Actarius
[Au Xe jour de février]
Joan était revenu la veille. Forcé de contourner quelques patrouilles ennemies, l'homme de confiance du Vicomte était revenu tardivement. Dans le souci de l'épargner quelque peu, le Mendois ne lui infligea pas un nouvel aller-retour vers Brignoles, et réserva la réponse à la missive de son vassal au lendemain.
Ainsi, alors que le soleil n'était pas encore levé, Actarius s'agitait déjà dans sa chambre de toile, dictant ses pensées au brave Joan qui noircissait le parchemin à une rapidité folle.
Citation:
De moi, Actarius d'Euphor,
A la vie, à la mort !
Mon cher ami. Je pensais que tes tresses étaient bien la seule marque féminine en toi. Mais te voilà devenu mélancolique et semblable à une femme enceinte. Malgré tes blessures, tu as contribué à des hauts faits de cette guerre. Malgré ton bras affaibli, tu as protégé mon épouse et continue de le faire. Grogne bleu ! Les temps sont rudes, voilà des mois que nous sommes tenus éloignés de nos foyers. Et pourtant malgré ta mésaventure, tu es toujours là. Tu n'as pas échoué, tu n'as que montrer quelles étaient tes qualités de coeur et ta fidélité.
Voilà précisément ce que j'attends d'un capitaine. Corbeaunoir sera également récompensé, il deviendra mon vassal et sera également capitaine, s'il le souhaite. Car je compte bien développer cette garde personnelle à mon retour. Néanmoins, si tu préfères quitter ton poste, tu auras libre choix. Mais laissons cela lorsque nous reprendrons le chemin du Languedoc. Pour l'instant, tu demeures en fonction. Corbeaunoir te secondera.
Ce jour, moi, Actarius d'Euphor, puissant Seigneur du nord du Languedoc, j'en fais le serment. L'exploit que vous avez accompli à Brignoles portant haut les couleurs du Languedoc ne sera pas oublié et il sera récompensé substantiellement dès notre retour.
Ressaisis-toi mon ami, un loup boiteux demeure un loup et sa volonté de vaincre n'en est que plus puissante !
Que le Très-Haut veille sur toi.
A la vie, à la mort !
Mon cher ami. Je pensais que tes tresses étaient bien la seule marque féminine en toi. Mais te voilà devenu mélancolique et semblable à une femme enceinte. Malgré tes blessures, tu as contribué à des hauts faits de cette guerre. Malgré ton bras affaibli, tu as protégé mon épouse et continue de le faire. Grogne bleu ! Les temps sont rudes, voilà des mois que nous sommes tenus éloignés de nos foyers. Et pourtant malgré ta mésaventure, tu es toujours là. Tu n'as pas échoué, tu n'as que montrer quelles étaient tes qualités de coeur et ta fidélité.
Voilà précisément ce que j'attends d'un capitaine. Corbeaunoir sera également récompensé, il deviendra mon vassal et sera également capitaine, s'il le souhaite. Car je compte bien développer cette garde personnelle à mon retour. Néanmoins, si tu préfères quitter ton poste, tu auras libre choix. Mais laissons cela lorsque nous reprendrons le chemin du Languedoc. Pour l'instant, tu demeures en fonction. Corbeaunoir te secondera.
Ce jour, moi, Actarius d'Euphor, puissant Seigneur du nord du Languedoc, j'en fais le serment. L'exploit que vous avez accompli à Brignoles portant haut les couleurs du Languedoc ne sera pas oublié et il sera récompensé substantiellement dès notre retour.
Ressaisis-toi mon ami, un loup boiteux demeure un loup et sa volonté de vaincre n'en est que plus puissante !
Que le Très-Haut veille sur toi.
- Dois-je apposer votre scel Monseigneur ?
- Ce ne sera pas nécessaire. File apporter cette missive et prends garde à toi.
- A vos ordres.
Et sur ce bref échange, le fidèle Joan s'éclipsa profitant des dernières ombres de la nuit agonisante pour se glisser dans l'enceinte de la ville et porter ce mot à qui de droit. La matinée se poursuivit dans le calme, mais cela ne dura guère et bientôt plusieurs messagers se firent annoncer. L'un portait les couleurs d'Anglès, un autre de La Volta.
Le visage seigneurial s'éclairait au fur et mesure qu'il lisait les missives. Le vent semblait tourner petit à petit et la confiance en la victoire s'en voyait raffermie plus que jamais. C'était du moins l'impression qu'offraient les iris scintillantes du feudataire. Sans attendre, il se mit lui même à la rédaction des réponses.
Il commença par son ami baron.
Citation:
De moi, Actarius d'Euphor,
Mon ami, ta missive ne pouvait trouver un homme plus heureux et satisfait qu'en ce jour. En effet, Brignoles a été prise hier à l'aube et mon épouse, ainsi qu'Insanius et Corbeaunoir ont joué un grand rôle dans ce haut fait de guerre. Avec courage, ils ont porté le phénix à son zénith offrant une gloire éternelle à leur nom et à leur bien aimé Languedoc et rendant plus fier que jamais le blessé que je suis.
