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RP en liaison directe avec tous les autres RP concernant la peste en Limousin

[RP] Parce que la peste c'est bon pour tout le monde

--Bastian.
déplacé à la demande de l'auteur


Pfff qu'on soit légitime ou pas ça change rien, pas l'droit de rien. Pourtant j'vais rien avoir moi, c'est la cuisinière qui m'a tout expliqué, elle a dit : toi t'auras rien mon p'tiot, que c'est l'autre qui aura tout et que c'est pas juste parce que vott mère elle vous aime tous les deux pareil. Mais j'm'en fout moi d'avoir ou de pas avoir, pour ce que ça rapporte toute manière : pas l'droit d'bouger, pas l'droit d'aller ou on veut, pas l'droit d'parler quand y a des gens, il faut être poli qu'ils disent. Oui mais moi je veux aller dehors, et moi je veux m'amuser à voir les autres. Parce que je le vois bien moi qu'il y a des autres enfants ailleurs, et ils ont l'air de rudement mieux s'amuser que moi !

C'est qu'il est loin d'être bête le Bastian, fils de Saincte Merveille par adoption peut être, mais il l'a bien regardée la Cap, elle est pas trés marrante des fois, mais un caractère...ouhh là, il voit bien comment que ça mène à la baguette quand elle est là. Et il voudrait être comme elle quand il sera grand. Papa il sait pas trop, il se souvient même plus trop à quoi qu'il ressemble, mais maman elle, elle est un grand chevalier. Enfin pas tout à fait mais bientôt, ça c'est sûr c'est notre maman alors pour sûr qu'elle le sera un jour.

En tout cas elle est parti "maman", un peu en avance que même le Lourd il était pas trés content, ce qu'il peut être bête des fois le Lourd, il veut toujours la commander mais que c'est maman qu'elle à toujours raison et qu'elle dit qui qui fait quoi et qui qui fait pas quoi. Mais on s'en fout, aujourd'hui elle à dit qu'on va à Venta, alors on va à Venta voir le marché et pi même le lac qu'elle à dit, p't'être si elle a le temps qu'elle sera avec eux pour leur montrer ou ce que les vieux qui sont mort de la famille y sont enterrés, les deux ronchonx presqu'autant que tonton Rasp mais pas tout à fait qu'elle à dit.

Et pi avec un peu de chance il pourrait esquiver la surveillance de la nourrice, ce qu'elle peut être énervante celle-là alors, toujours à les surveiller et à les empêcher de faire plein de trucs super marrants.

Et pi Alessandro il est pas marrant non plus, il est trop sérieux, pi il parle pas beaucoup non plus, toujours à chialer qu'il veut sa maman. Elle travaille beaucoup maman ! elle l'a dit, pi elle à des trucs à faire que le Roy il a besoin d'elle. Faut qu'il se rende compte lui ....le Roy il a besoin de notre maman à nous, t'imagines ? C'est que c'est pas n'importe qui notre maman !

Les deux mioches ont le regard émerveillé de ceux qui découvrent. Faut dire que ça change des villages qui entourent St Angel, y a plus de monde déjà, et pi y a des odeurs que y a pas là bas non plus. Et pi avec de la chance peut être qu'on pourra jouer avec les autres enfants, 'fin si ils arrivent à s'esquiver déjà....
--Lourd.
Elle changera jamais, et il avait beau essayer quand elle avait décidé quelque chose y avait pas moyen de la faire changer d'avis.

Emmener la marmaille à Venta, non mais j'vous jure ! avoir tout ce qu'il faut au domaine et venir ici, là ou se mèlent la fange avec le beau monde. D'abord elle non plus ne devrait pas venir ici, elle n'avait rien à y faire d'abord, et puis c'est quoi cette manie de vouloir se méler à la populace ? certe elle en venait mais pas une raison pour continuer à les fréquanter.

Pi ce maire, dieu qu'il aimerait lui faire gouter de sa dague à cet assassin, d'une pour la petite qu'il a tué, ensuite pour l'avoir fait saigner, enfin pour le p'tit.

Ils n'auraient pas du venir à Venta avec les enfants, pi leur père, manquerait plus qu'il soit là tiens, 'çui là aussi il lui ferait bien gouter de son poing, histoire de lui montrer comment c'est qu'on laisse sa famille.

