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[RP]Rosa...La Catin.[/RP]

Kindjal
Kindjal avait toujours détesté l'impraticable et tortueux chemin qui conduisait au manoir. Elle n'avait jamais apprécié non plus le manoir en lui-même, du reste. Un endroit lugubre, où chaque placard semblait abriter un fantôme. Il fallait définitivement qu'elle cesse les visites à domicile. Elle suivit la domestique qui était venue à sa rencontre, évitant soigneusement les autres créatures autochtones et se fit introduire dans une chambre où l'attendait sa patiente.
Dame Rosalina, le bon jour.
Vous m'avez faite mander ?


En parlant, elle observait sur le visage de la jeune dame les cicatrices qu'elle avait autrefois contribué à former, essayant d'estimer l'état des chairs.
Rosalina_
" Ah Dame Kindjal ! "

Rosa était nerveuse, animée de cette frénésie qui ne la quittait plus depuis que le doute s'était immiscer dans son esprit, elle congédia la servante, jetant un oeil dans le couloir, refermant soigneusement la porte.

Elle se triturait les mains, lorsqu'elle sentit le regard professionnel mais inquisiteur du médicastre sur sa joue qu'elle cacha immédiatement de sa main, les yeux plissés.

" Ca va ! Enfin j'en sais rien, je n'ai pas encore osé regarder. Ceci dit, ce n'est pas ce qui me préoccupe aujourd'hui. "

Elle l'avait accueillie en chemise sans aucune pudeur, Rosa échappa au regard de Kindjal s'approchant du lit et se laissant tombée dessus. Relevant les yeux vers elle :

"Voilà...je...enfin, je n'ai pas été indisposée depuis au moins deux, la dernière fois c'était juste avant notre départ de Carcassonne. Je crois que ...oui je crois que je suis grosse !" Sa voix était montée dans les aigus sans qu'elle ne s'en rende compte, une moue grimaçante appuyant ses mots. " Ca me parait tellement improbable, j'ai eu un accident qui m'a fait perdre un enfant, on ne me laissait pas entrevoir une nouvelle grossesse, la chance était infime et les années passées ont donné raison au médicastre qui m'a soignée." Une courte pause elle reprit : " Vous pensez que c'est possible?"
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"Reyne des Délices, Pourvoyeuse de rêves et d'illusions" dixit Iohannes Sancte.
Kindjal
Kindjal détourna son regard de la cicatrice pour écouter sa patiente. Un sentiment mitigé la parcourut. Quand il s'agissait de grossesse, il n'était jamais très évident de savoir quelle nouvelle était réellement attendue. D'autant que pour une... professionnelle telle que Rosalina, l'événement était plutôt synonyme de perte sèche de profits... Cependant, la jeune femme semblait plutôt excitée à l'idée, et sa dernière phrase confirma l'impression. Kindjal tenta de paraître plutôt froide, soucieuse de ne point trop donner d'espoir tant qu'il n'y avait pas de certitude.

Ma foi, soixante jours sans perte de sang ? C'est possible, en effet, quoi que certains afflictions puissent avoir pareils symptômes, et que cela soit même possible physiologiquement selon la régularité naturelle de votre cycle féminin.
Présentez-vous d'autres symptômes ? Nausées, douleurs mammaires, modification de l'appétit ou du transit, fatigue excessive sans cause externe ?
Puis-je également vous demander quelles circonstances ont amené le médicastre qui vous a soigné lors de votre précédente grossesse à estimer que l'événement était à présent improbable ?
Rosalina_
Rosa écouta la médicastre, buvant ses paroles sans toutes les comprendre, son esprit bouillonnait et les mots comme affliction, physiologiquement, entraient dans sa caboche sans trouver résonnance chez la catin.

Elle se dirigea vers sa table de toilette de laquelle elle ressortit son carnet, essayant pendant ce temps d'intégrer toutes les question de Kindjal, tout en refoulant les siennes.

