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Auberge du Vieux François

Zalina
Oh que si elle en a des idées. Elle en a même beaucoup trop pour toutes les réaliser.
Des idées vraisemblables et des idées invraisemblables.
Des idées réalisables et des idées complètement folles.
Des idées qu’elle concrétisera un jour, et d’autres qui passeront leur temps à tourner et retourner dans sa caboche, juste bonnes à lui donner des migraines jours et nuits.
Bref, des idées en veux tu, en voilà.
Mais la jeune dame de Haisnes avait aussi appris à ne plus se faire d’illusions. Elles lui en avaient déjà bien trop fait déguster. Quelque soit ce que le Vicomte essayait de lui dire, elle ne l’envisagera que quand il lui aura dit clairement. Elle refusait de s’imaginer des choses qui n’arriveront jamais. S’imaginer épouse et mère lui avait déjà bien suffit. Sans parler de l’autre désillusion. Non, plus jamais !
La Peste continuera à jouer les abruties jusqu’à ce qu’il se décide à dire clairement la raison de sa présence. Quitte à y passer la nuit si cela s’avérait nécessaire.

Faignant de ne pas remarquer l’allusion à sa Seigneurie des Flandres, elle continua à avancer en direction de l’auberge. La conversation reprendrait une fois tout le monde au chaud.
Elle poussa la porte et laisser les enfants entrer en premier. Ils étaient dehors depuis bien plus longtemps qu’elle.
Le temps de saluer le tavernier d’un signe de tête et la Peste se dirigea vers une table près de la cheminer. A défaut de pouvoir suivre la conversation, Bérénice pourra se réchauffer correctement. Elle prit place face à la porte, vieille habitude prise à la Cour des Miracles, et laissa Adrian s’occuper du fessier de sa sœur. Elle ne put retenir un nouveau sourire en l’observant plein d’attention pour le jeune fille.
Sourire qui passa au sourcil levé en entendant sa commande. Il n’était pas un peu jeune pour cette boisson ? Bon, elle en buvait depuis qu’elle avait été en age de fouiller dans la cave de l’ancienne taverne de sa mère. Mais ce n’était pas une raison.
Zalina le laissa tout de même faire. Il voulait jouer au Homme et le traiter comme un enfant devant sa petite sœur ne serait probablement pas une bonne idée. Elle improviserait s’il venait à trop en boire.


Et vous, jeune fille. Un lait chaud pour vous réchauffer vous conviendrait il ?

La Prévote laissa Bérénice réfléchir à sa boisson et passa commande pour elle. Génépi… Calva… Génépi… de quoi avait elle envie aujourd’hui ?

Un verre de Génépi pour moi, s’il vous plait.

En attendant la commande, Zalina fixa Adrian. Allait il oui ou non finir par lui dire clairement ce qui l’amenait jusqu’à Ryes ?
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En deuil et à la recherche des triangles...
Adrian
Il ne laisse pas de temps de latence.

- " Même chose. Et un lait chaud. Avec de quoi manger. Et vite... "

Derniers mots appuyés, sans réelle conviction ni emphase. Juste le ton de celui qui sait que le taulier comprend le sous-jacent: si tu ne te dépêches pas, penses à ton rade. Il était en terre de Licornes, certes, mais avait de bons restes de féodalisme dans le sang. Aussi sans même observer s'il suivait revint-il à Zalina.
Le lecteur aurait pu croire étonnant ce choix de la part d'Adrian de boire de l'alcool fort, et il l'était, mais en réalité pas tant que ça: l'époque médiévale ne connaissait pas Contrex, Cristalline, ou les eaux de source buvables en bouteille, ou même l'eau du robinet. L'eau apportait les miasmes, et elle servait surtout pour faire la cuisine, la vaisselle, la lessive, mais on évitait toujours de la consommer telle quelle: porteuse de miasmes, il n'y avait rien de mieux pour démarrer une épidémie: autre raison pour laquelle environ 95% des douves n'ont en fait jamais contenues d'eau stagnante!
Aussi les enfants et tous les habitants du Royaume tournaient-ils à l'alcool non par envie, mais par nécessité sanitaire: la goutte détruisant les bactéries, on en mettait même dans les biberons pour rendre les nourrissons plus résistants.

