Enguerrand_de_lazare
Cise légèrement à l'écart des voies passantes et commerçantes, l'auberge du Vieux François était un de ces lieux appréciés par les habitants du cru en mal de tranquillité, souhaitant plus que tout se rencontrer ou simplement prendre quelque temps de repos sans être cible des commères et garces de la ville, toutes promptes qu'elles étaient à bavasser sur les allées et venues de leurs concitoyens. Leur quartier général en était le vieux lavoir, qui ne tenait de lavoir plus que le nom, tant les algues et mousses diverses en avaient occupé les lieux. Celui-ci, placé face à l'église de Ryès offrait vue imprenable sur les trois grandes artères de la ville, convergent toutes vers la place principale du bourg, tenant tout à la fois de place du marché, de réunion, jugements publics, mariage ou enterrement divers. Bordée d'échoppes richement achalandées et demeures cossues, elle était l'âme et le cur de Ryès. Nulle anomalie donc que lesdites commères aient choisi cet endroit là pour leur activité habituelle. Nulle étrangeté également que la fameuse auberge du Vieux François se soit quand à elle tenue à plusieurs rues de là, tant le vieux en question détestait plus que tout tout ce qui touchait à verbiage et babillage de ces vertugadins sans limites aucunes que celles de leur propre conscience, soit...fort peu de chose, somme toute.
Or donc, à cette heure de fin de matinée, la salle était encore des plus déserte. Deux buveurs invétérés, attablés devant l'âtre rougeoyant s'évertuaient à passer le temps entre jets de dés et choppe de bière mousseuse à souhait. Le liquide semblait couler à flot, tant sur leur broussailleuse barbe que dans leur visiblement des plus desséchés gosiers.
Le Vieux, lui, regardait la scène d'une il ensommeillé, paupière mi close et chiffon essuyant méticuleusement, et ce depuis déjà quelques temps, le même verre d'étain, qui jamais ne pourrait se vanter d'autant briller, tant le mouvement répétitif du François était appliqué autant que presque forcené.
il ensommeillé nous disions, mais esprit encore vif, ou presque car dès lors que la porte de bois s'ouvrit, il se redressa rapidement, laissant tomber sur son comptoir de chêne chiffon et gobelets, mains posées fermement sur le bois vernis. Rapide inspection du nouveau venu. Grand. Teint blafard. Cheveux poivre et sels. Cape de la licorne et gantelets d'acier. Capuchon rabattu sur le chef. Il connaissait fort bien ces attributs là pour voir depuis de nombreuses années leurs porteurs aller et venir en les rues de Ryès, apportant à la petite ville protection et sécurité.
L'homme, après avoir marqué courte pause dans l'encadrement de la porte ouverte, s'engagea dans la salle, prenant soin de refermer l'huis derrière lui, sans avoir manqué de détailler à son tour, d'un il intransigeant, les trois quidams présents en ces lieux.
Quelques pas vifs. Arrêt devant le Vieux. Signe de tête bref.
Aubergiste. Il me faut ta salle du fond. Apporte y une bouteille de violette, une de prune et de quoi nous sustenter. J'attends une des surs licorneuse. Nulle question. Nulle parole. Tu nous laisseras seul et prendras soin que personne ne vienne à notre portée. Est ce clair?
La voix était volontairement dure et impérieuse. L'aubergiste opina du chef, habitué qu'il était à ce genre d'attitude. Un ordre claqua. Une acorte servante s'activa et bientôt la pièce en question fut prête.
Le licorneux indiqua d'un geste vif à la jeune femme qu'elle pouvait alors s'éloigner et, celle-ci sortie, s'engouffra dans le futur lieu de cette discrète réunion.
Une table. Deux tabourets de bois. Point de fenêtre mais deux chandelles se consumant sur le plateau de bois, et un petit foyer apportant quelque chaleur logé dans un coin de la salle. Voilà qui de toute façon serait suffisant.
Après avoir légèrement rabattu la porte, prenant soin par là de pouvoir observer partie de la salle et surtout écouter conversations et allées et venues, le Capitaine s'assit enfin sur le tabouret faisant face à celle-ci, immobile, dans l'attente de celle à qui il avait fixé rendez vous.
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Or donc, à cette heure de fin de matinée, la salle était encore des plus déserte. Deux buveurs invétérés, attablés devant l'âtre rougeoyant s'évertuaient à passer le temps entre jets de dés et choppe de bière mousseuse à souhait. Le liquide semblait couler à flot, tant sur leur broussailleuse barbe que dans leur visiblement des plus desséchés gosiers.
Le Vieux, lui, regardait la scène d'une il ensommeillé, paupière mi close et chiffon essuyant méticuleusement, et ce depuis déjà quelques temps, le même verre d'étain, qui jamais ne pourrait se vanter d'autant briller, tant le mouvement répétitif du François était appliqué autant que presque forcené.
il ensommeillé nous disions, mais esprit encore vif, ou presque car dès lors que la porte de bois s'ouvrit, il se redressa rapidement, laissant tomber sur son comptoir de chêne chiffon et gobelets, mains posées fermement sur le bois vernis. Rapide inspection du nouveau venu. Grand. Teint blafard. Cheveux poivre et sels. Cape de la licorne et gantelets d'acier. Capuchon rabattu sur le chef. Il connaissait fort bien ces attributs là pour voir depuis de nombreuses années leurs porteurs aller et venir en les rues de Ryès, apportant à la petite ville protection et sécurité.
L'homme, après avoir marqué courte pause dans l'encadrement de la porte ouverte, s'engagea dans la salle, prenant soin de refermer l'huis derrière lui, sans avoir manqué de détailler à son tour, d'un il intransigeant, les trois quidams présents en ces lieux.
Quelques pas vifs. Arrêt devant le Vieux. Signe de tête bref.
Aubergiste. Il me faut ta salle du fond. Apporte y une bouteille de violette, une de prune et de quoi nous sustenter. J'attends une des surs licorneuse. Nulle question. Nulle parole. Tu nous laisseras seul et prendras soin que personne ne vienne à notre portée. Est ce clair?
La voix était volontairement dure et impérieuse. L'aubergiste opina du chef, habitué qu'il était à ce genre d'attitude. Un ordre claqua. Une acorte servante s'activa et bientôt la pièce en question fut prête.
Le licorneux indiqua d'un geste vif à la jeune femme qu'elle pouvait alors s'éloigner et, celle-ci sortie, s'engouffra dans le futur lieu de cette discrète réunion.
Une table. Deux tabourets de bois. Point de fenêtre mais deux chandelles se consumant sur le plateau de bois, et un petit foyer apportant quelque chaleur logé dans un coin de la salle. Voilà qui de toute façon serait suffisant.
Après avoir légèrement rabattu la porte, prenant soin par là de pouvoir observer partie de la salle et surtout écouter conversations et allées et venues, le Capitaine s'assit enfin sur le tabouret faisant face à celle-ci, immobile, dans l'attente de celle à qui il avait fixé rendez vous.
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