" Je le note toujours ici, ça n'est jamais arrivé, je suis très régulière!"secouant la tête " Et depuis Carcassonne, rien pour perturber cet état, au contraire, pas eu un seul client ici, je ne m'occupe que de mon potager, le reste du temps je me prélasse ici, et je me rends disponible pour..."

Elle laissa la phrase en suspens, il n'était sans doute pas nécessaire d'entrer dans les détails, le médicastre était une femme intelligente, elle avait dû comprendre.Rosa détourna les yeux, cherchant à donner les éléments de réponses attendus.

" Mes seins sont plus tendus, et ce matin malgré mon appétit, le plateau servi m'a soulevée le coeur."

Rosa posa son regard sur la femme, cherchant dans ses yeux si ces éléments étaient significatifs pour le médicastre qu'elle était.

" Quand à ma grossesse passée..."

La catin replongea son regard dans les flammes du feu crépitant.

" J'ai fait une mauvaise chute de cheval à 5 mois de grossesse, j'avais déjà perdu beaucoup de sang quand on m'a trouvée, j'ai continué à en perdre encore après, à deux reprises le médicastre a dû y mettre la main pour s'assurer que tout était bien parti, d'après lui c'était trop abimé pour que ça puisse de nouveau se nicher."

Elle parlait sourcils froncés, l'esprit tourmenté, revivant ces moments douloureux. Après une pause et un long soupir elle reprit, levant les yeux vers Kindjal.

" Le temps est passé, et j'ai pensé qu'il disait vrai..."

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"Reyne des Délices, Pourvoyeuse de rêves et d'illusions" dixit Iohannes Sancte.
Kindjal
Kindjal écoutait attentivement. Les symptômes semblaient en effet correspondre, mais elle essaya de ne pas trop laisser paraître. La fausse couche la laissa cependant un peu plus perplexe. Elle n'avait pas pour habitude de douter du diagnostic de ses confrères, quand bien même elle savait que la majorité de ceux qui se nommaient médicastres n'avaient jamais mis les pieds dans un amphithéâtre. L'affaire avait visiblement laissé quelques marques sur la jeune femme, aussi Kindjal répondit-elle donc avec le ton le plus neutre possible :
Bien, si vous permettez, je vais vous examiner...

Elle sortit ses instruments pendant que la patiente s'installait, probablement moins mal à l'aise de cette position pour le moins particulière que la plupart des autres patientes de la médicastre. Kindjal commença à palper l'abdomen de Rosalina, estimant la consistance du muscle utérin et plus précisément l'aspect du col. Hmm effectivement, il semblait bien que...
Vous pouvez vous rhabiller, dit Kindjal machinalement, occultant le fait que la catin ne portait qu'une simple chemise.

La médicastre s'approcha d'un broc d'eau et se lava consciencieusement les mains tout en énonçant son diagnostic :

Oui, il y a de nombreux signes concordants en effet. Vous êtes très probablement enceinte, Dame.
Cependant, si vous souhaitez mener votre grossesse à terme, je vous engage à la plus grande prudence. Votre passé médical pourrait vous causer quelques ennuis, aussi je vous conseille d'éviter tout déplacement à cheval, les activités physiques trop intenses et la fatigue en général. Les émotions trop fortes également.
Bref : prenez soin de vous, et n'hésitez pas à venir me voir au moindre souci.


Elle sécha ses mains et sortit de sa besace un petit sachet qu'elle tendit à sa patiente.
Tenez, ce sont des feuilles de framboisiers. En infusion, cela vous aidera pour supporter les nausées.
Rosalina_
Rosa s'allongea sur le lit, dans la position demandée par le médicastre, sans pudeur elle écarta les cuisses, seul un léger tremblement de ses jambes trahissait le trouble dans lequel la catin se trouvait déjà depuis un moment.

Elle ne quittait pas des yeux le visage de Kindjal, à l'affut de la moindre expression qui confirmeraient ou infirmeraient ses doutes. A l'annonce du diagnostic, la femme lacha prise, laissant retomber sa tête sur un coussin, les yeux rivés sur le plafond de bois, le visage sans expression, incapable d'apprécier la nouvelle, devait -elle la prendre comme bonne ou mauvaise ?