Aussi le jeune Faucon avait-il commencé tôt à boire, dès le sein, soit quelques heures après sa naissance. Bière principalement, ou, dans les terres où le houblon était cher l'eau de vie ou le vin. En terres comtoises, c'était principalement le génépi, le vin jaune et le vin de paille. Aussi le jeune homme connaissait-il l'alcool et bien, et appréciait-il le génépi: souvenir de son père. Les caves de Montbarrey se souvenaient elles ainsi, comme celles de Delle, de ses incursions profondes avec Luthi...

Bref. Recentré sur la jeune femme, le jeune homme redémarra sec, la regardant attentivement:


- " Je voudrais que vous puissiez vous occuper de l'intendance de Marchiennes, tant que le Chevalier de Jeneffe en sera absent. Qu'en pensez vous? "

Il s'attendait au refus, et en avait hélas un peu peur. Elle était un peu sa dernière cartouche: si elle refusait, il se verrait obligé de demander à la Flandres la direction des terres, ou à la Comtesse de Lilles, les deux situations ne l'enchantant guère.
Tournant la tête, il vit Rufus apparaître dans l'embrasure de l'entrée, et lui lancer un signe de la tête peu perceptible, mais signifiant que toute l'installation s'était faite selon les ordres du jeune noble. Adrian Fauconnier de Riddermark y répondit de même, et Rufus entra alors, restant sur le côté de la porte à regarder le feu et les quelques buveurs qui étaient là, en protection, alors que servantes s'activaient sur la préparation du repas, et que le patron revenait.

Roulements de tambours, et boule de gomme, aurait-on pu dire.

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Le vieux François
Le vieux tavernier n'est ni sourd ni aveugle...
C'est là son moindre défaut.
Et même mieux, il sait depuis le temps qu'il arpente les dalles de la salle de sa taverne comment savoir ce qu'il veut.
Négligemment sans laisser paraître, le vieux François avait attrapé un balais. Oui oui elle devait être rutilante sa taverne... mais ça lui permettait également de suivre les conversations entre les tables sans en avoir l'air.

Il s'est penché sur une table et en fait reluire le bois d'un coup de chiffon après avoir pris son balais pour excuse à un rapprochement stratégique... et pendant qu'il essuie il écoute l'encorné et le piaf attablés. C'est donc une lettre d'une dame... pour le Haut Conseil. Affaire d'importance alors. Si c'était une simple missive galante elle ne serait pas adressé au conseil en lui même mais à un nom masculin. Apparemment le moineau s'est déjà fait dégager de l'entrée de manière assez désagréable. Et le petit bout d'homme aux yeux rougis semble tenir tête au garde attablé avec sa bouteille et ne pas démordre de sa mission.

Nouveau mouvement. Reprise en main du balais et nouveau nettoyage des rares miettes qui gisent aux alentours. Quelques mot encore des deux avant que le licorneux se lève, visiblement assez énervé. Le petiot reste là, le nez dans son verre sans réaction.
François le regarde un instant. Les yeux du petit piaf lui rappelle... bien trop de choses. Un corps un matin découvert sur la grève. Un corps aux habits déchiqueté par la tempête et les eaux hurlantes qu'il avait regardé toute la nuit. Cette image avait sonné la fin de sa profession. Il en dormait plus la nuit à force de voir ce môme qui avait coulé avant d'être rejeté à moitié bouffé par les poissons sur les roches du rivage. L'était parti, l'ilouan, il était parti dans les terres pour oublier. Avait monter sa taverne avec le fruit de ses rapines et avait tenté de mener une autre vie sur un plancher qui dansait plus avec les vagues.

Le tavernier s'en va vers son comptoir et s'empare d'une miche de pain et d'un bout de fromage. Sa démarche chaloupée le porte vers le petiot attablé et harassé. D'une main il essuie la table avant de poser la pitance et de débarrasser la bouteille et le verre laissé par l'encorné.


Sont emmerdants parfois hein ?

La grosse voix se fait entendre en murmure en guise de confidence devant le messager. Sa main se reporte sur la table avec son chiffon et brique lentement le bois.

