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[RP] La clairière de la Foi

Zarathoustra
Zarathoustra quitta le campement tôt ce matin-là, car il était dit que le Sancte faisait lecture. Il se mit donc en chemin, et vint grossir le groupe à l'écoute du Lecteur.

Il y vit le petit agité Darius, et il en fut satisfait, ça lui faciliterait les leçons à venir, notamment sur les liens entre politique et religion. Ainsi que d'autres personnes qu'il supposait habitées par l'indifférence largement partagée à l'égard de la chose religieuse.

Il se recueillait, et il écoutait, et il était "Tout à fait d'accord avec cela", bien qu'étonné par les mises en gardes concernant la sécurité des huguenots. A part Bender l'innofensif et Hagden l'agité, il n'avait rencontré aucun témoignage d'hostilité, mais plutôt de sympathie, mais plutôt de la curiosité, au pire de l'indifférence. C'était reposant.

Il ramena sa grande gueule d'allochtone, et vint partager le pain, sans plus de commentaires. Ah, si, quand même.


Gloire à Dieu, longue vie à Montauban-la-Réformée, et mort aux cons, qu'Il les pardonne ou les châtie!
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Eins thut Noth.
Crystal
Crystal avait décidé d'accompagner Simone à la clairière de la Foi, dont elle lui avait parlé quelques jours plus tôt.
Intriguée par cette "communauté" dont elle entendait si souvent le nom, elle voulais se rendre compte par elle même de ce dont il s'agissait vraiment.
Sancte avait tout juste commencé ses lectures, que les phrases qu'il éjectait de sa grosse voix toute aussi impressionnante et imposante que lui, me paraissaient bien obscures.

Crystal détournait le regard discrètement vers Simone, qui paraissait tout aussi interrogative sur ce que le Sicaire racontait. Elle aussi, semblait chercher un sens à ces phrases. Lorsqu'il citait ensuite ce que disait Christos sur l'amour que l'on porte, Crystal senti quelque chose se produire au fond d'elle.
Elle qui avait connu l'amour de sa famille, l'amitié et qui connait à présent l'amour d'un homme, connaissait alors trop bien la différence qui y était évoquée.

Les visages de sa famille disparue tragiquement surgirent du plus profond de sa mémoire, le visage de son amie partie sur les chemins, ne sachant si elle reviendrait un jour, ces souvenirs là, la destabilisait quelque peu.
Crystal baissait alors la tête, regardant le sol pour ne croiser aucun regard, sachant qu'on y lirait inévitablement la tristesse et la colère qu'elle éprouvait ; car, elle le savait, on pouvait lire dans son regard comme dans un livre ouvert.
Telle fut cette caractéristique chez elle, si bien connue de son entourage : "Crystal, un regard remplit d'expression, un regard qui en dit long".

Mais elle se reprit à l'annonce du partage du pain, releva la tête, et entra à nouveau en possession de ses émotions. Elle partagea alors, avec le reste de l'assemblée.

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Scath_la_grande
On lui avait dit de venir, et elle était venue.

Qui donc, me demanderiez-vous se serait permis de convier cette chère enfant capricieuse à l’égo surdimensionné à une séance de lecture ? Et bien sa très grande amie, une vieille dame toute étriquée au nez plus que rallongée, au faciès de fouine que l’on nomme communément Curiosité.

Pour la cause, la vesture était sobre et planquait ses facilités féminines, le crin sagement tressé lui rendait son air de fausse innocente. Les très vieilles habitudes perduraient… surtout celles enseignées à coups de caresses de châtaignier sur l’échine quand on est gosse, au couvent.

La rousse se choisit un place. Assez loin de la populace, parce qu’elle n’aimait pas se mélanger avec les autres et néanmoins à portée d’écoutilles afin de bénéficier de… de… la messe réformée ?
Un coin d’herbe à l’écart fit largement l’affaire, elle s’y assit, séant dans les brindilles vertes, jambes repliées contre sa poitrine et son museau enfoui entre ses genoux. A s’y méprendre on aurait pu croire à une gamine attendant patiemment l’histoire du conteur.

