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[RP] Des préparations en catastrophe

Sorianne
So avait passé une bonne partie de la journée sur le marché. Une fête approchait, et elle ne voulait pas manquer le cadeau à offrir. Puis elle allait bien se trouver un petit quelque chose pour son anniversaire le même jour que cette fête des amoureux!

Bah elle était rentrée bredouille. Pas de chance. En même temps si elle avait de la chance ça se saurait! Posant besace au sol, retirant le col de laine bien chaude qu'elle portait, la brunette aperçut un vélin sur une des commodes. Ah! Elle aimait bien quand ils se laissaient des petits mots posés comme ça. Au moins ils savaient ce qu'ils faisaient, ou se disaient des choses gentilles même quand ils ne se voyaient pas!




Ma mie de pain,

Nous sommes conviés chez mon cousin Lanfeust de Troy à une soirée en son domaine. Il s'agirait d'un rassemblement de ses vassaux, et de quelques membres de la famille. J'ai pris rendez vous pour toi chez le tailleur de Bayeux : une robe de velours bleu foncé ainsi qu'une capeline doublée de fourrure t'y attendent pour essayage. Je sais que tu feras bonne figure pour cette fête, et que contrairement aux autres dames, tu seras la plus charmante !

Nous y irons avec un fiacre de la famille prêté à cette occasion. Il faut que nous soyons prêts pour 16 heures car le voyage sera un peu long. Nous passerons quelques jours sur place.

Je file faire quelques courses.
A plus tard chez le tailleur !

Ton Colounet


Gloups, la dernière fois qu'elle était entourée de bonnes gens elle avait fait royalement honte à Col! Il n'avait pas peur... Il lui faisait confiance en tous cas, ça la toucha. Euh...


Il faut que nous soyons prêts pour 16 heures
... La petite brune se faufila jusqu'à la fenêtre afin de voir l'heure au clocher...

Aaaaaaaaah!

Il allait falloir courir si elle voulait que tout soit prés à l'heure! Attrapant le col qu'elle venait de poser, sa besace au passage, elle referma la porte derrière elle et fila en quatrième vitesse chez le tailleur! Et pourquoi il ne lui avait pas dit avant!? Pourquoi ne lui disait-il rien "avant"!

C'est tout essoufflée qu'elle arriva chez ce fameux tailleur, le temps pressait, il allait falloir faire vite. Han et si retouches à faire?! Avec une petite moue, elle regarda le ciel. Of puis ils pouvaient arriver en retard, ils se feraient désirer comme ça. Mais elle repensa à quelque chose... Et si la sorcière et son amie étaient là... Faudra qu'elle le demande à Col ça...

Soufflant un bon coup afin de ne pas montrer de trop qu'elle avait couru, So passa la porte dans un tintement délicat, une atmosphère feutrée l'accueillit et elle osa à peine continuer à respirer de peur de faire trop de bruit dans ce cocon. Il avait l'air de vendre de riches choses... Elle n'était jamais venue là auparavant...


Il y a quelqu'un?

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Colhomban
Tout se déroulait comme prévu : le petit mot avait été laissé sur la commode tandis que la robe de sa compagne était prête chez le tailleur, des vêtements de valeurs taillés dans de fines étoffes comme le brun l’avait souhaité. Il était passé le matin même à la petite boutique de la ville, celle dont la réputation n’était plus à faire à vrai dire, et il avait eu plaisir à plonger ses mains dans les soieries des lieux. Il n’était plus vraiment habitué à nager dans le faste aussi cette piqure de rappel lui fit le plus grand bien. Guilleret il était sorti de là avec un immense sourire, ses pieds entamant quelques pas de danse avant qu’il ne s’en rende compte. Ce fût le rire d’une tripotée de demoiselles qui le sortit de sa rêverie, et penaud il avait continué sa route.

En avançant dans les rues bille en tête Colhomban ne cessait de se demander si sa mie de pain mordrait à l’hameçon. Certes la fête chez son cousin existait bel et bien, mais il fallait être un brin distrait pour ne pas percuter que l’heure de départ était louche : l’hiver la nuit tombait tôt aussi lorsqu’on avait plusieurs lieues à faire on partait généralement de bon matin. 16 heures avait été une heure impromptues à soumettre à sa compagne, aussi il espérait qu’elle ne se poserait pas trop de questions. Cela lui permettait de la prendre de court et de peaufiner ainsi sa surprise pendant qu’elle s’affairait aux derniers préparatifs. A cette pensée le jeune homme éclata de rire seul, et se frotta les mains de contentement. Sorianne était une curieuse née, aussi il fallait user de tous les stratagèmes pour que son esprit occupé ne cherche pas à le suivre ou à s’occuper de menus détails qui auraient pu lui sauter aux yeux dans la journée.

Devant le bureau des postes normandes, aux aguets le brun se retourna plusieurs fois, observant la rue, un brin parano. Personne. Il pouvait entrer.


Mon pigeon est-il arrivé messire ? J’attendais une confirmation de la part d’un aubergiste au sud de Bayeux : l’auberge du Bois diable.

L’employé lui tendit un parchemin dont la cire rougeâtre avait copieusement bavé sur les mots. Col décacheta le tout et entreprit une lecture rapide des informations. Hum, tout était bon, la chambre était dûment réservée et un repas chaud cuisiné selon les souhaits de Col leur serait servi dans leur chambre. Le propriétaire des lieux lui assurait qu’il avait décoré l’appartement mis à disposition avec les recommandations qu’il lui avait été donné.

