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Info:
[HRP] Le présent RP a un but bien précis que vous découvrirez au fil du récit. Cependant, comme tout RP, celui-ci a une vie qui lui est propre, et cette vie est d'autant plus riche que des gens viennent y apporter leurs contributions. Aussi, vous êtes libre si vous le désirez d'y participer; nous vous demanderons juste de bien vouloir nous contacter au préalable, afin que nous soyons certain que le fil conducteur de l'histoire sera respecté. [/HRP]

[rp-Fermé] Le Nid, trois invités, un balbuzard....

Eusaias
LE NID, quelques heures après le duel...


Il avait dû ligoter les deux jeunes femmes sur des chaises afin de ne pas devoir tirer l'épée dans sa cave. Car oui, ces invités là avaient leur place seulement en sa cave. En temps normal il les aurait dévêtues et réveillées à grand coup d'eau glacée. La nudité n'était pas là pour assouvir certaines pulsions, mais avait pour but d'éviter toutes armes cachées et surtout amenuiser les défenses mentales. Ensuite il serait venu le temps des questions. Quelques gifles, menaces en tout genre et une outre d'eau accompagnée d'un entonnoir auraient agrémenté les questions. Mais ceci lui était impossible aujourd'hui. Karyl, le petit Karyl était là. Eusaias connaissait plus ou moins le lien naissant entre la Rastignac et le petit sémuro-angevin.

Il porta son regard onyx sur le petit en question. Le regard de Karyl, quant à lui, était une véritable torture pour le Balbuzard. Il avait beau expliquer que c'était pour leur bien à tous.... Qu'il était obligé pour le protéger... Que c'était comme un jeu... Karyl restait un enfant, un enfant qui voit ligoter sa mère à une chaise.

Eusaias avait tiré l'enfant par la main jusqu'à la cuisine. Il devait se montrer sous son meilleur jour, alors qu'une seule envie monopolisait son attention : les « questionner » toutes deux. Il avait alors tenté de distraire l'enfant, lui apprenant à faire un ragout « maison ». Oh rien de bien compliqué, il suffisait de racler les fonds des réserves afin de faire un repas. Il n'était pas cordon bleu, mais depuis plusieurs temps déjà il nourrissait Cassian et se nourrissait ainsi, sans qu'aucun des deux en soit malade. Il avait donc engouffré son ragout et forcé le garçon à en faire autant.

Les deux « invitées » avaient dû reprendre conscience. C'est pourquoi il remplit deux auges, s'arma de deux cuillères en bois et invita Karyl à le suivre.


Aujourd'hui tu vas savoir... Suis moi !
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Felina
Dans le Nid du Rapace.

Le Noir qui s’estompe … Étincelles sous les paupières encore closes, et cette douleur dans le crâne qui n’en finit pas de le marteler. Lentement la Panthère revient à elle, et dans un gémissement, les yeux s’ouvrent, clignant plusieurs fois pour s’habituer à la faible lumière qu’ils perçoivent. Des secondes, des minutes passent … Enfin totalement consciente, elle balaye son nouvel environnement du regard, peinant à rassembler les souvenirs des dernières heures.

Mais toi tu es mienne …
Eusaias ! Le coup derrière la tête … le Néant… Tout lui revient brutalement. Une tentative de passer une main sur la plaie où le sang doit commencer à sécher et elle réalise qu’elle est ligotée. Grondement sourd qui s’échappe de sa gorge asséchée et soudain le regard tombe sur sa compagne d’infortune qu’elle découvre, encore inconsciente. Rodrielle, bon sang que fous tu là ?! Et où sont-elles donc ? Il fait sombre, frais… Une grotte ? Non elles sont entourées de murs et non de parois … Et cette odeur de bois, ces effluves … Une cave … Sa cave !!

Enfermée … Non ... Tout mais pas ça ... le souffle se fait plus court, le cœur s’emballe et les mâchoires se crispent alors qu'une bouffée d'angoisse s'empare d'elle. Souvenir d’une autre époque, enfermée également. En cage ! De nouveau ... Fière sauvageonne qui ne supporte pas qu’on la prive de liberté. Nouvel éclair douloureux qui lui traverse le crâne, et tout son corps se tend, les yeux se refermant pour laisser passer l'assaut. Quelques secondes, et dans son esprit l’histoire se remet en place. La Lice … le combat, le choc de l'acier, le sang, les cris … Jules, une épée en travers du corps et l’oiseau de proie triomphant à ses côtés.

Cela n’a rien d’un cauchemar. Elle l’a perdu … elle a perdu …

Maudit sois tu De Saint Robert … Tu me l’as tué, tu me l’as pris … tout, tu m’as tout pris. Incapable d'empêcher sa mort, je ne mérite pas d'être mère.
Pardonne moi Karyl ...
Une unique perle salée qui dévale la joue poussiéreuse de la Rastignac, dernière lueur dans le regard de la femme qu’elle était avant de sombrer, et soudain une longue plainte animale qui s’échappe de sa gorge, comme elle se redresse, image au ralentit, et se met à remuer comme une furie sur sa chaise, faisant grincer le bois et se tordant les poignets pour tenter de défaire ses liens. Les onyx qui fixent alors la porte sont plus froids et durs que de la glace, une seule flamme venant animer les prunelles et réclamant vengeance. Une idée fixe, une seule pensée. La Mort. Sa Mort.

Les cordes lui entaillent les chairs, et tout son corps vibre de rage mais le cœur a fini de saigner, se refermant pour l’éternité dans sa carapace imprenable. Le B sur son épaule la brûle comme jamais sous le tissu de sa chemise et sa main meurtrie semble lui hurler son mal, comme si des milliers d’aiguilles étaient enfoncées sous ses ongles. Pourtant la douleur ne l’atteint pas, la souffrance faisant comme partie d’elle, coquille vide et insensible dans laquelle le sang pulse toujours plus vite au rythme de la folie qui s’empare d’elle. Le voile de tristesse dans les ébènes se transforme en masque de haine qui vient déformer les traits de son visage. Un dernier regard sans vie vers Rodrielle qui semble doucement revenir à elle, et ce hurlement qui n’a plus rien d’humain, semblant surgir des profondeurs des abimes, et que l’écho lui renvoie en dizaine d’autres cris qui viennent comme ricocher contre les murs.