La voix du lecteur mit un terme au léger brouhaha ambiant et enfin un chapitre théologique débuta. Celui d’une rouquine qui n’avait pas de familiarité avec ce genre de dogme. En fait, La Grande ne savait pas en quoi consistaient les rites huguenots mais appréciait de ne pas foutre les panards dans une église.
« La plus belle des cathédrales c’est celle que Dieu a crée » et elle le pensait avec sincérité.

Certaines des paroles étaient teintées d’une rare justesse et semblaient s’adresser à elle seule. Les autres pourrissaient dans l’oreille sans l’atteindre. Le discours sur le déclin annonça le partage du pain.
L’impatiente enfant en fut surprise.
Pas du pain mais d’être restée jusqu’à la fin… sans se mouvoir, sans moufter et ni même sans se forcer à tousser dans le but de déranger.

L’office terminé, la petiote reprit ses airs de Grande en se levant, et se questionna si l’on pouvait accabler le lecteur d’un questionnement trivial sur la dialectique de la croyance. La frimousse en hésitation, Scath resta un temps immobile avant de communier par le pain.

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"Musteile arrive... Fuyez pauvres fous ! Fuyeeeeez !!!"
Sancte
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Qu'il était agréable de se trouver face à une communauté de fidèles qui avaient décidé de lâcher la vilaine habitude de faire la carpette mobile. Durant le partage du pain, son minois de bagnard affichait ses fermes résolutions. Bientôt, il devrait s'absenter, le pistolet dans les fontes, pour aller administrer la ville sous le vent d'autan qui soufflait à Montauban depuis la fin des élections en chassant les gros nuages. Tout un présage. Il profita pleinement de cette fusion des esprits pour leur adresser un mot avant qu'ils ne se séparent.

Chers huguenots, réformés, et religionnaires.

J'espère que cette séance restera gravée dans votre esprit. A ceux qui souhaitent obtenir copie écrite des logions, qu'ils me le fassent savoir. Je leur donnerais satisfaction.

Ces jours prochains, ma qualité de bourgmestre me poussera certainement à être moins présent parmi vous. Que ce soit en taverne ou dans les lieux publics de notre belle cité. Nul doute que le fait que Montauban soit administrée par un Aristotélicien Réformé engendrera des provocations, des tensions, voir des menaces de la part des idolâtres. N'y répondez surtout pas. Demeurez fermes mais respectueux. Ne cédez jamais ni à la peur ni à la facilité de l'insulte gratuite. En ces moments là, il nous faudra être plus soudés que jamais. Aussi j'invite ceux qui le veulent ou le peuvent à venir le plus souvent possible dans cette clairière en vue de nous recueillir et de partager la sagesse des Écritures.

Quoi qu'il advienne, sachez que je serais toujours là pour vous tout comme j'entretiens la certitude que la plupart d'entre vous serons là pour moi. Si jamais un malheur quelconque venait à me frapper, je sais qu'il y aura toujours quelqu'un pour prendre la relève à ma suite et guider la communauté.

N'oubliez jamais que l'homme ne doit rien attendre que de lui-même.
Par là même, il ne doit jamais rien attendre que de Dieu.

Qu'Il vous guide et vous conserve en sa divine protection.
Quant à moi, compains, je vous dis à bientôt.

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Sancte


Fin de la troisième séance.
Sancte


Début de la quatrième séance.

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Aujourd'hui, afin de détendre une atmosphère qu'il tenait pour tendue, l'Amiral était bien décidé à inviter ses ouailles à venir se piquer la ruche en la clairière, au beau milieu de ses adorables moutons. Le lecteur réformé, qui en la matière faisait office de cureton, avait trop dédaigné les plaisirs simples ces temps derniers et s'était mis un point d'honneur à revenir aux fondamentaux. Il avait passé ces jours derniers à inciter les meuniers à faire travailler leurs œillards. Désormais, il s'attelait à sa tâche de lecteur avec l'enthousiasme des vieillards qui, sobrement vêtus voir à moitié dénudés sous la chaleur estivale, retrouvent leurs petits enfants après une longue absence. Ayant préparé la séance en s'étant préalablement désolidarisé de ses problèmes, il se retourna vers ses religionnaires en leur adressant un souris.

