Mathias_
Depuis plusieurs jours, la troupe s'avançait en rase campagne, traversant le royaume de France du ponant au levant afin de retrouver les terres où était né le marmot. Sur la route, où les clabaudages étaient peu nombreux et plus rares encore les moments d'égaiement, notre Mathias et ses "amis" se trouvaient quasiment constamment accoisés, à l'affut du moindre maraud tapis dans les fourrés. Certes la troupe n'était pas frêle, et encore moins prompte à rompre à la vue du combat, y trouvant là au contraire moyen de s'esbouffer en broyant quelques os, leur attraction favorite. Malgré cela, le silence était de mise, et aucun ne se serait permis de le briser, la perspective de subir alors les foudres du géant ou du borgne étant peu réjouissante.
Ce long voyage où personne ne disait mot ni miette éprouvait néanmoins le tempérament du jeune Mathias, qui avait grande appétence à manier le plat de la langue. Ainsi en arrivant à Bourganeuf, première étape urbaine de leur périple, c'est avec une joie ni fente ni contrefaite que le marmot s'en alla vivement vers les tavernes, tant désireux de se rincer le gosier qu'il ne l'était de déverser des flots et des flots de paroles. On pourrait même se demander si pour gagner du temps il n'allait pas même parler en même temps que de boire... C'était compter sans l'alberguière, qui refusa tout net de lui servir ne serait-ce qu'un gobelet de bière, dont le savant mélange d'orge et de houblon faisant déjà saliver le petiot.
Fendu de gueule, il voulut embufer les principes de la tavernière, cherchant par tous moyens à se servir du breuvage qui seul pouvait le désaltérer. Mais après tant et tant d'ingénieux assauts déployés, et ceux-ci en vain, il en vint à la conclusion que seule sur autorisation expresse de sa mOman, il pourrait accéder à ce nectar dont il avait pris goût lors de son séjour chez les moines normands, qui n'étaient pas sans aviner leurs petits élèves afin que de les apaiser quelques peu, les coups de fouet et autres châtiments corporels ayant échoué.
Dès qu'il vit arriver en la taverne où il s'était reclus cette mère chérie qu'il redécouvrait après de longs mois passés loin d'elle, qui affichait une bedondaine nouvellement apparue par la force de son état maternant, il ne faillit à lui quérir incontinent cette autorisation qui serait son sésame vers les futs qu'il convoitait.
Mais là encore, la résistance fut tout d'abord de mise. La Miss ne s'accommodait que très difficilement du penchant que son fils semblait avoir pour la bouteille. Mais fendu de gueule assez pour la faire tournoyer, à st'heure attendrissant, à st'heure suppliant, à st'heure conciliant, il ne s'en fut que d'un court instant pour que le gamin n'obtinsse ce qu'il voulait. L'accompagnant jusqu'à la taverne voisine en le portant dans ses bras où il s'ococoulait avec tendresse, la mère permit au fils de s'ennivrer mais un petit seulement. L'enfant avait promis de ne pas abuser du prédicament pour s'en aller à la saoulerie. Néanmoins, réussissant à échapper à la surveillance de l'oeil pourtant inquisiteur de sa mère de temps en temps ainsi qu'à celui de l'alberguière, il tire qui cy qui là, un verre de bière puis un autre. Bien des fois, il se fit tout de même prendre à gloutir le breuvage avec empressement. Poussant loin le chattemite qui sommeillait en lui, il alla même jusqu'à affirmer sans désarmer qu'il buvait du lait.
Néanmoins il se vite trouva sans le sous, ayant dégout à ne pas rétribuer l'honnête marchande de ses verres, laissant tomber ses livres sonnantes dans l'escarcelle qu'elle conservait sous le comptoir.
Alors il attendit l'arrivée de la blondinitée qui, à coup sûr, boira de bon cur avec lui. Cette arrivée fut presque miraculeusement coïncidente avec la partance de Miss, qui ayant trop fiance en son garnement, le laissa à loisir festoyer avec la grande caillette qu'il affectionnait de surnommer Tralala. De plus en plus grisé par l'alcool, et s'amusant toujours avec celle ci à se chicaner et se lancer abondance de picanieries, les gestes succédèrent aux mots, puis se fut véritable chamaillis que seul l'air enfiévré d'un borgne d'Assay pu interrompre à temps, avant qu'il n'y ai attentement de meurtrerie. En effet la dite niquedouille en vint à un moment à menacer de cotel le pourceau haut comme trois pommes, qui, bravache jusqu'à la témérité, ne reculait d'un pied ni d'un pouce malgré ce qu'il savait que cette ainée là avait déjà été amenée à tuer.