Vu qu'ça à l'air important et qu't'as l'air d'être aussi têtu qu'un troupeau de mules... là dedans – signe vers la porte encore fermée du clôtet- y a un chevalier... pas des moindres... Enguerrand de Lazare... s'il y a eu nomination d'un Haut Conseil, l'est p'être dedans... faudrait juste lui parler quand il sortira... enfin c'mon avis, petit... ça demande juste un peu de patience... et ta dame s'ra contente t'auras rempli ta mission...

François se relève et le regarde un instant avant d'ajouter en bougonnant.

Puis mange... on a pas idée d'être aussi brindille...s'y a du vent tu vas t'envoler...

La carcasse se met en branle et retourne vers le comptoir. La valse des arrivées reprend. Un homme lui demande une chambre. Manège habituel. Il monte lui montrer une chambre et redescend de son pas lourd qui fait craquer le chêne des marches.

Pendant qu'il redescend il aperçoit trois arrivants attablés. Il reconnaît la jeune femme aux cheveux noirs. Elle était toute môme la première fois qu'il avait aperçu sa silhouette. Il était déjà installé à Ryes depuis un moment. Quel âge avait-elle maintenant ? Il ne saurait dire. Les années passent bien trop vite... avec elle un jeune homme et une petite demoiselle qui semblait un peu perdue.

Il s'approchait de son pas lourd et allait presque sourire avant que le jeune homme ne lève le bras et claque ostensiblement des doigts. Grognement perceptible. Se plaçant près de la table de sa carrure d'armoire (normande évidemment), il reste un instant silencieux en toisant le jeune blanc bec qui se permet de l'appeler comme un toutou. L'a flairé le petit con de noble le François. A plein nez. Déjà à sa mise. Et puis ça pue la suffisance et l'ego surdimensionné du côté du brun. Encore un petit merdeux qui sous couvert de titres croit connaître la vie et son rang. Qui sait pas encore que si Dieu l'a placé dans les hautes sphères ce n'est pas en toisant les petites gens qu'ils vous serviront avec grâce et sans ciller.

Pas le temps d'ouvrir la bouche que le chevalier demande :


Un verre de Génépi pour moi, s’il vous plait...

Il allait passer l'éponge sur l'entrée en matière sans politesse quand le merdeux irrespectueux se permet un :


Même chose. Et un lait chaud. Avec de quoi manger. Et vite...

Le vieux tavernier se redresse de toute sa stature. Imposante. Son visage se ferme lentement. Il craint pas grand chose François. Encore moins les petits nobles. Avant son domaine c'était les tempêtes, les fanaux à l'arrache allumés à l'alcool sur les côtes. Les craquements sinistres des coques de bateaux qui s'éclataient sur les rochers. La navigation dans les rouleaux, les murs d'eau pour récupérer les tonneaux qui flottent, les cadavres à dépouiller. Et jamais la mer n'avait voulu de lui. Pourtant elle aurait pu à mainte fois le prendre dans ses bras profonds pour l'engloutir et dormir avec les sirènes. Il a toujours été chanceux, le vieux, tellement qu'il était connu pour être l'anti Jonas par excellence. Un chat blanc. On disait même qu'il avait fait un pacte avec les anciens esprits d'avant, les celtiques, ou même avec le diable pour être toujours sorti indemne des fureurs des océans.
Alors un petit con de son espèce, même s'il pouvait lui passer une épée à travers le corps sans avoir de soucis avec la justice, l'est pas prêt de lui imposer le respect. Loin de là. Et son courroux au nobliaud ne vaudra jamais Poséidon en colère... jamais...

Il ose en plus détourner les yeux, le morveux, et continuer à parler sans avoir user d'une once de politesse. Lentement le vieux François se détourne et tangue vers son comptoir. Il sort une bouteille de génépi et sert un verre, un seul qu'il va porter devant la brune chevalier.

La grosse voix se fait entendre calme mais autoritaire et le vieux tavernier appuie volontairement sur le dernier mot de sa tirade.

