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[RP]Rosa...La Catin.[/RP]

Rorshach
Abasourdi et hagard, Rorshach regardait la roulotte qui s'embrasait sous ses yeux. Des cendres tombaient par endroit, formant des monceaux de suie noire sur les herbes alentours. Pour le reste, des morceaux de bois autrefois murs, autrefois roues, autrefois montants s'écroulaient désormais de toute part, la roulotte perdant sa forme initiale au profit d'un simple tas de décombres fumants, léchés par les flammes.
Le paysan entendait le sang battre à ses tempes. De peur, d'incompréhension, d'exaltation nécessaire à sa survie. Il avait réuni ses sens et les avait poussé à leur paroxysme pour s'en sortir. Chose qu'il avait réussie, malgré tout.

Le cheval qui hennit alors le tira de la contemplation morbide de la sommaire habitation. Il traînait derrière lui le harnachement qu'on lui avait infligé et s'en allait à toutes pattes, s'éloignant au plus vite dans un instinct animal. Pourtant, ce n'est pas l'équidé qui retint l'attention du rustre, mais l'homme qui fut frôlé par la bête. Sancte. Indéniablement le tribun. Rorshach serra les dents à la vue de l'homme. Il ne le connaissait que peu, et on ne pouvait pas dire que leur première approche avait été des plus chaleureuses. Le ton sur laquelle il s'était adressé à la catin et cet air supérieur qu'il affichait en toute circonstance laissait un goût amer au paysan. Le regardant approcher sur la défensive, Rorshach eut pour réflexe de se placer devant la jeune femme inanimée. Quoi qu'il veuille, il allait devoir en parler avant.


Qu'est-ce qu'vous foutez ici vous ? Z'avez pas fini d'l'embêter ?

Il fronça les sourcils alors que l'homme lui parlait, se soustrayant à la main qui pesait sur son épaule. Le contact ne lui était pas familier et venant d'un homme comme le tribun, il préférait éviter. Il fut pourtant surpris de ses paroles et de ses gestes. Pourquoi lui proposait-il de l'eau alors que quelques instants plus tôt il le méprisait comme un sans-nom ? Sur ses gardes, le paysan prit la gourde, se désaltérant avec vigueur après l'incendie qui l'avait asséché. Il s'essuya la bouche dans sa manche et rendit la gourde à l'homme qui lui faisait face. Ce n'est qu'alors qu'il tiqua à ses propos.

Commencez pas à insinuez quoi qu'c'soit vous ... J'suis pour rien dans l'état d'cette femme qu'vous l'vouliez ou non ... Va falloir mett' les choses au clair sinon on risqu'd'pas s'entendre, d'jà qu'ça m'paraît pas mal compromis ... J'suis clair ?

Peu enclin à la discussion comme à toute badineries, Rorshach se pencha vers la catin et la prit du plus délicatement qu'il pouvait dans ses bras. Elle aurait besoin d'aide, c'était évident, et la seule solution était de suivre l'homme qu'il répugnait pourtant à croire. Il suivit donc ses pas, s'éloignant de la roulotte.

Au fait, v'parliez de "ils" qu'ont attaqué ... C'est qui, "ils" ?
Sancte
Malheureusement pour Rorschach, ce dernier n'était guère en état de lui résister. Il salua la volonté du galant, mais en la circonstance elle ne pouvait que lui sembler dérisoire.

Je viens te tirer d'un pétrin dont tu n'as pas la moindre idée, et voilà que tu cherches encore à jouer au coq face à ton bienfaiteur. Ahhh, prévaricateur des belles postures chevalières, que Dieu te confonde ! Tu n'as décidément aucune mesure du sens à accorder aux priorités.

Tout en cheminant vers le dispensaire avec la certitude qu'il suivrait la route tracée, il subit sans sourciller l'énervement poussif du rescapé.

A l'avenir je te déconseille de te désaltérer dans les outres que peuvent bien te tendre les inconnus, mon ami.
Qui sait ce qu'elles pourraient contenir ?


Un sourire narquois au bord des lèvres, le Réformé le laissa délicieusement méditer sur l'ambiguïté de son propos, avant de les sortir du bois pour les mener sur le sentier terreux qui longeait les murailles Est de la ville.