Plus que satisfait Colhomban retourna dans les rues boueuses de Bayeux pour s’enquérir d’une dernière tâche. Sur la devanture de la boutique dans laquelle il pénétra on pouvait lire en toute lettre « Bijouterie joaillerie ».

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Sorianne
Aïeuh!

Une aiguille était venue se planter méchamment dans sa hanche. Ouh elle était sûre que ce vilain bonhomme l'avait fait exprès! C'est qu'elle le pressait de finir son office avant l'heure prévue pour le départ! La robe était taillée un brin trop large et il avait fallu la réajuster. A part ça elle était superbe. Le velours était doux au toucher et la robe était magnifique. Elle n'avait jamais eu de si beau vêtement et du coup passait et repassait les mains dessus, lissant les jupes, les côtés, réajustant le décolleté qui restait tout de même sage. Le tailleur avait bientôt fini et sous peu elle pourrait montrer à Col comme son cadeau lui allait bien!

La capeline de fourrure grise trônait non loin, essayée, allant parfaitement, et attendant d'être portée. Elle espérait être à la hauteur des invités du cousin de Col! Il ne fallait pas qu'elle lui fasse honte cette fois. Elle tiendrait sa langue dans sa poche autant que faire se pourrait.

Est-ce que vous savez quand Colhomban d'Eusebius va repasser ici? Il m'a dit qu'on se retrouvait chez vous...

Bientôt normalement, et si vous n'arrêtez pas de gigoter je n'arriverai jamais à finir cette robe à temps!


L'homme la prit aux épaules et la fit se retourner, et mettre droite. Boudiou, c'est qu'il était méchant avec elle! Bon, Col allait arriver. En espérant que la couture soit finie à temps! Elle ne voulait surtout pas être en retard! Fallait pas qu'ils soient déjà mal vue à peine arriver. Non, il fallait faire honneur à Colhomban, et elle s'y tiendrait.

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Colhomban
Seize heures sonnaient au grand clocher de l’église de Bayeux quand Colhomban traversa la place en courant, ses escarpins neufs menaçant de se faire la malle, sa cape bordée de grosse fourrure voletant dans les airs. Ceux qui apercevaient notre homme de loin pouvaient s’en faire de fausses idées : un nobliau courant l’infortune, ou la catin, pour sûr… Ca sentait l’homme qui fuyait ses problèmes !

Ca sentait surtout le type qui était en retard !

Le brun aborda un nouveau tournant dans une ruelle, dérapage du bout des chausses, manquant de se flanquer dans un mur de torchis humide. Fichtre il allait se faire disputer par sa promise et gâcher son entrée... Il redoubla l’allure et distingua enfin l’enseigne du tailleur tant attendue. Devant la boutique un fiacre mené par quatre chevaux faisait le pied de grue, tandis que les animaux piaffaient d’impatience. Le jeune homme s’excusa auprès du cocher en un sourire contrit et s’engouffra dans l’entrée du magasin avant de se faire héler par le voiturier mécontent.

Adossé à la porte Colhomban reprit son souffle et fouilla les poches de ses braies à la recherche d’un mouchoir de flanelle qui l’aida à mieux se débarrasser des grosses gouttes de sueur qui maculait son front. La belle affaire voilà qu’il était à peine présentable ! Il se mira quelques secondes dans le reflet de la vitrine avant de tomber d’accord : échevelé ou pas il n’en restait pas moins le plus beau des hommes ! Fier comme un paon il poussa enfin la porte du vestibule qui menait au cœur de la boutique. Là, sur une petite estrade Sorianne gigotait sous les aiguilles du tailleur. Le brun salua sa compagne, tout sourire, et tâta avec certitude une petite boîte au fond de sa poche : non, il ne se tromperait pas ce soir.


Voici une mie de pain en retard ! Heureusement que je connais tes habitudes et que j’ai pris sur moi pour arriver un peu après l’heure donnée dans ma missive. Hop : retard ni vu, ni connu. Il la tança gentiment, un index pointé en avant en remontrance, et se tourna vers le tailleur.

Montrez-moi donc ce que vous avez réalisé ! Un court défilé commença où le brun prit un malin plaisir à embêter sa compagne sur la quantité de tissu nécessaire à sa robe. Au bout de plusieurs vannes il cessa son activité de mécréant, conscient qu’un mot de plus la ferait bouder pour la soirée. Elle était superbe dans ces atours, le bleu lui allant comme un gant. Ils plièrent la tenue dans une malle et Col emballa So dans sa cape, petite mirgue fragile.

En avant tutti !

Une obole fut glisser au chauffeur pour l’attente et le couple prit place dans le fiacre sous une grosse couverture de laine. Dehors la neige tombait à nouveau à gros flocons, et la nuit descendait petit à petit sur la campagne normande. Heureusement la route n’était pas bien longue jusqu’à la fameuse auberge, et s’est en deux heures à peine qu’ils y furent. Appuyé sur sa compagne, Colhomban ne sentit pas le fiacre ralentir, et c’est un coup de fouet dans ce silence pesant qui le fit sursauter. Ils y étaient enfin ! La tension monta d’un cran et le jeune homme lissa ses cheveux en arrière, rajustant son catogan de soie d’une main experte. So se redressait déjà sous son amas de couvertures, son bout de nez curieux prêt à en découdre.

