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[RP]Nous cherchons tous quelque chose... ou quelqu'un...

Aelith
Si la réaction d'Aldaric aux propos de la nouvelle venue ne manqua pas d'étonner Aelith, ce furent surtout les paroles de cette dernière qui laissèrent un instant la jolie rousse muette. Elle dévisagea la voleuse qui ne volait pas, s'arrêtant longuement sur ses yeux brillants. Puis, d'un geste presque las, elle indiqua un siège, l'invitant à prendre place avec eux, tout comme Aldaric l'avait fait. Il semblait s'être replongé dans ses sombres pensées comme on plonge à jamais dans un noir océan. Pianotant des doigts sur la table, Aelith reporta son attention sur la jeune femme, laissant l'Eälven à ses réflexions. Il en avait besoin...

Bien, articula-t-elle d'une voix qui, si elle n'était en aucun cas sèche, n'en était pas moins ferme. Vous parlez comme quelqu'un qui a de l'éducation. Et ce n'est pas dans les tavernes que l'on apprend à utiliser le verbe... Alors d'où venez-vous?

Regard inquisiteur. Aelith n'avait jamais beaucoup apprécié que l'on trouble sa tranquillité, et lorsque d'aventure quelqu'un s'y osait, il était évident que c'était pour une bonne raison. Comme attirer l'attention... N'était-ce pas exactement ce que la jeune femme venait de faire? N'en avait-elle pas eu précisément assez d'être cette "miette"?

Oh, et veuillez laisser ma canne en paix, je vous prie. Je risque d'en avoir besoin quelques temps encore.

Pure provocation, évidemment... Mais il ne fallait guère s'attendre à autre chose de la part d'Aelith.
Aldaric
Aucune notion de l’heure, Aldaric reste perdu dans ses pensées. A présent, il ne suit plus la conversation qui s’installe entre les deux femmes qui l’accompagnent. Bien entendu, il les regarde tour à tour, pour mieux les découvrir, les comprendre. Aldaric est un éternel observateur… Mais que faisait-il vraiment ici ? Pourquoi s’acharnait-il sur une quête perdue d’avance ? Il ne savait même pas où et comment continuer ses recherches. Il était perdu.

Mais, alors qu’il sirotait son troisième verre de vin, un pigeon entra dans l’auberge par la fenêtre et vint se voleter devant le nez de l’Eälven perturbé. Il ne mit pas plus de quelques secondes pour retirer la lettre de la patte de l’animal qui se posta plus haut sur une poutre, se doutant d’une réponse à ramener au destinataire. Froncement de sourcil alors qu’Aldaric ouvre délicatement la lettre. Choc. Cette écriture, il la reconnaîtrait entre mille. Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ?! Lui l’adepte de l’écriture. Un maigre sourire s’affiche alors sur son visage alors qu’il lit la missive :



Aldaric,

Je ne sais par où commencer tellement il y a de choses à dire… Trop même. J’ai attendu trop longtemps avant de prendre cette initiative alors que mon cœur se ronge de jours en jours. Mais je me lance enfin, prenant mon courage à deux mains en espérant que cette lettre te trouvera.
Je commencerai peut-être par te dire que je suis désolée. Je sais à quel point je t’ai fait du mal et que j’ai fait de nombreuses erreurs, et je m’en excuse de tout cœur. Voilà deux années que nous sommes séparés suite à la perte d’Azurine et je ne m’en remettrais probablement jamais. Mais voilà, Alda, tu me manques terriblement. Il n’y a pas un seul jour où tu ne hantes mes pensées, où je me demande ce que tu fais et où tu te trouves, pas un seul jour sans que mes pensées les plus tendres soient tournées vers toi…
Voilà. Je sais que j’ai commis l’irréparable avec ta sœur et toi, mais par pitié pardonne-moi et surtout reviens-moi. J’ai attendu trop de temps avant d’envoyer ce courrier et comprendrait que tu ne souhaites plus me revoir. Mais s’il te plait, dis-moi simplement si tu vas bien. Moi, je suis en Bourgogne, à Sémur, et ce pour quelques temps encore…

J’espère te revoir très vite mon fils,
Avec tout mon amour,
Ta mère, Rodrielle


Le cœur du brun se serra alors comme dans un étau alors qu’il relisait pour la troisième fois la lettre de sa mère.