Elle avait fait le deuil à jamais d'être mère, ce cadeau du destin était un vrai miracle. Elle s'était jetté dans cette vie dissolue de débauche, y trouvant un certain confort : pas d'attache, la sécurité matérielle, elle n'avait jamais manqué de rien dés lors qu'elle avait commencé à vendre son corps.

Elle s'excuta encore comme un automate lorsque le Médicastre lui dit qu'elle pouvait se rhabiller, retirant sa chemise pour passer une robe au décolleté extravagant, qu'elle trouva aussitôt trop provocateur en son état.

Elle prit le sachet que Kindjal lui tendit, sans mot dire, la remercia d'un hochement de tête, l'esprit engourdi de milles pensées, en particulier celle qui tournait autour de la paternité.

Elle ouvrit une nouvelle fois, son tiroir en sortit une petite bourse de laquelle elle préleva quelques écus qu'elle remit à Kindjal.
Refermant le tiroir, elle arrêta son geste, pour saisir le carnet, le feuilleta fébrilement.

A quand remontait cette soirée, cette rencontre qui l'avait fait chavirer et égayer sa vie. Trouva la page cornée, le répère de cette nuit où promesses avaient été faites...c'était trop loin, pas lui...une moue de déception anima son visage. Alors qui ?

Les pages une après l'autre passèrent à l'examen de la catin, elle trouva la dernière croix rouge, et les pages qui suivirent griffonnées des quelques anecdoctes de sa vie, mais nulle trace de nom de client. Montauban, n'avait pas été des plus généreuse dans ce domaine, la catin se plaignait sans cesses de ces miséreux, de ces pingres, ou de ces hommes pétris de bonne éducation, qui refusaient de lui céder un denier.
Il n'y en avait qu'un qui l'avait touchée depuis cette fameuse croix, dont le nom ne figurait pas en tant que client, et pour cause, il ne se considérait pas comme tel, cela faisait parti de leur arrangement. Il était son protecteur... le père de son enfant.

Les bras balants, le carnet dans une main, le sachet de feuilles de framboisier dans l'autre, elle fixait Kindjal d'un regard vague, la bonne nouvelle c'est qu'elle savait qui était le père, la mauvaise c'est que c'était lui...Pourquoi lui ? Pourquoi ce miracle n'avait pu se produire avec cet autre ?
Son esprit bouillonait, le sang frappait ses tempes, ses oreilles bourdonnaient, les murs de la chambre se mirent à tourner autour d'elle, le lit semblait animé d'une drôle de danse, la catin perdit ses couleurs, et ses lèvres aussi pales que sa peau, alors que de fines goutelettes de sueur perlèrent sur son front, elle se sentit vasciller, une légère expression d'effroi dans son regard alors qu'elle essaya de se rattraper au banc près de la cheminée, un nom à peine audible s'extirpa de ses lèvres...

"Sancte..."

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"Reyne des Délices, Pourvoyeuse de rêves et d'illusions" dixit Iohannes Sancte.
Kindjal
Kindjal terminait de ranger ses affaires quand Rosa revint vers elle, quelques pièces dans la main. Cela lui arrivait encore parfois, aussi secoua-t-elle simplement une main en disant :
Ce n'est pas nécessaire, Dame...

Mais contrairement aux habitudes, la jeune femme ne rangea pas son argent avec une légère gêne mais resta immobile, tendant toujours sa main en direction de la médicastre. Celle-ci remarqua alors la pâleur de son visage et son air absent.

Dame Rosalina ? Vous vous sentez bien ?

Pas de réponses, sueurs, regard fixe. Kindjal eut à peine le temps de protester :
Oh non, vous n'allez pas me faire ça...

