
Après recherches héraldiques dument entérinées, le fief de Les Auteux est bien une seigneurie sise à Desvres.
Après consultation d'armoriaux, l'écu se référant à ladicte seigneurie est : "Ecartelé : au premier de sinople à la croix ancrée d'argent, au deuxième et au troisième d'argent au lion de sable.".
Soit après dessin :
Affirmons avoir été le témoin héraldique des serments vassaliques échangés entre la Vicomtesse et l'octroyée.
Sieur Puylaurens devient donc seigneur de Les Auteux.
Par nostre scel, actons ce document comme valide et conforme aux règlements héraldiques.
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