EUSAIAAAAAAS !!!!!!!

Viens là crevure, raclure, enflure, ordure … Lâche qui ne sait qu’enfermer et entraver les femmes pour les combattre. Montre toi, je n’ai plus peur de toi … La Faible est morte avec lui, il ne reste plus que moi .. Viens m’affronter face à face …

Jusqu'en Enfer. Semper ma Panthera. Je vais te rejoindre …

Tout doit finir aujourd’hui.

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Rodrielle
« Sal*pe ». Seul mot avant le trou noir. Rodrielle avait juste eu le temps de se redresser avant que l’Eusaias lui flanque un coup derrière la tête à elle aussi. Jolie l’évasion ma vieille, tu veux les protéger alors qu’tu sais même pas te protéger toi-même d’un jeunot prétentieux ! Maintenant, elle se retrouve plongée dans l’inconscience et ne se rend même pas compte qu’on la tringballe dans une charrette comme un vulgaire sac à pommes de terre… Combien de temps avait duré le voyage ? Qu’était-il arrivé de Jules ? Que faisais le Balbuzard des deux corps qu’il avait assommé ? Toutes ces questions qu’elle se serait posé bien plus tôt si elle avait eu plus de jugeote à la Lice et aurait fait plus attention…

{Un nid oui… Mais surement pas celui des vipères…}

Sensation de froid et maux de crânes… Que s’était-il passé pour que ce soit aussi douloureux ? Pour l’instant, Rodrielle n’ose même pas ouvrir les yeux, préférant rester dans un état jonglant entre la léthargie et le sommeil et ce de peur de découvrir le pire devant ses yeux. Donc lentement, elle laisse ses souvenirs rejaillir ; l’arrivée à la lice, le monde qui s’installe, le Légendaire calme avant l’arrivée du fougueux… Le combat… La mort… Le désespoir. Jules était parti, c’était tout. Son ventre la tiraille alors face à cette réalité et la voilà obligée de rouvrir les yeux.

C’est là qu’elle croise ce regard rempli de haine, et celui-ci lui glace le sang. La féline n’est plus. Toute cette vie qui renaissait en elle depuis la rencontre avec le Sambre s’est envolée pour laisser place à cet animal enragé. Tout en la féline respire la vengeance…

« EUSAIAAAAAAS !!!!!!! »

Les yeux de la donzelle s’écarquillent et inspectent les lieux… Se débattre ne lui servit alors à rien, et s’en rendre compte lui valu un long grognement de frustration. Elles étaient donc enfermées et ligotées chez le Balbuzard… Voilà leur sort. Non, impossible. Trop stupide comme fin, elles n’allaient pas se laisser crever sous les mains du bourreau ! Mais pour l’instant, il fallait garder son calme… Le plus possible du moins.

T’inquiètes, il va arriver plus tôt qu’tu l’crois…

La voix rauque de la donzelle est d’ailleurs vite étouffée par les bruits de pas… Quatre pour être précis. Quatre ? Froncement de sourcils. L’était pas censé être tout seul le Balbuzard ? Soit, ce n’est pas un de plus qui allait empirer les choses. La seule chose qui leur restait à faire était d'attendre. La patience paye toujours à ce qu'il paraît... Et quoiqu'il arrive, elle était prête. Prête à payer de sa vie la mort du bourreau, prête à joindre sa force et ses armes à sa compagne mercenaire... Elle était prête à les affronter, quoiqu’il arrive…

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Orphelinat Sainte Clothilde
Karyl
[Dans l’Arène sémuroise]

Planté au bord de l’arène, le petit karyl observait incrédule la silhouette étendue au sol alors que la charrette d’Eusaias fonçait à présent droit sur lui. Incapable du moindre geste, de la moindre pensée cohérente, il restait planté là, sourd aux cris de la foule, aveugle à l’arrivée de brigide ou des autres membres de la zoko. Prisonnier de sa stupeur, le petit blond senti à peine la poigne d’Eusaias se refermer sur son bras et le soulever. Tout juste l’entendit-il l’inciter à le rejoindre. Et ce n’est qu’une fois le séant posé entre ce dernier et Félina qu’il commença à réaliser ce qui se passait, recollant tant bien que mal le fil des événements dans sa caboche : Eusaias venait de blesser Jules et d’enlever sa Félina !

Dépassant Lucie la main du balbuzard sur la bouche, le petit se mit à grogner tentant de se soustraire à l’emprise. Non mais il jouait à quoi tout à coup ? Sur le chemin qui les conduisait loin de la lice, Karyl tenta de se débattre du mieux qu’il pouvait agitant les bras et les jambes, essayant même par moment de mordre cette main qui obstruait sa bouche sans grand succès. Epuisé, il finit par se calmer, posant simplement des yeux noirs lourds de reproches sur le de Saint-Robert. A quoi donc rimait cette cavalcade et pourquoi ne pas être resté aider jules alors qu’il était de toute évidence blessé ? Pourquoi s’enfuir avec en butin Félina et Rodrielle inconscientes ? Non décidément le petit naïf de Saumur ne comprenait plus rien. Il n’y avait, dans tout ceci, rien du combat légendaire qu’il avait imaginé.



[Quelques heures plus tard, au nid]


Karyl n’avait toujours pas ouvert la bouche depuis l’arène. Il était un aventurier, futur super fort, qui savait manier le bâton et l’épée, gagnant chacun de ses combats contre des hordes de montres imaginaires, un intrépide chevalier capable de protéger ceux qu’il aimait, pourtant face au légendaire, force était de constater qu’il n’était rien de plus qu’un petit garçon à qui il restait encore bien des choses à apprendre. Essayer de frapper Eusaias ? Il parerait avant même qu’il n’amorce son coup. « Tu es trop prévisible Karyl ». Fuir ? Hors de question, il était un homme et les filles avaient besoin de lui et puis toutes ces questions qui lui trottaient en tête… il lui fallait des réponses.
Et celles-ci vinrent, à leur manière de la voix même de l’homme par qui tout arrivait et qui cherchait semble t-il à justifier ses actes. "C’était pour leur bien à tous....il était obligé pour le protéger...C'était comme un jeu..." karyl se surprit à penser qu’il était peut-être devenu fou. Avait-il reçu un mauvais coup sur le crâne qui le fasse ainsi délirer ? Félina, Rodrielle, jules… une menace ! Pour un peu l’enfant aurait rit devant telle énormité. Il savait lui que les zokoïstes étaient gentils et surement qu’en faite Eusaias avait seulement peur de leur mauvaise réputation. Persuadé d’avoir enfin compris karyl se radoucit légèrement vis-à-vis du légendaire cependant tout ceci n’était pas une raison d’agir ainsi et l’enfant était bien décidé à dire au nobliau sa façon de penser qui se traduisait d’ailleurs sans peine à la façon dont il regardait ce kidnappeur improvisé.