Taratata mademoiselle ! On reste allongée et on attend que l’on vous somme à entrer. Elle ne moufta pas plus que ça, sa timidité à côtoyer du grand monde lors de la fête prévue chez son cousin reprenant le pas sur sa volubilité habituelle. Col se félicita de cette peur soudaine, et se glissa dans le froid à la recherche de l’aubergiste auprès du quel il avait fait état de sa réservation du soir. Sans mal il trouva le propriétaire des lieux derrière son comptoir qui discutait à grosse voix avec plusieurs clients. Le brun le coupa dans son élan à lui relater les nouvelles de la semaine et demanda la clef de leur chambre, lui rappelant avec insistance les préparatifs qu’il devait y faire. Une fois les détails vérifiés, le jeune homme s’enquit de la curieuse qui piétinait d’impatience dans l’habitacle du fiacre.

A peine ouvrait-il la porte qu’une vague de questions lui tombait dessus. Il nagea tant bien que mal jusqu’à la demoiselle.

Non je ne sais pas s’il y a Amerzone ou Bardaya. Non elles ne t’embêteront pas si elles sont là… Je te le promets ! Oui il fait froid ! Non pas dans le château... Non je ne sais pas si nous aurons de la dinde pour le souper... Oui Lanfeust m’a reçu en personne. Oui tu es belle ! Sûrement la plus belle même… Il essuya l’escouade interrogative avec un sourire et tout en s’affairant à lui répondre noua autour des yeux de la demoiselle un large ruban. Une tradition mon cœur… Oui les femmes de la famille sont accueillies de la sorte… Allons n’aies pas peur, si je ne le fais pas Lanfeust va se moquer de nous le reste de la soirée. Tu ne veux pas qu’on te montre du doigt durant les quelques jours qu’on va passer ici ?

Ce dernier argument acheva la résistance de la demoiselle qui toute méfiante se laissa guider par la main de son compagnon. Que ne fallait-il pas faire pour museler la brunette ?

Colhomban la fit descendre du fiacre, et sous l’œil inquisiteur des badauds du coin la mena à l’étage sans un mot. Derrière lui le cocher portait les malles une à une, les laissant devant la large porte de leur suite. Le brun fit jouer la clef dans la serrure et jeta un regard sur le nid qu’ils occuperaient cette nuit : tout était parfait ! D’une main douce il poussa la jeune femme dans la pièce où un feu de bois crépité dans l’âtre conférant au lieu une chaleur bienveillante. Sur le sol et sur le lit, qui occupait un tiers de la chambre, de nombreux pétales de fleurs s’étalaient en touche de couleurs, tandis que dans un coin, sur une petite table, trônait un repas digne de grands maîtres.

Ma mie de pain… Il tira sur le ruban qui lui cachait les yeux.

Joyeux anniversaire !
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Sorianne
En retard? Elle? Jamais! Enfin sauf là, comme de par hasard. Elle ne releva pas, et se plia à la petite démonstration qui se finit bras croisés, et moue tirée. Alala! Mais la So retrouva vite le sourire, appréciant le présent de Colhomban, magnifique robe, sa plus jolie et sa plus précieuse. Elle lissait doucement le tissu, beau velours... Mais il fallait y aller! Arriver derniers à la soirée organisée par le cousin de son compagnon allait faire jaser et on ne ferait sûrement allusion qu'à ça par la suite!

Le trajet en fiacre fût calme. Tous deux se reposant un moment blottis l'un contre l'autre, et So se demandant comment tout cela allait se passer. La brunette n'était pas habituée aux sorties mondaines, et tout le beau monde lui donnait le tournis sans compter qu'elle ne se sentait pas à son aise parmi eux. Et il fallait qu'elle prenne garde à ce qu'elle disait tout le temps! Allez essayer vous quand vous êtes réputée bavarde! Mais gênée, ce serait plus aisé de garder la langue dans la poche.

Quand le coche se stoppa et que Col commença à descendre, la petite brune voulut faire de même, mais son compagnon l'en empêcha... Oh bah pas plus mal, au moins elle ne verrait pas de suite les mines goguenardes suite à leur retard! Mais du coup cela lui laissa le temps de préparer moult questions pour le retour de son brun. Et quand il pointa le bout de son nez pour revenir la chercher, elle toujours planquée sur la couverture qui lui tenait bon chaud...


Col! Est-ce que tu sais si tes cousines sont là? Je n'ai pas envie que... Et est-ce qu'il fait froid? elle s'accrocha à la couverture Et tu sais ce qu'il y a au repas? J'ai envie de dinde... Tu as vu ton cousin? Est-ce que ça me va bien? Elle se redressa pour se montrer un peu, mais porta la main à ses yeux sur lesquels Col avait posé une bande de tissu. Mais qu'est-ce que tu fais?

