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[RP privé] Un blondinet prend la tangente

Mathias_
Depuis plusieurs jours, la troupe s'avançait en rase campagne, traversant le royaume de France du ponant au levant afin de retrouver les terres où était né le marmot. Sur la route, où les clabaudages étaient peu nombreux et plus rares encore les moments d'égaiement, notre Mathias et ses "amis" se trouvaient quasiment constamment accoisés, à l'affut du moindre maraud tapis dans les fourrés. Certes la troupe n'était pas frêle, et encore moins prompte à rompre à la vue du combat, y trouvant là au contraire moyen de s'esbouffer en broyant quelques os, leur attraction favorite. Malgré cela, le silence était de mise, et aucun ne se serait permis de le briser, la perspective de subir alors les foudres du géant ou du borgne étant peu réjouissante.

Ce long voyage où personne ne disait mot ni miette éprouvait néanmoins le tempérament du jeune Mathias, qui avait grande appétence à manier le plat de la langue. Ainsi en arrivant à Bourganeuf, première étape urbaine de leur périple, c'est avec une joie ni fente ni contrefaite que le marmot s'en alla vivement vers les tavernes, tant désireux de se rincer le gosier qu'il ne l'était de déverser des flots et des flots de paroles. On pourrait même se demander si pour gagner du temps il n'allait pas même parler en même temps que de boire... C'était compter sans l'alberguière, qui refusa tout net de lui servir ne serait-ce qu'un gobelet de bière, dont le savant mélange d'orge et de houblon faisant déjà saliver le petiot.

Fendu de gueule, il voulut embufer les principes de la tavernière, cherchant par tous moyens à se servir du breuvage qui seul pouvait le désaltérer. Mais après tant et tant d'ingénieux assauts déployés, et ceux-ci en vain, il en vint à la conclusion que seule sur autorisation expresse de sa mOman, il pourrait accéder à ce nectar dont il avait pris goût lors de son séjour chez les moines normands, qui n'étaient pas sans aviner leurs petits élèves afin que de les apaiser quelques peu, les coups de fouet et autres châtiments corporels ayant échoué.
Dès qu'il vit arriver en la taverne où il s'était reclus cette mère chérie qu'il redécouvrait après de longs mois passés loin d'elle, qui affichait une bedondaine nouvellement apparue par la force de son état maternant, il ne faillit à lui quérir incontinent cette autorisation qui serait son sésame vers les futs qu'il convoitait.

Mais là encore, la résistance fut tout d'abord de mise. La Miss ne s'accommodait que très difficilement du penchant que son fils semblait avoir pour la bouteille. Mais fendu de gueule assez pour la faire tournoyer, à st'heure attendrissant, à st'heure suppliant, à st'heure conciliant, il ne s'en fut que d'un court instant pour que le gamin n'obtinsse ce qu'il voulait. L'accompagnant jusqu'à la taverne voisine en le portant dans ses bras où il s'ococoulait avec tendresse, la mère permit au fils de s'ennivrer mais un petit seulement. L'enfant avait promis de ne pas abuser du prédicament pour s'en aller à la saoulerie. Néanmoins, réussissant à échapper à la surveillance de l'oeil pourtant inquisiteur de sa mère de temps en temps ainsi qu'à celui de l'alberguière, il tire qui cy qui là, un verre de bière puis un autre. Bien des fois, il se fit tout de même prendre à gloutir le breuvage avec empressement. Poussant loin le chattemite qui sommeillait en lui, il alla même jusqu'à affirmer sans désarmer qu'il buvait du lait.
Néanmoins il se vite trouva sans le sous, ayant dégout à ne pas rétribuer l'honnête marchande de ses verres, laissant tomber ses livres sonnantes dans l'escarcelle qu'elle conservait sous le comptoir.