Faut dire que depuis qu’il avait prit place dans la charrette et cessé de gesticuler dans tous les sens, le petit bonhomme n’avait cessé de réfléchir.
Bon, réfléchis karyl… réfléchis. De toute évidence attaquer Eusaias de front ne servirait à rien. Attendre qu’il baisse sa garde et filer libérer les filles ? Voila une idée qui lui plaisait déjà plus. En attendant, pas question de montrer qu’il pouvait avoir peur, de toute façon les aventuriers n’ont jamais peur.

Bras croisés, regard autant emplis de reproches que de questions, le petit bonhomme avait alors suivit le bourreau dans son méfait, regardant impuissant Félina et rodrielle se faire ligoter à leur chaise respective. L’était pas bien fier le bambin, de toute évidence, il n’était pas le héros qu’il s’était imaginé. Et puis, il avait envie d’aller voir jules, de savoir comment il allait et rageait d’être si faible. Et c’est avec la seule arme à sa disposition que le petit se mit à combattre : son regard. Eusaias était devenu fou, plus aucun doute et il n’était pas question de le laisser faire du mal à Félina. Il le regretterait d’ailleurs surement dès le lendemain, alors autant lui éviter de faire une bêtise. Regard menaçant bien en place pour lui expliquer tout ça, Karyl avait tout de même décidé d’obéir à l’homme… plus prudent pour le moment. C’est donc sans rechigner et toujours sans prononcer le moindre mot que le petit avait suivit Eusaias dans la cuisine et le regardait à présent non pas comme un dangereux criminel mais bel et bien comme un illuminé. Préparer un ragout ? Si karyl avait encore besoin d’une preuve supplémentaire de la folie soudaine du père de cassian, la voila qui venait de lui être servit sur un plateau.

Bon, les toc toc du ciboulot comme il les appelait, Karyl en avait déjà côtoyé quelques uns à la grande capitale et s’il en avait retenue une leçon c’était bien de ne pas les contrarier, quelques uns de ses membres s’en souvenaient encore. C’est donc ainsi que l’enfant et le kidnappeur se mirent à faire la popote tandis qu’à la cave les deux zokoistes peinaient à reprendre connaissance. Ragout terminé, Eusaias décida d’aller voir ses captives au plus grand bonheur de l’enfant qui n’en montra cependant rien. Toujours aussi silencieux, ce qui pouvait devenir presque gênant, Karyl suivit une fois de plus le bourreau se demandant bien ce qu’il allait pouvoir apprendre, de toute évidence cétait Eusaias qui avait quelques lacunes en ce domaine.


« EUSAIAAAAAAS !!!!!!! »


Soudain, la voix de félina raisonna dans les murs. Et pour karyl plus question de faire le gentil toutou. Fou ou pas, il comptait bien se soustraire à l’emprise du légendaire-cinglé et se mit à courir se précipitant vers la cave. Félina était si proche, il devait l'aider.
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un simple gamin des rues...
Eusaias
EUSAIAAAAAAS !!!!!!!

"Ah oui, elle est reveillée." Le petit se met à dévaler les escaliers.

KARYL ! NOOON !

Eusaias, toujours ragout en main se précipita à la suite de Karyl. Le petit devait avoir peur de lui, où alors était manipulé par ces ordures de Zokoïstes. Il dévala les escaliers quatre à quatre et emboîta le pas de Karyl, lorsque celui-ci franchit la porte.

Une pause fut marquée, fixant la Rastignac avec mépris. Eusaias déposa le repas des captives sur la table et s'empressa de retirer Karyl de derrière la chaise. Les liens étaient bien trop serrés pour que le petit ne puisse les défaire, mais le Balbuzard préférait ne pas voir Karyl à porté des mercenaires.

Il prit temps de dévisager l'une et l'autre, surtout l'autre, Rodrielle, afin que son visage soit gravé dans la mémoire de Balbuzard. Ses mains étaient posées sur les épaules de l'enfant, cherchant à la fois à le retenir et le rassurer. Tout semblait bien plus compliqué étant donné qu'il se refusait d'être monstre aux yeux du chétif. Il soupira et se lança :


Alors Rastignac, tu m'aimes autant que cela que tu viennes me voir ? A moins que ce soit les prisons de Joinvilles qui te manquent.

Une de ses pattes saisit un tabouret et le place à quelques mètres des filles. D'un geste du menton, il invita Karyl à y prendre place.

Je l'ai entendu t'appeler « maman »... Est-ce vrai ? Si oui, tu peux être fière de lui, c'est un brave garçon qui aspire à autre chose que la vie de bohème que tu souhaites lui apporter. Il mérite bien mieux que les prisons et bagnes dans lesquels tu vas le conduire Rastignac !

Les yeux d'oiseaux de proie se posèrent sur Rodrielle.

Et toi drôlesse ? T'es qui ? Une nouvelle recrue ? Toi aussi tu rêves de mes tendresses sur le chevalet ?

Son regard dur et noir soutenait le regard des deux « louves ». Il devait les faire parler, il devait se servir d'elle pour liberer la Bourgogne de la zoko.
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Felina
[Prise au Piège]

Totalement hors de contrôle et sous l’emprise de la rage qui s’est emparée d’elle, la Féline n’entend pas plus la voix de Rodrielle à ses cotés que les pas derrière la porte. Les yeux emplis de haine pour celui qu’elle appelle de ses cris, elle l’attend, tout son esprit focalisé sur lui, Eusaias, prête à lui cracher son venin à la figure lorsqu’il passera l’entrée de la cave, et plus si affinités.
Soudain la porte s’ouvre dans un grincement, et alors qu’elle s’attend à voir le visage de fouine de son éternel tourmenteur, à la place son regard tombe sur la dernière des frimousses qu’elle aurait pensée voir ici. Visage encore taché du sang du Sambre qui blêmit alors qu’elle s’entend dire d’une voix blanche :


Karyl …


Impossible ! Ses sens sont en train de lui mentir, il ne peut pas être là, pas au milieu de cet Enfer ! Elle devient littéralement folle là ! Comment a-t-il bien pu se retrouver mêlé à tout cela ?
L’espace d’une seconde un voile de tendresse traverse les iris sombres de la sauvageonne, aussitôt remplacé par la lueur de colère qui y était avant lorsqu’elle voit le Balbuzard poser les mains sur lui.

