Fraxie
[Demain sera un autre jour]
Moment en suspend, minutes diffuses, le dos appuyé contre lécorce entaillée et rugueuse dun chêne dépouillé de ses verts atours, squelette corallien sur fond de ciel bas et laiteux .
Là un chemin creux qui se perd dans une courbe sinueuse et terreuse Là le chant dun ruisseau se mourrant dans le lac .
Là les prés aux verts luisants de gel et là encore les champs aux bruns monotones et profonds
Là aussi une fumée séchappant de quelque cheminée en volutes tour à tour lourdes et denses puis malmenées, dispersées par le vent
Là quelques roulottes frileuses .
Là
Las .le regard qui retombe vers les chausses
Lasse Frisson dune âme lancinante, doucereuse ou douloureuse ne même plus y voir de différence, âme au feu qui se meurt, lentement dans lindifférence de sa propre vestale ..
Frisson soudain de froid sous une gifle venteuse qui pique, simmisce, se faufile, rappelant à Fraxie que son corps est lui bel et bien encore chaud et vivant .presque un étonnement
Sémur Escale qui ne devait rien au hasard, dumoins pour elle seule, au sein de cette petite troupe qui navait dautre but que derrer sans but justement mais ça tiens pas la route à croire que le voyage n'avait que trop tardé, que plus on attends une chose plus elle manque de saveur, à croireaussi que le regard doit obligatoirement se poser, plus loin, au loin, accroché à Un Ailleurs ..quelquil soit .alors Sémur et pour Fraxie lespoir de pouvoir payer une chope à une mercenaire forte tête quelle avait pas revu de longtemps alors Sémur ....pourquoi pas .
Avoir croisé rapidement la blonde, taverne bondée, petit clan dintimes, étrangère assaillie dune avalanche de questions...et d'la marmaille à en revendre "oui oui je reste un peu", "les armes ? Les combats ? bah si je devais choisir une arme moué ce serait le poison", "mon homme ? ben tu vois avec lui hein", "un bûcher ? Houlà".. puis samuser avec la trop belle de quelques «amabilités discourtoises » dimpubères ou presque, à la vision et lodorat sans nul doute ravagé, sa princesse sublimée de colère . ya comme de la jeunesse qui promet .
Le regard se relève, glisse sans saccrocher sauf un instant aux roulottes posés en surplomb .
Les autres ne devraient pas tarder à les rejoindre, hypothétique conditionnel doutant de son présent, peut être sattardaient ils encore à plusieurs lieux de cette ville, peut être cherchaient ils déjà ici lemplacement du campement peut être
Dommage que la lanterne de Grenade ne soit pas érigée tel un phare déblouissant carmin élevé et brillant pour guider les roulottes en déroutes . et autres naufragés des rivages voluptueux dailleurs ça aiderait la clientèle Mais même lidée des rouges rayons se posant dansants sur les nuages pour signaler au chaland que la magistrale subliminale Grenade était là, entièrement dévouée à leur seul bien-être dans une si noble cause de salubrité publique lui tira à peine lesquisse dun sourire
Chapuce avait déjà lui posé sa bibliothèque ambulante sur la place .et reviendrait bientôt d'un amical détour..... même lui, elle le délaissait ces derniers temps préférant la morne solitude à sa câline présence
Hiver et fantôme se replier sur soi à limage de la sève retrouvant les racines .repenser à un absent plus quà un autre qui rode, qui la hante toujours, encore de trop ..cétait lhiver aussi maudite saison .
Mais février était là.....et son flot de souvenirs ..Jour festif de sabbat, fête de la lumière croissante, des flambeaux, des perce-neige, jour dont les rites permettaient de nettoyer les souillures du passé, dopérer les grands changements de vie, jour où tout pouvait être renouvelé, où la terre recommençait à frémir de limpatience du printemps jour où dans la modeste masure de son enfance, un à un, discretement arrivaient parents et amis pour la joyeuse célébration du renouveau.
Fraxie resserra un peu les pans de sa lourde et noire pèlerine, pesta contre le froid, la boue venue maculé ses jupons, quelle idée aussi quces coquetteries de donzelles dans les fanges hivernales, et elle resta là,finalement, encore un peu, choisissant avec soin la baguette de saule, entendant déjà résonner en elle les prières de ce jour, contemplant longuement la surface du lac prise dune légère glace Ce jour tu peux renaître ma fille .Ainsi aurait parlé sa mère devant la tristesse de sa mine en lui faisant revêtir ses plus blancs habits dans la lumière vibrante et parfumée des chandelles enduites de musc, de cannelle et doliban .
Alors ce soir, au coucher du soleil, seule en sa roulotte aux lourds rideaux soigneusement tirés, elle sortirait sa Mandragore de sa boite précieuse, allumerait lencens et les chandelles , elle fêterait Imbolc....
Oui ce soir ..mais rester juste encore un instant ici .
Dans ce moment en suspend qui se demande sans lentendre vraiment «Et maintenant ? »
_________________
Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien....