Pour ta gouverne je n'ai pas pu identifier les auteurs de ces méfaits. Une nuit trop noire et des capuchons trop bas. Mais c'étaient sans doute des papistes. Ces gens là font toujours beaucoup de zèle dès lors que l'on enfreint leur petite morale étriquée, qu'ils considèrent comme sacrée. Ne t'en fais pas, cependant. Ils brassent beaucoup d'air mais ce ne sont que des matamores. De vulgaires tigres de papier.

Mais si cela peut te rassurer, j'interrogerais mes hommes au petit matin.

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"Aux hommes la droiture et le devoir, et à Dieu seul la Gloire !"
Sancte Iohannes - Humble mais néanmoins Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée.
Rorshach
Rorshach suivait, la jeune femme dans les bras. Qu'aurait-il pu faire d'autres de toute façon ? L'homme dont il suivait les pas était venu à lui après cet incendie et le paysan ne pouvait rien lui reprocher. De l'eau et de l'aide. Que demander de plus ? Ce n'est que lorsqu'il entendit les paroles du Réformé qu'il grogna. Menaces ? Il fronça les sourcils et revint à hauteur de l'homme.

Si c'était pas d'l'eau, j'mourrais bien vite ... Et puis après ? Z'auriez rien eu d'satisfaction ... Z'êtes certain'ment trop cruel pour pas tuer vous même qui qu'vous voulez ...

Il serra les dents, son busta lançant des éclairs de douleur dans son torse. Chienne de douleur que celle-ci. Insidieuse, lancinante, prenante. Le paysan marmonna de mécontentement et continua à suivre difficilement l'homme qui le précédait. Il aurait au moins pu ralentir.

Ca m'plairait bien d'savoir qui c'est ... Si v'pouvez trouver, z'avez qu'à l'faire ... Mais vu comme vous m'portez pas dans vot' coeur, pensez qu'vous l'faites dans l'esprit d'l'homme en général ...

Soufflant sous un vague de douleur, l'homme trébucha légèrement, se reprenant comme il put.

Z'avez intérêt qu'ce soit plus loin, sinon j'vous assomme d'nous avoir emm'né si loin ...
--Deewali


Deewali se redressa sur sa couche. Nul bruit ne venait troubler le calme du dispensaire. Peut-être Kindjal dormait-elle, pour cette fois... Pourtant, quelque chose lui semblait insolite. Une sorte de pressentiment, quelque chose qui lui restait de l'époque où s'endormir était se rendre vulnérable. Elle enfila le minimum pour être décente et sortit, s'approchant de la fenêtre qui donnait sur la rue.
Son instinct ne l'avait pas trompée. La silhouette lourde de l'Amiral était reconnaissable entre mille, et il était accompagné. Forme plus indéfinie, qui semblait mêler deux êtres en souffrance. Du travail pour la médicastre en somme. Elle déverrouilla la porte, l'entrouvrit légèrement, comme pour accueillir en avance les visiteurs d'une nuit, puis se dirigea vers la porte de la chambre de Kindjal. Deux coups secs, mais elle ne laissa pas à la médicastre le luxe d'ouvrir elle-même la porte de sa chambre et passa la tête dans la pièce.

Debout ! Une urgence !

Elle sentit que son annonce avait eu l'effet escompté, une certaine agitation lui répondant. Elle ne s'attarda donc pas, préférant aller faire bouillir de l'eau, chose que Kindjal ne manquait jamais de lui demander, que ce fut pour un accouchement, une fausse-couche ou un accident de rabot. Qui plus est, il serait sans doute de bon ton d'être là pour accueillir les patients en attendant que Kindjal enfile une houppelande...
Sancte
Économise ton souffle, crétin, au lieu de me casser les pieds avec tes réflexions sorties de l'étable. Comme si un malheureux blessé, sans pantalon et sans autre arme que sa bistoukette allait continuer longtemps à l'emmerder avec ses menaces à deux ronds. Arrivé devant le dispensaire, il ouvrit la porte d'un coup sec du plat de la semelle. Kindjal ! J't'amène du monde. Il fit alors signe d'entrer aux deux lurons, avant de rabattre son capuchon sur sa face de bagnard et de prendre congé sans demander son reste. Il n'avait pas tellement envie d'assister à la boucherie et de saloper son tabard de mercenaire avec du sang de souffreteux, la chirurgie impliquant une perversion foncière qui déstabilisait grandement ses critères éthiques de Sicaire.