Mes très chers Huguenots,

Partout où se montre la vertu, cette dernière est persécutée. Aucun des grands hommes de ce monde n'a jamais pu échapper à la diffamation ou à la calomnie. De Jules César, fameux pour sa vaillance comme pour sa sagesse, on disait qu'il était mégalomane et manquait de propreté dans sa toilette comme dans ses moeurs. Alexandre le Grand -car la Guyenne n'a récolté que du petit-, surnommé ainsi en raison de ses hauts faits d'arme, disposait, dit-on, de fâcheux penchants à l'ivrognerie. D'Hercule, l'homme aux douze fabuleux travaux, on raconte qu'il était licencieux et maniéré. Ainsi, de Sancte Iohannes, des chevaliers du Lion et des Sicaires de la réformation, connus de par le monde pour leur combat contre l'oppression papiste et leur vaillance dans la lutte qu'ils mènent inlassablement face à l'usurpation et à la simonie du mot de Dieu par le clergé romain, on dira que ce sont de vulgaires pillards et de simples brigands.

Comme vous le voyez, chers religionnaires, la calomnie n'épargne personne, aussi doit-on se faire grand plaisir d'accepter celles dont nous sommes l'objet, car la popularité que nous contractons auprès des vertueux s'accompagne toujours de la haine des envieux. Rappelez-vous en tout temps et en tout lieu, que le fiel de la jalousie, n'est rien d'autre que le compliment des lâches.

Sur ces entrefaites, compains, faisons nous péter une bonne caisse de bouteilles de Cahors et buvons dans la confiance et la fraternité: car telles sont les aspirations des hommes de bien.


Subséquemment à sa prose, dont il semblait fort satisfait, il se dessaisit du pain et du vin qu'il fit tourner dans l'assemblée, avant de porter la main sur la crosse du pistolet Milanais qu'il conservait en ses fontes. Au travers de ses lectures dans l'arrière de la clairière, sous un soleil radieux et éclatant, espérait-il guérir toutes les plaies qui subsistaient dans la profondeur de leurs âmes égarées. La distribution effectuée, il se tourna derechef vers eux, dissimulant tant bien que mal la tonalité maussade de sa voix d'ours.

Partageons ensemble, comme un seul être, les présents du Très-Haut, qui par son infinie bonté n'a eu de cesse de faire en sorte qu'à ses plus humbles serviteurs, tout leur soit à jamais donné.

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Sancte
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[De l'allocution qui suivit pendant que tout le monde se goinfrait.]

Ses religionnaires s'étaient sans doute mis en tête de lui laisser la part du Lion des séances de lectorat, intervenant rarement pour lui disputer un sujet ou remettre en cause une partie de ses propos. Aussi, le scientifique de la foi à moitié dénudé sous sa robe noire de lecteur Réformé s'autorisa à continuer avec la désinvolture qui le caractérisait lorsqu'il s'opposait à la parole Romaine qui s'abusait par son propre verbe depuis la création du clergé et de toute la clique des abbetons. Le vent soufflait avec mollesse sur la clairière où les gais moutons s'étaient arrêtés pour paître paisiblement jusqu'à ce que soit prononcé leur congédiement pour laisser la place à la bénédiction de tous les excommuniés ou passibles d'excommunication qui refusaient de renoncer à leur foi.

Religionnaires, je tenais à vous féliciter pour l'exemplarité de votre tenue en ville ces jours derniers, puisque de votre part, je n'ai assisté à aucun emballement fâcheux.
Mais hâtons-nous, car le reluit décline.


Premièrement, le bourgmestre, responsable du temporel de la bonne ville de Montauban, attendit en se rangeant sur le côté de la place que le groupe ait terminé de se sustenter, s'étant préalablement assuré d'en avoir banni toute personne susceptible de n'être là que pour espionner la communauté réformée. Il demeurait stoïque en attendant que les fidèles ne se ruent vers leurs affaires pour mieux rentrer chez eux, oubliant qu'ils étaient là pour le rassemblement d'une communauté abstraite et pleine de différences concassées mais dénuée en son sein de toute animosité.