Une tradition? Accueillir les femmes les yeux bandés? Étrange... Mais s'il le fallait... So s'accrocha à son compagnon pour descendre du fiacre, c'était sûrement pas le moment pour se ramasser. Elle ne lâchait pas la main rassurante, étonnée de ne rien entendre. Pourquoi se taisaient-ils tous? Ou alors ils étaient loin et c'était un test? Ou alors elle n'avait pas le droit de savoir par où ils étaient entrés parce que c'était un jeu? Elle aurait aimé voir la demeure pourtant! Est-ce qu'elle était petite? Grosse? humble? Ou le contraire? Rhaa! Que c'était frustrant! Une porte s'ouvrit. Curieuse, où étaient-il? A l'intérieur sans aucuns doutes puisqu'elle ne sentait plus le froid, mais alors!


Ma mie de pain…

So ouvrit les yeux au moment où elle sentit le ruban donner du mou et glisser.


Joyeux anniversaire !

Émerveillée. C'était magnifique! Elle n'y pensait même plus, trop absorbée par le cadeau qu'elle voulait faire à Col et qu'elle n'avait même pas eu le temps de trouver, et lui pendant ce temps organisait son présent! Les pétales un peu partout, le feu qui crépitait, les chandelles, tout était... Elle ne trouvait même pas les mots si ce n'est qu'elle trouvait ce cadeau merveilleux!


Col! Elle s'avança dans la chambre, voulant graver ça dans sa petite tête. C'est magnifique!

Les mains jointes, elle n'arrivait pas à y croire, depuis combien de temps organisait-il tout ça? Attrapant un des pétales qui décorait le lit, So se tourna vers Colhomban, immense sourire de joie au visage.

Tu y as pensé alors?

Un cri de joie, accompagné d'un léger bond et la petite brune courut dans les bras de son amoureux, lui sautant au cou.

Oh merci Col! C'est magique! Mais pourquoi tout ça?! Je n'en demande pas autant! Et la fête chez ton cousin n'était qu'un prétexte alors? La robe et la cape sont aussi un cadeau? Oh il ne fallait pas!

Mais cela ne l'empêchait pas d'être heureuse de tout ceci! Excitée comme une puce elle se détacha de Col et refit le tour de la pièce, humant le parfum des pétales, l'atmosphère chaleureuse qui régnait dans la pièce, tout la faisait se sentir bien à ce moment. Elle finit par se stopper et regarda Col d'un ti air contrit...

Je... Oh je suis désolée.. Je n'ai même pas eu le temps de te trouver un cadeau pour la fête des amoureux... J'ai cherché, mais je devais y repartir quand j'ai vu ton petit mot...
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Colhomban
Les malles furent ouvertes en un rien de temps, et tandis qu’une Sorianne fascinée papillonnait dans la pièce, Colhomban, en gentilhomme, défroissait braies, jupons, chemises en flanelle et surcots de grosse laine, afin que leur tenues restent présentables pour le séjour dans sa famille. Plusieurs paires de brodequins encadraient cet étalage et le jeune homme dû reconnaître, non sans une rougeur, que ses tenues rivalisaient avec celles de Sorianne. C’était cela d’être bel homme : un travail de chaque instant pour préserver sa personne du terrain que prenait l’âge de manière insidieuse. Il passa devant un miroir poli et avisa sa belle mine, arrangeant d’une main experte le bandeau qui lui ceignait la tête. Il passait souvent le plus clair de son temps, à la sortie du bain, à chasser d’éventuels fils blanchâtres qui viendraient clairsemés sa chevelure brune. Une vraie psychose !

Sa compagne le rappela au moment présent d’un rire clair. Elle l’observait depuis quelques minutes et vint caresser les coins en forme de V de son front, là où jadis des cheveux tombaient en cascade.

Mesquine petite femme !

Il lui pinça une joue et la fit rouler sur le lit. Alors qu’ils allaient s’adonner à une activité des plus personnelles ils entendirent quelqu’un frapper à la porte : l’heure du repas était arrivée. Col se mit séant, lissa sa tenue et aida Sorianne à se relever. Il lui fit un vague signe de la main en désignant son chignon, pour lui faire comprendre qu’une petite retouche s’imposait. Pendant qu’il ouvrait la porte au tenancier de l’auberge, sa mie de pain était passée dans la salle d’eau pour se laisser aller en quelques coquetteries.

Voici pour vous messire ! Petites salades de saison, avec une caille farcie aux marrons en plat principal, le tout arrosé d’une sauce au vin. En accompagnement navets et carottes ramassés ce matin même ! Une pointe de fierté perçait dans la voix du cuisinier. En dessert vous aurait le plaisir de goutter à ma célèbre tarte à la rhubarbe ! Enfin je vous amènerai des dragées sucrées et des fruits confits quand je récupèrerai les assiettes.

Col acquiesça à la tirade du sieur, et lui donna une obole pour le remercier de tous ses efforts. La chose faite il profita du fait que Sorianne soit en train de se pomponner pour dresser rapidement le couvert, et sous la serviette de fine toile de la demoiselle il déposa à la sauvette une petite boîte rectangulaire.

Là, tapis dans un duvet de soie, un crochet en étain sommeillait.
Oui.
Un crochet.

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Sorianne
So avait profité de la venue de quelqu'un afin d'aller se pomponner un peu. Après tout, vu le cadeau que Col lui avait fait, il était hors de questions qu'elle ne reste pas présentable, si ce n'est irréprochable! Le chignon qui avait été quelque peu malmené fut défait, et la petite brune entreprit de peigner ses épais cheveux sombres. Elle ne revenait pas du présent qu'il lui faisait. Qu'elle idée lui était donc passé par la tête?!