Alors il attendit l'arrivée de la blondinitée qui, à coup sûr, boira de bon cœur avec lui. Cette arrivée fut presque miraculeusement coïncidente avec la partance de Miss, qui ayant trop fiance en son garnement, le laissa à loisir festoyer avec la grande caillette qu'il affectionnait de surnommer Tralala. De plus en plus grisé par l'alcool, et s'amusant toujours avec celle ci à se chicaner et se lancer abondance de picanieries, les gestes succédèrent aux mots, puis se fut véritable chamaillis que seul l'air enfiévré d'un borgne d'Assay pu interrompre à temps, avant qu'il n'y ai attentement de meurtrerie. En effet la dite niquedouille en vint à un moment à menacer de cotel le pourceau haut comme trois pommes, qui, bravache jusqu'à la témérité, ne reculait d'un pied ni d'un pouce malgré ce qu'il savait que cette ainée là avait déjà été amenée à tuer.
Mais comme à chaque fois pour le pauvre petit blondin, c'était Tralala qui ouvrait le bal, et c'était toujours lui, innocent de toutes faute, qui se faisait morigéner.
Ce qui, au vu de son état, si on me permet de dire ma ratelée, était je pense moyen de le faire cabrer comme cheval fol.

Le comble fut atteint quand une autre mignotte blonde du groupe, nommée Lucie, que le gamin abhorrait parceque celle-ci tenait sa Miss de mère en grande déprisement, fit apparition dans la dite taverne. À ce moment ce ne fut plus dans sa tête qu'un entrechoquement confus de méchancetés à son endroit, qui ne laissèrent de la faire défaillir. L'alcool aidant, il ne sut plus à quel saint se vouer ou plutôt si, il n'en trouva qu'un en ce lieu maudit : Maleus. Se tournant vers l'homme qu'il chérissait plus qu'un père, plus que son père, il le vit rire à gueule bec et ventre déboutonné. C'en était trop pour le jeune enfant. Ce fut la gouttelette d'eau qui fit se renverser le vase de son esprit déjà bien empli de temps de bière.
À ce moment, la dite Lucie déclarait
"J'espérai qu'on aurait largué le mioche en route" ce à quoi la sotte embéguinée de Tralala répondait "Grave ! Pourquoi tu n'es pas resté en Normandie ?"

Le sang n'eut pas même le temps de faire un tour que sur le champ Mathias, qui aurait aimé être à mille lieues de là, prit ses jambes à son cou et détala, dans ses oreilles restait encore tourbillonnant le rire grinçant du borgne. Elles ne voulaient pas de lui ? Grand bien leur en fasse, il allait les exaucer. Les larmes aux joues, le nœud de la gorge serré et les ongles se fichant douloureusement dans les chairs de ses paumes, le gamin départit et de ce village et de cette troupe, en oubliant dans son ire l'existence même de sa mère adorée au dessus de tout, sans penser un instant au dol qu'il lui allait causer par cette fuite.

Où ses pas allongés par son irréfragable colère le mèneraient-ils ? Il ne le savait pas lui même, n'ayant qu'un objectif : prendre de l'itinéraire initial le rebours, ne pouvant d'ailleurs que rebrousser chemin, n'ayant pas appétit à s'en aller sur des routes qu'il ne connaissait guère.

D'ores en avant, il était seul maître de ses destins.


Edit : orthograhe
--Maleus
[Perdu sur un chemin, un borgne en rogne]

Grognement sourd qui résonne.
Le borgne est en rogne, déjà très préoccupé par l'état de sa compagne qui peut accoucher d'un moment à l'autre voila que le p'tiot Mathias s'est esquivé en pleine nuit sans que la petite troupe s'en rende compte.
Nerveusement la pipe est allumée, l'œil unique est rivé sur sa compagne désemparée...ce p'tit con se doute-il de l'inquiétude qu'il provoque chez sa mère?
Foutus gosses..vraiment ingérables sont ces petits êtres..dans un monde trop différent de celui des adultes, leur réflexion n'est pas assez poussée pour voir à quel point leurs couaneries se répercutent sur leur entourage.

Nouveau grognement.

Se calmer..ouais vaut mieux se calmer...quand il aura remis la main sur le gosse, le p'tit Mat' aura droit à une belle taloche à lui en déboucher les oreilles.
Les mots de Lucie et Trella furent durs cette nuit là..le Mal' en a rit d'ailleurs, l'habitude surement, entre une blonde qui n'aime pas plus que ça les gosses et la jeune Trella, fille de l'andalou, qui a du mal à s'habituer à ce que cela implique d'être une "grande sœur".
Foutus gosses qu'il se dit le borgne.. la demi-portion n'est pas encore habituée aux phrases assassines...Il faudrait pourtant.
Le quotidien de la troupe est rythmé par ça..le sang, les rires et les piques.