Nous parlerons bientôt ici même d'un homme curieux mais néanmoins central dans l'Histoire de la foi. Un homme dont on disait que sa femme allait à la cour des aides quand lui-même allait à Niort. Un homme à la parole rare, mais au geste fréquent, avec quelque chose d'impérieux dans toute sa personne et qui savait d'un regard se faire obéir, l'air grave, pensif plutôt que souffrant.

Je vous laisse relire les Ecritures. Et dans quelques jours, nous saurons si l'un de vous aura deviné de qui il s'agit.

Puis, il sonna la cloche pour marquer la fin de la séance, et évacua seul la clairière, disparaissant dans le néant.






Fin de la quatrième séance.

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Sancte


Début de la cinquième séance.


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Ce jour ensoleillé succédait à l'une des rares nuits où il s'était abaissé à proposer la botte à une femme, à l'exemple de ces faibles qui ne savent pas se comporter en Hommes d'honneur et préfèrent tout obtenir en rampant. Arrivé à la clairière, il laissa de côté ce tourbillonnement intérieur contre lequel il ne pouvait qu'échouer s'il prenait le douloureux parti de lui livrer bataille. Pourtant, loin de se montrer irascible, il se rendit en ce lieu de rencontre pour donner aux quelques huguenots présents une nouvelle séance de lectorat.

Compains, vous qui faites de l'austérité une vertu et de la parcimonie un art de vivre, je ne puis que vous conforter dans votre philosophie. Car si le populaire dit qu'abondance de biens ne nuit pas, hé bien il a tort. Car l'abondance peut nuire dans toutes les bonnes choses, quand la rareté donne du prix même à celles qui sont mauvaises. Il en est des paires de passans comme des femmes, on les aime davantage lorsqu'on en a qu'une. N'oubliez jamais que le salut de toute vie réside dans la quintessence, car en vérité, conservation et plaisir ne sont pas vertus antagonistes: elles ne font que se nourrir l'une de l'autre, l'une étant la condition de l'autre. Et vice-versa.

Prenant son livre des vertus sous le bras, il les amena ailleurs, dans la salle des fêtes de la Mairie qu'il avait fait réserver à leur usage exclusif le temps d'une après-midi. La salle où la Réforme Guyennaise avait fêté son triomphe face à la mesquinerie papiste. Un bassin en pierre ponce plaquée d'onyx, taillé via l'impéritie d'un certain colon Genevois qui aurait sans doute gagné à se lancer dans la fabrication d'horloges reposait contre le mur du fond, dans l'hypothèse d'un ou de plusieurs baptêmes.



Pendant qu'ils observaient la magnificence de la salle des fêtes avec la plus vive humilité, les huguenots manquèrent le spectacle intrigant du bourgmestre qui verrouille la porte de l'intérieur afin qu'ils ne soient point dérangés, le harcèlement subi étant souvent source d'ingéniosité. Le lecteur, qui s'assimilait grosso-modo à un cureton de la réforme, chercha du regard toutes les connaissances entrevues dans l'assistance avant d'entamer sa prose.

Vous qui m'avez suivi, ne l'avez pas fait par hasard. Je vois ici des réformés accomplis et d'autres qui cherchent encore la confirmation. Aujourd'hui, face à Dieu en conformité avec les Écritures et les 52 articles de la réformation, vous avez la possibilité de vous déclarer. Entamons ensemble le chant des religionnaires de la nouvelle opinion.

Le scientifique de la foi ouvrit un petit coffret en ophite et en ressortit plusieurs croix confédérées avant de se mettre à psalmodier la prière qui constituait le voeu de fidélité Huguenot précédant chaque engagement du croyant dans sa communauté. Même si jusqu'à présent, tout ceci avait toujours été mené avec une certaine désinvolture.



Profession de Foi a écrit:
Je crois Deos Créateur du monde
Depuis l’Enfer qui est sous l’onde
Au paradis où volent les colombes
La Réforme !

Il nous jugera à l’heure du trépas
Sur nos actes et surtout notre Foi
Son sourire déjà nous donne de la joie,
La Réforme !