Sorianne tendit l'oreille quand elle entendit une voix d'homme dans la chambre à côté. Qu'est-ce qu'ils mijotaient, qu'est-ce qui allait arriver ensuite? La brunette n'arrivait pas à se défaire du sourire qui ornait son visage. Heureuse... Ce soir elle ne regrettait pas d'avoir écouté ses monstres et de les avoir laissé en Alençon. Ce soir elle pouvait profiter pleinement de son compagnon et elle comptait bien ne pas perdre un instant.

La jeune femme se regarda, et lissa ses jupes qui avait eu maille à partir avec le voyage en fiacre. Les faux-plis ce n'est pas très esthétique! Bon, tout devait être bon... Ah nan! Très important. Elle se pinça doucement les pommettes pour leur donner des couleurs et colla ensuite son oreille à la porte. L'homme semblait être partis, et elle allait pouvoir revenir. Ce qu'elle fit, ouvrant doucement la porte et ouvrit de grands yeux devant le tableau qui l'attendait.


Col mais... Le brun avait fait fort! So s'approcha et vit les différents plats, elle n'avait jamais manger de ces petits oiseaux! Mais pourquoi tout ça? Juste pour mon anniversaire? Il ne fallait pas!

Elle ne savait plus où donner de la tête, ne savait pas ce qu'elle avait fait pour mériter tout ça, mais plus la soirée avançait et plus elle était en joie. Col l'invita galamment à s'installer, ce qu'elle fit en prenant un air très formel qui se prêtait bien à la situation. Et finit par l'observer avec un sourire en coin.

En fait tu me testes pour savoir si je vais bien me tenir chez tes cousins? Avoues c'est ça!

So ne parvint pas à garder son air bien longtemps et finit par rire gaiment jusqu'à ce qu'elle pose son poignet sur la serviette et haussa un sourcil en regardant Colhomban. Curieuse cela ne dura pas longtemps et elle souleva le carré de tissu pour découvrir un petit écrin. Une exclamation lui échappa et elle se tourna vers Col, curieuse, anxieuse, le cœur battant...


Qu'est-ce que c'est?

Elle revint à la petite boite, n'osant l'ouvrir. Et si...? La curiosité se mêlait à ses sourires, la faisant se concentrer, l'excitation l'empêchait de savoir que faire, devait-elle l'ouvrir? Et si c'était...? Non... Si! il n'aurait pas fait ça?? Et pourquoi pas? Rhaaaaaa! So attrapa la petite boite et ferma les yeux avant de l'ouvrir tooooooooout doucement. Elle ouvrit les yeux, regardant tout d'abord Col, et le coeur cognant à tout rompre, baissa le regard vers....... Euh... Bigre, tout retomba... Souffle, sourire, cœur, épaules, excitation... Nez à nez avec... Un crochet... Elle accrocha un sourire qui avait du mal à tenir en place, mais elle avait bien des difficultés à cacher la déception qui l'envahissait. En voyant le petit coffret elle s'était en fait attendu à quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas normalement... Elle s'était bel et bien plantée en beauté...

C'est... C'est un... Un crochet? ... Mais...

So ne savait plus quel comportement adopter, elle était heureuse de cette soirée, mais le coffret lui avait fait miroiter quelque chose qui ne lui arriverait jamais... *Aller aller, reprends toi So, c'est pas du tout le moment.* Laissant sa déception de côté, elle essaya de voir le bon côté! Et se remit à sourire. Peut-être avec moins d'entrain qu'avant l'ouverture de l'écrin, mais sourire quand même.

Merci Col... Je ne m'attendais pas à ça! Mais au moins ça va remplacer les travaux d'aiguilles et éviter les poupées aux doigts! ... A moins que... C'est pour crocheter une serrure?

Un ti peu d'espoir qui renait, sait-on jamais... Observant Col avec une hâte non dissimulée, il allait bien lui sortir autre chose? Il ne pouvait quand même pas lui offrir un crochet... Elle n'était pas douée en couture alors au crochet... Même si elle n'y croyait pas vraiment, elle espérait. Après tout, l'espoir fait vivre! Et le sourire revint un peu plus, presque suppliant, tenant le crochet en l'air elle attendait la direction à prendre avec. Une soirée qui avait si bien commencée et dans un cadre pareil, ne pouvait pas se finir sur le sentiment qu'elle avait, quand même. Non non. Elle n'y pensait jamais, mais là il avait attisé la chose... Elle y avait cru l'espace d'un instant... Et si ça devait vraiment finir avec un crochet, pour sûr elle ferait avec, mais elle en serait bien amère toute la soirée et plus encore...
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Colhomban
La mine de la jeune femme s’éclaira comme un feu de joie à la vue de la petite boîte. Colhomban, son sourire dissimulé derrière ses mains jointes, l’observait tout goguenard. Ho la bonne farce ! Il pensait qu’à l’instant même où les doigts de sa compagne tomberaient sur le crochet, elle s’esclafferait avec lui de sa blague, le taquinant sur ce que pouvait bien représenter ce présent étrange. Mais il n’en fut rien… La brune avait perdu son beau sourire de contentement et avait du mal à tenir celui plus coincé qu’elle avait en façade. Col arqua les sourcils, surpris de cette réaction. Fichtre elle était donc si motivée par les bijoux ? Voyant que la boutade tournait au drame il se hâta de présenter la suite de ses idées.