Toujours la pipe au bec, il déplie sa carte..Mat' n'a pas pu aller bien loin, un gosse n'avance pas rapidement, surtout un petit qui n'a pas l'habitude des routes.
Inconscient du danger qui y règne...il peut aussi bien se faire découper en p'tits dés par des brigands trop bourrés pour freiner leur agressivité.
Bien sûr tout cela il le garde dans sa caboche..Miss est déjà assez inquiète comme ça pour qu'il en rajoute une couche.


"Miss..reste calme, on va le retrouver."

Rester calme, rester calme...comment peut-il oser lui dire cela, une mère devient incontrôlable quand son enfant disparait..et puis lui, n’arrivant qu'à moitié à cacher sa mauvaise humeur est-il vraiment bien placé pour dire ce genre de choses...non.

En pleine réflexion le borgne...La troupe doit continuer son avancée.
Oh oui..une belle taloche qu'il va se prendre le p'tit blondinet...Une taloche qu'on entendra jusqu'en Bretagne.


"Continuez à avancer..j'vais aller le chercher... Miss tu restes avec eux."

Le ton est autoritaire..il ne la laissera pas le suivre.
Vu l'état de la belle, mauvaise idée de lui allonger le voyage même d'un seul jour...ce n'est qu'une question de jours avant la naissance de leur enfant...borde..faut-il toujours que cela se complique?

Regard vers l'horizon, légère bouffée sur sa pipe, le borgne se prépare à tracer..vers où..aucune idée...un p'tit con à trouver..vite.

_____________

Adieu Fab'
Mathias_
[Sur la route...]

Le calme se fait, et sur la route -qui au matin, était silencieusement glacée- et dans sa caboche qui avait eu le temps, durant la courte pause dodo qu'il s'était accordé, de remettre ses idées en place.
Alors le p'tiot, son irrision éteinte, à tout le moins apaisée, commença à se tourmenter sur le où et le comment de son itinéraire. En effet, l'Anjou, à y penser dès or mais, était tout de même très distante, et sa petite personne ne possédait pas la véloce allure du cheval qui l'avait porté jusque là. C'est alors qu'une étincelle éclaira son esprit, Alycianne se trouvait "dans la Touraine" bien plus proche. Dans la précipitation de sa partance, le gamin en avait perdu sa carte. Néant moins, il connaissait un petit sa géographie, les moines normands ayant tant et tant usés des plus vils guises pour la faire entrer dans son crâne, façons que la décence ne nous permet pas de raconter céans.

Les pensées du bambin était d'ailleurs quasi toutes entières à cette petite fille coudoyée en Saumur, et que les "lettres épistolaires" (comme le blondinet) aimait à dire avait permis de contact garder. Régulièrement en effet, et ce même au détriment de quelques discussions en taverne, Mathias s'arrestait tout à coup de palabrer afin que de lui adresser ses missives les plus longues et les plus abondantes d'informations, l'étouffant d'ailleurs de détails du plus grand commun et du moindre bénéfice, aimant à lui conter ses aventures, récits où il allait parfois se paonnant quelque peu, s'y mettant à son avantage quand il pouvait. Penser à elle dans sa fugue était d'autant plus facile que cela lui permettait avec aise de ne pas tourner son esprit vers sa mère.

Car le petiot, une fois dégrisé, avait fini par se rendre compte qu'il l'allait chagriner beaucoup quand icelle s'apercevrait qu'il n'était plus à elle accoté. La remembrance de cet être chéri au dessus de tout qu'était sa Miss de mamounette devint à chaque moment plus dur a souffrir, raison pour laquelle il tentait de s'en extirper.

Affutant sa plume et s'emparant d'un des derniers vélin qu'il avait conservés quand il saillit de Bourganeuftout soudain, il se mit donc à écrire à sa petite Alycianne dont il était tendrement et secrètement entiché.



Alycianne, j'ai parti, j'ai quitté la troupe en chemin.
Je vais aller te voir dans la Touraine, là bas tu es avec ma comme grande sœur, je crois.
Je pense tout le temps de toi.
Mathias.

