Sancte
Fort de l'assurance que lui conféraient le lieu et la présence des siens, l'Amiral irradiait d'une lumineuse majesté transperçant les mailles de sa cotte et les pores de sa peau.
Il est heureux que vous ne tiriez pas une gueule d'enterrement, c'est vous qui me rendez visite, et je ne vois guère quels reproches vous pourriez m'adresser, moi qui ai toujours été si bon et charitable avec vous.
N'est-ce pas.
Mais pour vous répondre, je vous confirme en effet ma solidarité avec les oeuvres du Lion de Juda.
Les préliminaires frivoles écartés, les voilà les pieds dans le plat, et c'était sans doute mieux ainsi. Au cours de ces politesses banales, arrivait toujours un instant où leur prolongement dans le temps indiquait une réticence à aborder les vraies questions de fond, souvent fâcheuses. Ils avaient franchi cette étape et il lui en était gré.
Comme vous ne l'ignorez pas, nous sommes hommes pieux. Or, l'hérésie vis à vis du Dogme Romain étant le premier devoir du croyant, nous pouvons en effet assumer notre statut d'hérétiques dans la bouche des papistes.
Il aurait pu lui dire que la seule véritable hérésie en le Royaume était l'hérésie Romaine, mais il avait pris le parti depuis quelques temps d'éviter de mettre l'hérésie et le Sans Nom à toutes les sauces pour ne pas obscurcir un débat déjà abscons de nature pour les néophytes ou pour les benêts qui composaient l'écrasante majorité du Clergé et de ses gentils sympathisants.
Pour faire simple, la Réformation de la foi est à la recherche de la seule vérité de Deos, vérité obscurcie par les Papistes, rendue à sa pureté primitive et originelle par les Réformés.
Vous l'aurez compris, les Réformés sont Aristotéliciens et reconnaissent le caractère sacré des Ecritures contenues dans le Livre des Vertus retranscrit en Grec et en Hébreu. Nous partageons donc le même Dieu avec les Aristotéliciens Romains si ce n'est que ...
Nous n'oyons pas la messe, pas plus que nous ne reconnaissons la présence de Deos dans l'eucharistie.
Nous respectons les Saints, les Apôtres, et les Martyrs, comme autant de héros de la foi, mais nous refusons de leur demander d'intercéder auprès du Divin ou de les adorer car l'adoration ne revient qu'à Deos, et à lui seul.
Nous ne respectons ni médailles, ni peintures, ni vitraux, ni statues des Saints, car ces bibelots coûteux ne sont que ponctions intolérables dans le pécule du peuple doublé d'une puante idolâtrie.
Nous nous dressons contre la confession auriculaire, car nous ne reconnaissons à aucun homme le droit d'absoudre les péchés, vil moyen pour l'Eglise de conforter ses positions en conservant en son giron les secrets inavouables de toutes les familles de nos Provinces.
Nous affirmons que le salut ne s'obtient pas par les oeuvres mais par la foi seule. Le purgatoire est une invention Papiste toute dédiée à l'infâme trafic des indulgences.
Nous nions tout devoir d'obéissance au Pape, St Pontife de l'Eglise Aristotélicienne Romaine, ainsi qu'à ses subalternes qui mettent la main à la patte dans la simonie et la corruption qu'il fait de la foi au bénéfice exclusif de sa cabale et des nantis qu'elle couronne.
Nous considérons que nul ne peut refuser à autrui le mariage, celui-ci se faisant devant Deos seul, sans relever des bonnes volontés d'un prêtre.
Nous considérons que chaque Homme doté de l'alphabet et des Saintes Ecritures est appelé au sacerdoce. Tout ce qu'un lecteur peut faire: chaque croyant peut être appelé à le faire. Le célibat du clergé n'est donc que ridicule hypocrisie, ces derniers n'étant pas moins paillards que ceux qu'ils prennent en confession.
Nous nions le sacrement du baptême, car l'intégration de l'individu dans la Communauté de la Foi se fait au travers d'une réflexion sur celle-ci et non par l'aspersion sur sa tête d'un filet d'eau froide.
Nous reconnaissons Averroës comme le troisième prophète, qui enseigne la conduite, venant compléter les enseignements d'Aristote tenant à la raison, et les enseignements de Christos, tenant à la conscience religieuse.
Il laissa filer un petit moment de silence, rassemblant ses idées, avant d'obliquer vers le Commandant.
Ai-je omis quelque chose ?
Loué soit l'Unique !
Il n'était pas encore entré dans les détails.