Mais je te rassure, le temps où je pourrais à nouveau combattre à proche, je le sens en moi comme une évidence. Brignoles sera sans doute reprise, mais là n'est pas le plus important. L'important est désormais que nous ne sommes plus seuls et que votre venue réchauffe nos coeurs et nos âmes.
Garde cette lame bien au chaud, je la prendrais dès que l'occasion nous sera donnée de nous voir. Sois remercier pour cette attention.
Que le combat vous soit favorable et remercie de ma part chaque Languedocien s'étant déplacé.
Que le Très-Haut veille sur vous tous !
Mon ami, ta missive ne pouvait trouver un homme plus heureux et satisfait qu'en ce jour. En effet, Brignoles a été prise hier à l'aube et mon épouse, ainsi qu'Insanius et Corbeaunoir ont joué un grand rôle dans ce haut fait de guerre. Avec courage, ils ont porté le phénix à son zénith offrant une gloire éternelle à leur nom et à leur bien aimé Languedoc et rendant plus fier que jamais le blessé que je suis.
Mais je te rassure, le temps où je pourrais à nouveau combattre à proche, je le sens en moi comme une évidence. Brignoles sera sans doute reprise, mais là n'est pas le plus important. L'important est désormais que nous ne sommes plus seuls et que votre venue réchauffe nos coeurs et nos âmes.
Garde cette lame bien au chaud, je la prendrais dès que l'occasion nous sera donnée de nous voir. Sois remercier pour cette attention.
Que le combat vous soit favorable et remercie de ma part chaque Languedocien s'étant déplacé.
Que le Très-Haut veille sur vous tous !
A peine la cire avait-elle été marquée par la matrice que le Vicomte saisit un nouveau velin et le griffa d'une plume enthousiaste et décidée.
Citation:
De moi, Actarius d'Euphor,
Bien des choses ont émaillé notre quotidien de guerre. Ce jour, ce sont Hildegarde et Actarius qui sont convalescent et ce sont Nanelle, Insanius et Corbeaunoir qui font honneur au Languedoc. Ils ont tous trois joué un rôle prépondérant dans la reprise de la mairie de Brignoles hier. Je te rassure nos blessures ne sont pas fatales et nous serons bientôt prêts à reprendre le combat. En attendant, nous tâcherons de tenir Brignoles bien que la chose semble délicate.
Mais sois assuré que votre arrivée nous réchauffe le coeur et ne sera pas oubliée. Que le combat à Arles vous soit favorable et remercie de ma part chaque Languedocien s'étant déplacé.
Que le Très-Haut veille sur vous tous !
Bien des choses ont émaillé notre quotidien de guerre. Ce jour, ce sont Hildegarde et Actarius qui sont convalescent et ce sont Nanelle, Insanius et Corbeaunoir qui font honneur au Languedoc. Ils ont tous trois joué un rôle prépondérant dans la reprise de la mairie de Brignoles hier. Je te rassure nos blessures ne sont pas fatales et nous serons bientôt prêts à reprendre le combat. En attendant, nous tâcherons de tenir Brignoles bien que la chose semble délicate.
Mais sois assuré que votre arrivée nous réchauffe le coeur et ne sera pas oubliée. Que le combat à Arles vous soit favorable et remercie de ma part chaque Languedocien s'étant déplacé.
Que le Très-Haut veille sur vous tous !
Les missives furent remises aux messagers qui avaient été convié à se restaurer au dehors près du feu. Le Vicomte, perché sur ses béquilles, les raccompagnait justement leur donnant quelques conseils pour éviter les armées et patrouilles provençales lorsqu'il aperçut un visage connu. Il remercia une dernière fois les hommes d'Anglès et de La Volta, les confia au bon soin du Très-Haut et approcha de cette connaissance occupée à papoter avec un des gardes. Il s'agissait en fait d'un Français du nord qui avait grimacé aux paroles d'Aristide. Car, oui, tous les gens d'Euphor, à l'exception de Joan avaient été envoyés à la défense de Brignoles.
Lorsqu'il fut suffisamment proche pour ne pas avoir à crier, il devança le garde nordiste qui se remettait à peine de l'Oc qu'on lui avait "infligé".
- Aristide ! Que fais-tu là ?
- Il vous cherchait Monseigneur, un pli à vous remettre, osa le garde.
Le regard du Vicomte se planta dans celui du planton.
- Retourne à ta tâche mon brave. Tout est en ordre.
Le Sienne se porta aussitôt sur l'homme de confiance de la mesnie Shaggash.
- Viens, ma tente n'est pas loin, allons nous installer. Il est toujours plus agréable de deviser au chaud.
Et le blessé ouvrit la voie tout en prenant des nouvelles de ce brave Aristide. Pus que du babillage de politesse, il s'agissait d'un réel élan cordial. Il avait par ailleurs pris une certaine habileté à se déplacer avec ses appuis de bois, ce qui évitait les jurons et autres "Grogne bleu !" qui avaient parsemé sa convalescence. L'exercice était certes parfois désagréable, mais avait le mérite de le faire renaître à l'effort. Car il était indéniable que le Mendois était sur la voie de la guérison. Lorsqu'ils furent installés sous l'abri de toile, le maître des lieux s'enquérit de l'objet de cette visite.
- Alors, quelles nouvelles m'apportes-tu ?
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