Pour une fois c'est lui le bougon, il aime pas ça Lourd, il aime pas le fait d'être venu, il sent mal cette journée, toute manière il à croisé un corbeau en sortant du château le matin même, en se dirigeant vers les écuries pour vérifier les préparatifs il l'a vu, toisant son petit monde du haut d'un chêne non loin, mauvais présage avéré par l'arrivé d'un autre couple de corbeaux. Trois c'est un peu trop.

Il sorti de ses pensées en entendant les gamins rire dans la charette, une charette... les fils d'une Baronne se baladant dans une charette comme un gueux, elle avait de ces idées la Baronne, mais elle avait rien voulu savoir, c'est comme l'histoire des robes....

Il soupira, fallait passer par le marché qu'elle a dit, prendre des étoffes pour un ami qu'elle a dit, un truc chaud qu'elle a dit, avec un peu de chance elle les retrouverait ensuite au lac pour la tombe d'Has et Milane.

Qu'elle a dit.

Pas un truc pour des gosses, des nobles qui plus est. Devraient pas v'nir à Venta, mauvais présage.
--Alessandro.
- Tu crois qu'elle va nous laisser ?
- Tu rêves !!!! faut faire ça discret, faut rien dire surtout.
- Mais maman sera pas contente
- On lui dira rien, allez ! dis moi oui.


Non ça non elle sera pas contente maman si elle l'apprend. Mais en même temps....

Le regard si souvent sérieux du gosse s'attarde à regarder le village qui défile de part et d'autre de la charette. Il a raison son grand frère, c'est que ça à l'air chouette, justement des gamins sont en train de courir, qui une épée de bois, qui un casque fait d'un vieux bol de terre cuite, qui un bouclier vieux et tout cabossé, sans doute souvenir d'un vétéran, volé ?

L'envie, c'est ce qu'on peut lire sur les traits du Saincte Merveille, un sourire rappelant celui de sa mère apparait, il hoche la tête d'un air grave vers son frère. Il a raison, maman n'en saura rien, et puis de toute manière qu'est ce qu'elle leur fera ? elle s'en va bientôt, et une fois partie faut pas rêver, le Lourd il voudra jamais les laisser quitter St Angel, c'est donc le moment ou jamais.

La nourrice les laisse chuchoter, regard bienveillant, si elle savait la Berthe ce qu'ils préparent. Ils rient à l'unisson, le marché c'est plein de monde et ça permet beaucoup de chose, leur plan est pret.


[Place du Marché]

Trop facile !!!! pourtant elle avait bien tenté de bien les surveiller, en tenant un dans chaque main, mais c'est faire sans l'habileté de deux gamins bien décidés à faire de cette journée hors du domaine, une journée pleine de souvenirs autre que celui de grands les trimbalant dans des endroits barbant.

Simple coup d'oeil l'un à l'autre, ils avaient tous deux retirés leur main de celles de Berthe, et filés ensembles entre les jambes des passant, la Berthe hurlait à qui mieux mieux leur prénom, mais ils avaient filés comme si le diable était à leur trousse, ne s''arretant qu'au détour d'une ruelle, essoufflés, mais ravis d'avoir réussi leur coup.


Bon, on doit pas trainer sinon les grands vont vite nous trouver, on doit s'éloigner d'ici.

Quand on est p'tit on se remet vite d'une petite course de rien du tout, c'est pas comme les vieux qui doivent se reposer toujours trés longtemps, et nous on est trés jeune et trés forts, et on va s'amuser comme jamais !

Aller de rue en rue, riant, regardant ça et là les gens, qui les regardent étrangement, p't'être à cause de leurs vêtements...on s'en fout, on est libre là !
{Aphraelle}
up à la demande de l'auteur

_________________
Réclamations uniquement par MP.
~*Aphraelle*~
--Malheureux.hasard
Mauvais pied.

Il s’était levé du mauvais pied ça c’est sûr, faut dire que ça faisait deux nuits qu’il dormait peu, entre le froid insidieux et ce mal de tête à se taper contre les murs.

D’abord trouver quelque chose à grailler, ou p’t’être un bon bourgeois à voler qui sait, un morceau d’viande ça lui rendrait des forces, avec ce foutredieu de temps spa des légumes à l’eau qui vous donnait la santé. Peut être qu’avec la viande il arrêterait de vomir après tout.