Je… Je crois que vous aviez raison Aelith… Elle… Elle…

Gorge qui se noue à ne plus pouvoir parler et les yeux noirs d’Aldaric se levèrent vers son interlocutrice alors qu’il lui montrait la lettre de sa mère. L’espoir renaissait… Et sans attendre, il attrapa un parchemin et une plume de sa besace et écrivit une réponse pendant que son interlocutrice lisait celle de sa mère :



Cette lettre m’a fait tomber des nues. A vrai dire je ne m’attendais pas que tout se passerait ainsi… Mais sache en tout cas que ta lettre me rend heureux ! Voilà quelques mois que je suis à ta recherche et enfin elle aboutit ! J’ai entendu dire que tu étais parti pour le Poitou où je me suis rendu et où j’ai appris que tu étais remonté en Bourgogne, où je suis… Actuellement je me trouve à Dijon. Donc ne bouge pas, j’arrive le plus vite possible !
Tu me manques aussi … Horriblement. Et saches que je n’ai jamais cessé de t’aimer ! Même après avoir appris une nouvelle pour le moins renversante. Tu ne changeras donc jamais ?! Ne t’inquiètes pas m’man, je rigole.

A très vite,
Alda


Envolée de pigeon et Aldaric fut près à écouter la conversation des deux jeunes femmes, tout sourire.
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Aelith
Ses doigts suivaient les veines du bois de la table avec application. C'était un mauvais tic, une sombre manie qu'elle avait: il lui fallait se concentrer sur quelques chose de manuel, toujours, lorsqu'on lui parlait. Et plus ses doigts redessinaient les variations du bois, plus elle ressentait le besoin impérieux d'empoigner les rênes de Tacite pour s'évader un peu plus loin.

C'est l'arrivée inattendue du pigeon qui stoppa Aelith dans son art complexe. Devant les mains d'Aldaric qui se tendaient vers le volatile portant missive, elle eut un pincement au cœur. Elle avait pris coutume de croire au proverbe disant "Pas de nouvelles, bonne nouvelles" tout au long des années qu'elle avait passé à Paris et durant lesquelles sont père était resté désespérément silencieux, tellement même qu'il n'avait jamais saisi la moindre plume pour écrire à sa fille. Mais bien vite, le doute laissa place à un fin sourire devant le visage chargé d'émotion du brun: l'espoir renaîtrait-il?

Attrapant la lettre du bout des doigts, elle commença une lecture attentive des mots de Rodrielle. La mère semblait être en quête du pardon de son fils, que celui-ci aurait sans doute tout fait pour accorder. L'empressement qu'il avait à lui répondre témoignait de cet état de fait. Minutieuse comme elle était, Aelith ne put cependant s'empêcher de relever ces mots: "la perte d'Azurine"... Ainsi, ces deux êtres aussi avaient connus les douleurs de la mort d'un être cher? La jeune femme se rendit soudainement compte qu'elle lisait la lettre d'une mère adressée à son fils, mère qu'il n'avait cessé de chercher et fils qu'elle connaissait si peu... Le rouge lui monta aux joues alors qu'elle rendait le vélin à Aldaric, légèrement gênée.


J'ai toujours raison, Aldaric! Si vous saviez comme cela est fatiguant parfois...

L'humour était on ne peut plus perceptible dans les propos de la jeune femme que ses yeux rieurs accompagnaient si bien.

J'espère que vos retrouvailles seront à la hauteur de celles que vous avez sans doute maintes fois rêvées. Quant à moi...

Se penchant légèrement, elle attrapa sa canne et après avoir trempé une dernière fois ses lèvres rouges dans le verre de vin, elle salua d'une brève courbette le jeune homme et la jeune femme qui les avait rejoints.

Quant à moi, je pars tôt demain, et il me reste quelques derniers détails à régler, et une nuit complète de sommeil à passer. Je vais donc m'éclipser, jusqu'à la prochaine fois. Ce fut... un réel plaisir de vous rencontrer, finit-elle, adressant un sourire à ses deux compagnons d'un soir, et laissant ses yeux se poser une dernière fois dans ceux d'Aldaric.