[...]

Arrivé chez lui, il se dévêtit, et fit chauffer de l'eau pour un bain de vapeur.
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Sancte Iohannes - Humble mais néanmoins Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée.
Rorshach
Il secoua la tête, l'homme qui les avait accompagné jusqu'au dispensaire n'étant décidément pas un homme sur qui il compterait. Quelle idée de lui parler pour lui dire de se taire quelques instants plus tard ? Pourtant, Rorshach se tut. Il voyait la bâtisse qui allait les accueillir et ne pensa plus à répondre au Réformé. Quoi qu'il veuille, il n'allait pas rester avec eux alors qu'ils étaient à bon port. Ils allaient pouvoir souffler.
Muet, il regarda l'homme partir sans même dire au revoir, un sourcil du paysan se fronçant. Drôle d'attitude. Il ne savait pas exactement ce que ça impliquait pour la suite et ne chercha pas à le savoir. Moins il en savait sur les choses qui se passaient là dedans mieux il se portait. Il n'aimait pas les guérisons, les médicastres, les bondieusards et tout ce ramassis de gens qui se disaient à votre service. La seule chose qui l'intéressait, c'était la terre, en bon rustre de paysan qu'il était. Même si la femme là dedans pouvait les aider, il faisait plus confiance aux bandes qu'elle utiliserait qu'à ses mains.
Il soupira et se planta devant la porte, attendant qu'on vienne lui dire quoi faire. Il posa un regard sur les choses qui faisaient l'intérieur, campé sur ses jambes. Il referma tout de même la porte du coude avant de se retourner, de nouveau immobile.
Kindjal
En quelques instant, Kindjal s'était levée, avait enfilé une houppelande et poussé la porte de sa chambre, encore occupée à nouer son chignon. Deewali avait posé une chandelle sur la table principale qui éclairait faiblement l'homme qui s'était avancé dans le dispensaire. Point de Deewali en vue, et la petite flamme projetait d'inquiétantes ombres sur l'homme, rendant la forme qu'il portait indiscernable. Mais le sang, sa couleur particulière, son odeur même, ne pouvaient tromper la médicastre. Elle s'approcha à grandes enjambées, détaillant du regard ce qu'elle pouvait voir, cherchant à estimer la gravité de la situation.
Par Aristote, que vous est-il arrivé ?

S'étant approchée, la profondeur des blessures de la jeune dame l'interpellèrent et, sans plus attendre, elle indiqua à l'homme le couloir qui menaient aux différentes couches.
Ne trainons pas.

Puis haussant la voix, elle ajouta :
Deewali ! Faites bouillir de l'eau !
Rorshach
Haussant les épaules comme il en avait tant l'habitude, Rorshach suivit la médicastre dans le couloir qu'elle lui indiqua. Il ne savait trop comment expliquer ce qu'il s'était passé, n'ayant en tout et pour tout pas compris grand-chose. Le simple rustre qu'il était n'était arrivé qu'au moment où la roulotte s'enflammait, alors qu'il découvrait à peine le corps maculé de sang et tuméfié de la jeune femme. Il ne savait pas qui avait fait ça, il ne savait pas qui avait brûlé la roulotte, au final, il ne savait pas grand-chose. Il dit cependant ce qu'il avait vu à la médicastre, peut-être cela pourrait-il l'aider.

'Savez, j'sais pas trop c'qu's'est passé là bas ... J'sais juste qu'j'suis arrivé et qu'la catin était en sang ... Pis y'a eu l'feu ... Et pis la chute d'la f'nêtre pour pas cramer. Après, c'Sancte qu'nous a am'né là pour qu'vous essayiez d'soigner ça ...

Rorshach baissa les yeux sur la catin, le visage inexpressif. Il ne pouvait ni s'apitoyer, ni la plaindre. Vu l'état dans lequel elle était, ce n'était certainement pas ce dont elle avait besoin. Il allait plutôt falloir trouver toutes les sources de douleurs pour les tarir. Il prit donc soin de la manipuler aussi doucement que possible, concentré, ses larges mains la maniant lentement pour ne pas réveiller quelques souffrances. Il releva les yeux vers la femme qui lui faisait face.

J'crois qu'faut s'occuper d'elle jusqu'a c'qu'elle aille mieux ... Moi j'pas grand-chose, ç'pass'ra ensuit' ...

Tendant ses bras chargés devant lui, il interrogea la médicastre pour savoir ce qu'il devait faire du corps blessé qu'il tenait.
Sancte
[Au Manoir Albar]

Dans la splendeur déchue du garde-manger du Manoir Albar, l'Amiral conservait le silence, mélangeant tranquillement son fromage blanc avec de la confiture de myrtilles. Manger lui permettait de ne pas se laisser happer par des pensées qui pourraient lui être préjudiciables. Les yeux rivés sur la pointe de ses bottes, il se demanda en mastiquant si la stratégie qu'il avait adopté avait été la bonne.

En l'état, seul l'avenir le dira ...

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Sancte Iohannes - Humble mais néanmoins Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée.
Kindjal
Kindjal indiqua la couche à l'homme et l'aida à y disposer la jeune dame. La lueur des bougies qu'elle venait d'allumer éclairait d'une lueur pudique les blessures profondes de la jeune femme. La catin, donc... il lui sembla l'avoir croisée quelques fois au village. Kindjal prit son poignet, chercha le pouls et s'assura qu'il était régulier. Elle se demanda un instant ce qui avait bien pu lui coûter une telle correction. Mais le temps pressait. L'homme, s'il semblait lui aussi blessé, était effectivement une moindre urgence. Il était, au moins, conscient et lucide. Elle leva les yeux vers lui.
Merci de l'avoir amenée ici, Messire, vous avez bien fait. Je vais m'occuper d'elle puis vous verrai donc ensuite, si vous voulez bien patienter au dispensaire. Vous pouvez même prendre une couche si l'envie de dormir vous prend. Je crains que les soins sur cette jeune dame ne me prennent une partie de la nuit...

Deewali choisit l'instant pour entrer, amenant l'eau et divers instruments dont elle soupçonnait que Kindjal aurait besoin. La médicastre hocha la tête, approcha un tabouret et indiqua à Deewali de faire de même de l'autre côté du lit. Elles ne seraient pas trop de deux.
Je vais examiner le visage, pourriez-vous en faire de même avec le corps, et nous verrons ensuite ce qu'il faut faire en premier.

Les mains de Kindjal parcoururent avec fermeté le crâne de la jeune femme. Elle savait que, là où était son esprit, elle ne pouvait ressentir la douleur, et la médicastre avait besoin de s'assurer de l'intégrité de la boîte crânienne. Pas de matière grise dans les cheveux, pas de trou béant... La face avait pris la majeure partie des dégâts, et la mâchoire en particulier semblait, si ce n'était brisée, du moins fortement déboîtée. L'agression avait été menée avec une grande sauvagerie et les contusions ne laisseraient sans doute pas la jeune femme retrouver un visage humain avant plusieurs semaines. Kindjal posa ses pouces sur l'arcade dentaire inférieure et ses doigts sur les arcs mandibulaires puis repoussa d'un coup sec les condyles mandibulaires vers le tubercule zygomatique antérieur du temporal.
Deewali attendait visiblement qu'elle en ait fini, car elle lui glissa alors :

Je crois que vous devriez voir ça...

Kindjal déplaça son tabouret et observa la région thoracique, couverte d'ecchymoses autant que le reste du corps. Deewali pointa du doigt une région particulière que la médicastre commença à palper. Point de doute possible, il y avait bien là plusieurs côtes brisées.
Excellent examen, Deewali... souffla-t-elle, cherchant encore à évaluer le traumatisme. Pourriez-vous vous occuper de panser les plaies du visage ? Je me chargerai de la joue, par contre, l'entaille est profonde et je devrais faire des points...

Sans attendre de réponse, Kindjal posa son oreille sur le thorax de la jeune femme, cherchant le bruit du coeur. Mais le muscle cardiaque ne semblait pas atteint et le mouvement régulier du buste la rassura sur une atteinte pulmonaire. La catin avait eu de la chance : aucun organe interne n'avait été touché. Elle se redressa, prenant à nouveau la mesure des blessures de la jeune femme. De la chance... relativement... au moins ses jours n'étaient pas en danger. Palpant à nouveau le thorax, elle s'appliqua à réduire autant que possible les fractures de la cinquième et la sixième côte, puis revint auprès de Deewali, préparant le nécessaire pour recoudre la plaie de la joue.
Pourriez-vous allez me chercher un linge large d'un demi-mètre, et le plus long possible ? demanda-t-elle.

Deewali se leva sans un mot, et revint rapidement avec le linge. Elle avait bien travaillé, et quand Kindjal apposa le pansement sur la joue de la jeune femme, elle sut que le travail était presque terminé. Les ecchymoses ne nécessitaient pas de traitement particulier, seul le temps saurait les effacer...

Aidez-moi à la redresser, il faut panser son buste pour empêcher ses côtes de bouger.

Deewali redressa la jeune femme, la maintenant en position assise, tandis que Kindjal faisait tourner le linge autour d'elle, serrant le plus possible. Lorsqu'elles eurent terminé, Deewali reposa la jeune femme et la borda, tandis que Kindjal nettoyait ses instruments et les abords de la couche.
Cela lui sera sans doute assez difficile de respirer... et douloureux... préparez-lui une tisane d'écorce de saule blanc et faites lui en boire autant que possible.

Elle se leva, s'étira un instant puis soupira :
Si je ne traine pas trop, j'aurais peut-être fini avec l'homme avant le levé du soleil...

Ses instruments sous le bras, elle sortit de la pièce et parcourut le dispensaire à la recherche de son second patient de la nuit.
Sancte
Le regard vissé sur la pointe de ses groles, il déambulait aux alentours de Montauban, dans la fraîcheur du petit matin, à l'heure où la rosée déroule son voile cristallin sur la végétation et où la timide agitation des bêtes préfigure l'éveil des hommes. Le dispensaire était sa destination. Depuis qu'il avait conclu un accord avec l'estropiée de la gueule, son rétablissement devenait également son affaire. Dès lors, il avait décidé de venir prendre des nouvelles histoire de s'assurer qu'elle pourrait encore servir à quelque chose après son passage sur la table d'opération de Kindjal la diabolique, et tant pis si sa convalescence n'était pas achevée. Ayant déjà eu l'occasion de voir ce genre de gueules pétées et l'évolution que pouvait prendre une traumatologie faciale, il saurait se faire une idée de qui attendrait sa catin à la sortie, sans pour autant rendre son petit déjeuner dans un seau d'eau chaude. Qu'elle perde quelques dents, qu'elle se faire lacérer le portrait, ça ... C'était pas problématique. Mais il était crucial qu'elle puisse encore ouvrir la gueule et que ses nibards aient pas été vidés. Sans ça, c'était tout un pan de ses activités économiques qui s'effondrait. Quand un docker rend visite à une écrémeuse, il a pas forcément une envie énorme de se taper une momie. Les égyptologues dans le coin étaient pas franchement légion. On trouvait encore quelques pilleurs de tombes dans les cités Cathares, plus à l'Est, et il connaissait dans ses relations des trafiquants de reliques sacrées et de profanateurs de cimetière, en bizness avec des étudiants de médecine. Il y avait du fric à se faire, on disait. N'empêche. C'était quand même un boulot dégueulasse.

Restait que dans le territoire Guyenne qu'il connaissait comme sa poche droite, s'il y avait un toubib qui pourrait lui relifter la face façon effet jeunesse de chez Garniez, c'était bien la Kindjal, magicienne ès Bistouricus, qui, selon la légende, était capable de remplacer les membres amputés avec des bras de cadavres repêchés de la fosse commune, avec une aiguille de couture, un short des Tigres Sanguinaires en guise de garrot et une boîte de fil dentaire.