Mais comme à chaque fois pour le pauvre petit blondin, c'était Tralala qui ouvrait le bal, et c'était toujours lui, innocent de toutes faute, qui se faisait morigéner.
Ce qui, au vu de son état, si on me permet de dire ma ratelée, était je pense moyen de le faire cabrer comme cheval fol.
Le comble fut atteint quand une autre mignotte blonde du groupe, nommée Lucie, que le gamin abhorrait parceque celle-ci tenait sa Miss de mère en grande déprisement, fit apparition dans la dite taverne. À ce moment ce ne fut plus dans sa tête qu'un entrechoquement confus de méchancetés à son endroit, qui ne laissèrent de la faire défaillir. L'alcool aidant, il ne sut plus à quel saint se vouer ou plutôt si, il n'en trouva qu'un en ce lieu maudit : Maleus. Se tournant vers l'homme qu'il chérissait plus qu'un père, plus que son père, il le vit rire à gueule bec et ventre déboutonné. C'en était trop pour le jeune enfant. Ce fut la gouttelette d'eau qui fit se renverser le vase de son esprit déjà bien empli de temps de bière.
À ce moment, la dite Lucie déclarait "J'espérai qu'on aurait largué le mioche en route" ce à quoi la sotte embéguinée de Tralala répondait "Grave ! Pourquoi tu n'es pas resté en Normandie ?"
Le sang n'eut pas même le temps de faire un tour que sur le champ Mathias, qui aurait aimé être à mille lieues de là, prit ses jambes à son cou et détala, dans ses oreilles restait encore tourbillonnant le rire grinçant du borgne. Elles ne voulaient pas de lui ? Grand bien leur en fasse, il allait les exaucer. Les larmes aux joues, le nud de la gorge serré et les ongles se fichant douloureusement dans les chairs de ses paumes, le gamin départit et de ce village et de cette troupe, en oubliant dans son ire l'existence même de sa mère adorée au dessus de tout, sans penser un instant au dol qu'il lui allait causer par cette fuite.
Où ses pas allongés par son irréfragable colère le mèneraient-ils ? Il ne le savait pas lui même, n'ayant qu'un objectif : prendre de l'itinéraire initial le rebours, ne pouvant d'ailleurs que rebrousser chemin, n'ayant pas appétit à s'en aller sur des routes qu'il ne connaissait guère.
D'ores en avant, il était seul maître de ses destins.
Ce long voyage où personne ne disait mot ni miette éprouvait néanmoins le tempérament du jeune Mathias, qui avait grande appétence à manier le plat de la langue. Ainsi en arrivant à Bourganeuf, première étape urbaine de leur périple, c'est avec une joie ni fente ni contrefaite que le marmot s'en alla vivement vers les tavernes, tant désireux de se rincer le gosier qu'il ne l'était de déverser des flots et des flots de paroles. On pourrait même se demander si pour gagner du temps il n'allait pas même parler en même temps que de boire... C'était compter sans l'alberguière, qui refusa tout net de lui servir ne serait-ce qu'un gobelet de bière, dont le savant mélange d'orge et de houblon faisant déjà saliver le petiot.
Fendu de gueule, il voulut embufer les principes de la tavernière, cherchant par tous moyens à se servir du breuvage qui seul pouvait le désaltérer. Mais après tant et tant d'ingénieux assauts déployés, et ceux-ci en vain, il en vint à la conclusion que seule sur autorisation expresse de sa mOman, il pourrait accéder à ce nectar dont il avait pris goût lors de son séjour chez les moines normands, qui n'étaient pas sans aviner leurs petits élèves afin que de les apaiser quelques peu, les coups de fouet et autres châtiments corporels ayant échoué.
Dès qu'il vit arriver en la taverne où il s'était reclus cette mère chérie qu'il redécouvrait après de longs mois passés loin d'elle, qui affichait une bedondaine nouvellement apparue par la force de son état maternant, il ne faillit à lui quérir incontinent cette autorisation qui serait son sésame vers les futs qu'il convoitait.