La Réforme, la Réforme
Proclame Oane, ancêtre vénéré
La Réforme, la Réforme !
Car de tous, il fut le premier.
Il soupesa en sa chair, les belles vertus de l’Esprit
Et l’essence de Deos, si Aimant, il comprit
C’est la Réforme !

Aristote fut premier prophète
Les lois divines, il décachète,
Et cette sagesse, c’est vachement chouette
C’est la Réforme !

Christos a toujours voué sa vie
À pointer l’chemin du Paradis
Même si c’est pas toujours du sucre candi
C’est la Réforme !

La Réforme, la Réforme !
Averroès fut dernier prophète
La Réforme, la Réforme !
Ce fut l'ultime de cette belle brochette
Vivr'au mieux ici-bas, comment savoir faire les choix ?
Il nous l’a montré, entre émois et tournois,
C’est la Réforme !

La Réforme, la Réforme
Si c’est un rêve, je veux rêver !
La Réforme, la Réforme
Si c’est un rêve, j'en rêverais !

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Matalena
Faire jointure a cet avantage de vous assagir un homme, au moins pour quelques temps, en libérant son corps du poids qui parfois l'empêche de se consacrer pleinement aux hautes tâches de son existence. Le balafré était donc d'humeur au sérieux des cérémonials en ce jour désigné par son verbe comme celui de la consécration... Celui qui verrait le bon grain se distinguer du mauvais, et chaque homme et femme de cette assistante donner enfin corps à ses aspirations de foi. Elle marcha en silence jusqu'à la salle des fêtes, s'imprégnant de l'humeur austère de la pièce et de son prieur. Si les rituels religieux lui étaient tout à fait inconnus, la brune n'était pas nerveuse, et se laissa guider en demi cercle autour de l'autel par les autres présents.
Si le hasard était pour quelque chose dans la voie qu'elle avait suivit ? Non, en effet. Et cela lui apparu très clairement, à cet instant comme alors, lorsqu'elle avait quitté ses champs en catastrophe à la recherche d'un médicastre de renom.
L'occitane l'écouta scander l'hymne de la Réforme, un chant qui sonnait à ses oreilles pour la première fois. L'entamer en cœur était une autre affaire... Sa voix claire s'éleva tout doucement, tentant de suivre son timbre et les paroles qu'il entonnait en restant la plus discrète possible. Elle se tenait toute droite, le menton levé, et dardait sur l'amiral un regard sombre et résolu. Ita diis placuit.


La Réforme, la Réforme
Si c’est un rêve, je veux rêver !
La Réforme, la Réforme
Si c’est un rêve, j'en rêverais !
Aethys
La Gasconne n’errait pas en ce jour. Le regard clair, le menton relevé et une moue insolente sur les lèvres, elle se frayait un chemin au travers de la foule toujours aussi dense qui parcourait les rues de Montauban. Son sourire un brin malicieux et charmeur s’offrait presque par habitude, aux hommes qui l’effleuraient dans leur course vers leurs affaires. Même ses mains parfois s’égaraient sur leurs bras en une caresse bien trop furtive pour être remarquée mais assez tenace pour ne pas s’oublier de si tôt.

Mais déjà, sa démarche provocante disparut des rues pour mieux se faufiler dans la végétation proche. Elle croisa un ou deux montons, peut être trois qu’elle ne remarqua pas outre mesure et poursuivit sa route. Tant de fois déjà avait sonné à ses oreilles la rumeur des prêches de l’Amiral et elle n’avait qu’une envie : les entendre. Un sourire amusé s’étira sur ses lèvres alors qu’elle retenait la remarque acide qui filait au travers de son esprit. Il était beau parleur après tout alors cela méritait certainement d’être entendu. Et puis, sa perte de mémoire affectait également sa foi. Oh certes, elle croyait et la croix d’argent qui se perdait entre ses seins était la preuve de sa religion. Mais elle doutait parfois. Alors ses pas l’entrainaient vers la clairière.