Que cherche-t-il donc ? Pourquoi avoir enlevé aussi l’enfant … son enfant ? Maudit De Saint Robert, je vois que tu n’as vraiment aucun honneur, le Toutou de la Bourgogne n’en est plus à une bassesse près, et c’est un gamin que tu vas utiliser contre moi cette fois ci. Ta lâcheté est sans limite … Telles sont les pensées qui assaillent l’esprit tourmenté de la Rastignac alors que son regard ne quitte plus celui de l’oiseau de proie qui lui fait face.


Enlève tes sales pattes de lui Eusaias !! siffle-t-elle entre ses dents, d’une voix mauvaise, sans même s’inquiéter de ce que Karyl pourrait penser d’elle en la voyant dans un tel état.

Venir t'voir … Crois moi que j'me serais bien passée de c'déplaisir.

Les sourcils se froncent un instant en réaction à la suite de ses paroles. Karyl … l’appeler Maman ? Nouvelle grimace qu’elle ne parvient pas à masquer, alors que l’horreur qu’elle imagine se dessine sous ses yeux. Ainsi a-t-elle visé juste : le Balbuzard, ayant eu connaissance des liens entre elle et le petit gamin de Saint Antoine a décidé de se servir de lui pour l’atteindre.

Les paupières clignent un long moment comme le cauchemar entrevu lors de sa discussion avec Marie Alice est en train de se réaliser. Karyl, en danger par sa seule et unique faute. Elle qui a promis de tout faire pour le protéger est en train de comprendre qu’elle ne saura que lui apporter malheur et bain de sang. Elle qui pensait lui offrir un famille, vient de lui servir sur un plateau un père déjà mort et une mère qui s’apprête à le rejoindre. Joli tableau hein … Quelle folie a donc bien pu passer par l’esprit de se croire ainsi capable de prendre soin de lui … Regarde la Féline, regarde ce que je t’avais dit. Tout ça ce n’est pas pour toi … Ton rêve s’effondre avant même d’avoir pu se réaliser. Tu aurais du t’éloigner de lui, d’eux … avant que le malheur ne les frappe… Tu t’es crue meilleure que moi … Tu as joué … tu as perdu.


Dégage !

Tempête intérieure qui ne cesse plus, et migraine qui revient l’assaillir, la faisant grimacer de plus belle, alors que dans son dos les poings se crispent de nouveau jusqu’à la douleur. Et les mots du Seigneur de Saint Robert qui font mouche : « autre chose, vie de Bohème, il mérite mieux … prison, bagne. » Les onyx brillent de rage alors que douloureusement elle comprend qu’il a raison.

La Veuve gagne encore une bataille, et n’est plus très loin de gagner la guerre au train où vont les choses. Mais grâce à celle-ci , la mercenaire parvient à ne pas détourner le regard ni à lui montrer combien ses paroles l’ont atteinte, fierté plus exacerbée encore . Elle se contente de grogner à son encontre. Non tu ne peux plus me briser …
Il ne reste rien à tuer Eusaias, plus rien tu m’entends ! Voilà les mots exacts que l’Obscurité lui souffle en cet instant, mais rien à faire … Karyl est là, ses grands yeux noirs posés sur elle et rien ne franchit la barrière scellée de ses lèvres tandis qu'elle tente désespérément de se soustraire à ce regard qui lui seul parvient encore à percer le mur de pierre qu’elle a érigé autour de son cœur.
Son dernier espoir en ce monde, sa seule raison de se battre encore, une dernière fois, juste pour lui. Parce qu’il ne lui reste plus que lui, parce qu’il est tout ce qui compte, parce qu’elle ne le laissera pas.
Tu ne peux pas lutter contre ça … Tu l’aimes …



Laisse Karyl en dehors d'tout ça !!

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Rodrielle
Dis, tu la sens toi celle-ci ? Je sais que tu la connais par cœur… Cette rage qui t’enivre lorsque tous tes fondements s’éboulent les uns après les autres. Tu sais ce que c’est toi de voir mourir les gens que tu aimes et t’en payes encore le prix maintenant…

La hargne de la féline la prend aux tripes, comme un coup de fouet survenu d’ailleurs. L’arrivée de Karyl dans la pièce changea l’humeur de la donzelle du tout au tout. Punaise mais qu’est-ce que tu fous là gamin ? Pars… Fuis tant qu’il en est encore temps ! Ne reste pas ici, dans cette cave maudite, et cours dehors tant que tu le peux encore. Parce que c’est comme ca que Rodrielle voit la suite des évènements : de la torture avec en prime un enfant dépité. Et elle comprend qu’Eusaias n’est en fait qu’un monstre manipulateur… Rodrielle découvre enfin les griffes acérées du Balbuzard, elle pourrait presque ressentir la douleur que Félina a subit un an auparavant dans les geôles de sa propre ville qu’elle chérissait tant. A présent, tout à changer… La Bourgogne n’a plus le même visage et, aujourd’hui plus que tout autre jour, Rodrielle se sent proche de cette lionne qu’elle ne connait que trop peu.

« Laisse Karyl en dehors de tout ça !! »

Trop tard ma belle… Le blondinet a été placé sur le grand échiquier et nous le savons tous les quatre. A présent il faut jouer, chacun notre tour, en utilisant notre ruse et notre force pour en sortir vivant. Parce qu’il était presque certain que la fin de la partie serait fatale pour quelqu’un. La seule prière que les deux femmes pouvaient faire à cet instant n’était finalement que Karyl s’en sorte indemne, qu’il ne soit pas le témoin d’une scène de barbarie que le Balbuzard semblait maîtriser à la perfection.

