Zazanilli
RP Fermé, envoyer à moi ou ljd Atl un MP, si vous voulez participer.
La jeune femme nage dans la brume. C'est sympa, la brume. Joli, doux, et confortable. Sauf que la brume fuit, vous l'ai-je dit ? Et retour au monde réel, cocotte. Dommage.
- Il se sont fait ramasser la face, c'te là !
- Sale état, oui. Surtout l'homme.
- Et la fille, alors ? L'est plus abîmée, r'garde sa tronche...
- Oui, mais y'a qu'là qu'elle est abîmée. Un vilain coup, et ils l'ont plus cherchée.
- Le Vieux dit qu'un coup à la tête est sacrément vicieux. Il peut rien faire, comme rendre fou. Ou tuer sans qu'on s'y attende.
Qu'est c'qui s'passe bordel de pécari bourré de pulque à en recracher ses yeux par les trous d'nez ?
- Le Vieux dit beaucoup de choses, mais semblent tous deux bien endormis.
- Et moi j'dis que la fille n'se réveillera sans doute pas. T'as vu la bosse que ça lui fait sur le front ?
- Et l'autre, alors ?
Couillons !
- Le bébé n'a rien, lui. C'te chance, on le croirait protégé de Huehue l'vieux farceur.
- N'im-por-te quoi.
Eh, j'ai vu la fille ouvrir un oeil !
- C'est toi qui raconte des lamasseries. J'te parie qu'c'est l'autre qui va se réveiller le preum's.
Ce sont eux qui m'ont réveillée ? Dieux, j'veux dormir, moi !
Mais où c'que j'suis pour tomber sur deux idiots pareil ? Et quel mal de crâne...
- Ta ration d'haricots.
- Vraiment ? Bon... D'accord. Et toi la même si c'est le type qui s'réveille en premier.
Bon, z'allez vous taire, un peu ? J'ai l'impression d'avoir une enclume sur la trogne, et vos piaillements de dindonneaux précoces n'arrangent rien !
- Oui, bien sûr. On devrait y aller. Nous n'avons pas le droit de leur parler.
- Attend, pour une fois qu'il se passe un truc d'intéressant dans ce temple oriental... ?
Oriental ?
- Non, on devrait y aller...
- Humpf, bon...
Elle tente de nouveau d'ouvrir les yeux. Le flou qu'elle avait entrevu s'éclaircit, pour lui montrer un mur, contre lequel elle est allongée, et un plafond. Elle baisse lentement le regard, se concentrant principalement sur sa vue -et non pas toutes les questions qui surgissent à vitesse éclair dans sa caboche.
Elle se trouve sur une natte. Dans ce qui ressemble être une cellule de temple. Et, contre son giron... Un bébé ?
- Par tous les dieux, elle est réveillée !
- Ta ration de haricooooooooots !
Elle se redresse sur un coude. Sa tête la lance, l'étourdit, elle a l'impression de perdre l'équilibre, de sombrer dans un tourbillon. Tombe-t-elle ? Non, la voilà qui rouvre les yeux pour les poser sur les deux jeunes servants qui se tiennent dans l'encadrement de l'entrée.
On est bien dans un temple. Que s'est-il passé ? Aucun souvenir. Ah, que c'est rageant de ne pouvoir se contrôler ! Elle a toujours détesté cela. Allons...
Elle était au temple de Cuamantzingo. Une journée comme une autre, à apprendre à danser le matin, et cours de chant et calligraphie l'après-midi. Tout semble lointain, si lointain pourtant. Elle ne saurait même pas dire exactement ce qu'elle avait fait. Journée banale en apprentissage au temple, et cela n'était que supposition.
Et voilà qu'elle se retrouve en Orient, amochée, avec un morveux qui lui bave tranquillement dessus ?
Sortons de ce cauchemar !
Et les deux jeunes qui la regardent toujours avec de grands yeux.
- H'doh.
- Elle a parlé !
- J'ai entendu. Elle a dit quoi ?
- Pas compris.
Mirettes qui fixent un instant le plafond. Non seulement elle ne sait ce qui lui arrive -une honte, pour la fière Vérole !- mais en plus elle doit faire des efforts pour communiquer avec eux ?