Furtivement, Aethys se glissa dans la petite masse de gens présents et tendit l’oreille aux paroles de l’Amiral. Son sourire ne put que s’étendre. L’abondance peut nuire…Elle devrait se le rappeler parfois. Un éclat malicieux lui traversa le regard alors qu’elle ne quittait pas des yeux l’homme à la sombre stature. La belle eut un léger signe de tête, preuve de son acquiescement à ces paroles pourtant si évidentes puis un plissement de sourcil tout aussi imperceptible, lorsque le prêcheur les entraîna dans la salle des fêtes. Son pas se fit plus lent mais certainement pas moins ondulant alors qu’elle y pénétrait à la suite de ses compagnons réformés. Son regard ambré se perdit un infime instant dans l’onyx du bassin qui se dressait devant eux. Instinctivement, elle porta la main à son corsage et en sortit sa croix qu’elle serra au creux de sa main.

Puis l’Amiral revint. Elle le suivit des yeux et eut un sourire éthéré. Alors avec une ferveur qui l’étonnait presque, elle prononça la profession de foi. Se laissant aller à un étrange sentiment de sérénité qui l’envahissait, elle ferma les yeux se coupant des autres un instant. Les images qui furent siennes à ce moment, la laissèrent emplie d’une confiance irréelle si bien qu’elle ne put rouvrir les yeux de suite. Bien des secondes s’égrenèrent avant que son regard d’or ne balayât à nouveau la salle, pour mieux se perdre dans les reflets austères du bassin.
Sancte
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Face à lui, Matalena la Languedocienne intrépide et Aethys la Gasconne prodigieusement entaillée. Car il était dit que pour tous les huguenots de France et de Navarre, Montauban devenait avec Genève une étape fondamentale, presque aussi importante que Cordoue pour les Averroïstes. Si premièrement, il dédaigna le bassin pour se perdre dans la contemplation de ses ouailles actuelles, si énergiques et volontaires en leurs vertes années, il devint secondement plus vif que nul autre au centre de la pièce, dissimulant sa gêne sous un masque de profonde solennité. Recueillant l'eau cristalline dans la paume de sa main, il la leur versa tour à tour sur le haut du front, avant de leur donner l'embrassade fraternelle dans un silence absolu. Là, il leur remit leur croix en argent massif qui portait leurs initiales, dotée d'une chainette du même alliage, accompagnée d'une carte contenant au dos le chemin destiné à les mener à la forêt de nul part où ils pourront officier en tant que Talib.





Religionnaires, voici vos croix confédérées. C'est une croix dite de St Jean -Sancte Iohannes, en latin boutonnée de huit pointes qui se réfèrent aux bases de la Réformation Aristotélicienne:

- Les 52 articles
- Le Livre des Vertus
- Le livre des Archanges
- Le livre des Apôtres
- Le livre des Hagiographies
- La Vita d'Aristote
- La Vita de Christos
- Averroës et la Conduite

La croix est ceinturée par une couronne d'épines et supporte un poisson -l'ichtus- évoquant les persécutions Romaines dont furent l'objet Christos ainsi que les premiers Aristotéliciens insoumis qui souffrirent le martyr avant que leur foi ne soit instrumentalisée comme un objet de pouvoir.

Le chemin que vous empruntez à l'aide de vos dix-huit n'est pas celui de la facilité. Il ne servira pas votre ascension sociale. Il vous fermera les portes. Il vous attirera défiance et mépris. Votre ascension sociale, vous devrez la gagner au travers de votre mérite sans l'aide de nul autre. Les portes de votre avenir, vous serez contraintes tôt ou tard de les enfoncer. La défiance et le mépris, vous devrez les surmonter par les Écritures. La foi n'est pas un sauf-conduit menant à la félicité dans le monde des hommes, gâté par les vices et les excès de ses Saintes Institutions. La foi est une passerelle pour se porter à la rencontre du Créateur et par la sincérité de l'amour que nous lui portons en retour, accéder au Jardin des Délices, dans la magnificence des cieux.

Aethys. Matalena. Vous voici désormais Religionnaires de la Nouvelle Opinion et par voie de fait: combattantes de la réformation à qui nous n'avons qu'un conseil à donner. Ne maltraitez jamais en paroles ceux que vous êtes amenées à châtier dans leur corps ; les pauvres ayant bien assez de leur supplice sans qu'on y ajoute des propos injurieux. Soyez fières de ce que vous êtes et droites dans vos principes, dignes dans la défaite comme dans la victoire, cultivant l'idée que le huguenot a le devoir de se montrer maître de lui-même en toute chose et en toutes occasions. Il n'y a qu'ainsi que vous saurez tirer parti du cours des évènements à votre exclusif avantage.


