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[RP] Le marché d'Aix

Miladyw
Mila était arrivée dans la capitale, enfin ! Aussitôt elle franchit les remparts et commença à errer dans les rues de la cité... En premier lieu et bien qu'encore à l'aube elle trouva un logement. Elle n'y dormirai pas, elle dormirai au camps comme tous ceux de l'arlésienne mais au moins elle ne verserait plus un écu aux traîtres.

Elle se rendit ensuite sur le marché de la ville. Les commerçants commençaient à installer leurs étals.

Elle erra ainsi de longues minutes avant d'être interpellée. Pas un seul boucher ! Pas de viande !

Elle faisait face à un boulanger et ne put s'empêcher de s'exclamer.


- Plus de viande ! Qu'à cela ne tienne nous iront la chercher sur les champs de bataille !


Première phrase prononcée, elle souriait. Le moral était là ! C'est ce qui importait. Les ennemis en démordraient de s'attaquer à l'âme provençale...
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Istanga
Matin farouche, deux révoltes matées

Le bâton encore fumant d'avoir tapé sur les révoltés, mais pas du Bounty, je décide d'aller faire un tour sur le marché, histoire d'agacer le chaland endoctriné.

Je me marre en pensant au Majico, qui s'est pris une volée de bois vert.

Darius, qui me suit comme mon ombre, me dit :


Istanga, j'ai faim!

Arrêt devant un étal. De beaux pains dont l'odeur m'assaille et le prix me ravit.

Un pain à 6 écus et 25 deniers, je vous prie. Heureusement qu'il existe encore des gens comme vous, qui aspirent à autre chose qu'à la guerre. Le bonheur est au fournil!

Arrêt suivant. Un garçon à peine plus vieux que Darius vend quelques fruits. Sa cueillette. La vue des poires me ramène à quelques mois plus tôt, quand Delta avait réussi à persuader Darius de manger des fruits.

Deux fruits à 9 écus, mon garçon. Heureusement qu'il existe encore des gens comme toi, qui aspirent à autre chose qu'à la guerre. Le bonheur est au verger!

Arrêt suivant. Une avenante jeune femme délivre du bout de la louche un lait crémeux, aux propriétés lénifiantes. Mes papilles en demandent, mais ma bourse tique. Un peu cher à mon goût, mais encore abordable. Tout le monde ne peut pas être aussi radin que moi.

Un lait à 9 écus et 90 deniers, je vous prie. Heureusement qu'il existe encore des gens comme vous, qui aspirent à autre chose qu'à la guerre. Le bonheur est dans le pré!

Moisson de provisions faites, nous prenons position sur un banc, en plein milieu de la place qui semble paisible, est-ce possible?

Nous mangeons dans la paix, et devisons.

Istanga, pourquoi toi dire Marquise pas élue par le peuple.

Oh pour une raison à la fois simple et complexe.
Le marquis est élu par bans. Je crois que ça s'appelle ainsi.
Et les dernières élections se sont déroulées ainsi :
Une explication, pas claire, en gargote, des raisons de ces élections.
Un appel au vote en gargote, incitant tous les citoyens à venir voter.
Seuls quarante -environ- se sont prononcés, dont la majorité en faveur de Hersende.
Ce vote n'est donc pas représentatif de la Provence,
à plus forte raison quand on sait que la part du vote populaire dans le mode d'élection choisi est ridicule.

Voila pourquoi nous disons qu'elle n'a pas été élue par le peuple.

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Enored
Une nuit presque comme une autre, juste un peu plus d'agités ...

Ils avaient repoussé les assauts une fois de plus. Ils avaient tenu bon une fois de plus. La fatigue commençait à se faire sentir, mais réussir à tenir redonnait le moral. Aussi, avant un peu de repos plutôt bien mérité, l'Irlandaise voulu prendre l'air, sortir des murs de château.

Elle aurait voulu aller voir la mer ... si proche et si lointaine ... trop lointaine. Errant au gré des rues, elle se dirigea sans s'en rendre compte vers le marché. Croisant une ou de personnes, pas plus il était encore tôt. Mais un duo sur un banc la fit sourire. La rouquine s'approcha, elle avait à peine saisi la question du presque plus gamin mais bien compris la réponse de la jeune femme. Elle s'installa à côté d'eux.