« Et toi drôlesse ? T'es qui ? Une nouvelle recrue ? Toi aussi tu rêves de mes tendresses sur le chevalet ? »

Quand on parle du loup. Les émeraudes percent le regard du bourreau assis en faces d’elles deux. Rêver de quoi ? Non, certainement pas. Plus maintenant en tout cas ! Bien que l’idée aurait été tentante dans d’autres circonstances… En tout cas, la donzelle ne baissera pas les yeux face à lui. Qu’il ravale un peu sa fierté le coq, ca lui ferait pas de mal. Rodrielle esquissa alors un sourire en coin. Vrai qu’il ne savait pas qui elle était… Et ca, elle comptait pas lui dire de si tôt.

Y a rien en toi qui fait rêver trésor. Même mes cauchemars ont plus d’intérêt qu’toi…

Elle le regarda alors avec dédain, ne gardant en tête du sieur que sa lâcheté. Même pas la peine de répondre à l’autre question qui ne servait à rien ; surement avait-il remarqué la bague qui ornait l’annulaire droit de la donzelle. Oui elle était de la Zoko, oui cette troupe était sa nouvelle famille… Et cet homme, assis mielleusement en face d’elle allait payer de sa vie l’affront qu’il osait leur faire. Regarde mes yeux, bourreau, et comprend que tu n’auras rien de nous.
Et crois moi Eusaias, il n’y aura pas assez de chair sur ta carcasse pour assouvir la faim de vengeance des mercenaires…

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Orphelinat Sainte Clothilde
Eusaias
Il ria à la réplique de Rodrielle avant de secouer la tête de gauche en droite.

Et portant drôlesse, regarde ta compagne comme elle m’aime. Je parie que chaque jour, chaque nuit, elle pense à moi. Si ce n’est pas de l’amour ça….

Les lèvres s’écartèrent un peu, offrant un sourire carnassier aux captives. Ses yeux glissèrent d’une proie à l’autre. Il ferait parler la Rastignac, il le savait, tout le monde parlait lorsqu’il s’appliquait à poser les questions.

Ferme-la, petite vertu d’Anjou. Karyl ne doit surtout PAS rester en dehors de ça. Je pense qu’il est en droit de savoir comment « sa mère » gagne sa vie. Il a le droit de savoir que celle qu’il appelle « maman » a la cuisse légère et le couteau affuté.

Il maintenait toujours le garçon sur le tabouret. Sa main gauche posée sur son épaule, pendant que les serres de la main droite parcouraient les cheveux du petit. Oh il aimait Karyl. Le petit Angevin avait été rencontré dans une taverne de Tourraine, alors que le Balbuzard accompagné de « ses corbeaux » suivait Marie Alice Alterac jusqu’en Berry pour y faire la guerre. Le petit avait porté un peu d’innocence dans sa vie de soudard, lui rappelant son propre fils Cassian. Puis le Roy avait donné l’ordre tant espéré, les Corbeaux avaient fondu sur Bourges, participants à la prise de Bourges, alors que le chétif restait en Tourraine. Le Berry capitula, les soldats reprirent les routes afin de retrouver leurs foyers. Karyl avait réapparu quelques temps après dans les ruelles de Sémur, le petit avait retrouvé leur trace pour la plus grande joie du groupe. Et là, cette catin venait le chercher ? L’emmener sur les routes et en faire un pillard ? En faire un ennemi du Balbuzard ? Jamais !

Vas y la Rastignac, explique à ton fils comment on tranche la gorge d’un innocent pour lui voler sa bourse. Explique à ton fils qui sont tes amis. Raconte-lui, la souffrance que tu lis dans les yeux des malheureux quand par cupidité tu leur arraches la vie. Rastignac, il faut qu’il sache notre première rencontre. Qu’il apprenne que tu étais en prison car tu as attaqué la Bourgogne. Explique-lui le bruit des os qui craquent lorsque qu’on est brisé sur le chevalet, raconte-lui la souffrance de la chair qui éclate sous le fouet. Vas y Rastignac… nous t’écoutons.
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Felina
[Lorsque les mots remplacent les lames.]

Ou quand la vérité éclate au grand jour.

Pas même un regard vers sa compagne d’infortune lorsqu’elle répond à son tour aux provocations du Balbuzard, ses yeux restant obstinément fixés sur l’homme et l’enfant bien trop proche de lui à son goût. Une grimace de dégout lorsqu’il recommence à la provoquer, elle se contient cette fois de lui cracher sa haine au visage, réalisant doucement qu’il serait malvenu d’exacerber plus encore son courroux. Si la Féline est en train de sombrer, elle en garde néanmoins un peu de lucidité, et elle a bien compris qu’elle n’était pas en position de force, ligotée sur sa chaise.

Sans la présence de Karyl, sûrement se serait elle débattue comme une sauvage, ruant et se cabrant pour tenter par tous les moyens de se défaire de ses liens ou de frapper avec ses pieds qui eux n’étaient pas entravés. Mais les onyx de l’enfant posés sur elle la force à se tempérer le plus possible et au prix d’efforts inconsidérés vu son état de nerfs, elle ne fait plus un mouvement, se contentant d’accuser les coups d’un nouveau genre infligés par son éternel bourreau.
Oh comme elle voudrait le faire taire, l’empêcher de dire ces mots qu’elle n’a jamais eu le courage de dire à Karyl. Mais elle ne peut qu’encaisser comme elle peut, le laissant déverser son fiel et raconter l’histoire à sa sauce. Elle était venue en Bourgogne pour retrouver l’enfant … son enfant, pensant pouvoir enfin tout lui dire d’elle et de sa vie, lui expliquer ce qui s’était passé la dernière fois qu’elle était venue ici. Mais jamais dans ses pires cauchemars elle n’aurait pu imaginer que la vérité serait dévoilée par cet homme … Celui qu’elle déteste le plus au monde.

Pourquoi lui fait il cela ?

Malgré son impassibilité et son calme apparent, la sauvageonne bouillonne et dans son dos les poings continuent de se serrer de rage. Mâchoires crispées et ébènes assassins toujours rivés sur Eusaias, elle évite tant qu’elle peut de croiser le regard enfantin qui lui seul pourrait abattre ses dernières défenses. Elle voit cette main sur son épaule, ces doigts qui lui caressent les cheveux, et elle fulmine intérieurement de le voir le toucher ainsi. Les paupières se ferment un instant alors qu’elle prend une longue inspiration. Non elle ne lui fera pas le plaisir de céder si facilement, malgré le mal qu’il est en train de lui faire. Torture bien plus insupportable que les os de ses doigts brisés ou le fer chaud que son épaule, mais elle tiendra bon, tant qu’elle le peut, pour Karyl.