Bordel de mal ! Il s’était tiré de sa paillasse parce qu’il le fallait bien, il avait mit un col pour cacher le truc qui grossissait dans son cou, pas la peine qu’on le regarde de travers à cause de ce foutu truc, déjà qu’il était pas bien.

Peste soit de la vermine dirait le narrateur que je suis, car s’il est un truc qui propage le mal c’est bien la vermine qui s’en charge. Notre gueux que voici, cachant son mal apparent sous un morceau de linge sale n’est pas seulement pestiféré, il est également couvert de poux et puce. C’est que dans les bas quartiers messieurs dames, on n’a pas le temps d’aller se prélasser aux bains, en fait si on l’a le temps mais on n’a pas les écus sonnants et trébuchants pour payer le droit d’entrer.

Notre ami ici présent est à deux jours de sa mort annoncée. Annoncée à vous, mais lui ne le sait pas encore, alors il erre dans les ruelles de venta, l’air malade même s’il ne le sait pas, certains de ses « compatriotes » traversent la rue pour ne pas le croisé, la peste rôde chacun le sait, et il a franchement pas l’air bien le gaillard, pâle comme la mort, visiblement en suée, les yeux tirés, le regard vitreux de celui qui souffre.

Les seuls qui ne feront pas attention sont deux gamins, bien vêtus et visiblement en pleine forme. Deux enfants qui se croient libres et qui croient avoir toute la vie devant eux, deux bout d’choux qui veulent juste profiter de leur enfance autre que celle entre les murs protecteurs d’un grand domaine.

La scène sera courte, mais il n’en faut pas plus pour que la vermine qui couvre le corps sale et nauséabond du maraud ne vienne infester le petit corps propre et chaud du petit Bastian. Oh il n’en faut pas beaucoup pour propager cette foutue peste, qu’elle soit bubonique ou pulmonaire n’aurait rien changé à ce qui va se dérouler dans les prochains jours à St Angel.

Les deux enfants courent dans la rue principale, avec deux autres petits avec qui ils ont fait connaissance, c’est que c’est beaucoup plus rapide des enfants, ça ne passe pas par tout un tas de civilité avant de se dire tu et de jouer ensembles. Mais revenons à l’instant fatal, qui décidera de l’avenir du petit Bastian. Le pestiféré surgit d’une ruelle et c’est Bastian qui vient se cogner contre lui, trop surpris pour éviter l’impact.

Notre est malade et mal en point, deux jours qu’il lui reste à vivre je vous l’ai dit, sous le choc les deux tombent l’un sur l’autre, avant de rouler dans la neige fondue et sale qui couvre les pavés. Bref contact qui permettra à la vermine de changer de capitaine, oh pas toute non, quelques puces, qu’est ce quelques puces ?

Les deux enfants rentreront quelques heures plus tard, retrouvés par les gens de St Angel, remontrances et autres fessées bien méritées par la nourrice. Le premier bubon apparaîtra 2 jours plus tard, c’est lors de la toilette des enfants que la nourrice pâlira en voyant les marques sur l’aine du gamin.

Le destin de St Angel est scellé.
--Gervaise
Gervaise!!! Elle s'appelait GER-VAISE, par Aristote! Mais cette baronne hautaine et insupportable n'en avait cure, elle était pas foutue de retenir le prénom de cette gueuse un peu plus futée que les autres, un brin plus érudite, qui avait opté pour le travail - bien plus rémunateur que celui de paysanne - de nourrice. Et il avait fallu qu'elle tombe sur une femme qu'elle n'avait jamais aimé. C'est que la Baronne du Dorat traitait avec beaucoup de mépris à peu près tous les serfs et les paysans, sans pour autant les maltraiter, c'est pas ca, mais juste qu'elle était pleine de dédain.
Et surtout vis-a-vis d'elle, la Gervaise... Le chouchou de la baronne, c'était l'vioque qui lui servait d'intendant. Toujours à fouiner partout, à se méfier... y voulait se faire bien voir, sans doute, à surprotéger la petiote et sa mère...