Je ne sers que les gens qui méritent le respect et qui use de politesse... si vous n'êtes pas content, ma porte est ouverte, monsieur...
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Du rhum, des femmes et d'la bière... mais en silence foutredieu....
Bérénice de Jeneffe
Ahhhhhhhhhhhh ! Il l’avait pas oubliée. Elle lui adressa un grand regard pétillant d’amusement et lui tira en retour la langue : elle aussi elle savait faire. Ce n’était certes qu’un geste enfantin, qu’un geste quelconque pour certains, déplacé pour d’autres ; mais elle n’en avait franchement cure. Il l’avait pas oubliée. C’était juste ce qu’il lui fallait pour l’empêcher de trouver une idée farfelue pour attirée sur elle l’attention fraternelle si elle ne l’avait pas eu du premier coup. Et dieu seul sait ce que la petite de Jeneffe, digne héritière de son paternel disparu et de sa maternelle complètement jetée, aurait pu trouver pour se faire. Plus tard peut-être ? Il n’y a jamais d’heures pour les bêtises et encore moins pour un enfant. Bref, elle serait sage comme une image au moins le temps qu’ils ne posent tranquillou avec de quoi becqueter un morceau. Donc autant dire, le strict minimum : et le strict minimum vu du point de vue d’une pestouille en devenir pas plus haute que trois pommes. Nan parce que si on se place du point de vue d’un adulte, le strict minimum ça peut durer des plombes : impensable donc. Faut pas pousser et faire rouler la vieille dans les orties, ça se fait pas et c’est mal poli. Et la politesse, y a que ça de vrai.

Une fois la porte poussée, c’est avec un grand soulagement qu’elle s’engouffra en bourrant un peu son frère. Elle avait un peu mal aux pattes mais aussi, elle avait un peu la dalle. Lâchant la main de son ainé, elle se précipita vers la cheminée, qui lui rappela un sacré bon souvenir. Pour elle en tout cas c’était sur ; pour ses fesses un peu moins et pour sa poupée encore moins. Mais ça avait été super rigolo de la jeter au feu et de vouloir la rattraper avec un gros morceau de ferraille… Bon ok, elle avait failli faire cramer tout le château : mais en même temps, qu’est-ce qu’il fichait a côté de la cheminé ce fichu tapis ? Il était moche en plus. Noir cramé c’était plus top mieux bien que rouge et bleu. Chacun des gouts, et personne avait eu les mêmes que les siens. Dommage, elle avait pas de poupée sous la main. En plus, y avait même pas de tapis moche… Elle haussa les épaules et revint prêt des grands et s’affalant sur un siège, balançant ses jambes dans le vide, non s’en avoir enlevé son manteau genant. Elle regarda ses petons aller et venir : cacher, décacher, cacher, décacher…

Puis il fut enfin question de quoi se remplir l’estomac. Ben dis donc, c’était pas trop tôt. Par contre c’était toujours la même rengaine : lait pour elle, et elle savait pas quoi pour les autres. Mais c’était comme tout le temps : elle savait qu’ils boiraient pas la même chose. Suffisait de regarder ; ça avait pas du tout la même couleur. Mais cette fois c’était décidé elle… Petit sourire discret. Mais elle acquiesça toutefois innocemment pour le lait.

Se faisant, elle regarda un vieux monsieur tout bancal.
Elle le regarda et l’écouta sans comprendre un mot de ce qu’il racontait. Elle avait toutefois pigé un truc : pour grailler et boire, c’était avec lui qu’il fallait voir. C’était toujours comme ça dans les taverno-aubergeries. Y avait toujours quelqu’un pour servir la tambouille.

Elle descendit de sa chaise et s’approcha de lui, tirant sur sa jambe avec son minois sévère, cherchant à impressionner vainement son monde.

Dis M'sieur... C'est toi qu'y faut d'mander pour manger? T'sais moi j'ai faim... Puis soif. Puis j'pense que eux aussi. Mais bon c'est des grands... Et pas moi. Et t'sais quoi? Même qu'on a passé des heures à ch'val... Même que c'est pas confortable, que ça fait mal aux fesses. Sisi j'te l'dis.

Et même que tu travailles là?

Et elle c'est je sais plus qui mais elle a pas l'air méchante. Et ça c'est mon frère namou. C'est mon grand frère namoua. L'est gentil.

Et moi c'est Bérénice. Et toi?