La catin vacillait déjà, tentait de se rattraper aux meubles et Kindjal, par un mauvais réflexe, s'interposa. Mais sa constitution affaiblie ne lui permit pas de faire aussi bonne figure que par le passé : elle parvint à peine à amortir la chute. Dans tout ce fracas, Kindjal n'avait rien entendu de ce que Rosalina avait pu dire, et posant la tête de la jeune femme sur ses genoux, elle commença à lui assener de petites claques pour lui faire reprendre conscience et ramener un peu de couleur sur ses joues.
Rosalina_
Trou noir...presque réconfortant, les pensées ne se bousculaient plus. Les claques assénées la tira violement de ce sommeil profond sans rêve de quelques secondes.

La jeune femme confuse balbutia encore des mots s'échappant d'eux même de sa bouche :

" Rosa...j'suis Rosa, la catin...j'vais ramener le poisson...dites rien à Sancte, serait faché"

Des mots sans queue ni tête sortis de son esprit confus. Puis sous le regard de Kindjal qu'elle regardait comme une étrangère, ses idées redevinrent plus claires, le souvenir de la raison de la présence de la femme dans sa chambre lui revint. Rosa soupira profondément gémissante, une main portée à son front.

" Oh ma tête ! C'est donc vrai ... j'vais être mère ..."
Ce n'était plus une question, juste le constat de son état, longtemps espéré, et depuis longtemps refoulé. Interrogeant le médicastre de son regard vague

" Qu'est ce que je vais devenir, je peux plus tapiner. Je ne suis plus d'aucun intérêt pour l'Amiral ! S'il n'acceptait pas c't enfant, s'il me chassait..."

La détresse se lisait dans ce regard qu'elle fixa un long moment sur Kindjal, cherchant en elle une aide, un réconfort, elles se connaissaient à peine, que pouvait -elle y faire ?
Retrouvant ses esprits, elle se leva difficilement avec l'aide du médicastre, chancelante elle s'aggrippa au lit, s'y affala de tout son long, tenant sa tête tambourinante entre ses mains, comme un lendemain de mauvais vin.

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"Reyne des Délices, Pourvoyeuse de rêves et d'illusions" dixit Iohannes Sancte.
Kindjal
Rosa semblait reprendre ses esprits, et avec eux les préoccupations plus pragmatiques. Kindjal l'aida à se relever, songeuse.
A vrai dire, vous serez toujours capable de... d'avoir des relations sexuelles. Vous serez même épargnée des quelques jours d'indisponibilités que vous pouviez avoir auparavant. Cependant, je conviens que votre clientèle risque d'être différente. Ceci dit, j'ai cru comprendre que certains hommes étaient attirés par les femmes enceintes.
Pour l'Amiral... je pense qu'il saura sans doute y voir une opportunité, comme dans toute chose. Je doute qu'il chasse l'enfant, et si une telle chose advenait, vous n'aurez pas trop de difficultés à trouver un couvent à qui le confier... Même si je doute qu'une telle solution vous convienne...


Kindjal lui laissa le temps de digérer ces informations et glissa :
Bien sûr, si vous ne souhaitez pas donner naissance à cet enfant... il y a toujours d'autres possibilités...
Rosalina_
Un souffle sur le carreau, nuage de buée, un doigt glisse et dessine des formes approximatives, l'esprit vagabonde, une main efface, un souffle de nouveau, la buée, un regard qui se pose loin au travers du carreau...le brouillard...

Les bras se croisent et se posent sur le ventre rebondi...combien maintenant, bientôt 6 mois...Elle se réveille soudain d'une longue léthargie, toutes ses semaines seule dans ce manoir, quelques passages éclairs au village... elle a mis en sommeil sa vie de débauche...mais pourquoi ? La réponse était évidence et reposait sur ce ventre tendu...mais la question n'est pas celle là.

Des semaines qu'elle se la posait...pourquoi avait -il fallu que ce soit lui ? Que pouvait - elle espérer ? Assurément rien, la protection de l'enfant, rien n'était moins sûr, à la moindre contrariété, il contesterait la paternité bien qu' évidente, les chasseraient sans doute.
Nouveau nuage de buée, un nom se profile sous son doigt...une ombre triste dans le regard, un étau enserre sa poitrine, la main efface, pour ne pas ceder à l'eau bénite qui lui monte aux cils.