Mais là encore, la résistance fut tout d'abord de mise. La Miss ne s'accommodait que très difficilement du penchant que son fils semblait avoir pour la bouteille. Mais fendu de gueule assez pour la faire tournoyer, à st'heure attendrissant, à st'heure suppliant, à st'heure conciliant, il ne s'en fut que d'un court instant pour que le gamin n'obtinsse ce qu'il voulait. L'accompagnant jusqu'à la taverne voisine en le portant dans ses bras où il s'ococoulait avec tendresse, la mère permit au fils de s'ennivrer mais un petit seulement. L'enfant avait promis de ne pas abuser du prédicament pour s'en aller à la saoulerie. Néanmoins, réussissant à échapper à la surveillance de l'oeil pourtant inquisiteur de sa mère de temps en temps ainsi qu'à celui de l'alberguière, il tire qui cy qui là, un verre de bière puis un autre. Bien des fois, il se fit tout de même prendre à gloutir le breuvage avec empressement. Poussant loin le chattemite qui sommeillait en lui, il alla même jusqu'à affirmer sans désarmer qu'il buvait du lait.
Néanmoins il se vite trouva sans le sous, ayant dégout à ne pas rétribuer l'honnête marchande de ses verres, laissant tomber ses livres sonnantes dans l'escarcelle qu'elle conservait sous le comptoir.
Alors il attendit l'arrivée de la blondinitée qui, à coup sûr, boira de bon cur avec lui. Cette arrivée fut presque miraculeusement coïncidente avec la partance de Miss, qui ayant trop fiance en son garnement, le laissa à loisir festoyer avec la grande caillette qu'il affectionnait de surnommer Tralala. De plus en plus grisé par l'alcool, et s'amusant toujours avec celle ci à se chicaner et se lancer abondance de picanieries, les gestes succédèrent aux mots, puis se fut véritable chamaillis que seul l'air enfiévré d'un borgne d'Assay pu interrompre à temps, avant qu'il n'y ai attentement de meurtrerie. En effet la dite niquedouille en vint à un moment à menacer de cotel le pourceau haut comme trois pommes, qui, bravache jusqu'à la témérité, ne reculait d'un pied ni d'un pouce malgré ce qu'il savait que cette ainée là avait déjà été amenée à tuer.
Mais comme à chaque fois pour le pauvre petit blondin, c'était Tralala qui ouvrait le bal, et c'était toujours lui, innocent de toutes faute, qui se faisait morigéner.
Ce qui, au vu de son état, si on me permet de dire ma ratelée, était je pense moyen de le faire cabrer comme cheval fol.
Le comble fut atteint quand une autre mignotte blonde du groupe, nommée Lucie, que le gamin abhorrait parceque celle-ci tenait sa Miss de mère en grande déprisement, fit apparition dans la dite taverne. À ce moment ce ne fut plus dans sa tête qu'un entrechoquement confus de méchancetés à son endroit, qui ne laissèrent de la faire défaillir. L'alcool aidant, il ne sut plus à quel saint se vouer ou plutôt si, il n'en trouva qu'un en ce lieu maudit : Maleus. Se tournant vers l'homme qu'il chérissait plus qu'un père, plus que son père, il le vit rire à gueule bec et ventre déboutonné. C'en était trop pour le jeune enfant. Ce fut la gouttelette d'eau qui fit se renverser le vase de son esprit déjà bien empli de temps de bière.
À ce moment, la dite Lucie déclarait "J'espérai qu'on aurait largué le mioche en route" ce à quoi la sotte embéguinée de Tralala répondait "Grave ! Pourquoi tu n'es pas resté en Normandie ?"
Le sang n'eut pas même le temps de faire un tour que sur le champ Mathias, qui aurait aimé être à mille lieues de là, prit ses jambes à son cou et détala, dans ses oreilles restait encore tourbillonnant le rire grinçant du borgne. Elles ne voulaient pas de lui ? Grand bien leur en fasse, il allait les exaucer. Les larmes aux joues, le nud de la gorge serré et les ongles se fichant douloureusement dans les chairs de ses paumes, le gamin départit et de ce village et de cette troupe, en oubliant dans son ire l'existence même de sa mère adorée au dessus de tout, sans penser un instant au dol qu'il lui allait causer par cette fuite.
Où ses pas allongés par son irréfragable colère le mèneraient-ils ? Il ne le savait pas lui même, n'ayant qu'un objectif : prendre de l'itinéraire initial le rebours, ne pouvant d'ailleurs que rebrousser chemin, n'ayant pas appétit à s'en aller sur des routes qu'il ne connaissait guère.
D'ores en avant, il était seul maître de ses destins.
Edit : orthograhe