Et steuplé... tu as quoi à boire et manger?
T'inquiète, on va pas voler. Dt'façon c'est pas bien. Fin ça dépend quoi. Nanon, beh, elle m'avait volé ma poupée. Mais j'ai rien dit. Parce que moi j'avais plein de poupées. Et que elle pas. Donc c'était pas grave; mais elle a été grondée.
Mais toi t'as pas de poupée.
Fin t'inquiète pas.

Tu veux que j'taide?


Si le frère n'était pas bavard, la soeur l'était pour lui. Mais c'était chose rare et lorsque sa langue s'embarquait dans la discussion, il fallait arriver à suivre...
Puis bon, elle a faim namého! Si le plan A fonctionne pas, elle passera au plan B d'tfaçon...

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Adrian
Je ne sers que les gens qui méritent le respect et qui use de politesse... si vous n'êtes pas content, ma porte est ouverte, monsieur...

Petit sourire. Couillu. Mais trop con. Il n'est pas Licorneux, et pas soumis à la règle de l'ordre non plus. N'est pas soumis à une règle, de toute façon. Il est froissé. Il encaisse. Un emmerdement? Bonhomme, noblesse n'a pas à demander ton avis pour prendre et enlever. Elle te demande de servir, point barre. Tu rebiffes? Ne pleures pas, en ce cas. Tel il a été élevé, tel il se comportera. Implacable et conscient de qui il est. Il est le fils d'un être qui a lutté pour des dizaines de pécores de son style, pour les sauvegarder de la guerre, de la famine et de la mort. Il est le fils d'une bonne comtesse respectueuse des gens et des capacités. Lui-même, il a beaucoup de respect pour le petit peuple: il tient simplement à ce que l'on juge de son rang. Rien de plus, rien de moins. Aussi sait-il déjà comment va se passer la punition. Il ne regarde pas si Zalina répond. N'en a cure : là, il ne doit pas laisser passer. Il s'agit de son honneur. Il s'agit de lui. De sa famille.

- " Rufus. "

Le nom, simple, claque. Le jeune homme montre de façon ouverte qu'il se fiche de la réaction du vieux taulier. Il est stupide, il veut farcir, il prendra. Le vieux soldat approche, subrepticement, sans s'annoncer ou s'excuser.

- " Punition, Rufus. Prends Gros-groin, Tirefesse et Morula. "

Le vieux est déjà oublié. Il ne regarde pas, le jeune. Il a reporté son attention sur Zalina. Le temps qu'elle réponde, les quatre hommes d'armes aux couleurs de Condé se sont rapprochés dans la pièce, et sont venus cerner le vieil homme, la main sur l'épée. Ils n'attendent plus qu'un ordre. Le premier, Gros-Groin, a un pif de la taille d'un melon, et a une main sur son large ventre, la seconde sur l'épée. Ses petits yeux porcins ne lâchent pas un bribe de l'action en cours.
Le second, Tirefesse, a des dents de cheval et un air stupide. Le gantelet sur l'épée, il attend.
Le troisième, de bel allure, a les joues rouges de celui qui est sanguin et boit beaucoup. Tous, posément, cernent avec Rufus un taulier qui, même s'il est de bonne taille, manquera de beaucoup d'impact face au quatuor. Adrian Fauconnier de Riddermark, trempant un doigt dans le génépi du Chevalier pour le goûter, la regarde et demande:


- " Vous disiez, Chevalier... ? "
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Enguerrand_de_lazare
Il était resté encore de longues minutes, immobile, tête baissée vers le sol, comme statufié dans cette petite pièce, alors que les pas de sa sœur quittant les lieux avaient cédé place depuis longtemps déjà au silence qui avait à nouveau envahi la salle.
Plongé dans ses pensées, se remémorant encore et encore les mots échangés, les gestes esquissés, il n'avait que de façon brouillée perçu les extérieures sollicitations, la porte laissée entrouverte lui laissant voir partie de la salle de l'auberge.
Sans en prendre réellement conscience, il avait cru entendre un homme entrer, suivi de bruits de pas menant à l'étage. Quelques paroles perçues au travers du plancher de bois. Un voyageur, probablement.

Lentement, son état de conscience revenait à un niveau de perception normal, les pensées qui l'avaient occupé s'évanouissant progressivement telles brumes chassées par la brise matinale. Il était encore faible et son esprit comme son corps avaient grand mal à obéir à ses injonctions. L'entretien avait été des plus difficile et s'il en était possible, il se sentait plus épuisé encore qu'au sortir de ces terribles geôles qui l'avaient retenu prisonnier des jours durant.

