Leandre
... des ombres sur l'Ô ?
Les yeux levés, à contempler l'imprenable forteresse dans toute sa splendeur, le Valfrey se perd dans ses pensées. Bientôt, il sera à l'intérieur, et à son tour, il observera la ville de toute sa grandeur nouvellement acquise. Mais avant de pénétrer dans la salle du trône, il y a du chemin. Sans doute une poignée de gardes qui ne les laisseront pas passer, lui et le reste de son groupe : une femme, deux gamines, et un homme à l'allure sinistre. Si la femelle et le mâle sont indéniablement utiles, puisque adultes et armés d'une épée, rien n'est moins sûr quant aux deux petites.
Cachées derrière leur bouclier trois ou quatre fois trop grands pour elles, elles semblent tout de même impatientes de suivre le jeune brun. La folie enfantine a donc laissé place à la folie suicidaire ? Il tente de les rassurer d'un sourire. Après tout, ça se passera bien : il veille sur elle comme il peut.
A côté, sa tante. La soeur de feue sa mère. Hanadora Meira Grimwald. Une femme qu'il n'a jamais connue avant peu. Un mois peut-être. Indéniablement gentille, généreuse et fidèle à une cause qu'il n'a pas encore réussi à découvrir. Elle haït le comte de Beaufort, c'est en tout cas un fait avéré. Ce qui en fait une alliée de choix.
Non loin, une seconde mère. L'ancienne amante du comte de Beaufort. Soeli de Margny-Riddermark. Elle lui a tout appris, ou presque. Elle lui a même offert une sur, bien qu'il l'ignore encore. Et dernièrement, elle est revenue d'entre les morts, et l'impérial se persuade que c'est grâce à lui.
Enfin, l'illustre inconnu. Difficile à cerner, l'homme ne parle pas, ou peu. Etant accompagné d'Hanadora lors de sa venue parmi eux, Leandre a d'abord imaginé qu'il s'agissait de l'un de ses amants quelconques. Ces choses là ne le concernent pas encore... Et il se voit mal vérifier auprès de sa tante.
Et lui... gamin pas tout à fait adulte, qui se cherche un but, un sens à sa vie. Les trouvera t-il ce soir ? Quoi qu'il s'y passe, son avenir en sera affecté, il le sait. Il est prêt à en assumer les conséquences. Il veut prouver une nouvelle fois à son père, lui confirmer, qu'il fait ses propres choix, quel que ce soit le domaine. Planter une dernière lame dans le dos de Jontas de Valfrey, clôturer une rivalité que le fils a lui-même instauré en défiant son géniteur à plusieurs reprises, ou bien n'être que la goutte de bière qui fera déborder la chope. La provocation qu'il compte lui infliger maintenant n'a sans doute nul autre pareil.
Faire tomber le symbole d'un pouvoir tellement fragile, bouter hors d'un château son propriétaire désappointé, le rêve de beaucoup. Pour lui, c'est un défi, une certaine manière de montrer son existence à la vue de tous. Une façon aussi de se venger. Raisonnement peut-être tiré par les cheveux, mais qui lui semble tout à fait logique : la mort de sa mère ; par la faute de son père ; paternel impliqué dans la politique franc-comtoise ; la Franche-Comté est responsable.
Les mots se bousculent dans sa tête, et ses jambes se décident enfin à le déplacer. Vers leur objectif. Ailleurs, pas très loin, et au même moment, d'autres groupes s'avancent. Vers le même objectif. Des personnes de confiance, pour la plupart, des amis, des confidents, des êtres précieux. S'ils échouent, ils seront exécutés ensemble. Une fin tellement plus belle que tant d'autres.
Le Valfrey lance ainsi le signal. L'assaut est donné. Les cinq paires de membres inférieurs s'accélèrent dans un tempo infernal. Impossible de faire marche arrière, dorénavant. Les épées sont sorties de leur fourreau, les boucliers de ceux qui n'en ont pas - ou ne savent pas en tenir une, plutôt - sont levés pour faciliter le déplacement. Le claquement des bottes du Valfrey sur les pavés résonne dans la nuit noire et silencieuse. Il n'entend plus que ça, dans un bourdonnement lancinant. La fébrilité en est à son paroxysme. Mais il avance. Dans son dos, une barre métallique cachée par l'enroulement d'un tissu soyeux. Il ne sait pas ce qu'il représente.
Il sait simplement qu'il aura peut-être à le dérouler et à arborer l'oriflamme depuis la plus haute des tours du château de Dole.