Tais toi Eusaias … Tu n’sais rien de moi. Tu n'vois que ce que tes yeux de toutou à ses maitres peuvent voir. Tu ne cherches pas à passer outre les apparences, tu n’essaies pas d'penser par toi-même.
Le monde n’est pas tout noir ou tout blanc, es tu donc si naïf ? Tu m’fais pitié ….


La gorge s’assèche alors qu’elle ne cesse plus de parler, les mots ne sont ni pesés ni réfléchis, mais sortent comme ils lui arrivent, nets et implacables, tranchant dans le vif sans aucun détour.

Explique moi pourquoi même M’dame Alterac m’a fait confiance pour prendre en charge l'éducation de cet enfant ? Explique moi pourquoi ton fils Cassian a su passer d’agréables moments en ma compagnie alors que j’les emmenais lui et Karyl chevaucher dans les bois ? Explique moi pourquoi moi la terrible meurtrière que tu décris ne suis pas revenue en Bourgogne pour me venger d’toi et d’tout ce que tu m’as fait subir, mais seulement pour retrouver mon fils, prenant le risque de t’trouver toi ou d’autres sur ma route, dans ce duché où je suis marquée de félonie.
Tu m’as jugée et condamnée sans m'connaître … Penses tu qu'tu vaux mieux que moi Saint Robert ?
Ton fils te prend pour le Légendaire … Un héros de Bourgogne et un fier combattant. Quand il parle de toi, ses yeux brillent comme jamais. Que penserait il désormais en te voyant questionner deux femmes désarmées? En apprenant que tu as enlevé un gamin, son ami de surcroit ? Serait il toujours aussi fier de toi ?

Qui se sert du fils de l'autre pour l'atteindre ?


Une pause alors qu’enfin elle ose poser son regard sur Karyl, une lueur différente prenant alors naissance dans les iris. La voix se fait soudain plus douce comme elle reprend.

Tu n’es pas meilleur que moi Eusaias … Oh non ...Nous sommes c'que nous sommes mais … Cet enfant a été le premier à lire en moi, il a su m’aimer au-delà des apparences et tu ne pourras jamais comprendre le lien qui nous unit. Il est mon fils et il sait qui je suis … lui …


Et un dernier soupir qu'elle ne parvient pas à retenir alors qu'elle repose son regard sur son tourmenteur, sa flamme de haine toujours présente et provocante.

Tu peux bien faire ce que tu veux de moi, m'envoyer rejoindre Jules en Enfer ... et faire de Karyl un orphelin si tel est ton désir. Mais laisse le partir d'ici !


Derniers mots qui résonnent comme une supplique, dernière tentative d'une Féline pour le sauver, lui et lui seul, car pour elle, c'est déjà trop tard.
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl
KARYL ! NOOON !

La porte s'ouvrit avec fracas pour laisser place au petit blond qui entra en trombe dans la cave humide. Sa détermination pouvait se lire sans peine sur ses traits juvéniles alors qu'il posait un regard sombre sur les deux captives enfin réveillées. Il ne prit pas le temps de regarder en arrière et courra vers elles. Et tandis qu'Eusaias entrait à son tour posant sa gamelle sur une table proche de l'entrée, le môme quant à lui s'activait déjà à défaire les liens de Félina. Mais ceux-ci étaient bien trop serrés et Eusaias bien trop rapide pour qu'il ait la moindre chance. A peine avait-il commencé à toucher aux liens que déjà les serres puissantes de l'ancien bourreau de Bourgogne se resserraient sur lui. Trop frêle, trop jeune, karyl était impuissant. Il se débattit pourtant tel un lion en tentant vainement d'attraper les liens tandis que l'homme le soulevait sans peine et le ramena au centre de la pièce, face aux prisonnières. Mains puissantes posées sur ses épaules, l'enfant n'avait alors plus d'autres choix qu'écouter le bourguignon railler sa "mère".

Assis sur un tabouret à quelques mètres de Félina et Rodrielle, l'enfant n'avait aucune peine à comprendre la gravité de la situation. Et bien que sa sympathie pour le père de Cassian l'empêchait d'imaginer que celui-ci puisse faire le moindre mal aux captives, le ton employé aussi bien par celui-ci que par Félina lui glaça le sang. Ennemis, soudain tout semblait les opposer, eux que l'enfant prenait tant plaisir à côtoyer chaque jour ignorant tout du lien qui pouvait unir le bourreau et sa victime. La haine qui transpirait autant de leurs mots que de leur attitude respective choqua alors karyl autant qu'il le surprit.


Laisse Karyl en dehors d'tout ça !!

Le môme sursauta à ces mots et posa un regard noir sur Félina. Partir? Il était hors de question qu'il parte sans elle. Il était bien trop tard pour songer à le laisser en dehors de cette affaire et pas même Eusaias ne pourrait le faire sortir de cette cave, il venait de s'en faire la promesse. Non, il ne partirait pas. Par chance, Eusaias fut de son avis, et tandis que continuaient de fuser les phrases cinglantes, une idée vînt germer dans l'esprit du marmot lui redonnant un peu espoir et faisant briller ses yeux d'un nouvel éclat. S'il ne pouvait avoir Eusaias par la force ou la ruse, il lui restait un atout, celui qu'on lui connaissait le mieux : Il parlerait!

Chassant les images de Jules qui lui revenaient sans cesse en tête et tachant d'oublier la gravité de la situation dans laquelle il se trouvait, karyl décida qu'il était tant de mettre un terme à cette mascarade. Il se disait aventurier, il voulait être courageux... Eusaias venait de lui servir une occasion en or de le prouver à sa Félina et aux autres. Il n'était plus question d'avoir peur.