Que le Très-Haut vous ait en Sa sainte garde, souffla-t-elle avant de tourner les talons. A quelques maisons de là, Stephan devait sans doute l'attendre, et ne manquerait pas de la maudire sur une bonne dizaine de générations lorsqu'il apprendrait qu'elle avait passé la soirée en taverne. Être le cousin d'une jeune femme capricieuse et un brin moqueuse n'est jamais facile... sauf lorsque l'on est soi-même du même acabit, et le jeune homme avait un don pour les sarcasmes. Il ne manquerait d'ailleurs pas de taquiner longuement Aelith sur ses compagnons de soirée...
Aldaric
Vole vole petit oiseau, part loin et ... "Je vais donc m'éclipser, jusqu'à la prochaine fois". Yeux noirs qui lâchent le pigeon pour se tourner brusquement vers la jeune femme qui l'avait accompagné pendant quelques instants. Hein ? Quoi ? Voilà que la lueur de bonheur s'estompe alors que l'incompréhension prend sa place. Aldaric a l'impression de perdre le fil du temps et de perdre le contrôle sur le présent.

Heu... mais...

Le voilà sans voix l'Eälven, alors que la belle s'envole déjà, ne le laissant répondre à ses paroles. Mince ! C'est qu'il ne s'attendait vraiment pas à cela du tout... Et, malgré lui, le départ d'Aelith l'attriste même s'il sait qu'il ne la connaît à peine.

*Alors pourquoi cette lourde sensation dans ton coeur mon vieux ? Qu'est-ce que t'attends ?*

Il réfléchit alors à vive allure, remarque que l'autre jeune femme ne bronche pas, et dans un élan de folie nouveau, le voilà qu'il se lève et part de la taverne en laissant quelques écus sur la table. Rapide mais pas voleur. La retrouver fut rapide ; même s'il a l'impression que son départ semblait lointain, la belle rousse se trouvait au bout de la rue...


Attendez !!!

Que te prend-t-il, Aldaric ? Que fais-tu ?
Le jeune homme lève la main dans un signe pour son ancienne camarade de tablée et court le plus rapidement possible à sa rencontre. Essoufflé, il se poste devant elle et reprend sa respiration difficilement. Que faisait-il maintenant ? Regard qui se perd dans les azurs, le jeune fou ne sait plus quoi dire. Imbécile...


Heum... Vous... Je... Souhaitez-vous que je vous accompagne ? Les rues ne sont pas sûre pour une aussi charmante dame comme vous, et je m'en voudrais de vous savoir en danger.

Regard interrogateur à la demoiselle alors qu'intérieurement Aldaric s'en veut déjà de cet élan de stupidité. Non, elle n'allait pas vouloir... Il n'était qu'un pauvre inconnu pour cette jeune femme, ce n'était pas comme s'ils se connaissaient depuis des lustres !
Aldaric se frotta alors la nuque, gêné, en attendant la réponse d'Aelith. Tant pis, il était prêt à se prendre la claque de sa jeune vie...

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Aelith
La jeune femme avait resserré sa capeline autour de ses épaules, luttant difficilement contre le froid. Sa canne frappait régulièrement les pavés, cadençant le rythme de ses pas. Elle avait une petite mélodie dans la tête, une vieille chanson de pirate qu'elle s'amusait à chanter avec son cousin lorsqu'elle était enfant. Pourquoi lui était-elle venue? Encore une de ces questions qui resterait sans réponse: un bruit derrière elle la détourna subitement de ses pensées. Par réflexe, elle se pencha légèrement, sa main se glissant jusqu'à ses bottes où résidait toujours une courte dague offerte par son cousin. Mais elle stoppa son geste bien avant d'atteindre son mollet... Elle avait reconnu cette voix qu'elle avait pourtant si peu entendue. Cette voix qu'elle avait cru ne plus jamais entendre... Un sourire aux lèvres, elle se retourna au moment même où, essoufflé, le grand brun s'arrêtait devant elle.

Aldaric! Vous m'avez fait peur...

Les quelques mots qu'il laissa échapper suffirent cependant à la rassurer définitivement. Non pas parce qu'un homme se proposait de veiller sur elle quelques instants encore, mais parce que cet homme avait l'intention de la raccompagner jusqu'à l'auberge proche. Prenant son bras et commençant à marcher, elle répondit sans la moindre hésitation:

Merci, ce serait un plaisir. L'auberge où je suis descendue n'est pas loin, mais nous aurons quelques instants pour discuter plus calmement.