Ma mie de pain je constate que tu es… surprise par ce cadeau. Il n’osait dire « déçue » de peur de la voir fondre en larmes. Mais il n’est pas tout seul, vois-tu ! Ce petit crochet accompagne une autre chose que j’ai pris soin de réaliser moi-même. Il se leva dans un air théâtral et sortit d’une de ses malles un grand cadre de bois, finement ciselé.

Mon apprentissage en tant que charpentier ébéniste a eu raison de ce bout de bois. J’ai mis du temps à le faire et il y a certaines anicroches dans les coins, mais je suis plutôt fier du résultat. Il lui tendit tout sourire. Cependant, un crochet, un cadre, et pas de tableau ? La vilaine affaire… Le brun fit mine de réfléchir, pris un air de surprise, et se dirigea presque en courant vers sa seconde malle.

J’avoue être d’humeur taquine ce soir... Ses pommettes se teintèrent de rouge. Tu ne m’en veux pas ma mie ? Derrière son dos deux angles rigides dépassaient. Et voilà pour la demoiselle !

A bout de bras il fit passer vers l’avant une toile peinte de la taille du cadre de bois qu’il lui avait offert quelques minutes plus tôt. A la gouache, avait été représentée, devant la maison de Sorianne sur Angoulême, toute la petite famille : Colhomban se tenait droit à côté de sa compagne qui enlaçait l’épaule de Lysi, qui elle-même jouxtait Tiveg. La peinture avait du être réalisée auprès d’un maître normand qui avait su traduire les souvenirs de Colhomban au sujet de la maisonnette de façon impeccable. Pour le reste des personnes représentées dessus il s’était appuyé sur des portraits des enfants que Col avait empruntés à Sorianne en toute discrétion, tandis que pour la petite brune le peintre l’avait suivi à son insu quelques jours afin de la croquer sous toutes les coutures. Pour Col l’affaire avait été plus simple car le jeune homme avait pris plaisir à poser toute une journée.

Il emboîta la toile dans le cadre, ferma derrière 4 petits crochets en fer, et redonna le tout à Sorianne qui avait retrouvé un sourire ému.

Ca te plaît… ?

Tout en disant cela le jeune homme n’oubliait pas qu’une autre boîte rectangulaire attendait au fond de la poche de son gilet.
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Sorianne
Elle observait le petit crochet d'étain, le faisant tourner doucement entre deux doigts, et prit une profonde couleur pivoine quand Col lui dit qu'elle n'avait pas eu l'air d'apprécier le cadeau. Elle n'osait même plus le regarder, toute honteuse qu'elle était. Et égoïste avec ça. Après tout ce qu'il lui avait offert jusqu'à présent elle allait faire la tête pour la fausse joie qu'elle s'était elle même faite. Encore il y avait peu il avait dit que ça n'arriverait pas pour le moment, à quoi avait-elle pensé?? Toujours aussi rouge, elle leva le museau quand il lui dit qu'il y avait une suite.

Le sourire de la brunette se fit bien plus décontracté et joyeux. Fallait se faire une raison, et après tout, elle n'était plus à ça près, oh oui, elle allait profiter de sa soirée avec lui dans ce cadre délicieux.


Une suite? Qu'est-ce qui va avec un crochet?

Elle regarda son beau brun, curieuse et tendit le cou pour le suivre du regard, puis n'y tenant plus finit par le rejoindre. Son sourire s'élargit en voyant le panneau de bois. Fait de ses mains? Elle était touchée! Et elle prit le cadre avec douceur, prenant bien soin de ne pas le faire tomber, admirant les moulures et les petits détails gravés dans le bois. Quand il mentionna les "annicroches", elle rit et pencha la tête dans un des coins en faisant mine de chercher.

Oooh oui elles sont monstrueuses! On ne voit que ça!

Elle s'éloigna vivement en tirant la langue et en riant.

Il est très beau ton cadre, tu peux être fier de toi.

Elle allait le remercier mais il lui fit miroiter encore autre chose. Mais combien avait-il de cadeaux à lui faire?! Elle allait le réprimander, quelle idée d'en faire autant juste pour elle! So n'en eut pas le temps que le brun était déjà reparti vers une autre malle. Mais il y en avait partout! La brunette n'en revenait pas.

D'humeur taquine? Elle eut un grand sourire. D'humeur dépensière également! Pourquoi tu as fait tout ça?! Il ne fallait pas enfin! Et non je ne t'en veux pas, je m'amuse comme une folle à te voir courir partout!

Nouvel éclat de rire et elle sautilla sur place impatiente de découvrir la suite. Elle n'avait jamais été aussi gâtée, fallait faire attention qu'elle n'y prenne pas trop goût! Quand le tableau lui fut présenté, elle se calma aussitôt. Il était magnifique. La petite maison qu'elle habitait à Angoulême y était parfaitement représenté, avec son lierre et eux devant.

Oh Col...

Si ça lui plaisait? Il était magnifique. Elle observa les détails, ses monstres étaient là -ils lui manquaient quand même un peu à cet instant- et Col, comme une vraie famille! Son brun encadra la toile et elle prit le tout en ne lâchant pas le tableau des yeux, un sourire émerveillé aux lèvres.