Mais la question sur fond de défi posée par le bourreau à Félina au même moment vînt contre-carrer ses plans enfantins. "Vas y la Rastignac, explique à ton fils comment on tranche la gorge d’un innocent pour lui voler sa bourse. Explique à ton fils qui sont tes amis ." La curiosité de karyl venait d'être piquée au vif et c'est à présent un regard interrogateur qu'il posa sur Félina. Dans la cave, le silence se fit soudain. Un instant le temps sembla suspendu aux lèvres de la Rastignac. Oublié la situation périlleuse, la cave, le combat dans l'arène, Jules peut-être mort... Karyl voulait savoir.

Et la jeune mercenaire se mit à parler renversant la balance des accusations à la plus grande joie de l'enfant. Voilà ce qu'étaient les zokoïstes pour le petit parisien. Une troupe d'hommes et de femmes ayant fait de leur vie une aventure permanente et qui l'avaient accueillit, accepté alors qu'il n'était rien qu'un petit vagabond rêveur à la parlotte facile. Comment oublier cette leçon de dague alors qu'il ne connaissait rien de cette jeune femme? Comment oublier le cadeau d'Eikorc alors qu'il parait pour la Bourgogne... Ils étaient mercenaires, on les disait méchant, ils étaient pourtant les premier à lui dire qu'il ne serait plus jamais seul.
Et l'enfant retrouva espoir. Eikorc viendrait les aider, il n'en doutait plus. En attendant, il devait se montrer courageux, il devait protéger Félina et Rodrielle du mieux qu'il pouvait et pour cela il n'avait qu'il seule idée...

Levant les yeux sur Eusaias il décida enfin de rompre son silence et de cette voix enfantine et rieuse qu'on lui connaissait bien, il devînt avocat au service de ses amis :
Faut pas que tu ais peur hein Eusaias même si tu as fait une bêtise. C'est parce que tu pouvais pas trop savoir que eux c'est pas des mercenaires pareil que les autres. Et je suis sure que Jules il va te pardonner de l'avoir blessé. Moi aussi je aurais eu peur tu sais parce que à Paris, les mercenaires que je connais ils sont vraiment très méchant. Mais Félina et Rodrielle ben elles sont gentilles et même que Félina elle me a appris la dague et Rodrielle elle me a aidé pour mon épée alors tu vois. Et puis ils ont fait un peu une bêtise en venant la dernière fois dans la Bourgogne mais tu sais moi aussi une fois je ai fait une bêtise parce que je ai voulu voler Arnaud alors que il était perdu mais il me a pardonné et maintenant on est copain.

L'enfant fit une pose laissant le temps à l'homme d'intégrer ses propos puis porta ses poings sur ses hanches tout en fronçant les sourcils et reprit d'une voix plus assurée, légèrement forte : Et puis faut que tu arrêtes de faire les bêtises hein sinon je vais le dire à Marie et je suis sure que elle va te gronder super fort et en plus moi je ai gagné contre milo au bâton et même que je ai gagné aussi contre cassian alors si tu fais du mal à Félina et Rodielle et ben moi je vais aussi te faire. Et je suis sure que cassian il va pas être content que tu fais ça. Alors faut que arrêtes, moi je promets je dis rien et tu te ferras pas gronder et puis Marie elle a dit que félina elle pouvait être ma maman et même que eikorc il était pas un vrai méchant et même Cerridween elle avait dit et elle lui a pardonné les bêtises que il a fait alors toi faut tu fais aussi sinon c'est que on peut plus être copain.

Il le regarda alors d'un air qu'il espérait sévère et finit par demander : Bon tu les détache pour que on mange le ragout.. en plus moi je ai faim maintenant ! Et en plus faut que tu me racontes pour le duel parce que je ai rien vu!
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un simple gamin des rues...
Rodrielle
Et tout change, se développe, s’emmêle… Difficile de dire un mot dans cette situation plus que tendue. En fait, Rodrielle n’a rien à dire sur le coup : tout se passe entre Félina et Eusaias, elle n’était là que par un concours de circonstance. Alors elle regarde, elle écoute les deux protagonistes se fusiller verbalement en prenant l’éducation des enfants comme arme. Trop vil, Eusaias… Ne joue pas là-dessus, surtout pas ! Car la féline lâche ce qu’elle a sur le cœur, dernière chance pour gagner la partie. Jouer avec Cassian comme le Balbuzard tente de jouer avec Karyl. Finalement il n’a rien à critiquer.

Puis Karyl prend les rennes. Emeraudes qui se tournent vers le petit avec une lueur de tendresse. Elle se doute qu’il a tout compris, ce môme est loin d’être bête. Finalement, n’y a-t-il que lui pour sauver la situation ? Ouais, p’t’être bien ! Et il a une belle façon de détourner l’attention d’ailleurs. Sa grande ‘babaille’ est son atout principal. Alors autant en profiter… Mais comment se libérer de ces liens ? Pour l’instant c’était impossible, et même si leurs pieds n’étaient pas attachés, le Balbuzard se trouvait trop loin des donzelles pour qu’elles l’assaillent de coups de talons… dommage.

De toute façon, qu’est-ce que tu comptes faire de nous, Eusaias ?

Paroles qui sortent franco des lèvres de la donzelle alors que son regard retourne sur le bourreau. Tout cela ne rimait à rien pour l’instant… Alors quitte à subir quoique ce soit, autant le savoir tout de suite, même si au fond d’elle Rodrielle savait qu’ils ne risquaient pas leur vie.

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Orphelinat Sainte Clothilde
Eusaias
La tête secouait de droite à gauche, de gauche à droite. Mensonges et balivernes, La Rastignac mentait à n’en point douter. Le Balbuzard, les doigts le démangeant, caressa la garde de sa lame effilée. L’envie de la faire taire se fit plus forte, quand elle osa parler de son fils, Cassian. L’enfant l’aimait ? Foutaise, l’enfant avait été dupé sans nul doute. Elle se servait de lui tel un bouclier, alors que cette perfide était venue nuire à la Bourgogne, à leur chez eux.

Garde ta langue fourchue derrière tes crochets, Félina ! Tu as dupé les autres, tu as trahi les enfants, mais moi tu ne m’auras pas avec tes beaux discours… Je ne crois qu’aux actes, là ils te desservent tous. Tu as attaqué la Bourgogne, participé à l’enlèvement de deux des miens, pour les conduire à l’autre ordure Penthivarique.

