Rorshach
Abasourdi et hagard, Rorshach regardait la roulotte qui s'embrasait sous ses yeux. Des cendres tombaient par endroit, formant des monceaux de suie noire sur les herbes alentours. Pour le reste, des morceaux de bois autrefois murs, autrefois roues, autrefois montants s'écroulaient désormais de toute part, la roulotte perdant sa forme initiale au profit d'un simple tas de décombres fumants, léchés par les flammes.
Le paysan entendait le sang battre à ses tempes. De peur, d'incompréhension, d'exaltation nécessaire à sa survie. Il avait réuni ses sens et les avait poussé à leur paroxysme pour s'en sortir. Chose qu'il avait réussie, malgré tout.
Le cheval qui hennit alors le tira de la contemplation morbide de la sommaire habitation. Il traînait derrière lui le harnachement qu'on lui avait infligé et s'en allait à toutes pattes, s'éloignant au plus vite dans un instinct animal. Pourtant, ce n'est pas l'équidé qui retint l'attention du rustre, mais l'homme qui fut frôlé par la bête. Sancte. Indéniablement le tribun. Rorshach serra les dents à la vue de l'homme. Il ne le connaissait que peu, et on ne pouvait pas dire que leur première approche avait été des plus chaleureuses. Le ton sur laquelle il s'était adressé à la catin et cet air supérieur qu'il affichait en toute circonstance laissait un goût amer au paysan. Le regardant approcher sur la défensive, Rorshach eut pour réflexe de se placer devant la jeune femme inanimée. Quoi qu'il veuille, il allait devoir en parler avant.
Qu'est-ce qu'vous foutez ici vous ? Z'avez pas fini d'l'embêter ?
Il fronça les sourcils alors que l'homme lui parlait, se soustrayant à la main qui pesait sur son épaule. Le contact ne lui était pas familier et venant d'un homme comme le tribun, il préférait éviter. Il fut pourtant surpris de ses paroles et de ses gestes. Pourquoi lui proposait-il de l'eau alors que quelques instants plus tôt il le méprisait comme un sans-nom ? Sur ses gardes, le paysan prit la gourde, se désaltérant avec vigueur après l'incendie qui l'avait asséché. Il s'essuya la bouche dans sa manche et rendit la gourde à l'homme qui lui faisait face. Ce n'est qu'alors qu'il tiqua à ses propos.
Commencez pas à insinuez quoi qu'c'soit vous ... J'suis pour rien dans l'état d'cette femme qu'vous l'vouliez ou non ... Va falloir mett' les choses au clair sinon on risqu'd'pas s'entendre, d'jà qu'ça m'paraît pas mal compromis ... J'suis clair ?
Peu enclin à la discussion comme à toute badineries, Rorshach se pencha vers la catin et la prit du plus délicatement qu'il pouvait dans ses bras. Elle aurait besoin d'aide, c'était évident, et la seule solution était de suivre l'homme qu'il répugnait pourtant à croire. Il suivit donc ses pas, s'éloignant de la roulotte.
Au fait, v'parliez de "ils" qu'ont attaqué ... C'est qui, "ils" ?
Le paysan entendait le sang battre à ses tempes. De peur, d'incompréhension, d'exaltation nécessaire à sa survie. Il avait réuni ses sens et les avait poussé à leur paroxysme pour s'en sortir. Chose qu'il avait réussie, malgré tout.
Le cheval qui hennit alors le tira de la contemplation morbide de la sommaire habitation. Il traînait derrière lui le harnachement qu'on lui avait infligé et s'en allait à toutes pattes, s'éloignant au plus vite dans un instinct animal. Pourtant, ce n'est pas l'équidé qui retint l'attention du rustre, mais l'homme qui fut frôlé par la bête. Sancte. Indéniablement le tribun. Rorshach serra les dents à la vue de l'homme. Il ne le connaissait que peu, et on ne pouvait pas dire que leur première approche avait été des plus chaleureuses. Le ton sur laquelle il s'était adressé à la catin et cet air supérieur qu'il affichait en toute circonstance laissait un goût amer au paysan. Le regardant approcher sur la défensive, Rorshach eut pour réflexe de se placer devant la jeune femme inanimée. Quoi qu'il veuille, il allait devoir en parler avant.
Qu'est-ce qu'vous foutez ici vous ? Z'avez pas fini d'l'embêter ?
Il fronça les sourcils alors que l'homme lui parlait, se soustrayant à la main qui pesait sur son épaule. Le contact ne lui était pas familier et venant d'un homme comme le tribun, il préférait éviter. Il fut pourtant surpris de ses paroles et de ses gestes. Pourquoi lui proposait-il de l'eau alors que quelques instants plus tôt il le méprisait comme un sans-nom ? Sur ses gardes, le paysan prit la gourde, se désaltérant avec vigueur après l'incendie qui l'avait asséché. Il s'essuya la bouche dans sa manche et rendit la gourde à l'homme qui lui faisait face. Ce n'est qu'alors qu'il tiqua à ses propos.
Commencez pas à insinuez quoi qu'c'soit vous ... J'suis pour rien dans l'état d'cette femme qu'vous l'vouliez ou non ... Va falloir mett' les choses au clair sinon on risqu'd'pas s'entendre, d'jà qu'ça m'paraît pas mal compromis ... J'suis clair ?
Peu enclin à la discussion comme à toute badineries, Rorshach se pencha vers la catin et la prit du plus délicatement qu'il pouvait dans ses bras. Elle aurait besoin d'aide, c'était évident, et la seule solution était de suivre l'homme qu'il répugnait pourtant à croire. Il suivit donc ses pas, s'éloignant de la roulotte.
Au fait, v'parliez de "ils" qu'ont attaqué ... C'est qui, "ils" ?