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[RP] Doux âne d'Angoulême, emmène-moi donc loin d'ici...

Linon
Vraiment trop d'affaires à emporter... Linon traînait un Marko récalcitrant à travers les rues d'Angoulême en quête d'un marchand d'ânes. Natt' lui avait indiqué un certain Emile qui pourrait lui fournir l'animal désiré.

Cesse tes caprices Marko... tu es trop grand pour monter Grison avec moi. Nous allons casser le dos de cette pauvre bête en la montant à deux avec en plus toutes nos affaires. On va acheter un âne qui portera et nos affaires, et ta petite personne...

C'est pas juste, j'veux pas d'un âne, j'veux monter sur Grison !


Heureusement l'odeur caractéristique du crottin signalait la proximité du marchand de chevaux. Celui-ci était nonchalamment accoudé à son enclos.


Bonjour ... Etes-vous messire Emile ?

L'homme la dévisagea un instant avant de répondre.


Qui le demande?


Je suis Linon, c'est Nattascha qui m'envoie, car je suis à la recherche d'un âne.


L'homme fixa son attention sur le petit garçon qui tirait le bras de Linon en arrière.



Et ça c'est qui?


C'est Marko... mon beau-fils.. et il préfère ma jument

Emile se pencha à hauteur du garçon qui le regardait avec méfiance, planqué derrière les jupes de sa belle-mère.


Eh bien mon gars, c'est-y que tu serais une femm'lette? Tu veux pas monter sur un bel âne qui te donnera fière allure?


L'enfant finit par se dégager des jupes de Linon et jeta un oeil en direction de l'enclos. Emile sourit et attrapant la petite main de l'enfant, l'entraîna jusqu'à l'enclos pour lui montrer fièrement ses ânes.


Regarde, j'en ai de toutes les couleurs! des gris, c'est l'âne commun, des bruns du Poitou, des noirs du Berry.... Quelle couleur te plairait?


J'en veux un gris, comme Grison!


Linon se rapprocha pour pouvoir dire son mot dans la transaction.


Il nous faut surtout un âne solide qui puisse porter une bonne charge, qui ne soit pas trop capricieux et qui ne coûte pas trop cher... La couleur est secondaire.

Emile lui fit un sourire entendu.


Vous en faites pas pour le prix. Puisque c'est Nattascha qui vous envoie, j'vous f'rai un prix d'ami...

Emile reporta son regard sur ses ânes puis entra dans l'enclos et s'approcha d'un âne gris aux très longues oreilles.


Prenez celui-là, il a 7 ans et ne rechigne pas à l'ouvrage. Vous n'aurez pas de problème avec lui !


L'affaire fut rapidement conclue, Emile fournit également panières et harnachement avant de revenir à Marko qui inspectait l'âne sous toutes les coutures.


Je compte sur toi pour bien t'en occuper, et pour commencer, tu dois lui trouver un nom.

On va l'appeler Bourriquet ! Hein Linon?


La jeune femme fit la moue.

Il ya des centaines d'ânes qui portent ce nom, on va plutôt lui trouver un nom qui lui rappelle ses origines. Puisqu'il vient d'Angoulême, nous l'appellerons simplement Angou...


Emile partit dans un éclat de rire puis attrapant Marko sous les bras, le déposa sur le dos d'Angou.


Allons, faites bon voyage tout les deux, et attention sur les routes! Dame Linon, veuillez transmettre mon bon souvenir à Nattascha et à son homme.

Je n'y manquerai pas messire Emile... Adieu et merci encore!
Rebaile
Libre... Elle s'est réveillée libre ce matin...
Libre...
Mot dont elle a été privée 45 jours durant...
Libre, et elle a envie de l'crier sur tous les toits et dans toutes les rues...
LIBRE !

Et ce soir elle part, elle quitte Angoulême, et l'armée aux portes de la ville ne l'en empêchera pas... Non, rien ne l'empêchera de partir vers cet ailleurs qui lui tend les bras!
Elle ne tient pas en place la baile, la tête pleine des gens qu'elle veut voir, des choses qu'elle veut faire et dont elle a été privée pendant un mois et d'mi!

Libre ! Libre...
Elle répète ce mot et elle s'en grise, pendant qu'elle range ses provisions et ses quelques affaires dans son sac.

Pensées vers celle en Limousin qui n'a cessé de la hanter pendant tout ce temps, et l'sourire sur ses lèvres, qui s'étire à n'en plus finir.
La revoir, juste une fois, ou alors davantage, pour oublier l'amertume de l'immobilisation... Mais la revoir... Libre de la revoir...

Encore 18 heures à tenir...
Dieu que la durée est une notion subjective, et le temps long, une éternité, quand on brûle d'envie de partir...

_________________

Plus vous saurez regarder loin le passé, plus vous verrez loin dans le futur (Winston Churchill)
Linon
Enfin, le grand jour du départ était arrivé. Linon faisait un dernier tour d'inspection de la jument et de l'âne pour vérifier qu'elle avait bien tout arrimé. L'écurie grouillait d'activité alors que tout ceux qui avaient vécu ici de si longues semaines s'apprêtaient à quitter enfin le Périgord-Angoûmois.

Son beau-fils la suivait pas-à-pas, vérifiant derrière elle les fontes, les sacs, les panières remplies et les couvertures. Il inspectait également les oreilles et les naseaux de Grison et d'Angou, juste pour voir comment c'est fait. Un peu exaspérée de buter dans l'enfant à chaque pas, Linon l'envoya vérifier leurs chambres et ramasser ce qu'ils avaient éventuellement oublié, sans lui dire qu'elle avait déjà fait le tour. Marko sortit de l'écurie en rouspétant, mais alors qu'elle sortait jument et âne dans la cour et les attachait à un anneau fiché dans le mur, l'enfant revint en courant.