La colère montait, prête à exploser, alors que son sang continuait à filtrer à travers les linges et à tacher le sol. Une voix, celle de Karyl, tenta de l’apaiser. Pauvre petit, ne sais tu pas que le Balbuzard ne tremble pas. Le Mauvais ne connait pas la peur, il agit seulement pour votre survie. Ne comprends tu pas, qu’elle recherche un brin d’humanité à travers toi…

Il suffit Karyl ! Cette mère que tu veux tienne, va te conduire à ta propre perte. Ils vont t’entourer, te dire que tu es des leurs et te demanderont d’assassiner un ami, pourquoi pas Cassian, pour leur prouver que tu veux être un aventurier. Ne vois tu pas qu’elle n’est que haine.

Et l’autre qui veut des réponses…

Ecoute moi bien drôlesse, tu ne serais pas des leurs je ferai bien volontiers de toi ma pu*ain. Mais là, tu n’auras qu’un gout amer de sang froid et tu pues la mort, tout comme tes amis. Ce que je vais faire de vous… Voyons la question n’est pas là ! Qu’allez-vous faire ? Que veniez vous faire sous couvert de venir chercher ce garçon.

Il désigne Karyl.

Les questions sont beaucoup plus intéressantes ainsi. Je n’ai pas peur mesdames, allez y montrer vos vraies visages.

Il tire la lame effilée de sa manche et lance la pointe en direction du ventre de la Rastignac. Au dernier moment la lame s’arrête et remonte le long des liens, les tranchant un par un.

Vas-y Rastignac, montre ton visage à Karyl.

La lame saute dans sa main il lui présente le manche.

Vas-y…
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--Felina.
La colère ne faiblit pas, et dans les veines de la Panthère entravée, le sang pulse toujours plus fort alors qu’elle a craché son venin. Son regard passe de l’enfant au Balbuzard, changeant mille fois d’expression, de l’amour à la haine la plus pure qui se livrent un combat rageur. En elle, une tempête de sentiments contradictoires l’assaillent.

Le ton du Saint Robert à son égard ne la fait pas ciller, et elle se permet même un sourire en coin lorsqu’il évoque le souvenir de son attaque de la Bourgogne et de l’enlèvement de la Princesse et du Tri Duc. Ses premières actions d’éclat avec la Zoko, ça non elle ne risque pas de les oublier, et encore moins de les regretter. Il lui faut alors toute la force de sa détermination pour se taire, et retenir sa hargne alors que Karyl prend enfin la parole … Et elle l’écoute, chaque mot du blondinet faisant écho en elle, déstabilisant pour un instant la fière mercenaire. Tant de candeur, tant de naïveté et d’innocence chez le gamin … Elle retient avec peine un soupir alors que déjà ses pensées s’emballent. Et si Eusaias avait raison ? Si, comme elle le craignait il y a peu encore n’était elle pas faite pour être la mère de Karyl ? Insidieusement le doute la ronge de nouveau, celui là même qui ne le quitte jamais malgré la promesse faite. Les dangers de son monde de noirceur et de combat, elle les connaît mieux que personne, et ce qui vient de se passer dans cette arène il y a quelques heures ne font que la convaincre une fois encore que la Mort est bien trop présente autour d’elle. Est-ce cela qu’elle veut pour celui qu’elle appelle désormais son fils … Est-ce l’avenir qu’elle lui réserve ? Les poings se crispent plus fort dans son dos, mais elle serre les dent et ne prononce pas un mot.

Soudain, alors que l’enfant semble en avoir finit et propose même à Eusaias de les détacher toutes les deux, c’est Rodrielle qui prend la parole, faisant presque sursauter la Rastignac qui, obnubilée par le Balbuzard et Karyl en avait presque oublié sa présence dans cette galère. Elle sourit de nouveau en réaction à sa question, mais se recrispe aussitôt lorsque leur geôlier du moment se remet à siffler. Une chose est sûre en tout cas, la Haine du Balbuzard à son encontre n’a rien à envier à celle qu’elle lui porte. Le ton avec lequelle il s’adresse au blondinet la fait grogner ,et, ne pouvant rien faire d’autre, elle fusille Eusaias du regard. Elle le ne quitte pas une seconde des yeux alors qu’il lance un interrogatoire en règle mais cette fois si sans coup ni chevaler. Ça change Saint Robert, deviendrais tu un homme ?

Léger frisson lorsqu’il vient pointer la pointe de sa lame vers elle, elle ne recule pas pour autant, le
provoquant toujours plus de ses deux onyx soudés aux siens. Allez, vas y Eusaias … Montre moi ce
que tu vaux … Plante donc une femme ligotée et désarmée … Mais une lueur de surprise qu’elle ne
peut contenir vient soudain éclairer le regard sombre, comme il vient trancher les liens en lieu et
place de sa gorge . Quelques secondes pendant lesquelles elle reste immobile, comme pétrifiée, et
soudain elle saisit sa chance, ignorant le manche de la lame qu’il lui tend, et bondit vers le
Balbuzard, griffes de sa main droite en avant qui viennent se placer contre sa gorge. Tous les deux armés désormais, voilà qui rétablit les forces et devient nettement plus intéressant.


Ses yeux haineux toujours plongés dans les siens, elle en oublie un moment qu’ils ne sont pas seuls, et c’est au prix d’un nouvel effort qu’elle se contraint à pas planter ses griffes d’acier dans la jugulaire ennemie, mais choisit de répondre à sa question.


Tu te donnes trop d’importance Eusaias, et tu donnes trop d’importance à ta maudite Bourgogne. Je n’suis pas là pour toi, et j’n’ai même pas cherché à être discrète sur tes terres. J’viens simplement voir Karyl, parce qu’il me l’a demandé, parce j’en avais b’soin. Ton Duché ne m’intéresse pas …

Quant à toi …

Elle s’interrompt, lueur étrange qui passe dans les ébènes, puis le regard qui vient se poser un instant sur Karyl.

Quant à toi je règlerai mes comptes avec toi plus tard … Seul à seule si tant est que tu ais ce qui faut dans tes braies pour m’affronter loin de tes maîtres.

De nouveau le regard revient sur l’homme qu’elle menace toujours de ses griffes.

Laisse partir Karyl, laisse partir Rodrielle … et réglons ça quand tu seras de nouveau valide. J’ne tue pas les blessés … Comme quoi j’suis p’têt pas aussi mauvaise que tu l’penses.



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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
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