Oh oui que ça me plait, tout me plait, mais fallait pas faire tout ça enfin! Pourquoi tu en as fait autant! C'est juste un anniversaire!


Toute heureuse! So avait déjà oublié le petit moment de déception d'un peu plus tôt, elle posa doucement le tableau, il ne fallait pas l'abîmer, et elle alla donner un long baiser à son compagnon.


Merci Col! Merci pour tout.


Un grondement se fit entendre et la jeune femme porta une main à son ventre, confuse...

Est-ce que tu me fais goûter ce p'tit poulet qui est posé sur la table? C'est normal qu'il soit si petit?

L'attrapant par la main, So l'entraina prés de la table où tout était bien disposé. Du bout des doigts elle attrapa un légume et le croqua tout en louchant vers Col, sourire aux lèvres.

Une robe, une pelisse, un bon repas, une chambre dans une très jolie auberge, un magnifique tableau... Je vais y prendre goût va falloir faire attention!^^
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Colhomban
Un petit poulet ? Cette remarque lui arracha un éclat de rire. Elle avait encore du chemin à faire la petite Sorianne dans le grand monde. Colhomban la fit asseoir et lui présenta les divers plats, lui expliquant l'origine et la chasse de la caille. Elle l'écoutait visiblement avec plaisir, ou peut-être était-ce par politesse ? Ce qu'elle pouvait être mimie sa brune quand elle prenait cet air d'enfant sage, apprenant une leçon attendue depuis longtemps.

Ils mangèrent de bon appétit dissertant sur le tableau, sur le temps qu'il faisait, sur la fête attendue dans sa famille le lendemain, sur tout ce qui constituait ce moment présent, et puis un peu de l'avenir. Le brun brûlait d'impatience d'arriver aux desserts, il avait tant de choses à dire qu'il devait se retenir pour ne pas franchir des étapes si bien ordonnées dans son esprit.

Enfin l'aubergiste vint pour la énième fois frapper à leur porte, il débarassa la table des mets finis, et y laissa deux parts de biscuits, ainsi que des dragées et autres fruits confits. Profitant d'un moment d'inattention de sa compagne Colhomban posa sur le sommet de sa pâtisserie un anneau fin, ciselé, en or et orné d'une pierre de verre translucide.

Sa bouche était pâteuse, ses mains moites, des mots maintes fois répétés tournaient dans sa tête bourdonnante.

Maintenant il espérait juste qu'elle n'avale pas sa surprise...

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Sorianne
Des cailles?? Quelle idée... Elle aurait dit plutôt des poules rachitiques, voire naines... Elle écouta les explications dispensées par son compagnon, curieuse d'en savoir toujours plus. La brunette avait bien du mal à comprendre pourquoi cuisiner de si petit trucs alors qu'un bon coq, là au moins il y avait de quoi ripailler! Mais bon. Fallait bien avouer une chose : c'était bien bon!

A la fête des cousins de Colhomban, elle serait sans doutes la seule non noble -hormis les domestiques hein- donc première bonne résolution, ne pas trop ouvrir la bouche histoire de ne pas dire de bêtises. Seconde résolution, essayer d'observer au mieux afin de copier les manies de ces bonnes gens, même si celles ci lui semblent un peu.... Pas dans ses cordes. Enfin bref ils verraient bien, mais elle appréhendait un peu, fallait bien l'avouer!

L'aubergiste arriva avec de nouvelles choses, et So en eut presque le tournis! Elle avait rarement mangé aussi bien et elle était calée, pas sûre d'arriver à finir tout ce que Col avait commandé. Mais la vue de toutes ces bonnes choses étalées devant eux finit d'achever la gourmande qu'elle était. Y a pas, elle ne pouvait pas ne pas goûter ne serait-ce qu'un peu. Elle guetta le départ du propriétaire et se pencha vers Col, un air de conspiration au visage, et un sourire gourmand.


Est-ce que tu crois qu'il nous laisserait emmener ce qu'il reste des desserts pour le trajet en fiacre de demain?

Elle attrapa la pâtisserie qui lui était destinée sans vraiment faire attention et quelque chose en tomba. Elle jongla un instant entre pâtisserie et ce qui s'était échappé, et finit par rattraper les deux dans un soupire de soulagement. Voilà ce que c'était quand on était trop gourmande... Elle en rosit, qu'elle image elle allait donner là. Tellement pressée de goûter qu'elle n'avait pas fait attention à... A quoi déjà? La petite brune baissa les yeux vers ce qu'elle tenait et ne put retenir une exclamation avant de brusquement lever les yeux vers Colhomban.


C'est... Oh il l'a perdu tu crois? Il faut lui redonner! Ça doit avoir beaucoup de valeur!

La So se levait déjà pour partir à la recherche de l'aubergiste qui avait égaré cet anneau sur son gâteau...

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Colhomban
Au moment où Col allait faire état de la gourmandise de sa compagne, et la taquiner sur le fait qu’il était persuadé que tout rentrerait dans son estomac gargantuesque, la maladroite faillit faire choir sa pâtisserie. C’est avec horreur que le brun regarda l’anneau quitter doucement, mais sûrement, la crème du gâteau. La jeune femme était maintenant en train de s’escrimer à maintenir le met sucré en équilibre sur son assiette, tandis que de l’autre main elle recueillait le bijou avec un air de surprise.