Moment en suspend, minutes diffuses, le dos appuyé contre lécorce entaillée et rugueuse dun chêne dépouillé de ses verts atours, squelette corallien sur fond de ciel bas et laiteux .
Là un chemin creux qui se perd dans une courbe sinueuse et terreuse Là le chant dun ruisseau se mourrant dans le lac .
Là les prés aux verts luisants de gel et là encore les champs aux bruns monotones et profonds
Là aussi une fumée séchappant de quelque cheminée en volutes tour à tour lourdes et denses puis malmenées, dispersées par le vent
Là quelques roulottes frileuses .
Là
Las .le regard qui retombe vers les chausses
Lasse Frisson dune âme lancinante, doucereuse ou douloureuse ne même plus y voir de différence, âme au feu qui se meurt, lentement dans lindifférence de sa propre vestale ..
Frisson soudain de froid sous une gifle venteuse qui pique, simmisce, se faufile, rappelant à Fraxie que son corps est lui bel et bien encore chaud et vivant .presque un étonnement
Sémur Escale qui ne devait rien au hasard, dumoins pour elle seule, au sein de cette petite troupe qui navait dautre but que derrer sans but justement mais ça tiens pas la route à croire que le voyage n'avait que trop tardé, que plus on attends une chose plus elle manque de saveur, à croireaussi que le regard doit obligatoirement se poser, plus loin, au loin, accroché à Un Ailleurs ..quelquil soit .alors Sémur et pour Fraxie lespoir de pouvoir payer une chope à une mercenaire forte tête quelle avait pas revu de longtemps alors Sémur ....pourquoi pas .
Avoir croisé rapidement la blonde, taverne bondée, petit clan dintimes, étrangère assaillie dune avalanche de questions...et d'la marmaille à en revendre "oui oui je reste un peu", "les armes ? Les combats ? bah si je devais choisir une arme moué ce serait le poison", "mon homme ? ben tu vois avec lui hein", "un bûcher ? Houlà".. puis samuser avec la trop belle de quelques «amabilités discourtoises » dimpubères ou presque, à la vision et lodorat sans nul doute ravagé, sa princesse sublimée de colère . ya comme de la jeunesse qui promet .
Le regard se relève, glisse sans saccrocher sauf un instant aux roulottes posés en surplomb .
Les autres ne devraient pas tarder à les rejoindre, hypothétique conditionnel doutant de son présent, peut être sattardaient ils encore à plusieurs lieux de cette ville, peut être cherchaient ils déjà ici lemplacement du campement peut être
Dommage que la lanterne de Grenade ne soit pas érigée tel un phare déblouissant carmin élevé et brillant pour guider les roulottes en déroutes . et autres naufragés des rivages voluptueux dailleurs ça aiderait la clientèle Mais même lidée des rouges rayons se posant dansants sur les nuages pour signaler au chaland que la magistrale subliminale Grenade était là, entièrement dévouée à leur seul bien-être dans une si noble cause de salubrité publique lui tira à peine lesquisse dun sourire
Chapuce avait déjà lui posé sa bibliothèque ambulante sur la place .et reviendrait bientôt d'un amical détour..... même lui, elle le délaissait ces derniers temps préférant la morne solitude à sa câline présence
Hiver et fantôme se replier sur soi à limage de la sève retrouvant les racines .repenser à un absent plus quà un autre qui rode, qui la hante toujours, encore de trop ..cétait lhiver aussi maudite saison .
Mais février était là.....et son flot de souvenirs ..Jour festif de sabbat, fête de la lumière croissante, des flambeaux, des perce-neige, jour dont les rites permettaient de nettoyer les souillures du passé, dopérer les grands changements de vie, jour où tout pouvait être renouvelé, où la terre recommençait à frémir de limpatience du printemps jour où dans la modeste masure de son enfance, un à un, discretement arrivaient parents et amis pour la joyeuse célébration du renouveau.
Fraxie resserra un peu les pans de sa lourde et noire pèlerine, pesta contre le froid, la boue venue maculé ses jupons, quelle idée aussi quces coquetteries de donzelles dans les fanges hivernales, et elle resta là,finalement, encore un peu, choisissant avec soin la baguette de saule, entendant déjà résonner en elle les prières de ce jour, contemplant longuement la surface du lac prise dune légère glace Ce jour tu peux renaître ma fille .Ainsi aurait parlé sa mère devant la tristesse de sa mine en lui faisant revêtir ses plus blancs habits dans la lumière vibrante et parfumée des chandelles enduites de musc, de cannelle et doliban .
Alors ce soir, au coucher du soleil, seule en sa roulotte aux lourds rideaux soigneusement tirés, elle sortirait sa Mandragore de sa boite précieuse, allumerait lencens et les chandelles , elle fêterait Imbolc....
Oui ce soir ..mais rester juste encore un instant ici .
Dans ce moment en suspend qui se demande sans lentendre vraiment «Et maintenant ? »
_________________
Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien....