(Quand le hasard fait bien les choses)
Depuis quelques temps, Lou avait pris l'habitude de venir se promener à l'aurore sur le port. Cela lui rappelait Azin, lorsqu'il partait se ballader sur le bord du lac en compagnie de Tonnerre et Mascotte. Il rester là à rêvasser de longs instants et refaisait le monde à sa façon.
Ce matin là, il regardait un navire quitter le port, l'annamaria. Des anciens lui avaient dit qu'il partait pour le nouveau monde. Lou avait du respect pour ces marins. Combien allaient revenir de ces expéditions au long cours?
Longtemps, il fixa ce navire jusqu'à ce qu'il le perde de vue. Il restait là immobile, regardant la mer, l'air iodé venant lui caresser son visage et ses longs cheveux volant au vent.
Ensuite, il regardait les marins charger les bateaux. D'autres descendaient diverses marchandises. Un véritable chassé-croisé entrecoupés de noms d'oiseaux. Certaines expressions lui étaient mêmes inconnues. Probablement des paroles mariniéres réservées aux habitués.
De temps en temps, il s'arrêtait prés d'un ancien pour discuter avec lui. Il adorait les entendre raconter leurs mésaventures. Les uns avaient la pipe bien coincée entre deux dents noirâtres; d'autres chiquaient et crâchaient des choses bien verdâtres. Chacun avait sa petite idée sur ce nouveau monde. il avait eu des descriptions de montres marins hallucinantes. Il se demandait bien où ils allaient puiser leurs sources.
Il avait néanmoins appris un chose, c'est que celui qui avait les plus grands bras, qui pêchait le plus grand poisson. Hier, il était tombé sur un petit bonhomme tout rebougris qui lui avait montré la grandeur d'un poisson, pêché la veille, en écartant les bras :"ouais mon gars, grand comme ça qu'il était". Lou s'amusa à écarter ses bras également et dépassa le pauvre bougre d"au moins trente centimètres. Le vieux loup de mer crâcha au sol : "ouais le privilége de la jeunesse". Lou le laissa, un peu triste d'avoir gâché sa si belle prise.
Lou allait quitter les lieux lorsqu'il fut surpris de voir la Doc et la princesse rose. Que pouvaient elles faire ici de si bonne heure. Voulaient elles prendre le bateau pour voyager. Bizarre, Nefi n'avait rien dit. Il les regardait se diriger dans tous les sens et parfois s'adresser à des marins.
Il alla vers elles au moment où elles se dirigeaient vers un ponton. Lou regarda Nefi glisser, vaciller des bras et disparaître. Il éclata de rire de voir une si belle gamelle dés le matin.
Son rire disparu peu à peu et l'inquiétude pris place sur son visage. Il ne la voyait plus. Seule, Laury était présente sur le ponton et elle était agitée. Elle hurlait des mots que lou ne parvenait pas à comprendre..
Lou fonça vers le ponton en faisant attention de ne pas glisser lui-même. Arrivé prés de Laury, il la regarda, elle semblait maintenant tétanisée. Il regarda de gauche à droite, pas de Nefi; que de l'eau.
Il laissa tomber sa cape, mantel et épée et sauta à l'eau et s'agrippa à une barque. L'eau était glacée, il lui sembla que durant quelques instants il ne pouvait plus bouger. il remplit ses poumons d'air et plongea. On n'y voyait quasiment rien et c'est pas un pur hasard qu'il sentit quelquechose. Ses poumons lui brûlaient. Le manque d'air se faisait sentir. il agrippa cette chose et remonta rapidement à la surface pour respirer. Il regarda la chose ramenée, des habits et le visage inconscient de la doc.
Des marins se trouvaient sur le ponton. Ils les aidérent à sortir de l'eau. Nefi sur posée sur le ponton. Lou récupéra sa cape et son mantel qu'il posa sur elle. Il ne savait que faire et c'est bêtement qu'il cria :
Ya pas un médicastre ici?
Il posa son oreille sur sa poitrine et n'entendit pas son coeur battre. Pris de panique, il essaya de se relever mais glissa et son poids vint s'affaler sur celui de nefi, son coude lui percutant violemment le ventre. Par il ne sait quel miracle, la doc se mit à tousser et à vomir de l'eau. Il la positionna sur le côté et elle continua à vomir une quantité d'eau impresionnante.
Elle s'arrêta enfin. Il eut l'impression qu'elle ouvrait les yeux mais ceux-ci se refermérent aussitôt. Avait il rêvé?
Il se pencha de nouveau sur elle. Son coeur battait faiblement. Un léger sourire se dessina sur son visage lorsqu'il regarda la petite princesse.
Lou était gelé. Il devait en être de même pour elle. Il l'a prit dans ses bras et se dirigea vers la taverne la plus proche. Heureusement, la cheminée était allumée. Il poussa chaises et tables à coups de pieds et l'allongea prés du feu. Il remit quelques bûches.
Il regarda le tavernier et lui demanda de ramener quelques couvertures. Puis, il ne sait pourquoi, il se mit à hurler :
Tout le monde dehors, il s'agit de la comtesse. Allez, dehors!!!
Le mot comtesse eut un effet magique et la taverne se vida en quelques secondes. Le tavernier eut juste le temps de lui donner des couvertures et quitta aussi les lieux.
Lou sollicita l'aide de Laury afin de déshabiller sa maman.
Euh! Désolé Nefi, mais là je suis bien obligé.
Une fois nue, il l'enveloppa des couvertures. il lui frotta le dos énergiquement tout en la maintenant prés de l'âtre.
Que devait il faire? Attendre qu'elle se réveille!! Envoyer Laury au fort chercher du secours!! Pour une fois, Lou se sentit vraiment seul......