Le tapin lui manque, son tourbillon de rencontre, son échapatoire la rendant sourde aux echos de son coeur, coeur qui bat déjà pour l'enfant, coeur qui ne sait ce qu'elle peut espérer du père, coeur qui saigne de se résigner, qui saigne encore de l'avoir laissé partir.

La porte de la chambre s'ouvre, on lui dépose un plateau, une voix lui conseille de manger, lui murmurre que du raisin l'attend sur le plateau, délicate attention pour qui sait que c'est son fruit préféré. Malgré cela le haut le coeur la prend, l'appétit avait disparu depuis longtemps, elle s'en inquiétait mais le petit être savait se manisfester et la rassurer.

Avant de quitter la chambre, la voix réussit enfin à la sortir de sa torpeur, un billet l'attendait sur le plateau...

Un volte face, et le regard se perd sur le parchemin qui semble avoir vécu un long périple, les sourcils froncés de curiosité, elle s'en empare, le déplie sans délicatesse, le coeur retrouvant sa place dans la poitrine, en se mettant à battre la chamade. Des couleurs roses redonnent vie au visage de la jeune femme.Les mains tremblantes, elle parcourt des yeux avidement les quelques lignes. S'assurant de bien comprendre la signification du billet, elle le pose contre sa poitrine, une perle d'eau coule sur sa joue.
Elle replie le billet délicatement et le fait glisser dans son bustier avant de reprendre son poste près de la fenêtre, les yeux rivés sur Montauban, imaginant la vie là bas...de temps en temps son regard fixe la ligne d'horizon ... vers cet ailleurs.

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"Reyne des Délices, Pourvoyeuse de rêves et d'illusions" dixit Iohannes Sancte.
Cyrinea
Elle faillit ne pas les voir. Voir ces quelques taches de couleur qui émergeaient d’une brume à hauteur de chevilles emprisonnées dans des bottes s’apprêtant à enfourcher des étriers pour une galopade solitaire.

Légère inclinaison vers le bas, main tendue, pupilles attentives, Cyrinea constata qu’un bouquet d’aubépines fraîches aux tiges attachées ensemble par une tresse de brins d’herbe se trouvait côtoyer une lettre pliée en quatre, ainsi qu’un paquet enveloppé d’une toile de jute. Elle pensa d’abord à Hugues, puis se dit qu’il était sans doute bien trop tôt pour avoir de ses nouvelles. Niflheim ? Il n’écrivait jamais...

Un « Suis-je sotte ! » déchira le calme matinal et elle en conclut, avec raison après lecture de la missive, que son Hubilaïkhan devrait la conduite non pas au gré de ses envies au travers de la campagne guyennaise mais au Manoir Albar, rendre visite à Rosa.

Citation:
"Dame Cyrinea
Comme promis, voici le cadeau pour l'enfant de Dame Rosalina. J'espère qu'elle excusera mon manque de maitrise, j'ai bien fait de mon mieux, mais le résultat reste à hauteur de mes talents !
Le bouquet est pour vous.
Matalena »


On le disait lugubre, à l’écart du village, et gardé par Khaz, le monstrueux majordome de Sancte, dont elle n’était guère pressée de faire la connaissance, tout comme Matalena d’ailleurs qui l’envoyait là-bas comme messagère de sa générosité. Elle sourit en coin, se disant que les femmes étaient toujours promptes à s’attendrir devant des ventres ayant subi des assauts virils qui par ailleurs les faisaient souvent rougir ou dont elles se scandalisaient pour peu qu’ils ne soient pas le fruit d’un amour béni par ces hypocrites de curetons.

Elle haussa vaguement les épaules et se mit en route. La demeure était à la hauteur de sa réputation. Elle sauta à bas de son étalon, le tenant fermement par la bride pour couper à ses éventuelles envies d’escapade en vue d’un broutage qui n’avait pas lieu d’être pour le moment, et cogna à la porte.