Linon!!! Viens vite... ils vont mettre le feu à la taverne ! Le Borgne et le Colosse ont mis les tonneaux de gnôle en perce, yen a partout!


Déjà...? Nattascha avait en effet prévu d'incendier l'auberge le jour de leur départ, mais Linon pensait naïvement qu'elle ferait ça quand tout le monde serait parti. Pourtant, la crémation d'Evan's devait avoir lieu en même temps... logique dans ce cas de le faire quand tous étaient encore là.

La jeune femme rejoignit le groupe des libertadiens et affiliés devant la taverne juste à temps pour voir Eicork envoyer majestueusement une torche allumée à l'intérieur de la taverne par la fenêtre ouverte. L'incendie se déclara presque aussitôt, alimenté par les innombrables fagots qu'ils avaient tous ramenés dans la grande salle au cours des derniers jours. Bientôt les flammes jaillirent des fenêtres et de la porte, léchant les murs de torchis, puis les fenêtres de l'étage s'éclairèrent à leur tour, annonçant que l'incendie avait gagné les chambres.

Le corps de l'Ange reposait dans l'une d'elle, déposé là par ses amis et compagnons d'armes. Linon chercha des yeux Maleus, sûrement le plus proche d'Evanglion.. Un peu à l'écart du groupe, celui-ci avait le regard plongé dans les flammes... La jeune femme se serait bien approchée pour lui apporter son soutien, mais le Borgne l'ignorait depuis des semaines... inutile d'aller provoquer encore une de ses remarques acerbes.

L'incendie ronflait de plus en plus fort, elle attrapa Marko par les épaules pour le faire reculer avec elle, toujours terrifiée par les incendies qui lui rappelaient sans cesse celui qui avait mis fin à sa vie en Orient en tuant sa première famille.

Ainsi cette nouvelle page de sa vie se terminait à nouveau dans un grand brasier... Elle regarda tour à tour les visages des gens avec qui elle avait vécu ces dernières semaines, songea à ceux qui n'étaient pas là, déjà partis ou pas encore revenus... Ils étaient tous venus dans ce comté pour protester contre les armées faucheuses qui avaient tué des dizaines d'innocents, dont Gila son mari et le père de Marko.
Ils avaient détruit deux armées sur trois, puis elle s'était fait bêtement abattre par l'armée poitevine alors qu'elle escortait la petite Libertà derrière l'armée amie. Et tous avaient fait demi-tour pour réclamer vengeance, tous étaient tombés...

L'auberge qui brûlait aujourd'hui avait servi d'hôpital de campagne, pour les regrouper et les soigner, elle y avait vécu sa convalescence avec quelques autres, développé des relations particulières avec certains, appris à mieux les connaître, à tous les aimer.
Le savaient-ils? Oui forcément... les plus proches d'elle savaient très bien à quel point sa conscience lui pesait d'avoir été la cause, ou l'une des causes de leurs blessures. Elle se sentait une dette éternelle envers chacun d'eux.

Elle leva ses yeux rougis de larmes vers la fenêtre de la chambre d'Evan's d'où les flammes s'échappaient à présent.. Celui-ci, elle n'avait même pas eu le temps de le connaître...

Sa voix s'éleva par-dessus le ronflement des flammes



Je pleure d’entendre au loin épées, boucliers et armures s’entrechoquer

Je pleure de voir se lever l’aube car je sais que le sang va couler

Je pleure de voir cette plaine verdoyante se draper d’une teinte rouge

Je pleure de voir ces corps sans vie en remplacer les fleurs

Je pleure d’entendre au loin ces cris de victoire

Je pleure au milieu de cette plaine, mes bottes éclaboussées prennent la couleur de l’herbe rougie

Je pleure de voir cet enfant accroupi, les larmes inondant son visage, la tête posée sur le corps de son père

Je pleure cette femme le regard vide et le cœur à jamais perdu serrant contre sa joue la main sans vie de son mari

Je pleure cette mère dont les cris de douleur résonnent dans cette plaine à jamais meurtrie

Je pleure mes amis comme mes ennemis

Je tombe à terre, j’ai mal

Je pleure d’entendre tous ces cris

Je pleure de sentir ce parfum de mort autour de moi remplaçant celui de la vie

Je pleure de voir ce sang inonder la terre des hommes

Je pleure d’entendre le silence s’installer dans la nuit

Car je sais que demain une autre plaine à son tour sera rougie.

A travers ses larmes, elle sourit à ses amis...

Ces mots ne sont pas de moi, mais d'un poète rencontré dans cette taverne la veille de sa mort, Sadelange de Saintchêne... un ami de Natt'. Il nous avait dit ce poème, les paroles m'avaient beaucoup touchée. J'ai pensé qu'elles seraient appropriées à cet instant, à ces adieux...


Baile se dirigeait vers son cheval, escortant son amie aveugle... il était temps de partir. Linon salua les libertadiens d'un geste de la tête, les au revoir avaient déjà été dits individuellement, et elle était sûre de les revoir très bientôt.

N'oubliez pas... où que vous soyez, à quel point vous m'êtes précieux. Faites attention à vous...

Elle plaça Marko sur l'âne, enfin sur les affaires que portait l'âne, détacha les brides, enfourcha la jument grise et après un dernier salut de la main accompagné d'un sourire un peu triste, rejoignit le groupe formé par Baile, Mysouris et Amélian... Quatre femmes et un enfant sur les routes... Combien de temps avant de croiser une faucheuse?

Alors qu'elle quittait le comté, Linon se retourna une dernière fois pour apercevoir le grand feu qui illuminait la nuit, aussi chaud que l'amitié qui l'avait soutenue pendant ces longues semaines.
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