Fauconnier
Ambivalente petite damoiselle qui tourne et vire, n'arrivant pas à te coller un masque sur la figure, Faucon. Elle vire, tourne, et volte, dérangée dans son antre même par ta personne qui se veut non inquisitrice, mais simplement voyeuriste, telle une caméra de surveillance dans un coin d'une pièce.
Ambiance de Loft story.
Elle attise le feu, elle rit, elle ne sait que faire, et elle ne veut pas briser le silence entre vous deux ; ce silence avec lequel tu vis si bien, Faux con, depuis que tu es enfant, et qui est l'une de tes armes de prédilection. Une armée à double tranchant ; car peu de gens aiment écouter le silence. Elle te regarde de façon haineuse, et tu conserves ton masque d'affabilité et de courtoisie ; elle rit, et tu ris avec elle. Tu fais le parfait miroir, celui qui ne laisse rien percevoir de toi. Tu en joues, et cela t'amuse. Un fauteuil est amené, et tu t'installes confortablement dans celui-ci. La collation suit, et tu manges comme un moineau, du bout des doigts, ne paraissant avoir d'appétance que pour ce silence ténu qui est entre vous. Elle te plait un peu, la petite damoiselle. Par son tempérament bouillonnant ; par sa moue mignonette qui passe en un clin d'oeil du sérieux au comique, du lyrique au tragique. Un visage d'actrice ; un parfait visage de petite noble que tu es. Mais cela restera toujours au second plan de tes projets, jeune faucon : car il n'y a pas de place pour le sentimentalisme, chez toi. Vous mangez ainsi en silence un long moment, sans vous préoccuper outre mesure de faire la conversation ; c'est mieux comme ça. La pitance est bonne ; l'eau de vie fameuse ; au moins cette visite qui n'en était que peu agréable aura-t-elle été servie par un beau visage, une belle croupe à son service, un bon feu et une bonne pitance. Ainsi parfois, simplement, était situé le temple du bonheur. Et aussi improbable que cela puisse paraitre, parfois la nourriture partagée crée l'entente, et c'est d'un ton presque affectueux qu'elle demande :
-« Il y a des discussions qui méritent la nuit, mais ces discussions-là sont importantes. Quel est donc le sujet dont vous voulez mentretenir Vicomte ? Puisquil faut que ce soit important nest ce pas ? » Et un sourire de percer chez le Vicomte. Parce qu'enfin, enfin, enfin, la voilà l'ouverture dans ta garde. Celle dans laquelle tu vas t'engouffrer pour fourbir tes armes et lancer tes opérations. Non, Faucon, tu n'es pas un habile de la langue. Parce que tu mues ; parce que ta voix passe du barytonausaure bassif à la crécelle suraigue ; parce que tu n'as jamais beaucoup parlé ; parce qu'on ne t'a jamais non plus beaucoup adressé la parole. Tu as toujours vécu dans ton petit monde individuel, tourné vers tes seules préoccupations. Tu n'étais qu'une gentille marionnette que l'on exposait lors des cérémonies au profit des Margny ou des Jeneffe. En bref, un simple instrument qui n'a pris sa destinée en main que lorsqu'il a reçu son héritage. Alors tu parles peu. Alors tu tentes de ne pas bégayer. Alors tu apprends des textes par coeur, pour improviser le moins possible. Ambivalence extrême de ce jeune homme qui parlait peu mais qui, pour peu que la passion l'animât, pouvait se changer en un orateur très acceptable. Alors tu as réfléchi à cette conversation avec l'Altérac. Et tu exposes tes armes, petit d'homme. Tu les exposes à la vue de cette jeune fille, pour savoir si elle voudra bien jouer avec toi ou non. Andante.
Il se lève, et se rapproche du feu. Peut-être a-t-il besoin de dominer son auditoire du regard ; peut être simplement se sent-il plus stable dans son discours une fois debout. Une chose est sûre, tu ne la regardes pas dans les yeux lorsque tu commences à parler, Vicomte.
- " Vous n'ignorez pas que je suis à l'heure actuelle pupille de l'Ordre Royal de Chevalerie de la Licorne, confié à la responsabilité du Capitaine Cerridween de Vergy. Vous vous êtes adressée à elle afin de recevoir des leçons d'équitation, qui puissent vous permettre de monter de façon correcte une haquenée. Elle a donc étudié votre proposition, et m'en a fais part, car dans son état actuel, elle ne pourrait pas superviser efficacement votre apprentissage. Elle a livré combat il y a peu à La Rochelle et s'en est sortie diminuée : il lui faudra donc beaucoup de repos et de calme. J'ai donc accepté, le temps de son rétablissement, de prendre sa place auprès de vous. Je vous apprendrais donc la monte.