Gervaise, c'était pourtant pas compliqué à retenir... Mais non, c'était comme si qu'elle était transparente, parfois, la nourrice. Mais bon. Elle allait pas trop trop se plaindre, faut dire que finalement, elle avait très peu à s'occuper, vu que la mère couvait la fille comme une louve protège ses p'tits, pi elle l'emmenait partout, par dessus tout! Même au Castel de Limoges, même à cheval! Ca s'prétend noble et ca fait monter sa gosse comme un palefrenier, avant meme de lui avoir appris les bonnes manières! Mais ce qui l'énervait, la Gervaise, c'était les rares fois où Alcyone lui confiait Mara pour de bon, sans personne pour la surveiller. L'était insupportable à lui faire 36 recommandations, à vouloir tout contôler, savoir ousk'elle emmenait la gamine, pour faire quoi et patati et patata. A croire qu'elle avait peur qu'on l'enlève ou qu'il lui arrive quelque chose à tous les coins de rues, à la morveuse! Insupportable... Si elle n'était pas aussi bien payée, probablement qu'elle irait chercher du travail ailleurs, les nobles limousins savaient y faire pour pondre des mioches en veux-tu en voila...

Ca faisait plusieurs jours qu'elle avait reçu pour consigne de ne pas bouger d'un pouce de Sainte Anne. "Restez cloîtrés", qu'elle avait dit, la baronne. Que personne n'entre, que personne de l'extérieur n'entre en contact avec la gosse, que personne d'autre qu'elle ou Benoît ne la touche etc! Ben voyons! encore une excentricité et un caprice de la rouquine! Déjà que que la petite était traitée mieux qu'une princesse de sang royal, alors que bon, fallait dire ce qui était, l'était qu'une bâtarde, la mioche! La Gervaise rigolait d'ailleurs sous cape avec ses copines, parce que finalement, elle s'était faite engrosser comme une fille de peu, alors elle pouvait bien se donner des airs, la baronne, même si l'père avait fini par revenir, elle valait pas mieux qu'elles dans le fond. Brrr... elle frissonna d'ailleurs en songeant au père... Tout aussi invivable que la baronne, voire plus, même, mais dans un autre style... y faisaient la paire, les deux, et la Gervaise s'arrangeait toujours pour éviter soigneusement de le croiser.

Bref! Tout ca pour dire qu'elle en avait ras le pompom, la Gervaise, de rester bloquée à Sainte Anne avec la morveuse qu'était pleine de vie et qui courrait partout à l'en épuiser. Une bonne promenade dans la neige, voila ce qu'il lui fallait pour la calmer et bien la faire dormir au soir! Voila comment qu'on endurcissait les petites princesses! Et précisément... ce jour-là, Benoît, qui les épiait toujours pour aller sans doute faire des rapports à Alcyone comme un bon chienchien, avait relâché son attention... La routine s'était installée, et c'est toujours de ça qu'il faut profiter! Oh, y avait bien une explication à ce fait de vivre en reclus. "La peste", à ce qu'il parraissait. Mouais... mais la peste, tout le monde sait que c'est juste bon pour les pouilleux, pas pour les petites princesses ni pour leur nourrice...

Aussitôt dit, aussitôt fait... Elle habilla Mara chaudement, la petite était bien trop contente à la perspective de sortir, elle se laissa faire sagement, demandant à sa nourrice


- 'va où?
- On va s'promener, 'moizelle!
- 'veux Maman!!
- Heuuu... Nan nan, pas tout à fait, on va pas voir ta mère... on ira la voir... après!
- Papa!
- N... non plus... pas maintenant, Mara...
- Nan! Veux mé'nant!


La Gervaise savait bien que la petite, une fois qu'elle avait une idée dans la tête, elle l'avait pas ailleurs... et elle risquait d'attirer l'attention... Autrement dit, fallait lui proposer quelque chose qui la détournerait de son idée... La nourrice réfléchit à toute allure... L'idée lumineuse jaillit presque malgré elle...

- Bess! On va voir ta marraine, Bess Saincte-Merveille! On va aller jusqu'à Saint-Angel, pi on verra tes p'tits copains, tu sais, Bastian et Alessandro!

Voila qui eût l'effet escompté! La petite adorait sa marraine, et ses garçons, mêmes s'ils étaient plus grands qu'elle, constituaient des camarades de jeu bien plus intéressants que n'importe qui à Sainte Anne. Et voilà! La petite fut habillée, la vigilence de Benoît contournée et la nourrice emmena la petite chez sa marraine.