Le scientifique de la réformation avait choisit seul les propos qu'il devait employer en la circonstance afin de conditionner au mieux les deux fraîches Aristotéliciennes. Certes, même si aucune foi ne devait être délivrée partiellement, il avait omis tout un tas de choses, mais l'apprentissage devait toujours être mené au départ avec une certaine désinvolture suscitant l'intérêt et la curiosité du profane.
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Sancte


Fin de la cinquième séance.
Sancte


Début de la sixième séance


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Tous les évêques ne sont pas à prendre avec des pincettes. Ce calme commun qui précédait toujours la tempête laissait échapper aux plus jeunes que même leurs vieux seraient prochainement amenés à s'équiper de leurs boucliers. Dans la clairière, le lecteur aristotélicien réformé s'adressa de nouveau à ses pairs, en leur distribuant un livre écrit en ... grec.

Mes chers frères, voici le livre des vertus retranscrit en grec, échappant de fait à la contrefaçon Romaine. J'ai bien conscience que beaucoup d'entre vous savent à peine déchiffrer l'Oc ou le Français, mais cela est pour vous rappeler que seule l'étude des langues anciennes saura vous ouvrir les portes de la foi en recueillant la parole de Dieu telle qu'elle fut retranscrite aux origines avant que la religion ne soit instituée en organe de pouvoir. Car Dieu se montre miséricordieux avec les ouailles qui font l'effort de déceler son véritable message défaussé de toutes les superstitions païennes et des idolâtries papistes, comme en témoigne ce don du ciel:

Citation:
30-07-2010 04:20 : Sous votre couche, vous trouvez une petit plat blanc fait de matière souple et recouvert d'une fine pellicule de papier transparent. Un morceau de viande hachée est disposé dans le plat et le papier transparent porte une étiquette : "30% matière grasse maxi - Origine : France - A consommer avant le : voir sur emballage". D'où cela vient-il ?


Oh, certes, de bien mauvais esprits diront que c'est ce qui survient lorsque l'on est pété comme un coing, mais l'homme modéré que je suis n'est guère du genre à abuser de la boisson, conformément aux sages commandements du troisième prophète. Aussi faut-il donc y voir une providence divine qui salue et éclaire de sa bonté les efforts opiniâtres du croyant sur le chemin de la foi. Quant aux mécréants et aux superstitieux, soyez certains que l'heure viendra où Il les balaiera d'un coup sec de la surface de la terre ! Car ces gens là sont faits. Allez hop ! Place nette !

Iohannes omit de préciser quand cette sentence divine interviendrait, bien qu'il s'en faisait une petite idée dans toutes ses gesticulations emplies de brutalité tandis qu'il distribuait conseils et directives comme s'il se trouvait dans un cabinet de campagne électorale. Dans ces moments là, même ses moutons étaient absents derrière lui, invisibles depuis le dôme du petit chapiteau qu'il avait fait dresser au centre de la clairière.

Récemment, j'ai entendu l'un d'entre vous me demander: "Les Angevinistes s'étant désolidarisés de la tutelle romaine sont-ils réformés ?" Il serait tentant de le croire. Pourtant il est primordial de nous distinguer de ces gens là même si sur le plan théologique, le rejet du pouvoir Romain nous rend excessivement proches. En revanche, les Angevinistes restent profondément marqués par leurs erreurs passées et demeurent donc fidèles à toute la liturgie -la confession comme organe de renseignement du clergé sur les secrets des familles, l'idolâtrie vouée aux prophètes, aux archanges, et aux saints- et l'organisation des Églises romaines comme en témoigne la conservation de leur hiérarchie religieuse qui distingue les évêques, les prêtres, et les fidèles, ce qui n'est pas le cas des lecteurs réformés à égalité de fonction avec les laïcs.