Anxieux désormais, un brin blanchâtre il fallait l’avouer, le jeune homme observait sans ciller la brunette. Il ne cessait d’humecter ses lèvres devenues sèches, alors que les mots semblaient lui manquer. Qu’allait-elle dire ? Sa première phrase serait cruciale pour la suite de l’aventure ! Si elle lui riait au nez ? Pire encore : si elle fondait en larmes… ? Tandis que notre brun se faisait des plans sur la comète la donzelle prononça quelques mots.


C'est... Oh il l'a perdu tu crois? Il faut lui redonner! Ça doit avoir beaucoup de valeur!

Médusé, la bouche ouverte, deux yeux ronds en soucoupe, Colhomban suivit des yeux sa compagne qui se levait prestement, prête à courir après l’aubergiste. Fichtre Dieu ! Ce qu’elle pouvait être lente à la comprennette parfois… Se levant tout aussi rapidement le brun lui barra la route, c’est qu’elle avait déjà la main sur la poignée de la porte ! Maintenant il se sentait un peu couard, les jambes flageollantes comme s’il n’avait jamais dû à parler à une demoiselle. Mais l’affaire était différente, il ne s’agissait pas d’une simple flatterie à balancer un soir entre deux verres. Sorianne le regardait étrangement, et alors qu’il avançait sa main pour lui reprendre la bague qu’elle tenait dans le creux de sa paume, se furent ses yeux à elle qui s’agrandirent. Un sourire timide éclaira les traits du brun, et il posa un genoux à terre, le précieux bijou maintenant entre ses doigts.

Ma mie de pain… Hum… Il sentait sa langue s’emballer alors qu’aucun son ne sortait de sa bouche. C’était bien la peine d’avoir répété devant le grand miroir de leur chambre à l’auberge de Bayeux ! Il prit une des mains de So dans la sienne et y déposa un doux baiser. Sa volonté s’affermit en même temps que sa voix, après tout n’était-il pas l’homme le plus craquant des royaumes ?

Ma mie de pain. Voici plus d’un an que nous nous connaissons plus intimement tous les deux, d’un baiser échangé dans une auberge à la suite d’un enlèvement nous avons fini par unir nos existences l’un à l’autre, parcourant les contrées de ce royaume aussi souvent que faire se peut. Lors de nos nombreux périples nous avons été amenés à nous faire confiance, à nous dépasser, et à nous avouer diverses choses… Il repensait à cette soirée où chacun d’entre eux avait donné à l’autre un présent très précieux dont ils acceptaient de léguer le fardeau. Colhomban avait hérité de la bague que Vegoku, le premier grand amour de Sorianne, lui avait offert en prévision de leur mariage, tandis que lui avait confié aux soins de la demoiselle deux urnes funéraires auxquelles il tenait beaucoup.

Aussi, en ce jour, après avoir ressassé tous les souvenirs vécus ensemble, je ne peux qu’affirmer mon amour pour toi. Ho ça, je ne te promets pas la lune, ni des jours parfaitement heureux, comme je ne peux te jurer une vie éternelle, ni un bonheur parfait, mais là, aujourd’hui tout au fond de moi, j’ai l’immense certitude que tu es la femme de ma vie. Il inspira, ému.

Damoiselle Sorianne, voulez-vous m’épouser ?
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Sorianne
Quand il la stoppa elle ne comprit pas immédiatement. Quand il récupéra l'anneau, il y eut un tilt dans le cerveau blond de la brune. Les yeux de la demoiselle s'écarquillèrent. Quand il s'agenouilla, un instant de gène, et le rouge qui lui monta rapidement aux joues. Sorianne l'écouta, revoyant parfaitement tous ces instants qu'ils avaient partagé, à commencer par ce baiser volé dans cette chambre à Périgueux quand il l'avait emmené de force loin de chez elle, puis tout ce qui avait suivi...

Damoiselle Sorianne, voulez-vous m’épouser ?


Grand silence, et une brunette devenue muette, se contentant de fixer Colhomban, interloquée. Un immense sourire finit par illuminer le visage de Sorianne, ce n'était pas une vilaine farce, il était là, devant elle attendant une réponse. Cela ne s'était jamais passé ainsi avec Lui et elle en restait couate. Col lui avait fait oublier bien des choses, et ... Et il fallait répondre! Mais le sourire et l'émotion l'empêchaient de sortir un mot. Sa main libre vint cacher ce sourire et elle hocha la tête en signe de oui avant d'aller s'accrocher à son cou, la tête marquant toujours le oui oui oui.

Nouveau tilt dans la tête de la brune et c'est avec les sourcils froncés qu'elle s'écarta un peu de Col, sans pour autant le lâcher. Sa voix était revenue du coup. Mais elle qui se croyait maudite devait bien s'en assurer avant. Un mariage reporté trois fois, et encore, la troisième elle s'était faite avoir...


Tu ne me laisseras pas devant l'autel hein? Tu n'échangeras pas ta place? Le curé enregistrera bien tout...?

Et le sourire revient et avec lui un cri de joie qu'elle ne put retenir plus longtemps! Peut-être qu'elle n'aurait pas du se rejeter au cou de Col avant d'avoir fini de crier son bonheur, les tympans sont fragiles...

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