Lourd ne s'attendait pas à de la visite, faut dire. Et l'ex cap était meme pas la... mais bon... La Gervaise, du moment qu'elle pouvait papoter un peu, apprendre les ragots avec les servantes de Saint Angel, en propager de nouveaux, elle était contente. Et la gamine? Bah, elle jetait de temps en temps un coup d'oeil. Elle jouait avec Bastian et Alessandro... D'abord dans un des salons. Ils jouaient sagement, à cache-cache, à se courir après, la petite imitant ses aînés, les deux garçons lui apprenant parfois l'un ou l'autre gros mot à voix basse, pour pas que les grands entendent. Y avait bien le Bastian qu'avait un peu moins d'entrain que son frère, l'était un peu fiévreux, on aurait dit, mais quoi de plus normal avec le temps qu'y faisait... Les gamins avaient même voulu sortir jouer dehors, entraînant la petite pour profiter de la neige... puis... aller caresser les animaux de Saint Angel, les chevaux, les chiens, les chats... Tout ce que peuvent faire le plus innocement du monde trois gamins dans une grande cour et un vaste jardin un peu enneigés...

Et pendant ce temps, la Gervaise surveillait d'un oeil et buvait un coup avec ses copines en bavassant de tout et de rien... Sans se douter de ce qu'elle avait déclenché là...
--Malheureux.hasard
[Deux jours après une dernière partie de cache cache...]

- Pour…quoi … ?

Le ton était implorent, les larmes étaient retenues au coin des paupières lourdes et douloureuses de l’enfant. Ben oui…pourquoi il était malade ? Pourquoi son frère n’avait pas le droit de venir jouer avec lui comme les autres fois ? Pourquoi tout le monde le regardait avec des yeux emplis d’effrois ? Pourquoi il avait mal ?

La nourrice aurait été bien en mal de lui répondre. Comment expliquer à un enfant qu’il est perdu ? que sa mère il ne la reverra jamais ? Comment feriez-vous à la place de la Berthe ? Lui expliqueriez-vous que son frère est confiné également dans sa chambre ? Et que vous avez vu les premières marques de l’immonde maladie attaquer votre propre corps et celui d’Alessandro ?

Ils étaient seuls tous les trois dans cette tour, par peur de propager le mal. Lourd avait prit des dispositions, renvoyant le personnel chez lui à part la cuisinière qui avait refusé tout de go, ainsi que son épouse qui voulait rester également, séparant les enfants dés les premiers symptômes. Trop tard sans doute puisqu’Alessandro avait eut les mêmes marques et le même mal de tête, et les premiers frissons de la fièvre le toucher à deux jours d’intervalle.

Bastian n’avait plus que quelques heures à vivre, la mort marquait déjà son petit visage émacié, son masque venant couvrir peu à peu les traits pourtant fins et beaux du petit Saincte Merveille.

C’est ce qui arriva alors que le soleil quittait l’horizon pour laisser place à une lune blafarde. Un loup hurla à la mort à quelques lieux de là, annonçant la fin tragique d’un petit noble qui n’avait pas encore eut le temps de découvrir la vie. Un enfant qui ne reverrait jamais la mère tant aimée et tant absente. C’est dans les bras d’une nourrice aimante et effondrée que le dernier souffle quitta le petit corps affreusement meurtri. C’est sa mère qu’il aura appelé dans ses derniers instants de lucidité, et c’est en son nom que Berthe lui avait répondu, chuchotant des mots tendres à son oreille, comme l’aurait sans doute fait Bess si tel en avait désiré le destin.

Tout sera brûlé aux premières lueurs de l’aube, draps souillés, vêtements, coffres, meubles et petit lit, nul souvenirs de l’enfant ne restera, son corps même sera purifié par les flammes, dans une clairière des bois environnants. Endroit verdoyant l’été, un des préférés des enfants qui aimaient y jouer.

C’est Lourd qui veilla sur le corps, le traitant avec toute la douceur dont il était capable, pensant à la Baronne à qui il faudrait annoncer la nouvelle. Plus tard, lorsqu’Alessandro aurait rejoint son frère sans doute. Nul besoin de le faire de suite s’il fallait recommencer dans quelques jours n’est ce pas ? Autant la tuer d’un seul coup…. Ce serait plus sage et peut être plus humain.