Dia dhuit Istanga, Dia dhuit Darius ! Comment allez vous ce matin ? déjà en pleine discussion à ce que je vois. Vous voyez, j'savais pas que si peu de gens avaient voté pour elle ... et après elle se dit légitime ... Il fait doux ce matin vous ne trouvez pas ?

Un instant paisible dans des moments troublés, cela faisait du bien ...
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Madnight
Les achats au marché avaient été baclés. Des prix exhorbitants, pas de poissons,ni viande ! Et pourtant, il fallait qu'elle rattrappe les forces qu'elle avait perdues... Comment pourrait elle encore se battre qu'en bouffant des miches de pain trempées dans du lait ?
Elle rongeait son frein, faute de mieux, en allant bosser dans la seule mine encore ouverte.
Foutue guerre !
Bref, d'une humeur massacrante, bien que la journée avait l'air assez calme, elle traversa la place où une paix relative régnait.
Elle passa à côté d'un trio assez hétéroclite, une dame et un gamin qui déjeunait, et une grande rouquine qu'elle reconnut aussitot pour être un membre actif du nouveau conseil en place.
Mad n'aimait pas les histoires, elle avait son franc parler, mais avait horreur de se mettre en avant, mais elle était vraiment de mauvaise humeur, et la conversation qu'elle entendit malgré elle, lui fit monter le feu aux joues.

Elle s'avança donc d'un pas décidé, tout autant que ses béquilles le lui permettaient, et participa à la conversation sans autre cérémonie.

Cela vous va bien de parler de légitimité ! êtes vous légitimes vous -mêmes ? Si vous l'étiez, nous ne serions pas si nombreux à essayer de vous foutre dehors et à nous battre ! Malheureusement nous n avons pas la chance, nous, d avoir une élection pour le faire.
Que je sache des élections ont eu lieu pour élire la marquise. Que les participants n aient pas été nombreux cela est un autre problème. Mais le résultat est la. Les absents n'avaient qu'à voter s'ils le voulaient. Personne ne les a empêché de le faire. Au contraire, une annonce a été faite pour inciter aux votes.
Combien a obtenu la liste adverse ? Y a t il eu d'abord une liste cohérente qui se soit présentée contre la marquise ?
Je ne suis pas une fervente admiratrice de la marquise, mais j ai le respect de l'électorat. Et je reconnais sa légitimité par le vote.
Et au lieu de nous faire envahir et massacrer par les ennemis, vous auriez pu intelligemment préparer une campagne électorale pour battre la
marquise à la loyale.
Faute d'arguments et peut etre sachant que alliez perdre, vous avez opté pour la force et la félonie ! Bravo ! Vous avez vraiment l'étoffe de héros !
Sur ce je vous souhaite de manger votre pain blanc, si je puis dire.
Car ce n'est pas en nous affamant que vous arriverez à nous faire baisser la tête.


Mad s'emportait. Elle vidait son coeur. Elle s'étonnait elle même de son audace.
Istanga
Un jour, tu verras...

L'arrivée d'Enored me ravit, et je l'invite à partager notre frugal repas.

Salâm, Eno! Beau temps, oui... qui fait éclore les révoltes! Tu sais, je n'en veux même pas à tous ces pauvres gens qui se sont fait endoctriner par....

Mais je suis coupée dans mon élan par une fougueuse jeune femme, visiblement d'une exécrable humeur. On dirait moi le matin au réveil...

Nous l'écoutons dérouler ses doléances, sans l'interrompre. Elle a besoin de vider son sac, et nous le respectons.


Salâm, jeune dame. Ne restez pas debout, asseyez-vous donc avec nous. Je me présente, Istanga de Lendelin. Je suis la soeur de Flore, et cousine des Trévière.

Pour ce qui est de la légitimité, pas d'inquiétude. Des élections auront lieu. Mais dans une Provence où les listes pourront réellement s'exprimer.

Le marquisat n'a pas lieu d'être. C'est une aberration.
De quel droit la marquise se met-elle au niveau du Roy de France et de l'Empereur?

Et pour ce qui est de son élection, elle n'émane pas du peuple provençal.
Mais bien plutôt de la noblesse de Provence, dont les titres ne sont pas reconnus au-delà de nos frontières, hormis par l'exception génoise qui ferait d'ailleurs mieux de rappeler ses troupes.