Arrivé devant l'établissement, il poussa la porte, et se fit présenter au médicastre afin qu'on lui donne des nouvelles du mort-vivant qu'il avait fait déposer devant la porte par un paysan assez limité dans la palette de sa galerie émotive. Enfin, des nouvelles. De bonnes nouvelles, surtout.


N'oubliez pas de me faire penser à vous payer un verre, pour le coup. Vous connaissant, vous l'avez probablement mérité. Hmm. Mais plus concrètement, elle sera prête pour quand ?

Pas demain, c'est sûr. Mais genre pour dès la semaine prochaine, ça l'arrangerait. Le tout était que ses sutures se déchirent pas durant l'exercice et qu'elle ne foute pas du sang partout à chaque partie de rodéo. Il se laissa choir sur une chaise à dossier, et croisa ses gros bras d'auroch sur son buste massif, la face aussi expressive qu'un masque d'airain. Il se rappela alors de quelque chose.

Et pour le clodo ? Rien de grave ?

Le connaissant, tout amouraché de sa pupute, si elle croupissait non loin, lui aussi devait se tapir dans le coin pour veiller sur le sommeil de sa petite protégée. Ou du moins celle qu'il considérait encore naïvement comme telle.
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Kindjal
Retirer les éclats de verre d'un torse masculin aurait pu être une plaisante distraction pour une jeune femme en mal de compagnie virile. Mais pour Kindjal qui avait passé la plus grande partie de sa nuit à replacer des os dans leurs cavités articulaires, triturer des ecchymoses et recoudre des chairs, la fin de l'exercice ne lui sembla guère prématurée.
A peine en eut-elle terminé avec son second patient que l'Amiral se présenta au dispensaire. Elle s'étira un instant, prit le temps de se laver les mains et s'avança à sa rencontre. Il demandait des nouvelles, bien sûr, inquiet du travail qu'elle avait pu fournir pendant qu'il pionçait sans doute dans sa bicoque usurpée au coin d'un feu alimenté par du bois illégalement importé. Elle laissa l'image s'effacer de son esprit pour en revenir à ses patients.

La jeune dame... elle vivra, oui... mais ses blessures étaient graves...

L'Amiral en sembla soulagé et Kindjal songea, l'espace d'un instant, qu'il avait bon coeur. La question suivante la détrompa et elle ne put s'empêcher de plisser les yeux.
Prête pour ?

Elle n'attendait pas de réponse, bien sûr, et préféra enchaîner avant que le rustre ne se sente obliger de répondre par quelque métaphore fleurie ou, pire, un geste évocateur.
Comme je le disais, ses blessures étaient graves, et elle a eu beaucoup de chance. Elle a plusieurs côtes cassées, et à ce niveau, un morceau d'os peut facilement perforer un organe : tout mouvement brusque lui est donc interdit pour au moins quatre semaines.
Quant à son visage, les ecchymoses y sont très importantes... jusqu'à l'hématome, les chairs enflées, elle sera défigurée pour au moins trois semaines... elle aura également probablement de petites cicatrices qui resteront, notamment au niveau d'une entaille qu'elle a sur la joue.


Voyant que l'Amiral était encore songeur, elle termina la conversation par un :
Non mais n'y pensez même pas, sa mandibule était luxée, sa mâchoire je veux dire, je ne crois pas que cela soit conseillé dans son état de...

La question sur le second patient tomba à point nommé pour disperser quelques rougeurs sur les joues de la médicastre. Elle toussota et répondit promptement :
Le jeune homme n'était que superficiellement blessé. S'il garde ses plaies propres quelques jours, il n'y paraîtra plus...
Sancte
Ahhh, il la distinguait bien, au fond de ses prunelles, la merveilleuse image qu'elle se faisait de lui ! Son visage s'éclaira d'une lueur sauvage lorsqu'elle lui demanda d'éclaircir le fond de sa pensée sans lui laisser le temps de le faire, se défiant de sa réponse. C'est plutôt dommage. Il se serait fait un plaisir de dissiper l'équivoque, hmm.