A vrai dire, la jeune femme ne savait guère quoi dire au jeune homme, et sa proximité immédiate n'arrangeait pas les choses. Elle entendait presque la voix de Stephen battre à ses oreilles: "Eh bien, cousine, je t'ai connue moins timide!" Grrr... Elle aurait pu lui décocher un savant coup de pied dans le tibia si elle l'avait eu devant lui.

Vous devez avoir hâte de la retrouver, votre mère. Hâte de la serrer dans vos bras... J'aurais aimé voir vos retrouvailles.

Aelith laissa échapper un petit rire, jetant un œil à Aldaric pour qui cet aveu devait sembler étrange.

Excusez-moi, je suis très curieuse de nature, peut-être même trop! Mais ma mère n'a pas prononcé un mot depuis la mort de mon père, elle n'a pas sourit non plus, alors j'aurais aimé voir une mère et son fils heureux de se retrouver. Hum, je vais vous faire regretter de m'avoir proposé de ma raccompagner avec mon histoire larmoyante..!
Missedith
Une femme vêtue d'un long manteau et dont une large capuche masquait en partie le visage, était assise au bout de la table d'hôtes. En voyant entrer Adalric, elle avait tressailli et depuis elle ne cessait de l'observer avec attention.
Malgré son abattement, Adalric finit par s'en apercevoir, il en fut agacé et fixa à son tour ostensiblement l'importune. La femme eut alors un geste d'excuse et se rapprocha de lui en se laissant glisser sur le banc. Elle prit la parole d'une voix à la fois douce et rauque :
_ Pardonnez-moi jeune étranger, mais votre visage m'en évoque un autre que j'ai autrefois tendrement chéri ...
Aldaric
La réponse était positive. Alors Aelith n’allait pas l’envoyer paitre ? Apparemment non… Aldaric offrit donc à son interlocutrice un charmant sourire et lui présenta son bras que la demoiselle n’hésita pas une seconde à prendre. Sensation étrange de fierté lorsqu’elle marcha à ses côtés, à pas lents, comme si cette escorte lui redonnait la valeur qu’il avait perdu en partant de Joinville. Avec elle Aldaric se sentait homme et non plus adolescent errant, et c’était peut être ce qu’il aimait en sa compagnie et la raison de ses rapides pulsions cardiaques.

N’ayez crainte, je ne regretterai de vous avoir raccompagné pour rien au monde… Quelque soit l’histoire que vous me racontez…

Il l’écouta alors parler, buvant ses paroles pour mieux les assimiler, et sourit timidement. Son regard se perdit alors devant lui alors qu’il essayer d’imaginer les retrouvailles.

Je ne sais pas comment ces retrouvailles se passeront… Je suis vraiment très pressé de la revoir, mais je n’oublie pas néanmoins ce que vous m’avez dit auparavant sur le groupe qu’elle a intégré… Et puis voilà deux années que nous ne nous sommes pas vu. Nous avons changés tous deux et j’ai une certaine crainte à son égard… Va-t-elle me reconnaître ? Vais-je lui plaire ?

Les onyx se tournèrent à nouveau sur la belle. Sur le coup, Aldaric était pris de panique… Il n’avait pas pensé à ces détails auparavant. Comment allaient se passer ces retrouvailles ? Comment allait-être cette mère devenue mercenaire ? Allait-il être à la hauteur de ses exigences ou pas ? L’idée qu’Aelith l’accompagne pour ces retrouvailles n’étaient peut être pas une si mauvaise idée…
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Aelith
Aelith sourit à sa remarque. Il était d'une compagnie on ne peut plus agréable, et ses grands yeux bruns ne gâchaient rien. Soudainement, elle se rendit compte qu'à aucun moment elle ne lui avait demandé son âge (sans doute parce que cela ne se faisait pas, d'ailleurs), et que jamais il ne l'avait laissé deviner. S'il avait encore sa mère, il ne devait pas être très vieux, ce que son physique confirmait tout à fait. En même temps, il ne paraissait pas trop jeune non plus: il semblait assuré en cet instant, alors qu'il marchait à ses côtés. Il devait sans doute avoisiner la vingtaine d'années, tout comme elle.

Oh, ne vous fiez pas à ce que je vous ai raconté! Ce sont simplement des choses que j'ai lues, et je suis loin d'en savoir assez pour prendre parti.