Ceci est la première des raisons qui me mènent auprès de vous. Nous commençons demain. "
Et là tu savoures, jeune Faucon, en te retournant. Tu savoures l'expression étonnée qui traverse ce visage, cette expression de surprise et d'inconfort mêlée. Oui, je serais ton maistre. Désolé si cela ne te plait pas. Mais tu as encore d'autres choses à déballer de ton sac. Et celles-ci sont délicates. Aussi te retournes-tu et la regardes-tu attentivement, désormais, pour mieux scruter ses réactions.
- " En deuxième lieu... Vous n'ignorez pas que votre famille et la mienne sont unies depuis un long temps par plus que de simples liens de voisinages. Nous avons été liés au sein de la noblesse du Comté du Limousin et de la Marche, au sein de son conseil, et au sein de l'Ordre Royal de Chevalerie de la Licorne.
Rentrant sous peu en le Comté Franc de Bourgogne, je dois donc laisser le Limousin et Isle là où je les laisserais. Mais auparavant, je veux faire offrandes à des familles qui tiennent beaucoup pour ma famille, et pour moi. La vôtre en fait partie. Aussi pensais-je donner une seigneurie à votre famille, mais las, donner une seigneurie à votre mère, qui est lors déjà Vicomtesse et Paire de France, ce serait d'un mauvais goût impossible. Alors... Réfléchissant, je me suis souvenu que vous n'auriez point héritage en propre à la mort de votre mère. Aussi voudrais-je soutenir votre éventuel mariage et votre situation, en vous octroyant le titre de Dame de Thias. Cela pour renforcer les liens qui unissent nos familles.
Vous seriez, bien entendu, libre de refuser... Ceci était la deuxième chose qui me fit venir chez vous à pareille heure. "
Et Adrian, cette tirade faite, de retourner à son fauteuil et de se rasseoir dedans. Puis, tendant les jambes devant lui, faisant fi de toute étiquette, il reprit son verre à demi entamé de framboise, avant que d'en consommer une bonne lampée.
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Ambiance de Loft story.
Elle attise le feu, elle rit, elle ne sait que faire, et elle ne veut pas briser le silence entre vous deux ; ce silence avec lequel tu vis si bien, Faux con, depuis que tu es enfant, et qui est l'une de tes armes de prédilection. Une armée à double tranchant ; car peu de gens aiment écouter le silence. Elle te regarde de façon haineuse, et tu conserves ton masque d'affabilité et de courtoisie ; elle rit, et tu ris avec elle. Tu fais le parfait miroir, celui qui ne laisse rien percevoir de toi. Tu en joues, et cela t'amuse. Un fauteuil est amené, et tu t'installes confortablement dans celui-ci. La collation suit, et tu manges comme un moineau, du bout des doigts, ne paraissant avoir d'appétance que pour ce silence ténu qui est entre vous. Elle te plait un peu, la petite damoiselle. Par son tempérament bouillonnant ; par sa moue mignonette qui passe en un clin d'oeil du sérieux au comique, du lyrique au tragique. Un visage d'actrice ; un parfait visage de petite noble que tu es. Mais cela restera toujours au second plan de tes projets, jeune faucon : car il n'y a pas de place pour le sentimentalisme, chez toi. Vous mangez ainsi en silence un long moment, sans vous préoccuper outre mesure de faire la conversation ; c'est mieux comme ça. La pitance est bonne ; l'eau de vie fameuse ; au moins cette visite qui n'en était que peu agréable aura-t-elle été servie par un beau visage, une belle croupe à son service, un bon feu et une bonne pitance. Ainsi parfois, simplement, était situé le temple du bonheur. Et aussi improbable que cela puisse paraitre, parfois la nourriture partagée crée l'entente, et c'est d'un ton presque affectueux qu'elle demande :