Bon bon ... Et niveau séquelles, j'veux dire, il en restera quoi ? Si c'est que des petites cicatrices et une entaille, bon, yen a que ça excite. Mais si c'est pour mettre un frankenstein sur le marché, tout de suite, ça sera moins classieux. Non mais je m'inquiète, je m'inquiète, parce que vous l'aurez compris, il faudra bien qu'elle soit en état de heu ... "marche" hein, c'est pas le genre de gonzesse à faire de la couture, si vous voyez ce que je veux dire.

Il poussa néanmoins un soupir déchirant. Quatre semaines ... Pff. La moitié d'un mandat Ducal.

Et elle peut ouvrir la bouche de combien ? Du quart ? De moitié ? De ...
Bon, bon, ça va, ça va, j'arrête.


Main sur le menton, il demeura quelques instants perdu dans un faisceau de pensées probablement ignobles et égoïstes, avant qu'il ne sorte progressivement de sa torpeur.

Hmm, oui, l'autre. Barf. Il est aussi propre qu'un porc austral. Je dirais qu'il aurait toutes les chances de claquer de la gangrène si je ne redoutais pas chez ce genre de paysan dégueu une immunité à toutes sortes de saloperies que le monde peut générer.
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Sancte Iohannes - Humble mais néanmoins Mirifique Gouverneur de Montauban-la-Réformée.
Rorshach
Rorshach s'était laissé soigner sans rechigner. Après tout, s'il voulait de nouveau pouvoir labourer la terre, il allait falloir qu'il soit en forme. Son buste lui servait d'autant plus que c'était la partie forte de son corps. Il avait l'habitude d'encaisser des boeufs récalcitrants ou de pousser des charrettes trop lourdes. Une fois que la médicastre eut fini, il se leva et se tourna légèrement pour vérifier. Ca tirait. Ca tirait méchamment. Grognant, il suivit le pas de la femme qui l'avait soigné et déboucha dans la salle principale, face à Sancte. Il eut tout juste le temps de comprendre ces dernières paroles avant de souffler.

L'porc austral y vous emmerde ... Y s'port'ra bien ... Etonnant qu'vous d'mandiez, m'enfin c'gentil quand même.

Le paysan reprit sa chemise qu'il renfila sans s'attarder, refermant les boutons avec soin. Il tourna la tête vers la médicastre, l'inclinant légèrement.

Merci pour vot' travail, j'r'viendrais si y'a b'soin, mais j'essaierai d'pas avoir à l'faire.

Il la salua avant de se tourner vers celui qui les avait emmenés ici.

J'crois qu'j'pourrais v'dire merci aussi d'nous avoir emm'nés là ... 'lors merci. Pis fait' gaffe p'dant vos affaires ... A la r'voyure.

Il le salua sommairement de la main et prit la direction de la porte.
Kindjal
Kindjal soupira. L'idée de renvoyer la jeune dame à son triste sort lui était assez désagréable. Malgré tout, elle savait pour l'avoir déjà croisée qu'elle n'en semblait pas malheureuse... mais n'était-ce qu'une apparence ? La question n'avait cependant pas à être tranchée dans l'immédiat.
Je ne peux vous dire, Amiral. Seule sa convalescence nous permettra d'être certain de son bon rétablissement...
Mais dites-moi, vous qui semblez si soucieux, savez-vous qui l'a mise dans cet état ? Je gage que la maréchaussée souhaitera vous entendre sur cette affaire. Surtout tant que la pauvrette ne peut parler pour elle-même.


Elle tourna le regard vers le paysan qui venait d'entrer dans la conversation.
Et vous également, Messire.

Elle crut un instant que la situation risquait de dégénérer entre les deux hommes, mais contre toute attente le blessé la remercia et s'esquiva.
N'hésitez pas à revenir si vous avez un souci ! lui souffla-t-elle.

Sancte semblait encore en train d'estimer de quel degré d'ouverture de mâchoire il aurait besoin, et Kindjal ne put s'empêcher de plisser les yeux en lui glissant :

N'insistez pas.
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