Elle voulut lui adresser un sourire, mais ses yeux azurs rencontrèrent ceux affolés d'Aldaric. Ses pupilles s'étaient dilatés, sa bouche s'était crispée, son bras même s'était raidi: elle le sentait sous sa main qui ne le lâchait pas. C'était une peur panique qui venait de naître de lui; une peur qui ne durerait sans doute pas longtemps, mais qui était bien là en cet instant. Stoppant son pas, mais sans lâcher son bras, Aelith se plaça en face de lui, essayant de la rassurer comme elle pouvait...

Hé, doucement! C'est votre mère, elle ne vous a pas vu depuis des années! Elle ne pourra être qu'heureuse de vous voir, surtout au vu de la lettre qu'elle vous a écrite. Et une mère reconnaît toujours son enfant, même après autant de temps... Tout va très bien se passer. Vous partez à sa rencontre demain?
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Aldaric
Sa main serra celle d’Aelith aussi fort que son inquiétude l’avait assailli. Mais il écouta la belle et tentait de capter chaque mot. Oui… Elle le reconnaîtrait certainement, après tous les évènements qu’ils vécurent ensemble ne pouvaient que les avoir soudé.
Pendant de longues secondes, Aldaric resta silencieux et réfléchissait à la situation. Quand allait-il la voir ? Il n’y avait pas pensé, en fait…


Heu… Oui, je suppose. Le plus tôt sera le mieux ! Et puis si vous partez je n’aurai pas de raison pour rester ici.

Finalement, Aldaric retrouva son sourire. Quoiqu’on en dise, le jeune homme appréciait la présence de la belle jeune femme qui le rassurait si facilement. Après avoir passé un instant plongé dans les azurs d’Aelith, Aldaric lui fit un clin d’œil et reprit la marche. Quelque peu gêné par la discussion précédente, l’Eälven reparti sur la précédente, sur un ton un peu moins tendu.

Mais les livres ne racontent pas toujours que des fantaisies… Je suis sur que je peux me fier à vous quelque soit ce que vous disiez…

Petite pause avant de reprendre, sur un ton anodin évidemment

Alors comme cela vous allez prendre la route aussi bientôt ?
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Aelith
Ses réactions étaient parfois légèrement... imprévisibles. Après un léger moment de panique, il avait repris sur un ton léger des plus badins, un brin charmeur. Pour le coup, l'inébranlable Aelith au visage marmoréen était quelque peu troublée. D'habitude, rien ne la décontenançait. Elle avait été habituée à affronter la tempête tel un roc solidement ancré au sol. Et là, il se trouvait qu'Aldaric la trimballait d'une émotion à l'autre avec une facilité déconcertante. Elle fronça un instant les sourcils, puis reporta son attention sur ce qu'il disait, amusée par le clin d'œil complice qu'il venait de lui adresser.

En effet, je pars demain. La route est longue jusqu'au Mont Saint-Michel... Avez-vous déjà vu l'océan, Aldaric? Avez-vous déjà senti les effluves salées des eaux vous caresser la peau?

Un sourire mutin s'étalait sur ses lèvres. L'espace d'un instant, Aelith redevint cette petite fille qu'elle avait été autrefois, cette petite fille qui avait vu l'océan pour la première fois. Sous ses yeux, ce n'étaient plus les froides ruelles d'une nuit trop sombre qui se dessinaient, mais les impressionnants rouleaux, les vagues immenses à l'écume blanchâtre qui se fracassaient contre les rochers des côtes normandes. Au firmament, au gré des vents, les goélands se disputaient les courants d'air pour voler toujours plus vite, toujours plus haut, pour se brûler les ailes sous le pâle soleil de l'ouest. Il n'y avait rien qui fut vain, rien qui fut vide: tout semblait avoir de la consistance, de l'importance. Les trois endroits que son âme tenait chaudement emprisonné au creux de son cœur étaient ainsi Paris la Grandiose, et la majesté de ses hôtels particuliers, puis la Bourgogne et ses immenses vignes, et enfin l'océan. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse...* Un soupir eut raison de son imagination, et elle revint à l'instant présent.

C'était il y a bien longtemps, désormais...

*La coupe et les lèvres, Alfred de Musset
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Aldaric
Aldaric avait remarqué le froncement de sourcils de la demoiselle et eut peur qu’il la froisse. Vrai qu’il avait changé de ton aussi facilement qu’il changeait de chemise, mais avec le temps, il avait apprit à cacher ses émotions pour en créer de nouvelle. Simplement pour ne pas se montrer faible face aux gens, pour garder son assurance et la confiance des uns, ou la sympathie des autres… Mais pour une fois, les impressions d’Aelith le tourmentaient… Il n’avait pas pour habitude d’être ‘faux’ avec les femmes, et encore moins avec celles aussi agréables qu’Aelith.