Le poids du vote du peuple, et quand je dis peuple, je parle de vous, de moi, d'Enored qui ne sommes pas nobles, je parle du paysan qui laboure ses champs, travaille à la communauté, mais ne sait pas lire, ou ne comprend pas ce qui est en jeu, parce qu'on se garde bien de l'expliquer clairement, le poids du vote du peuple, disais-je, est insignifiant.

Pourquoi ne demandez-vous pas à la Marquise de vous l'expliquer?

Et savez-vous que le Conseil légitime ne peut plus livrer de bétail aux éleveurs?
Savez-vous pourquoi?
Parce que celles que vous défendez, Hersende et LedZeppelin ont appelé les mairies à ne plus vendre de céréales au comté.
Résultat : plus de viande sur le marché, sans doute bientôt un excès de céréales...

Voyez-vous ce que vous défendez?


Après cette tirade qui m'étonne moi-même, je mords avec gourmandise dans une poire juteuse. Cela fait des semaines que je n'ai mangé de viande.
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Madnight
Bien qu'elle ait vidé son coeur, Mad ne décolérait pas. Ses paumes étaient soudées sur ses béquilles, au point que le sang n'y circulait presque plus.
Elle n'était pas en position de force, ni physiquement ni moralement.
Il est vrai que la colère est mauvaise conseillère.
Aussi, lorsqu'elle entendit "l'ennemie" lui répondre avec douceur et courtoisie, elle se ramollit comme un soufflet sorti trop tot du four.

Euhh, enchantée Dame Istanga, je me présente Mad du village de Forcalquier. Mad savait également être polie quand il le fallait.
Puis-je ? Merci. Elle s'assit sur le banc, reposa ses béquilles à côté d'elle, et frotta ses mains devenues douloureuses l'une contre l'autre.

J'avoue être décontenancée par vos paroles, bien qu'elles n'arrivent point à me convaincre.
Lorsque je suis arrivée en Provence, celle ci était déjà indépendante, et vivait en paix. Apparemment, l'empereur et le roi de France, acceptaient de façon tacite cette indépendance, puisque des accords commerciaux et politiques ont été scellés.
La Provence souveraine était récriée mais tolérée. Et je crois qu'elle l'aurait été encore longtemps sans votre intervention, qui a mis le feu au poudre et ranimé les vieilles haines et ambitions.
Que les titres de la noblesse provençale ne soient pas reconnus au delà de nos frontières, qu'importe, dans la mesure où celle ci n'a d'autre but que de rester provençale !
J'ai été accueillie à bras ouverts par les gens du village et la noblesse en place. Des nobles humains et généreux, qui ont à coeur la sauvegarde de cette paix et le bien être des habitants.
J'ai pu assister à des réunions de conseil de mairie et constater avec quel acharnement et dévouement, ces gens là travaillaient.
La comtesse Hersende est issue de mon village. Je n'ai pas l'honneur de la connaitre personnellement, mais je sais qu'elle est aimée et estimée.
Bien sur le système n'est peut etre pas parfait. Certraines réformes doivent être faites. Pas facile de réformer lorsqu'on a choisi l'autarcie, je vous le concède.
Mais jusqu'à présent, chacun et chacune pouvait trouver un emploi, se nourrir, se vetir, voyager, vivre sa vie et flatter gentiment son ego de provençal sans faire de tord à quiconque.
Vous allez me dire que j'ai une vision simpliste ou idyllique du monde?
Oui peut etre avez vous raison. J'ai horreur de la guerre quand de surcroit que la trouve inutile et qu'elle ne sert que les intérets de quelques uns.
Je ne comprends pas l'entrée de Gênes dans le Marquisat. C'est certainement une erreur politique, car de ce fait, cette expansion a pu etre considérée comme une atteinte à l'empire, et donner pas mal de bonnes ou mauvaises raisons à certains pour nous attaquer.
Mais je pense qu'il vous appartenait plus que jamais de regrouper les provençaux, de faire masse et non de les diviser par le sang et la révolte.
Vous n'etes pas d'accord avec la politique du marquisat ? Bien. Est ce une raison pour déclancher une guerre civile, et pactiser avec ceux qui nous haissent ?
Nous devons actuellement nous battre contre l'empire, les françois, et nos propres frères!
Il est vrai que nos mairies ont fait un blocage de ravitaillement.
Celà va entrainer votre perte, mais les provençaux vont en souffrir aussi.
Pas d'omelette sans casser les oeufs !
Vous ne gagnerez pas et vous le savez. Les français sont battus à plate couture et rebroussent chemin en emportant leurs blessés et leurs morts.
Vous espérez quoi dans ce retour à l'empire ? Une récompense de l'empereur ? A quel prix chiffrez vous cette récompense ?