La jeune femme se présenta à la mine patibulaire qui lui ouvrit et qui la dévisageait d’un air peu amène :

- Pourriez-vous annoncer à Dame Rosalina que Cyrinea souhaiterait la voir je vous prie ?

Juron bien senti, remarque désobligeante, porte claquée au nez avant une réouverture devant laquelle Cyrinea avait été un instant sceptique, le bougre était bien dressé, ou pas d’ailleurs, à l’image de son maître. Mais que faisait donc Rosa dans un environnement aussi raffiné ? Il la conduisit néanmoins jusqu’à l’entrée d’une chambre, et celle-ci dénotait tellement avec l’atmosphère du lieu qu’elle en eut le souffle coupé. La partie haute de la pièce, qui était de couleur rouge passion, ainsi que les deux tentures représentant des scènes suggestives, exhalant la sensualité et qui encadraient le lit à dais, l’hypnotisèrent. Puis son regard glissa vers son amie, lettre en main, et qui avait une mine dont on ne savait si elle exprimait le bonheur ou le désespoir.

- Rosa...commença-t-elle...puis elle changea d’avis. Rien ne servait de lui demander comment elle allait. Tiens, pour toi, de la part de Dame Matalena.

Pendant que son amie ouvrait le paquet elle finit de contempler la chambre.

- On dirait que tu t’es fait un bien beau petit refuge, dit-elle en laissant vagabonder ses mains sur des coussins de couleurs chatoyantes, rouges et verts, déposés pour le confort des séants sur de magnifiques bancs de bois
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Rosalina_
Des pas lourds dans le couloirs avant d'entendre frapper à la porte, surement l' Amiral, maître des lieux, ils avaient à parler, le terme n'était plus très loin et une discussion concernant les formalités autour de la naissance s'imposaient. Elle remet de l'ordre dans sa tenue, ses cheveux, on ne pouvait pas dire qu'elle était bien grosse, mais l'évidente future maternité ne met guère une femme à son avantage.

La porte s'ouvre sur Khaz et Cyrinéa, la surprise de la visite, et le sourire chaleureux sur les lèvres de Rosa, cache bien vite la déception et l'agacement fugaces dans les prunelles de la jeune femme. Elle congédie Khaz, mais avant de refermer la porte, elle l'interpelle


" Dites à Sancte que je le demande, j'ai à lui parler. "

Les deux femmes d'instinct s'étaient trouvées, liées d'amitié sans réserve. Rosa l'accueille à bras ouverts, la gratifie d'un sourire, regards entendus, nul besoin de répondre.

" Entre...ça te plait ? J'suis bien ici..."

Elle embrasse à son tour la pièce des yeux, un fin sourire aux lèvres, tout en guidant la jeune femme vers le banc où elle la fait s'assoir, s'installant à son tour à ses côtés, le paquet à la main.
" Alors c'est un cadeau de Matalena ?"

Elle pose sur l'amie un regard amusé, circonspect. Elle observe le paquet, le tate, s'étonne du présent d'une femme qu'elle connait à peine.

" Dommage qu'elle ne soit pas venue elle même, je l'aurai remerciée de vive voix."

Elle déballe avec délicatesse les deux sculptures de bois, les caresse délicatement


" C'est ...ravissant, c'est elle qui les a fait ? "

Visiblement touchée par l'attention, les femmes enceintes s'émeuvent toujours pour un rien, elle pose les deux chevaux de bois sur le coffre tout près, imaginant déjà l'enfant à naitre s'inventant des épopées héroïques.



"Tu la remercieras de ma part".

Point trop n'en faut d'émotion pour une future mère, elle se lève vivement et s'empresse de dégoter les deux verres en cristal laissés plutôt par le maître des lieux et une bouteilles d'hypocras.


" Un verre mon amie ?"

Les verres servis, elle vient le rejoindre sur le banc, une cuisse repliée sur son céan, tintement aigus des verres qui s'entrechoquent, les prunelles de Rosa plongent dans celles de Cyrinéa, un sourire finement se dessine sur ses lèvres, plus qu'une amitié il y avait entre les deux femmes, elles se savaient l'une et l'autre liées par un pacte, une promesse.