Mais elle le rassura tout aussi vite avec le retour de son sourire, et sa réponse. L’océan… Il l’écouta faire sa brève description et sourit tendrement, s’imaginant se baigner dans ce vaste monde aquatique…


Non, jamais. En fait je me suis installé à Saintes, en Poitou, il y a peu… Lorsque j’ai appris que ma mère vivait à La Rochelle en fait… Mais je n’ai pas pris une journée pour profiter de ce spectacle malheureusement.

Aldaric se sentait bête après cet aveu. S’être installé quelque part parce que sa mère ne vivait pas loin était très puéril, enfin cela lui semblait l’être, et il haussa les épaules en y pensant. Puis il retourna son intérêt vers Aelith qui partait demain… Soit, alors il partirait demain aussi, il n’avait plus rien à faire à Dijon à présent.

Vous semblez aimer l’Océan, pourquoi ne pas y vivre ? Ou y revivre si j'ai bien compris...

Il la regarda alors et repéra un auberge au bout de la rue qu'ils venaient d'emprunter. Surement était-ce celle où s'était installée la jeune demoiselle et sa famille... Machinalement alors Aldaric ralentit le pas et détourna son attention de l'endroit.
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Aelith
L'auberge n'était plus très loin. Quelques pas encore, et ils y seraient: déjà, les deux marcheurs nocturnes pouvaient entendre l'enseigne grincer sous les brefs assauts du vent. La capeline de Aelith elle-même claquait régulièrement, rappelant à la jeune femme qu'elle allait sans doute attraper la mort à se promener dans les rues en plein hiver à la nuit tombée. Mais pour une fois, Aelith n'avait pas froid: avoir une discussion sensée avec un jeune homme qui semblait cultivé réchauffait parfois l'âme bien plus qu'un feu de cheminée pouvait réchauffer le corps.

Y vivre? Un fugace sourire passa sur ses lèvres. Non, non elle n'y vivrait sans doute jamais... Vous savez, il y a un proverbe qui dit "Il faut se quitter souvent pour s'aimer toujours". Si je vivais là-bas, qui sait? Je finirai peut-être par ne plus goûter l'océan avec la même passion que maintenant.

Elle avait senti qu'Aldaric ralentissait sa marche. Sans doute était-il désolé de la quitter si rapidement. Elle aussi aurait souhaité continuer à discuter quelques temps encore, mais la nuit était déjà bien avancée et la fatigue commençait à se faire sentir chez Aelith qui réprima difficilement un bâillement. Et alors qu'ils continuaient d'avancer, elle remarqua soudainement que la porte de l'auberge s'ouvrait pour laisser place à... Stephan, évidemment! Il ne manquerait pas de lui adresser quelques remarques acerbes, sans aucun doute. Qu'elle ne manquerait pas de lui retourner, d'ailleurs!

Vous voyez ce jeune homme, là-bas? Celui qui trépigne d'impatience et semble dans une sainte colère? C'est mon cousin, Stephan. Surtout, ne prenez pas tout ce qu'il dit au premier degré...
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Aldaric
« Il faut se quitter souvent pour s’aimer toujours »… Oui, peut être. Mais Aldaric est du genre à avoir besoin des gens, à se trouver près d’eux tout le temps ou, au pire, le plus souvent possible. Et suite aux évènements de son passé, difficile est pour lui d’imaginer être à nouveau loin des gens… Mais il l’assume et ne se plaindra pas, jamais. Trop fier, trop ‘fort’. Soupire inaudible à cette pensée, il préfère rester au présent pour l’instant, avec elle… Bel ange roux qui éclaircit sa nuit pour un temps trop court.

Surement avez-vous raison… Et puis c’est tellement agréable de désirer quelque chose… L’acquérir ensuite fait perdre toute sa valeur à la chose.

Sourire tendre, posé, et Aldaric repose à nouveau son regard sur l’auberge en face d’eux. L’homme devant, il l’a déjà repéré… Et les explications d’Aelith expliquent son état d’empressement. Dans d’autres circonstances (et accompagné différemment peut être), l’Eälven aurait rit de cet homme, prenant à la moquerie cette impatience inutile alors qu’à leurs âges le temps est encore devant eux. Pourquoi être pressé alors que l’on ne sait pas ce que la vie nous réserve ?