Nul ne verra les larmes couler des joues de l’intendant alors qu’il s’occupe du bûcher. Nul ne le verra pleurer alors que les flammes entament le linceul de Bastian. Nul n’entendra son cri de rage et de frustration en regardant la fumée emporter l’âme d’un ange merveilleux. Il devait veiller sur les enfants et avait failli, ne restait plus qu’à attendre la fin du petit dernier.

Un second bûcher sera fait deux nuits plus tard. Deux corps cette fois sont placés dessus. De larmes il n’y a plus dans les yeux de l’Intendant. Il n’a plus la force ni l’envie. Il lui faut attendre encore quelques jours afin de vérifier que nul autre n’aura été touché par l’infamie de la peste noire. Ensuite il faudra prévenir, annoncer la nouvelle au Bourgmestre de Ventadour déjà, lui saurait qui pourrait avertir la Baronne. Il ne s’en sentait pas le courage.

Lorsque « la Cap » saura il pourra lui écrire, demander son pardon si tant est qu’il en soit digne. Ca ne changerait rien à la douleur d’une mère mais il se savait indigne de garder cette place alors qu’il n’avait su veiller sur la seule famille.
Madeline, incarné par Alcyone
Faut-y pas qu’Aristote soit tordu des fois !

La femme replète se signa avant d’essuyer ses mains rougies au linge déjà maculé de son tablier avant de monter les marches qui la mènerait dans l’entrée ou l’attendait la « Ste Anne » comme ils l’appelaient.

Elle l’aimait bien l’ex prévot, et les pipelettes du village avaient beau parler de sa bastarde de fille, la Madeline se rappelait de l’amitié qui unissait les deux baronnes bien avant leur noblesse. P’t’être pour ça qu’elle les aime bien d’ailleurs.


Bien l’bonjour ma bonne dame, l’Lourd l’est parti à Venta prév’nir l’bourgmestre. J’savons bien qu’vous prendriez des nouvelles.

C’est-ty pas malheureux j’vous jure. Elle méritions point ça la Baronne, ça non l’méritions point du tout ! et l’Lourd non plus il méritions point. Il a fait s’qu’il a pu j’vous jure hein ! faut pas l’blâmer ! l’est déjà assez touché v’savez. Devriez l’voir errer comme un pauv’malheureux dans l’château.


Rougeaude la grosse cuisinière, frottant à nouveau ses mains à son tablier dans un geste mécanique. La Baronne saurait quoi faire elle !

Vous l’avez d’ja avertie ? parce que l’Lourd il savions point l’faire. Y croit que j’vois rien mais j’vois bien sa mine chiffonnée l’matin, et les yeux rouges que j’le dirons point aux autres mais à j’vous peut l’dire : il passe ses nuits à les pleurer tous les deux.

Un soupir à fendre l’âme, et les yeux brillants, la Madeline essuie d’une main fébrile les larmes qui pointes à ses paupières. C’est qu’elle les aimait bien eux aussi, pi c’est qu’elle tout autant touchée la cuisinière. Des années qu’elle est au service de la Cap, ça date du Mazet, alors pour la connaître elle la connaît la famille, avec ses hauts et ses bas.

Elle à bien du courage v’savez, même qu’elle à gardé la tête haute malgré que l’Baron… ‘fin pas b’soin que j’vous dise hein ! Il mérite point l’femme qu’il avions moi j’vous l’dit !
Alcyone
Etait-ce elle qui n'était pas assez réactive, avait-elle perdu tout ce qui lui restait d'énergie après sa funeste découverte, ou bien était-ce cette cuisinière qui était au contraire trop volubile? Toujours est-il qu'elle avait eu à peine le temps de se faire annoncer que la Madeline avait chopé le crachoir pour ne plus le lâcher, laissait tout juste le loisir à Alcyone de tenter des ...

- Oui... je...

- J'viens pour... je...

entre deux diatribes de la matronne qui lui pompait sans doute sans le vouloir encore plus d'énergie... La cuisinière était une brave femme, et Alcyone n'eut ni la force ni le courage de l'interrompre dans un premier temps... de toute façon, elle n'était pas si pressée que ça de se faire l'oiseau de mauvais augure qui annoncerait à Lourd et à la maisonnée le veuvage de son amie... A la maisonnée... affrontrer le regard de Bastian et Alessandro, ses filleuls, et leur dire que leur père était mort... Voir dans leur yeux... voir quoi? de l'incompréhension? de la colère? cette tristesse sans nom que rien ne consolerait jamais, pas même les bras de leur marraine, piètre substitut à ceux de leur mère...