Envoyant une lettre quasi similaire à sa dite presque sœur Natsuki, il se remit sur ses pattes pour reprendre route. La perspective de revoir Alycianne et Natsuki emplissait son cœur d'une alacrité certaine, frêle îlot de joie dans cet océan de tourments et de peur. Car en effet, le blondinet n'était pas sans redouter les brigands, maintenant desaccaparé de la troupe (la dite troupe qu'il avait, chattemite, fait passer aux yeux des curieux gens pour son escorte personnelle, étant bel et bien allée jusqu'en Normandie uniquement pour lui).
Le péril étant grand, voilà t'y pas que le Mathias se met en quête d'une monture dans l'espoir de pouvoir se démettre de possibles poursuivants patibulaires qui lui courraient sus pour se fourrer ses quelques pécunes dans l'escarcelle.
Se musant de ferme en ferme, la dent mordant sa lèvre car s'imaginant déjà ce que les moines le fouetteraient pour ce larcin, notre galapian ne trouva finalement qu'un âne assez vieil, la robe tirant sur le gris non pas par la naissance, mais par la force des ans.

Une fois monté sur celui qu'il prisait tel un pégase, Mathias eu quelque dégout à ôter ainsi l'animal dont le fermier tirait rente et labeur. Ainsi, il se défit de tous les sols qu'il lui restait en poche, ce qui n'était pas peu pour lui, ni pour le paysan d'ailleurs. Il se félicita d'avoir ainsi fait d'une pierre deux coups : avoir trouvé monture et ne plus rien posséder aux appétits vénaux lors des possibles traverses et embûches qui jalonneront son chemin.

Chemin qui d'ailleurs se faisait grouette, parsemé qu'il était de cailloux trop saillants pour les pauvres pieds de notre petiot. Se confortant la conscience ainsi que les petons, notre bec jaune allait de son chemin, livré à lui même seul, bravant périls et algardes, à cru et sans rênes.
Mathias_
[Châtaignes et framboises, parte ouane]

La route était avalée à petit pas, Mathias n'osant éperonner l'âne qu'il montait, autant de peur de se retrouver cul par dessus tête que de voir la vieille bête grisonnante se disloquer sous ses jambes. Il se trouvait tout de même fière allure, à chevaucher par monts et vaux, accompagné de... sur le dos de...

"Eyh ... mais ! Il faut que je te donne un nom ! Que penses-tu de Pedro ?" Petit braiment de l'animal agrémenté d'un balancement de museau.
"Non tu as raison, c'est nul ... Euh ... Ambidextre ?" Nouveau braiment, qui rime avec mécontentement.
"D'accord d'accord, pas Ambidextre, et puis je suis même pas sûr que c'est un nom ... Miroul ?" Aucune réponse de la monture cette fois.
"Miroul ça te va ?" Toujours rien "Ouaiiiiis ! Farpait ! En plus tu as la même initiale que moi ! Mathias et Miroul, en avant vers l'aventure !"

Si le blondin était en quête d'aventure, c'était surtout pour échapper aux appréhensions et aux remords qui le tenaillaient de plus en plus. Le pigeon qu'il avait envoyé à Natsuki avait réussi à retrouver sa trace, le môme n'ayant guère avancé dans l’entretemps à tout dire. Dans la missive, celle qui était maintenant sa presque grande sœur l'enjoignait d'écrire à Miss ou au borgne afin que de les retrouver prestement, en s'excusant. Mais le béjaune n'était pas jà prêt à se repentir. Natsuki le poussait à tout le moins à se rendre à Concèze, où il pourrait se réfugier chez Dame Aléanor, qui s'occupait de surcroit de la petite Alycianne, option bien plus alléchante. Mais lors, il restait une dernière traverse : trouver ce domaine, que Mathias ne connaissait mie.

L'aventure quant à elle, se présenta bien plus hâtivement que le minot l'eut prévu, au détour du chemin, en la personne d'un maroufle portant morion en tête et écu au bras. Armé d'un simple manche, l'homme fit s'arrester notre galapian et sa monture, au prétexte d'être le garde de l'octroi de la ville de Guéret.


"Et que me veux-tu donc, messer ?"dit la demi-portion.
"Il me faudra au moins tout l'or que tu possèdes pour que je te laisse passer..."
"Mais c'est que je n'ai rien !" En effet, comme le lecteur se remémore peut-être, les derniers sous vaillants du garnement avaient été déboursés comme compensation à 'l'achat' du bourricot sur lequel il était assis.
Dans un ton où l'on sentait monter la gausserie, le vaunéant, l'œil amusé en envisageant sa proie facile ajoute conclut :

"Alors je prendrais tout ce qu'il y a dans ta besace, cela devrait suffire."