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Bâtard de Valfrey.
Les yeux levés, à contempler l'imprenable forteresse dans toute sa splendeur, le Valfrey se perd dans ses pensées. Bientôt, il sera à l'intérieur, et à son tour, il observera la ville de toute sa grandeur nouvellement acquise. Mais avant de pénétrer dans la salle du trône, il y a du chemin. Sans doute une poignée de gardes qui ne les laisseront pas passer, lui et le reste de son groupe : une femme, deux gamines, et un homme à l'allure sinistre. Si la femelle et le mâle sont indéniablement utiles, puisque adultes et armés d'une épée, rien n'est moins sûr quant aux deux petites.
Cachées derrière leur bouclier trois ou quatre fois trop grands pour elles, elles semblent tout de même impatientes de suivre le jeune brun. La folie enfantine a donc laissé place à la folie suicidaire ? Il tente de les rassurer d'un sourire. Après tout, ça se passera bien : il veille sur elle comme il peut.
A côté, sa tante. La soeur de feue sa mère. Hanadora Meira Grimwald. Une femme qu'il n'a jamais connue avant peu. Un mois peut-être. Indéniablement gentille, généreuse et fidèle à une cause qu'il n'a pas encore réussi à découvrir. Elle haït le comte de Beaufort, c'est en tout cas un fait avéré. Ce qui en fait une alliée de choix.
Non loin, une seconde mère. L'ancienne amante du comte de Beaufort. Soeli de Margny-Riddermark. Elle lui a tout appris, ou presque. Elle lui a même offert une sur, bien qu'il l'ignore encore. Et dernièrement, elle est revenue d'entre les morts, et l'impérial se persuade que c'est grâce à lui.
Enfin, l'illustre inconnu. Difficile à cerner, l'homme ne parle pas, ou peu. Etant accompagné d'Hanadora lors de sa venue parmi eux, Leandre a d'abord imaginé qu'il s'agissait de l'un de ses amants quelconques. Ces choses là ne le concernent pas encore... Et il se voit mal vérifier auprès de sa tante.
Et lui... gamin pas tout à fait adulte, qui se cherche un but, un sens à sa vie. Les trouvera t-il ce soir ? Quoi qu'il s'y passe, son avenir en sera affecté, il le sait. Il est prêt à en assumer les conséquences. Il veut prouver une nouvelle fois à son père, lui confirmer, qu'il fait ses propres choix, quel que ce soit le domaine. Planter une dernière lame dans le dos de Jontas de Valfrey, clôturer une rivalité que le fils a lui-même instauré en défiant son géniteur à plusieurs reprises, ou bien n'être que la goutte de bière qui fera déborder la chope. La provocation qu'il compte lui infliger maintenant n'a sans doute nul autre pareil.
Faire tomber le symbole d'un pouvoir tellement fragile, bouter hors d'un château son propriétaire désappointé, le rêve de beaucoup. Pour lui, c'est un défi, une certaine manière de montrer son existence à la vue de tous. Une façon aussi de se venger. Raisonnement peut-être tiré par les cheveux, mais qui lui semble tout à fait logique : la mort de sa mère ; par la faute de son père ; paternel impliqué dans la politique franc-comtoise ; la Franche-Comté est responsable.
Les mots se bousculent dans sa tête, et ses jambes se décident enfin à le déplacer. Vers leur objectif. Ailleurs, pas très loin, et au même moment, d'autres groupes s'avancent. Vers le même objectif. Des personnes de confiance, pour la plupart, des amis, des confidents, des êtres précieux. S'ils échouent, ils seront exécutés ensemble. Une fin tellement plus belle que tant d'autres.
Le Valfrey lance ainsi le signal. L'assaut est donné. Les cinq paires de membres inférieurs s'accélèrent dans un tempo infernal. Impossible de faire marche arrière, dorénavant. Les épées sont sorties de leur fourreau, les boucliers de ceux qui n'en ont pas - ou ne savent pas en tenir une, plutôt - sont levés pour faciliter le déplacement. Le claquement des bottes du Valfrey sur les pavés résonne dans la nuit noire et silencieuse. Il n'entend plus que ça, dans un bourdonnement lancinant. La fébrilité en est à son paroxysme. Mais il avance. Dans son dos, une barre métallique cachée par l'enroulement d'un tissu soyeux. Il ne sait pas ce qu'il représente.
Il sait simplement qu'il aura peut-être à le dérouler et à arborer l'oriflamme depuis la plus haute des tours du château de Dole.
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Bâtard de Valfrey.