La rouquine enregistra tout de même machinalement le monologue de la femme... Lourd à la mairie, prévenir le Bourgmestre... Il savait donc déjà que son maître était au nombre des victimes...
Prendre des nouvelles, oui, bien sûr...
Bess... bien sûr qu'elle méritait mieux que ça... Lourd qui erre? Tiens, Alcyone ignorait qu'il était si attaché que ça à Erwan... elle aurait même juré que c'était le contraire...


- Vous l’avez d’ja avertie ?
- Non, je...

- parce que l’Lourd il savions point l’faire. Y croit que j’vois rien mais j’vois bien sa mine chiffonnée l’matin, et les yeux rouges que j’le dirons point aux autres mais à j’vous peut l’dire : il passe ses nuits à les pleurer tous les deux.

Alcyone se réveilla et regagna un peu d'énergie..

- Que... comment ça tous les deux?
- Elle à bien du courage v’savez, même qu’elle à gardé la tête haute malgré que l’Baron… ‘fin pas b’soin que j’vous dise hein ! Il mérite point l’femme qu’il avions moi j’vous l’dit !


La rouquine tombait de Charybde en Scylla... De quoi elle causait?? Pourquoi elle pleurait, maintenant?? Comment ça, deux personnes??? Comment ça, le Baron, qui... ? Non non non non non.... Deux morts ici?? Non, elle doit se tromper, elle ne sait plus ce qu'elle raconte, la pauvre femme. Deux morts... Vision fugace de ses deux filleuls dont les traits se confondent tout à coup avec celui de leur père tel qu'elle l'a vu quelques minutes auparavant... Impossible, enfin! Ca doit être des membres de la famille de Lourd, oui voila... Passablement énervée, à présent, elle saisit la cuisinière par le bras, fronçant les sourcils et prenant la paroles pour de bon.

- Va-tu te taire et me laisser en placer une!?! Qu'est ce que tu me racontes avec tes deux morts là? J'ai vu Erwan, c'est LUI qui est mort! Regarde, voici son scel! Où est Lourd? Qu'est ce qu'il est partir annoncer à la mairie???
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Madeline, incarné par Alcyone
C’est qu’elle a d’la poigne la Ste Anne, et pi d’la voix faut dire, pas pour rien qu’elle a été Prévot celle-là. Elle pourra vous l’dire la Madeline, sûr que tout le monde lui obeissait, y à qu’à la voir la cuisinière, regardant la Baronne les yeux ronds et fermant son clapet pour la première fois. Ou alors c’est parce qu’elle est pas certaine d’avoir tout compris la Madeline.

L’Baron ? comment ça l’Baron ? j’vous parle de Bastian moi, l’petiot l’a été emporté y a cinq jours maintenant, pi la pauvre Berthe et la Jeanette y a pas plus tard que trois jours, que j’vous racontions pas comment que l’Lourd il a mal prit l’départ de s’femme.


Yeux ronds qui fixent la Sainte Anne.


L’Baron ? l’Baron est mort ? m’enfin ! comment qu’vous voulez qu’on annonce ça à Madame ? c’est qu’elle va pas le prendre bien du tout. Déjà que j’pensions que vous pourriez l’avertir pour le p’tiot, si faut en plus lui annoncer qu’elle est veuve alors là !!!!!


C’est que c’était pas prévu en fait, ah non pas du tout non. Même que la cuisinière elle se demande si faut vraiment l’faire. C’est que la Baronne elle est avec le Roy voyez-vous, et qu’elle doit obéir aux ordres, c’est que c’est pas n’importe qui leur Baronne à eux !!!

Elle en avait pâlit la matronne, c’est que là c’était les limites de la borne qu’elles étaient dépassées d’un chouilla de trop. Et encore ! pour pas dire que les limites étaient laaaaargement dépassées.

Alors là c’est tout vu c’est pas nous qu’on la préviendra la Baronne, alors là non non non. Pi l’Lourd qui l’sait pas, alors si je lui annonce ça à celui là, pour sûr qu’il dansera la guigue en disant que c’est Aristote qui s’venge et qu’il aura bien raison de le dire d’ailleurs.


