Eralypse
[Soir de Mars,premier aller]
Fin des volutes poétiques des flocons qui ne dansent plus.
La guerre balaye ou fait rougir le tapis blanc pour laisser
le printemps poindre et l'inquiétude aussi.
D'une écriture doucement penchée, les lettres désordonnées trahissant le caractère pressé du petit mot écrit à l'arrière du morceau de parchemin envoyé.
Ysaree,
Excusez-moi, j'étais déjà en voie du sommeil quand j'ai entendu votre pigeon à la fenêtre de l'auberge. Tout s'est très bien passé, je vous suis gré de vous inquiéter de ma vie.
Je vous écrirais plus longuement demain,
Mes amitiés,
Gabriel.
[Matin suivant,second voyage]
Expressions des désillusions.
Ysarée,
Je prends le temps de vous écrire aujourd'hui. Ma plume était fanée hier,elle n'est pas plus pimpante ce matin mais,j'ai promis.
La traversée s'est passée sans encombres. Le mistral était rude mais je suis arrivé entier,seule une guerrière de l'Empire a voulu désespérément m'arracher à l'épée un bout de couenne,mon charme légendaire,que voulez vous...Je vous rassure,la couenne en question est intacte,au grand damne de mon cher tailleur qui se serait fait un plaisir de retoucher mes braies,me saignant à blanc comme il lui plaît.
Soit,je n'étais pas vraiment parti pour vous conter les péripéties d'une étoffe piquée d'épingles,continuons.
Le voyage fut bon,vous disais-je donc. Mon séjour par contre me déçoit,je crois,pire: me trouble..Quelque chose est mort,je ne sais si cela est du fait de la guerre ou des visages gris et sans vie qu'elle dessine sur les prairie et dans la garrigue mais quelque chose est mort. Définitivement.
Je ne sais si je l'ai senti au parfum pourrissant de l'air ou aux sourires perdus,ou...peut-être que c'est en moi que cette chose a perdu la vie. Qu'en sais-je en vérité? Rien. Tout cela est comme le reste,flou,indéchiffrable,nébuleux et secret. Des secrets que je détiens sans les connaître.
Vous devez me croire fou,vous n'auriez pas tort.
Je ne sais même pas la raison qui me pousse à vous dire ces choses...Oubliez,c'est sans importance.
J'espère que votre blessure ne vous cause pas trop de tracas,j'ose aussi espérer que vous ne vous faites point de mauvais sang pour moi. Je crois sincèrement que je devrais plus m'en faire pour vous,à dire vrai j'ai eu bien du soucis à voir cette lettre écrite par quelqu'un d'autre. Êtes vous si mal que vous ne pouvez tenir une plume en main? Ah,voilà que je m'inquiète à votre sujet.
Vous aurez la bonté de me faire parvenir de vos nouvelles,au moins pour le repos de mon âme,n'est ce pas?
Oui,j'en fais trop.
Mais qu'importe.
Vous savez,je parle de moi mais au final,qu'ai-je appris de vous? Pas grand chose,n'est ce pas? Je n'ai même pas su ce qu'il vous était arrivé dans le détail. Peut-être est-ce indélicat de remémorer le détestable souvenir mais...Je n'ai jamais dit être délicat après tout. Répondez si le cur vous en dit,sinon,tant pis.
Rigueur ne vous en sera pas tenue.
Une pensée pour vous,dire qu'il y en a eu mille serait prétentieux,peut-être.
Ce que je suis si l'on considère les choses.
Mille pensées pour vous,
Gabriel.
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Fin des volutes poétiques des flocons qui ne dansent plus.
La guerre balaye ou fait rougir le tapis blanc pour laisser
le printemps poindre et l'inquiétude aussi.
D'une écriture doucement penchée, les lettres désordonnées trahissant le caractère pressé du petit mot écrit à l'arrière du morceau de parchemin envoyé.
Ysaree,
Excusez-moi, j'étais déjà en voie du sommeil quand j'ai entendu votre pigeon à la fenêtre de l'auberge. Tout s'est très bien passé, je vous suis gré de vous inquiéter de ma vie.
Je vous écrirais plus longuement demain,
Mes amitiés,
Gabriel.
[Matin suivant,second voyage]
Expressions des désillusions.
Ysarée,
Je prends le temps de vous écrire aujourd'hui. Ma plume était fanée hier,elle n'est pas plus pimpante ce matin mais,j'ai promis.
La traversée s'est passée sans encombres. Le mistral était rude mais je suis arrivé entier,seule une guerrière de l'Empire a voulu désespérément m'arracher à l'épée un bout de couenne,mon charme légendaire,que voulez vous...Je vous rassure,la couenne en question est intacte,au grand damne de mon cher tailleur qui se serait fait un plaisir de retoucher mes braies,me saignant à blanc comme il lui plaît.
Soit,je n'étais pas vraiment parti pour vous conter les péripéties d'une étoffe piquée d'épingles,continuons.
Le voyage fut bon,vous disais-je donc. Mon séjour par contre me déçoit,je crois,pire: me trouble..Quelque chose est mort,je ne sais si cela est du fait de la guerre ou des visages gris et sans vie qu'elle dessine sur les prairie et dans la garrigue mais quelque chose est mort. Définitivement.
Je ne sais si je l'ai senti au parfum pourrissant de l'air ou aux sourires perdus,ou...peut-être que c'est en moi que cette chose a perdu la vie. Qu'en sais-je en vérité? Rien. Tout cela est comme le reste,flou,indéchiffrable,nébuleux et secret. Des secrets que je détiens sans les connaître.
Vous devez me croire fou,vous n'auriez pas tort.
Je ne sais même pas la raison qui me pousse à vous dire ces choses...Oubliez,c'est sans importance.
J'espère que votre blessure ne vous cause pas trop de tracas,j'ose aussi espérer que vous ne vous faites point de mauvais sang pour moi. Je crois sincèrement que je devrais plus m'en faire pour vous,à dire vrai j'ai eu bien du soucis à voir cette lettre écrite par quelqu'un d'autre. Êtes vous si mal que vous ne pouvez tenir une plume en main? Ah,voilà que je m'inquiète à votre sujet.
Vous aurez la bonté de me faire parvenir de vos nouvelles,au moins pour le repos de mon âme,n'est ce pas?
Oui,j'en fais trop.
Mais qu'importe.
Vous savez,je parle de moi mais au final,qu'ai-je appris de vous? Pas grand chose,n'est ce pas? Je n'ai même pas su ce qu'il vous était arrivé dans le détail. Peut-être est-ce indélicat de remémorer le détestable souvenir mais...Je n'ai jamais dit être délicat après tout. Répondez si le cur vous en dit,sinon,tant pis.
Rigueur ne vous en sera pas tenue.
Une pensée pour vous,dire qu'il y en a eu mille serait prétentieux,peut-être.
Ce que je suis si l'on considère les choses.
Mille pensées pour vous,
Gabriel.
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