Ne se méprenant plus outre sur les desseins du guillaume, Mathias, bien que nu pied, éperonna le baudet et se mit à hucher à oreilles étourdies : "HUUUEE MIROUL, HUUUUUUUUUUUE !!"
Pauvre petit chose ... Sa monture, combien qu'elle fut fort débonnaire et pleine de bénignité, ne put au mieux atteindre un semi-trot bien incapable de distancer le coquin. Ce coquart là agrippait d’ailleurs de façon avisée la jambe du p'tiot qui, montant à cru et sans rênes, ne put résister longtemps. Tombant sur son séant de rude guise et heurtant dans sa chute un rocher qui saillait, ce qui le navra au tibia gauche.
Conservant ses esprits, Mathias plongea sa main sans en avoir l'air dans son sac. Il va saisir au simple touché le caillou blanc que l'Alycianne avant de quitter l'Anjou. Ce petit palet qu'il chérissait tant, le triturant entre ses doigts quand la remembrance de la jeune fille se faisait trop dolente, il le jetta discrètement sur le bas côté du sentier. Bien lui en prit comme on le verra.
Dans une lâcheté infinie, d'un coup de pied, le brigand sépara Mathias de son manche, dernière défense qu'il lui restait et commencer à farfouiller dans la gibecière convoitée. Bien plus téméraire que courageux dans une disposition si désavantageuse, et le cœur bondissant en sa poitrine avec force, le garnement fit son possible pour venir mordre à pleines dents le mollet de son assaillant. Celui-ci, après avoir émis un petit couinement plaintif, lui asséna un méchant coup de son écu sur le front. Ne branlant plus, étalé de tout son .. hum hum ... "long", l'enfantelet resta plongé dans l'inconscience pendant une heure, deux peut-être.


14-02-2010 04:07 : Vous avez été racketté par Elmarco .
14-02-2010 04:07 : Vous vous êtes battu avec Elmarco (coefficient de combat 3), qui essayait de vous détrousser. Hélas, il a triomphé de vous, vous laissant inanimé dans un champ.
Mathias_
[Châtaignes et framboises, parte tou]

En tous les cas, quand il reprit ses esprits, aucune trace de son bissac, le larron ayant préféré le tout conserver. Point de Miroul en vue non plus, ce qui était davantage une affliction. Seul réconfort, il retrouva vite son caillou blanc, véritable totem, malgré le manteau neigeux qui recouvrait la campagne limousine en ce début d'an. S'appuyant cahin-caha son sur son manche, Mathias reprit le chemin de Guéret, qu'il atteignit bientôt malgré sa patte folle et le pâtiment qu'elle lui faisait endurer.

Une fois en taverne, le petit être ne put retenir et son émotion et des flots de chaudes et amères larmes après cet écueil, et s'apercevant de surcroit à quel point il était esseulé. Le dol était bien plus sensible que les meurtrissures physiques, son petit corps en était tout secoué de spasmes et de sanglots. Subissant au surplus le rabaissement de son égo, lui qui se disait toujours qu'il était un grand, et le voici désarmé, mis à vauderoute et pleurant comme un bébé. Il n'avait onques été si triste, plus encore que le jour où il avait du quitter sa mère pour parfaire son éducation chez les moines. Attendri par ce pathétique spectacle, un homme lui acheta son manche contre un conséquent tas d'écus avec lesquels notre piteux héros put se remplir la panse, mais aussi descendre quelques chopines –bah oui, faut boire pour oublier ! Une fois la transaction faite et l'avenant homme parti, le blondin se trouva alors bien en peine de marcher, n'ayant plus rien sur quoi s'appuyer. Considération vite écartée d'un revers de main ... Marcher ? Ah oui ... et pour aller où ? Il eut bien été peiné de choisir un endroit où porter sa frêle carcasse abîmée...

C'est alors qu'au milieu de cet océan de solitude, l'huis de la taverne fut poussé, et qu'entrant dans une robe carmin surplombée d'une cape de même ton, elle apparut. Le cœur du bambin manqua un voire deux battements quand il reconnu la petite silhouette que coiffée une tête encadrée de belles boucles foncées qu'il adorait voir virevolter en tous sens quand sa propriétaire hochait ou opinait du chef.