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"Entrer en Guyenne, c'est sortir de la civilisation."
Amiral Sancte Iohannes
Il est heureux que vous ne tiriez pas une gueule d'enterrement, c'est vous qui me rendez visite, et je ne vois guère quels reproches vous pourriez m'adresser, moi qui ai toujours été si bon et charitable avec vous.
N'est-ce pas.
Mais pour vous répondre, je vous confirme en effet ma solidarité avec les oeuvres du Lion de Juda.
Les préliminaires frivoles écartés, les voilà les pieds dans le plat, et c'était sans doute mieux ainsi. Au cours de ces politesses banales, arrivait toujours un instant où leur prolongement dans le temps indiquait une réticence à aborder les vraies questions de fond, souvent fâcheuses. Ils avaient franchi cette étape et il lui en était gré.
Comme vous ne l'ignorez pas, nous sommes hommes pieux. Or, l'hérésie vis à vis du Dogme Romain étant le premier devoir du croyant, nous pouvons en effet assumer notre statut d'hérétiques dans la bouche des papistes.
Il aurait pu lui dire que la seule véritable hérésie en le Royaume était l'hérésie Romaine, mais il avait pris le parti depuis quelques temps d'éviter de mettre l'hérésie et le Sans Nom à toutes les sauces pour ne pas obscurcir un débat déjà abscons de nature pour les néophytes ou pour les benêts qui composaient l'écrasante majorité du Clergé et de ses gentils sympathisants.
Pour faire simple, la Réformation de la foi est à la recherche de la seule vérité de Deos, vérité obscurcie par les Papistes, rendue à sa pureté primitive et originelle par les Réformés.
Vous l'aurez compris, les Réformés sont Aristotéliciens et reconnaissent le caractère sacré des Ecritures contenues dans le Livre des Vertus retranscrit en Grec et en Hébreu. Nous partageons donc le même Dieu avec les Aristotéliciens Romains si ce n'est que ...
Nous n'oyons pas la messe, pas plus que nous ne reconnaissons la présence de Deos dans l'eucharistie.
Nous respectons les Saints, les Apôtres, et les Martyrs, comme autant de héros de la foi, mais nous refusons de leur demander d'intercéder auprès du Divin ou de les adorer car l'adoration ne revient qu'à Deos, et à lui seul.
Nous ne respectons ni médailles, ni peintures, ni vitraux, ni statues des Saints, car ces bibelots coûteux ne sont que ponctions intolérables dans le pécule du peuple doublé d'une puante idolâtrie.
Nous nous dressons contre la confession auriculaire, car nous ne reconnaissons à aucun homme le droit d'absoudre les péchés, vil moyen pour l'Eglise de conforter ses positions en conservant en son giron les secrets inavouables de toutes les familles de nos Provinces.
Nous affirmons que le salut ne s'obtient pas par les oeuvres mais par la foi seule. Le purgatoire est une invention Papiste toute dédiée à l'infâme trafic des indulgences.
Nous nions tout devoir d'obéissance au Pape, St Pontife de l'Eglise Aristotélicienne Romaine, ainsi qu'à ses subalternes qui mettent la main à la patte dans la simonie et la corruption qu'il fait de la foi au bénéfice exclusif de sa cabale et des nantis qu'elle couronne.
Nous considérons que nul ne peut refuser à autrui le mariage, celui-ci se faisant devant Deos seul, sans relever des bonnes volontés d'un prêtre.
Nous considérons que chaque Homme doté de l'alphabet et des Saintes Ecritures est appelé au sacerdoce. Tout ce qu'un lecteur peut faire: chaque croyant peut être appelé à le faire. Le célibat du clergé n'est donc que ridicule hypocrisie, ces derniers n'étant pas moins paillards que ceux qu'ils prennent en confession.
Nous nions le sacrement du baptême, car l'intégration de l'individu dans la Communauté de la Foi se fait au travers d'une réflexion sur celle-ci et non par l'aspersion sur sa tête d'un filet d'eau froide.
Nous reconnaissons Averroës comme le troisième prophète, qui enseigne la conduite, venant compléter les enseignements d'Aristote tenant à la raison, et les enseignements de Christos, tenant à la conscience religieuse.
Il laissa filer un petit moment de silence, rassemblant ses idées, avant d'obliquer vers le Commandant.
Ai-je omis quelque chose ?
Loué soit l'Unique !
Il n'était pas encore entré dans les détails.
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"Entrer en Guyenne, c'est sortir de la civilisation."
Amiral Sancte Iohannes