Mais elle le fait, toujours.
- J'ai dit : idiots.
Ça, c'est fait. Sourire grimaçant qui s'esquisse. Que c'est bon de se sentir Teigne même dans les pires situations ! Rassurant.
Elle déplie un bras pour venir frôler de ses doigts la blessure qu'elle a au front. Une substance gluante recouvre une grosse bosse.
- Vous m'avez soignée ?
Chaque mot pourtant ravive la douleur, et l'étourdit de plus belle. Mais pas question d'en rester là. Même si ce ne sont effectivement que de stupides en insignifiants servants, elle doit savoir.
- Que m'est-il arrivé ? Où c'que j'suis ?
Et... Pointe un doigt dégouté vers l'enfant contre elle. Que fait cette chose ici ?
- Euh... Euh...
- On n'doit pas lui parler !
- Ouais, mais elle pose des questions bizarres.
- Justement !
- Bon, c'est fini, oui ? Je veux des réponses. Ou sinon, j'vous arrache les cheveux. Un à un.
Main qui se porte à ses tempes. Rose, ma Rose, où es-tu ? Venais-je te rejoindre quand cette chose m'est arrivée ? Mon Homme qui Pue, Lama Mouillé... J'ai mal, j'ai mal.
- Euh...
- Lui réponds pas !
- Ben si !Toussotte.T'es dans le temple de Huiloapan. Et apparemment, vous vous êtes fait attaquer par des guerriers, vous avez de la chance d'être arrivés ici.
- Tu veux vraiment nous tuer ? Si les prêtres l'apprennent...
- L'enfant, il est à toi. Enfin, c'est c'qu'on croit. Et l'homme qui t'accompagnait a été salement touché, lui. Mais le prêtre-guérisseur a dit qu'il s'en remettrait.
La jeune fille le regarde, ahurie. Il se croit drôle, peut-être ? C'est quoi toutes ces lamasseries ?
- Enfin il vous faut du repos à tous les deux. Et puis euh...
- ... Nous on va y aller, voilà !
- Oui, hein.
Les deux disparaissent, sous les yeux encore médusés de la jeune femme. Et sa tête qui la lance... Douleur lancinante qui lui vrille les tempes. Pourtant, le blanc des derniers jours la laisse perplexe. Amnésique ?
Elle se redresse sur sa couche, grimace sous la douleur. Le bébé est repoussé d'une main.
- Va-t-en grosse Larve.
Puis elle remarque l'autre. Allongé contre le mur d'en face, il a aussi reçu des soins. Et dort encore, semble-t-il. Elle plisse les yeux, tente de raviver sa mémoire vacillante, mais le visage du jeune homme ne lui rappelle rien, décidément rien. Fébrilement, elle attrape sa natte, et tire dessus. Voilà une chose qui ne change pas, sa natte, sa merveilleuse, son enchanteresse... Qui parait avoir gagné en longueur.
Un coup monté ? Il y a effectivement plus d'un souci dans le coin.
Aussitôt, elle remarque sa poitrine qui a fait plus que de naître. En quelques jours seulement ? Et le huilpil tâché, qui sent le bébé ? Elle repère sa sacoche, allonge un bras pour l'attraper, et fouille nerveusement dedans.
Sa tortue d'obsidienne, un couteau, jusque là, tout de normal. Puis quelques bouts de parchemins qui attestent l'existence d'un certain Atl, et d'une Prune. Des langes pour enfant, une outre-biberon.
Cela ne peut-être à elle.
Elle, la Teigne, la Vérole, la fille Indigne d'une Rose et d'un coyote puant ! Il faut absolument qu'elle contacte ses parents, qu'ils viennent la sortir de ce mauvais pas.
Les yeux sombres retombent sur l'homme.
Lui sait.
Sa main accroche son couteau, elle replie ses jambes, et parcourt lentement, à quatre pattes, les quelques mètres qui les séparent.
S'assied auprès de lui, le fixe quelques instants.
Puis pointe le couteau contre sa gorge, et le réveille d'une au deux tapes sur la joue.
Se penche alors dangereusement vers lui, et, nez contre nez :
- Que s'est-il passé ? Le bébé baveux est à toi ? Et...
Qui es-tu ?
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