--Theobald
Albi, fin du voyage...
Je n'avais cependant pas de quoi pavoiser. Malgré les quelques soins que je lui avait prodigué, la santé de Sindbad déclinait. Le constantinopolitain était la proie de nausées, de vomissements accompagnés de violentes douleurs au ventre. A cela s'ajoutaient, depuis leur arrivée dans le Comté de Toulouse, des troubles de la vision et des maux de tête persistants.
Tout cela était arrivé à Lourdes, quand Sindbad, en arrêtant un coup de poignard de l'infâme Graziella, avait été blessé. Or, la lame du poignard avait été enduite d'un poison conçu au Royaume de Vijayanagara, en Inde, et dérobé par la succube rousse à Aparajita, qui veillait jalousement sur la sécurité du constantinopolitain. A cette heure, la dravidienne devait apprendre à nager dans le Gave avec un poids conséquent aux pieds. Elle ne serait donc d'aucune utilité.
Malgré les tisanes que je lui avais fait boire pour ralentir ses fonctions vitales et, partant, la diffusion du poison dans son organisme, l'homme de Constantinople s'accrochait à la vie, aidé en cela par un homme et une femme que je ne connaissais pas, mais qui semblaient suffisamment connaître et apprécier le constantinopolitain pour l'accompagner de Castelnaudary à Albi.
Lors d'un de ses moments de lucidité, il avait prononcé trois mots :"Toulouse...peste blonde". Pas simple de deviner de qui il s'agissait.
C'est en reprenant les notes prises pour la biographie que la réponse me vint : la rousse avait traité de "peste blonde" une certaine Saradhinatra. J'eus confirmation qu'il s'agissait de la bonne personne en lisant les annonces royales, la Peste répondant également depuis peu à l'appellation de Tolosa. Elle ne communiquait d'ailleurs que par l'intermédiaire d'un vénitien, Mestre_arturo_rhuy, que j'avais très fugacement croisé. Dans ces conditions, la débusquer risquait d'être fort difficile.
Déjà, je pensais trouver Tolosa à Toulouse, quoi de plus logique. Mais seule une taverne des Têtes de Bourriques, vestige du caractère bien trempé de la Dame, témoignait de sa présence en cette ville.
Mais je ne désarmais pas : Sindbad m'avait conté, au cours de l'une de nos soirées, que celle qui l'appelait "Parrain" sans qu'il en ait conservé le moindre souvenir résidait un temps à Albi. Là bas, des gens la connaissait sûrement, qui l'aiderait à la localiser.
Prenant courtoisement congé des deux amis de Sindbad qui avaient voyagé à nos côtés, j'entrepris de visiter la ville, à la recherche d'une demeure appartenant ou ayant appartenu à cette "Peste blonde". Las, mes recherches furent vaines. Et mon malade s'affaiblissait.
C'est donc en désespoir de cause que j'avisais un établissement : "l'Auberge de l'Albigeoise". Soutenant l'homme de Constantinople du mieux que je le pouvais, j'y fis mon entrée, saluant à la cantonnade les clients présents.
Theobald
Ménestrel,
Narrateur de « La Geste dOrient »
Commentateur de matches de soule