Sans vouloir vous tailler une giberne, il faut voir chez les Angevinistes et leur distanciation avec Rome une première étape destinée à les mener vers la Réforme, mais s'ils ne sont plus papistes, ils demeurent intercesseurs illégitimes en troquant le pouvoir de Rome contre un autre: le leur. Tout en demeurant idolâtres. Par conséquent, papiste et angeviniste méritent tous deux la griffe du Lion. Le premier au visage, le second au mollet, puisqu'en matière de foi, nous ne pouvons souffrir nous contenter d'une transformation dogmatique qui en réalité n'en est pas une.


Séparant l'Histoire et le silence, le bras chef mercenaire quitta sa chaire et marcha jusqu'au petit canal qui traversait son champ et où s'abreuvaient ses bêtes.

A vous qui êtes contraints par la nature de votre foi, à être tout aussi bien fidèles que combattants, sachez qu'adviendra un moment dans votre vie où vous aurez conscience que nul ne peut plus rien vous apprendre sinon Dieu lui-même. Il devient jour après jour manifeste qu'en ces terres une guerre fratricide s'annonce. Je vous avertis céans et sur l'heure: il faudra vous tenir prêts à vous défendre.

Le Prince Noir en a tragiquement conscience. Contre la guerre civile, il va mener sa propre lutte, avec toutes les armes de l'or, du pouvoir, ainsi que les autres. Les spadassins, les mercenaires, les courtisanes, les magiciens, les poisons, la corruption. Sans oublier le chantage.
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Ayanah
Cela faisait quelques temps que la jeune femme ne s'était pas rendue à la Clairière, n'étant pas toujours disponible pour se rendre aux scéances passées. Mais ce jour, elle faisait partie des fiers Réformés.

Son père passa distribuer des livres. Sa curiosité touchée, elle ouvrit le sien pour y voir, non sans étonnement, des signes étranges. Elle connaissait certains d'entre eux, mais elle était incapable de lire le moindre mot. Normal après tout, elle ne connaissait pas le grec. Un jour peut-être...

Elle écouta attentivement la scéance, hochant la tête sur certains points.
Puis ce fut finit. Les Réformés quittèrent peu à peu la Clairière, mais elle fut incapable de partir. Elle avait pourtant à faire en ville, un long voyage à préparer entre autre.
Elle resta donc assise sur l'herbe, le livre grec à la main, tournant doucement chaque page avec précaution.
Scath_la_grande
Encore une autre séance de lecture se profilant à l’horizon, et ce fut en hâte que la belette s’y rendit.
Cheveux soigneusement peignés, tenue sobre et sourire aux lèvres.
Elle commençait même à apprécier à présent ce qu’elle trouvait ennuyeux avant, la religion.
Fallait préciser toute de même que la face de bagnard de l’Amiral et son verbe habité d’exaltation était beaucoup plus prenant que le blabla ânonner sans verve par la mère supérieure du couvent qui l’avait fait grandir comme une échasse il y avait de cela une bonne dizaine d’années.

Confortablement, elle s’installa dans l’herbe rendue un peu sèche par les grosses chaleurs de ce mois-ci.
Toujours un peu à l’écart mais cette fois-ci, elle salua de quelques signes de tête discrets les personnes qu’elle connaissait.
Et oui, Scath faisait partie du paysage montalbanais maintenant, grappillant un peu de respect de-ci de-là, se forgeant une réputation de… hum… on-ne-sait-pas-trop-quoi.

Elle ouvrit le livre distribué, s’en esquinta la vue.
Arf oui le grec, elle ne se rappelait plus que c’était aussi douloureux à lire. Les yeux clignèrent rapidement, puis elle referma le codex doucement.
« 'bien la peine qu’il nous r’fourgue de la lecture, si on n’peut même pas lire »
Finalement abandonna l’écrit pour l’oral, et reporta son attention au flot fluide qui s’échappait de la bouche du lecteur. Acquiesçant à quelques vérités.

Prête à se battre ? Oui elle l’était, depuis son premier souffle, elle n’était juste pas certaine que cette cause-ci soit la sienne… pas encore.

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"Musteile arrive... Fuyez pauvres fous ! Fuyeeeeez !!!"
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