"Alycianne ! Mais comment ..." L'émotion qu'il ressentit empêcha que d'autres mots ou même sons audibles franchissent la barrière de ses lèvres. La jeune fille ne se retint de lui sauter au cou que quand pris conscience de son état. Puis ce fut effusion, récit ponctué de grand "OOooh" et "Aaaah" de l'auditrice qui semblait littéralement suspendue aux lèvres de Mathias. Mais pendant qu'il parlait elle lui proposa des tartelettes à la framboise dont elle lui avait tant vanté le goût dans ses lettres. Gloutir ces petits biscuit offert par Alycianne était d'un grand réconfort pour lui. Néanmoins une nouvelle qu'elle lui rapportait ne laissa pas de lui glacer le sang, Maleus était à Guéret lui aussi.

"Tu sais que monsieur Mal est ici et qu'il veut te foutre une grosse taloche ?"
"Han la la, si Maleus il est tout colère, alors qu'est-ce que ça doit être pour Maman !"
"Tu devrais écrire à ta mère pour lui faire des excusations je pense. Tu sais ça calme les énervations ..."
"Mais je n'ai même plus de vélin ni de plume !"


La gamine se proposa alors de l'amener à Concèze, pour se faire panser et prendre du repos chez dame Aléanore, ce qu'il accepta avec empressement, bien plus attiré par le fait d'être accoté à son amie que toute autre considération. Gonflant un peu l'intensité de sa blessure à la jambe, il était de plus ooobliiigééé de se tenir à elle afin que de marcher.
En chemin elle lui apprit qu'on était le 14 février. Dans son souvenir, cette date était le jour des amoureux, et il se rappelait qu'à cette occasion on se devait d'offrir des roses aux dames... Il se mit alors en quête de celle ci, mais ses yeux smaragdins pourtant vifs et perçante ne trouvèrent qu'une petite gerbe de coquelicot. S'en saisissant et venant un bailler un à la petite, s'expliquant en ces termes :


"Je sais pas si t'es amoureuse et je sais que c'est pas une rose, mais bonne saint Valentin quand même" Ce à quoi, après avoir encore lâché un de ces "OOOOooh" dont elle avait le secret, elle répondit :
"Je sais pas ce que c'est d'être amoureuse de toutes façons. Et pis c'est très joli les coqs de licots." C'est alors que mirant au dessus de l'épaule de la damoiselle, notre pourceau reçu une dernière nouvelle qui finit de l'apaiser. V'là t'y pas que dans l'autre champs attenant au chemin, le Miroul était en train de chercher, qui cy, qui là, une touffe d'herbe aillant réussit à faire son chemin jusquà l'air frais, transperçant le manteau neigeux !

"Mais c'est Miroul, mon fidèle destrier, je suis si heureux de le revoir !" s'écria Mathias.
"Mais .... tu trouves pas que pour un cheval il a de grandes oreilles ?"
"Bah peut-être son grand père était un lapin !" répondit-il du tac au tac.
"Ah oui ... tu imagines à quoi ressemblait son père alors ?" Saillie à laquelle les deux enfants s'esbouffèrent à rire en tentant de s'imaginer un lapin avec une tête de cheval et des sabots.

"Il est super fort mon Miroul, quand je l'ai trouv... euh acheté, il portait une énoooooorme botte de paille sur le dos." ajouta-t'il en ouvrant les bras à s'en écarteler à mesure qu'il parlait de l'énormité de la chose."Même que quand je l'ai détaché, j'ai failli mourir écrasé !"
"Eh bé ... Mais dis moi, un cheval qui porte du foin ?"
"Voui voui, tu vas voir, il peut même nous porter tous les deux."
Ce disant, il commencèrent à grimper sur le dos du bourricot. "Mais bon il a pas d'ami ni d'amoureuse, le pauvre ..."
"Le pauvre ? Ya que ceux qui ont une amoureuse et des amis qui sont riches ?"
"Nan nan c'est juste pour dire qu'il doit être malheureux..."
"On pourrait lui faire écrire une lettre à la bourrique de Natsuki, peut-être ils s'entendront ?"
"C'est quoi une bourrique ?"
"Un âne"
"Oui mais lui c'est un cheval, ça ira tu penses ?"
"Oui ils sont cousins !"


Rasséréné, Mathias se rangeant toujours du côté d'Aly comme si ça parole fut d'or, et à dire ma ratelée, étant peu clairvoyant dans ce penchant, il éperonna leur monture et se mirent en route vers Concèze. Le cœur en bandoulière, contenté d'avoir enfin une présence amie à ses côtés et de bientôt rejoindre pénates accueillantes, notre marmot avait enfin repris la gaïté et la joie de vivre qui sied à son âge.
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