D’accord, je vais suivre vos conseils alors ! Mais je suis sur qu’il est tout aussi charmant que vous. Et puis, je ne suis pas belliqueux pour un denier.

Trop vite, cette auberge s’approche trop vite. Il sent déjà le regard du dit Stephan sur eux… Sur lui. Et Aldaric imagine déjà les pensées du jeune homme ; « Qui sait, celui là ? Pourquoi te raccompagne-t-il alors que tu ne le connais pas ? » Et toute autre réprimande qui ne sont finalement que des signes de protection. Il les connait d’ailleurs, l’Eälven, avec sa sœur toujours fourrée dans les bras des garçons… Petit rictus à cette pensée et le jeune brun finit par se détendre.

J’espère seulement qu’il ne mord pas…

Quelques pas encore et les voilà arrivés face à l’auberge et au cousin impatient. Dos bien droit, sourire fin qui ne se voulait ni importun ni irrespectueux et regard posé sur le nouveau vis-à-vis. Pour l’instant, il préférait rester silencieux et laisser la jeune femme s’occuper des civilités surement mieux que lui.
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--Stephan


Trépigner d'impatience? Le mot était faible! Le d'habitude si joyeux, si moqueur, si charmeur et si piquant cousin était dans une rage folle. Ce qui le rendait d'autant plus joyeux, moqueur, charmeur et piquant, d'ailleurs. Ses longs cheveux bruns tombant nonchalamment sur ses épaules, il récitait des chapelets d'injures à l'intention de la jolie rousse qui s'avançait au-devant de lui. Et accompagnée, en plus! "Dire que j'aurais pu passer la soirée en charmante compagnie aussi, si elle ne m'avait pas relégué au bouclage des bagages! Hmmm, elle va me le payer..."

Aelith! Toi, ici! Je ne m'y attendais vraiment pas! Ou plutôt, je ne m'y attendais vraiment plus... Tiens, tu as réussi à te faire un ami? Tu as du oublier de lui préciser que tu étais méchante, vile, insupportable, énervante, agaçante, frustrante, de mauvaise foi, infâme et aussi charmante qu'une louve assoiffée de sang!

Gratifiant d'un sourire enjôleur sa cousine ci-dessus parfaitement décrite, le jeune homme salua Aldaric d'un simple mouvement de la tête, ne manquant pas de se présenter.

Sire, mon nom est Stephan, et je suis le cousin d'Aelith, et accessoirement son valet de chambre, sa nourrice, son chevalier protecteur, et aussi son souffre-douleur, mais que cela reste entre nous!

Gnark. Voilà, ça c'était fait. Et maintenant... Et maintenant la jolie rousse n'allait pas tarder à riposter, et cela ferait sûrement mal, très mal. Soudainement, Stephan espéra que le jeune homme qui accompagnait sa cousine avait un brin de second degré, sinon, il ne manquerait pas de s'énerver, ou de monter sur ses grands cheveux, ou quelque chose du genre, et la petite plaisanterie se transformerait vite en mauvaise tragédie. Mais il connaissait bien Aelith: jamais elle n'aurait songé à fréquenter quelqu'un qui n'était pas au moins aussi sarcastique qu'elle!
Aldaric
Ah oui, effectivement, l'était spécial le Stephan. Mais rien d'intimidant ou quoique soit d'autre... C'était un homme qui prenait simplement soin de sa cousine. Et cette montée en pression signifiait tout simplement une trop grande inquiétude suivie d'un profond soulagement. Aldaric sourit alors mesquinement, écoutant avec plaisir le cousin bavard, puis finit par se présenter.

N'ayez crainte, j'ai vécu avec deux femmes identiques chez moi... Il en faudra beaucoup pour que Dame Aelith m'effraie.

Clin d'oeil discret à la jeune femme dont il tenait toujours la main serrée à son bras. Non demoiselle, vous ne partirez pas encore tout de suite...

Je me nomme Aldaric d'Eälven, enchanté Stephan !

Inclinaison de la tête avant de se taire. Peut être Stephan attendait des explications de sa belle cousine, et dans ce cas, Aldaric n'avait rien à dire.
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