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Rosalina_
La porte s'ouvre de nouveau alors que les deux femmes alanguies dégustent le liquide qui leur réchauffe le gosier et rosit leurs joues, partageant hilares leurs aventures avec la gente masculine.

Rosa s'extirpe du banc pour recevoir le billet du Maître que Khaz lui remet, elle le parcourt, sourire amer aux lèvres, sans un mot congédie une nouvelle fois Khaz sans délicatesse comme si elle dechargeait sur lui son profond agacement.

Sans un regard pour Cyrinéa, la Catin jette le billet dans les braises endormies.

" Qu'il aille au Diable...Il ne viendra pas, mieux encore il part. Je suis Catin, fière et digne, je ne brade pas mon corps comme ces femmes, pires catins que moi au fond, sont-elles donc aveugles ? "

Finit l'insouciance des discussions légères de l'instant d'avant, frénétiquement, mue par une agitation nerveuse, elle vide le coffre de la robe émeraude offerte par l'Amiral, vide son verre vin et celui de Cyrinéa avant de les fourrer dans la grande besace sortie pour l'occasion, bijoux, onguents, et parfums rejoignent le barda de fortune.

Elle évite le regard de son amie, n'entend aucune objection, se contentera de la prendre dans ses bras, la serrant comme si c'était la dernière fois qu'elles se voyaient.

" Merci pour ton aide, et celle que tu m'apporteras."

Se retirant de l'étreinte elle se dirige vers la porte avant de faire volte face, et récupérer les deux petites sculptures de bois.

"N'oublie pas de la remercier"


Quelques minutes plus tard, elle est dans l'écurie du Manoir, murmurrant quelques mots à l'Haquenée blanche, fièrement acquise.

" Prends soin de moi, ma belle, et de mon enfant, je ne veux pas le perdre, pas lui."

A califourchon sur sa jument, barda solidement harnaché, elle lance un dernier regard à Cyrinéa qui l'avait talonnée.

" Ne t'inquiète pas pour moi, tout ira bien, Deos ne me lachera pas."

Coups de talons sur les flancs, départ au galop, s'éloigner au plus vite du Manoir, sa prison dorée, s'éloigner au plus vite de Montauban...l'Antre du Diable.

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Cyrinea
Même pas le temps de réagir, si ce n'est la regarder, l'étreindre, la talonner.

Juste le temps d'ânoner que bien sûr que non elle ne l'abandonnerait pas, qu'elle remercierait Matalena et que oui, les autres, elles ne se faisaient pas payer mais manquaient singulièrement de dignité pour se laisser traiter de la sorte.

Mais elle avait parlé pour elle, comme pour accompagner dans son indignation et sa colère une Rosa qui ne l'entendait ni ne l'écoutait plus.

Elle se campa néanmoins sur ses deux jambes, mains en porte-voix et hurla:


- Roooooooooooosaaaaaaa!!!!!! Un voyage avec Nif et moi!!!!!! Reviens! Pars pas toute seule!!!!!!!!!!!!
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Rosalina_
Les cris de Cyrinéa lui parviennent malgré les bruits de sabots claquant le chemins de terre, résonnent en elle, l'esprit confus elle fait ralentir le pas de l'Haquenée, "Du calme Rosa, il ne t'empêchera pas de partir, pls maintenant, rien ne sert de se précipiter, il ne se doutera même pas de ton départ."

Elle se tourne avec précaution sur sa selle,encombrée par son ventre rebondi, regard fixe sur le Manoir, elle tire sur les rennes faisant faire demi tour à la jument. Talonnade des flancs blancs, elle rejoint l' Amie dans la sinistre cour du Manoir, lui fait faire halte à ses pieds, Rosa sourit à Cyrinéa, l'oeil pétillant, elle lui tend une main.

" Grimpe ! Allons chercher ton Nif, il me tarde de le rencontrer celui là...Et partons prendre du bon temps."

Dernier regard sur le Manoir... Dernier regard sur ce qui aurait pû être...Pas de regrêt.

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