-« Il y a des discussions qui méritent la nuit, mais ces discussions-là sont importantes. Quel est donc le sujet dont vous voulez mentretenir Vicomte ? Puisquil faut que ce soit important nest ce pas ? » Et un sourire de percer chez le Vicomte. Parce qu'enfin, enfin, enfin, la voilà l'ouverture dans ta garde. Celle dans laquelle tu vas t'engouffrer pour fourbir tes armes et lancer tes opérations. Non, Faucon, tu n'es pas un habile de la langue. Parce que tu mues ; parce que ta voix passe du barytonausaure bassif à la crécelle suraigue ; parce que tu n'as jamais beaucoup parlé ; parce qu'on ne t'a jamais non plus beaucoup adressé la parole. Tu as toujours vécu dans ton petit monde individuel, tourné vers tes seules préoccupations. Tu n'étais qu'une gentille marionnette que l'on exposait lors des cérémonies au profit des Margny ou des Jeneffe. En bref, un simple instrument qui n'a pris sa destinée en main que lorsqu'il a reçu son héritage. Alors tu parles peu. Alors tu tentes de ne pas bégayer. Alors tu apprends des textes par coeur, pour improviser le moins possible. Ambivalence extrême de ce jeune homme qui parlait peu mais qui, pour peu que la passion l'animât, pouvait se changer en un orateur très acceptable. Alors tu as réfléchi à cette conversation avec l'Altérac. Et tu exposes tes armes, petit d'homme. Tu les exposes à la vue de cette jeune fille, pour savoir si elle voudra bien jouer avec toi ou non. Andante.
Il se lève, et se rapproche du feu. Peut-être a-t-il besoin de dominer son auditoire du regard ; peut être simplement se sent-il plus stable dans son discours une fois debout. Une chose est sûre, tu ne la regardes pas dans les yeux lorsque tu commences à parler, Vicomte.
- " Vous n'ignorez pas que je suis à l'heure actuelle pupille de l'Ordre Royal de Chevalerie de la Licorne, confié à la responsabilité du Capitaine Cerridween de Vergy. Vous vous êtes adressée à elle afin de recevoir des leçons d'équitation, qui puissent vous permettre de monter de façon correcte une haquenée. Elle a donc étudié votre proposition, et m'en a fais part, car dans son état actuel, elle ne pourrait pas superviser efficacement votre apprentissage. Elle a livré combat il y a peu à La Rochelle et s'en est sortie diminuée : il lui faudra donc beaucoup de repos et de calme. J'ai donc accepté, le temps de son rétablissement, de prendre sa place auprès de vous. Je vous apprendrais donc la monte.
Ceci est la première des raisons qui me mènent auprès de vous. Nous commençons demain. "
Et là tu savoures, jeune Faucon, en te retournant. Tu savoures l'expression étonnée qui traverse ce visage, cette expression de surprise et d'inconfort mêlée. Oui, je serais ton maistre. Désolé si cela ne te plait pas. Mais tu as encore d'autres choses à déballer de ton sac. Et celles-ci sont délicates. Aussi te retournes-tu et la regardes-tu attentivement, désormais, pour mieux scruter ses réactions.
- " En deuxième lieu... Vous n'ignorez pas que votre famille et la mienne sont unies depuis un long temps par plus que de simples liens de voisinages. Nous avons été liés au sein de la noblesse du Comté du Limousin et de la Marche, au sein de son conseil, et au sein de l'Ordre Royal de Chevalerie de la Licorne.
Rentrant sous peu en le Comté Franc de Bourgogne, je dois donc laisser le Limousin et Isle là où je les laisserais. Mais auparavant, je veux faire offrandes à des familles qui tiennent beaucoup pour ma famille, et pour moi. La vôtre en fait partie. Aussi pensais-je donner une seigneurie à votre famille, mais las, donner une seigneurie à votre mère, qui est lors déjà Vicomtesse et Paire de France, ce serait d'un mauvais goût impossible. Alors... Réfléchissant, je me suis souvenu que vous n'auriez point héritage en propre à la mort de votre mère. Aussi voudrais-je soutenir votre éventuel mariage et votre situation, en vous octroyant le titre de Dame de Thias. Cela pour renforcer les liens qui unissent nos familles.
Vous seriez, bien entendu, libre de refuser... Ceci était la deuxième chose qui me fit venir chez vous à pareille heure. "
Et Adrian, cette tirade faite, de retourner à son fauteuil et de se rasseoir dedans. Puis, tendant les jambes devant lui, faisant fi de toute étiquette, il reprit son verre à demi entamé de framboise, avant que d'en consommer une bonne lampée.
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