Mad soupira. Elle avait parlé sans haine. Juste une grande lassitude.
De toutes façons chacun resterait campé sur ses positions.
Elle était provençale et fière de l'être.
"Les autres" ne voyaient la provence que comme une insignifiante région dans un bout d'empire.
Enored
Cé a bhí ceart? Cette pensée habitait l'Irlandaise alors qu'elle écoutait la jeune femme blessée qui s'adressait à elles. Oui ... qui pouvait avoir raison. Chacun avait sa vision de la liberté, de la Provence.

Elle observa la jeune femme. Lassitude, tension, colère tout se mélangeait sur ce visage. Que lui répondre ? Les mots n'avaient jamais été son fort. Elle fit de la place pour qu'elle puisse s'asseoir lorsqu'Istanga lui proposa. La cousine de Samuel l'étonnait. Elle avait trouvé les mots justes pour apaiser ... un peu du moins ... sans pour autant la convaincre, mais pourquoi chercher à convaincre, au moins tenter d'expliquer.

La mercenaire écouta Mad répondre à Istanga avant de tenter de prendre la parole.


Dia dhuit demoiselle Mad. Demoiselle ? Dame ? allez savoir ça commençait mal ... L'Irlandaise reprit Je suis Enored O'Caellaigh. J'pense pas que vous avez une vision simpliste du monde. On a chacun la notre avec notre expérience de la vie. La politique ... j'avoue c'est pas mon fort. J'vous expliquerai pas aussi bien la chose qu'Istanga ou sa cousine Flore... Elle se tu un moment, cherchant ses mots Vous savez, on a pas fait venir les armées françaises. On nous prête plus de pouvoir qu'on en a... Pour ce qui est de rassembler les Provençaux ... vous comprendrez qu'ça va pas être facile. Chaque camp campe sur ses positions. Après lequel à raison ? Chacun peut être .... Nouveau silence. Qu'attendait-elle de l'Empire ? rien. Vous savez, mais ça n'engage que moi, je n'attends rien de l'empire. Ce n'est pas un secret, je suis une mercenaire et j'ai mis ma lame au service d'un ami. Samuel de Trévière. J'ai fait cela par amitié. J'ai suivit sa cause et je la défend. Mais je me débrouille mieux avec une épée qu'avec les mots. Nouveau silence et léger sourire sur les lèvres de la rouquine face à son aveux réaliste... Je comprend votre colère. Elle est légitime. Vous avez eu raison de venir nous parler. Même si on arrive pas à vous convaincre. Nous aurons réussit à nous parler. Cette fois la mercenaire se tut. Que dire de plus ? Elle avait voulu participer à la conversation, sans vouloir convaincre, elle ne savait si c'était possible. Mais la mercenaire n'avait voulu paraitre odieuse en ne parlant pas à Mad.
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Madnight
Mad écoutait et sourit. En d'autres lieux, d'autres moments, ce trio de jeunes femmes, assises en train de discuter sur un banc de la grand place, aurait pu paraitre banal.
Mais c'était la guerre, et elles n'étaient pas dans un salon de thé en train de parler chiffon.

Mad se redressa, cala ses béquilles sous ses bras. Il était temps de retrouver ses amis et panser les plaies des blessés qui avaient besoin de ses soins.

Mesdames, effectivement nos points de vue sont très divergents.
Seul l'avenir nous dira peut etre qui a tord ou raison.
Vous êtes certainement autant déterminées que je puis l'être.
J'espère simplement que notre prochaine rencontre, se passe de la même façon, et non sur un champ de bataille.
Dans quelques jours, je pourrais jeter ces béquilles handicapantes, et j'aurais regret de me retrouver face à vous une épée à la main.
Qu'Aristote protège les siens !


Elle les salua d'un petit hochement de tête.
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