M’Dame la Baronne.


C’est qu’elle savions plus trop quoi dire la Madeline.


Il faut avertir Madame pour le petiot. Pi pour son veuvage aussi d’ailleurs, c’est qu’il serait bon de lui annoncer une bonne nouvelle en même temps que la mauvaise non ? ‘fin moi j’dis ça c’est vous qui voyez après tout.
Alcyone
Un frisson semblable à celui qu'elle avait ressenti en voyant le corps d'Erwan la saisit... non, pas semblable... pire. La nausée qui monte plus vite, plus fort... Les pensées se mêlent, se superposent les unes aux autres... Bastian... Son filleul, que Bess n'a meme jamais eu l'occasion de baptiser... Adopté, mais aimé comme Alessandro. Mais comment était-ce possible??? Comment le mal avait-il pu faire irruption dans cette maison? Les servantes, peut-être? Peut-être même Erwan, puisqu'il en était mort aussi... Peut-être que...

Bess... Alcyone lâcha sans s'en rendre compte la cuisinière, la fixant, regard pourtant un peu perdu, bouche bée... Bess... son amie qui a perdu son mari et un enfant... un enfant et son mari... Y aura pu de "piu bella donna de tutti la creazione"... et y aura pu de "Maman!" prononcé de cette voix fluette de petit garçon... et bien sûr, la rouquine ne peut que se mettre à la place de l'ex-Cap'... Quand on a un enfant, qu'on tremble tous les jours pour lui, on sait...

Elle entend à peine les derniers mots de la cuisinière... Avertir Madame, oui bien sûr, faut qu'elle sache...

Comment ça, "c'est vous qui voyez" ? Elle passe de la stupéfaction et de la tristesse à la colère. C'est bien la colère, ca permet de se passer les nerfs sur le premier venu, de se cacher à soi-même que parfois, on veut pas affronter certaines choses...


- Parce que t'espère que c'est moi qui vais...

Bien sûr... Bien sûr que c'est toi qui va le faire... La colère s'appaise déjà alors qu'elle n'a même pas fini sa phrase... Evidemment qu'elle va le faire, la rouquine... Qui d'autre pourrait le faire? Peut-être Tarrelian, ou Rasp... Non, elle va le faire... Quels mots, comment dire ça...

Elle discute encore quelques instants avec la cuisinière, pour connaître les circonstances... La femme lui raconte les soins et l'amour que le petit a reçu, elle lui explique tout ce que Lourd a fait... comment il a veillé les corps, comment il a tout fait disparaître pour éradiquer le mal... Elle imagine le petit corps brulé... Elle s'apprête à reprendre la route, le coeur lourd, mais La Madeline a le malheur de rajouter quelques mots...


- Et vot' gamine? L'avait l'air bien portante quand l'est venue ici l'aut'jour avec la Gervaise, mais on sait jamais...

Le sol se dérobe... Comme si on lui assénait un coup alors qu'elle est déjà au tapis. Alcyone, la Sainte Anne, que peu de choses ébranlent, doit se rattraper au montant de la porte... Sa fille, hors des murs protecteurs de Sainte Anne, en contact avec l'extérieur et ses miasmes... Et les traits du petit Bastian sur son bûcher s'effacent... ceux de Mara se superposent... Violentes remontées de souvenirs... Ceux de son accouchement, où déjà, elle avait failli la perdre. Ceux de son errance sur les routes, la peur au ventre à l'idée qu'on puisse la lui enlever ou lui faire du mal. Mara... la peste... la peste qui prend la forme d'un monstre sournois qui s'insinue dans leur vie pour dévorer la petite, la faire souffrir et disparaître... Cette peur si violente, si douloureuse qu'elle oblige le cerveau de la jeune mère à se déconnecter l'espace de quelques secondes, sous peine de la mener tout droit à la folie... Quelques secondes d'éternité où elle est incapable de faire le moindre mouvement... Puis tout s'agite à nouveau... La lettre à Bess attendra, il n'y a plus qu'une priorité... La Madeline n'existe déjà plus, rien n'existe plus qu'une petite rouquine de 2 ans qui est peut-être en ce moment même menacée par un monstre... Jamais elle n'a cavalé plus vite et parcouru en si peu de temps le chemin entre le Mazet et Sainte Anne...
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