Du bruit à nouveau, venant de l'autre côté de la porte. Un groupe. Deux. Peut être trois personnes. Relevant lentement la tête, il tendit l'oreille, captant les paroles échangées, comme une perche salvatrice dont l'on se serait saisie pour s'arracher à la gangue de boue qui nous empêchait un instant plus tôt d'avancer.

Deux gamins, pour sur. Et l'autre voix, il la connaissait. Dame oui. La peste en personne. Quelques bruits, à nouveaux, raclements de pieds de chaises ou de bancs sur le sol, puis réponse du Vieux. Cette voix là également il la connaissait bien. Et cette intonation aussi. Vieux marin que ce François. Vieux marin et vieil écumeur de côtes. Cette voix annonçait gros grain et l'embarcation cible de ce souffle là allait devoir maintenir son cap dans la tourmente.

Profond soupire du Chevalier. Quoi qu'il puisse se passer dehors, il était temps pour lui de retourner à sa vie à venir.
Quelques instants encore, comme pour profiter de cet apparence de calme qui l'avait gagné. Avant de retourner en la forteresse. Avant de convoquer à nouveau le chapitre pour l'élection du nouveau Grand Maitre.(*)

Quelques pas. La main se posa sur le panneau de bois. Poussée lente et assurée pour dévoiler enfin scène des plus inattendue, bondissant aux yeux du chevalier. L'auberge s'était remplie au cours de sa discussion avec sa sœur. Et pas qu'un peu.
Un môme attablé dans un coin, semblant pleurer toutes les larmes que son corps taille réduite pouvait contenir.
Un enfant et la peste à une autre table, une gamine non loin du Vieux.
Et surtout, surtout, quatre hommes d'arme ayant pris position autour du vieux en question. A voir leurs trognes, qu'ils soient croisés en auberge de Ryes ou au détour d'un chemin en rase campagne n'augurait rien de bon pour celui qui avait à faire face à ces quatre visages là. Moches, pour sur. Mauvaises intentions, probablement.

La colère soudain se fit jour à nouveau en son esprit.
Il n'avait jamais pour sa part aimé ni menaces quelconques ni potentiel déséquilibre aussi flagrant.
Il ne sera pas dit que quiconque pourrait faire sa loi en Ryes.
La fatigue refluant pour un instant, ses sentiments nouveaux lui permirent de puiser force assez pour agir.

La main sur le pommeau de son épée, les gantelets d'acier, marques de son grade au sein de l'Ordre à nouveau portés, il s'avança d'un pas vif vers le groupe.
Regard ambre fixé tour à tour sur les quatre gaillards, permettant alors qu'il progressait de les observer aussi attentivement que possible, tentant de déceler par là quelque arme cachée ou dissimulation quelconque. Sale gueule, certes, mais hommes visiblement habitués aux combats qui, malgré cette assurance déplacé qu'ils affichaient et qui pourrait leur en coûter, allait si combat il devait y avoir, donner fil à retordre à leurs adversaires. Tout à ses observations détaillées, il n'avait pas noté les couleurs dont les quatre étaient revêtus. Qu'importe cela au fond. Fussent ils hommes du Roy, il ne les aurait laissé agir de la sorte sans quérir explications.

La voix du chevalier alors, résonna dans la pièce. Forte. Assurée. Teintée de menace non feinte. Il était sorti sans bruit de sa retraite, et l'intonation eu pour effet de capter l'attention des protagonistes.


Hola, vous quatre! J'espère pour vous que vos postures ne sont pas aussi révélatrices que vos trognes des travers dont vous pourriez être capables. Foi de Capitaine de la Licorne, je ne permettrai point que quelque grabuge soit commis au sein de cette auberge ou de toute terre placée sous la protection de l'Ordre!

Le regard, soudain, se fit dur et froid, tandis que la mâchoire s'était perceptiblement contractée. La main senestre enserrait maintenant la poignée de son épée, prêt à faire jaillir celle-ci de son fourreau en cas de menace avérée. Les muscles étaient tendus, le chevalier, aux aguets, s'apprêtant si besoin en était, à se tailler place pour rejoindre le vieux François par ces quatre là encerclé.

Premières mesures sur la partition jetées. Le rythme sous peu risquait de s'accélérer, risquant de transformer le concerto initial en symphonie dramatique.




(*)Techniquement, le RP a débuté à la sortie du dernier chapitre qui a vu Enguerrand promu au rang de Capitaine, tout comme Zaza devenir l'autre Capitaine de la Licorne.

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Zalina
Le Chevalier ? Il ne dit rien. Que voulez vous qu’il dise ?
Il y a un p’tit gars qui lui demande de s’occuper de l’intendance de Marchiennes jusqu’au retour prochain, et j’y tiens, de Guillaume. Marchiennes !!! Le Vicomté de Guillaume !!!!
Bon oui, c’était dans les idées qu’elle se faisait. Mais l’annonce ne l’en laisse pas moins sur le cul. Elle ? S’occuper de Marchiennes ?

Elle est encore à essayer de remettre ses idées en place, les yeux clignotants fixé sur le Vicomte, que le tavernier lui apporte une bouteille de Génépi et un verre. Elle en aurait bien laissé le verre pour boire directement la bouteille. Sa main est d’ailleurs déjà posée sur la bouteille. Mais le ton du geôlier l’arrête dans son élan.
Suivi d’un long discours de Bérénice. Tient, elle sait parlé longtemps en fait quand elle veut celle là… Et Adrian qui se met à parler de punition en faisant débarquer quatre armoires à glaces, Normandes ou Comtoises, allez savoir.

Zalina cligna de nouveau des yeux. Elle est en train de rêver. C’est une blague, la caméra cachée avant l’heure. Forcément. Tout se déroule comme dans un film où elle n’est que spectatrice.
Alors le « vous disiez Chevalier »…


Oh !! On va se calmer là !!!
Bonjour Enguerrand.


La Peste se lève en prend une profonde inspiration. Son regard noir se pose tour à tour sur tous les occupants de la salle, sauf le pauvre coursier buvant dans son coin et la gentille Bérénice, qui est toute sage.
Dans l’ordre, il y avait eu une commande d’un verre, une punition et des hommes en armes à Ryes… Bon. Si on essaie de tout démêler, çà donne quoi ?


Tavernier, auriez vous de quoi calmer l’estomac de cette jeune affamée qui a fait un long voyage avec son frère ?

Vous quatre, je vous conseille de garder vos lames rangées bien au chaud. Pas de combat dans cette taverne, et encore moins de « punition » sans l’accord du Grand Maistre de la Licorne en ses terres.

Quant à vous, Adrian,
sous le coup de la colère, le Vicomte est passé à la trappe un simple « s’il vous plait » n’est point trop difficile à prononcer et réalise des miracles.
Et point de punition sur des gens qui ne sont pas votres.


Cela dit, elle poussa son verre devant Adrian et but, au goulot, une bonne rasade de Génépi. Elle en avait furieusement besoin. Puis elle se rassit, non sans un dernier regard noir circulaire, histoire d’être sûr d’avoir été parfaitement claire pour tous.
C’était quoi la question de départ déjà ? Ah oui. L’intendance de Marchiennes. Le temps d’un soupire pour se détendre et elle reprit d’une voix plus calme.


Quant à votre demande, si elle tient toujours, j’ai juré de protéger les terres de Maistre Guillaume et sa famille. Je ne puis donc refuser. Mais… mes connaissances en intendance de domaine sont très relatives. Je peux vous envoyer Coyote. Il gère Colombiers pour moi depuis que l’on me l’a confié et fait du bon travail.
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En deuil et à la recherche des triangles...
P'tit Louis
Le licorneux ne comprend toujours pas. Les pupilles écarquillées Louis se demande s'ils parlent la même langue. Il ne parvient pas à se faire comprendre. Plus ça va, moins la situation se débloque. Il ne saisit pas tout à fait la proposition du vicomte... Il n'a retenu que quelques mots de la tirade de Mackx. Vanité, orgueil...

Effondrement.

Imaginer que Louis puisse agir en vertu de ces qualificatifs était plus blessant que le refus. On ne le comprenait pas. Ils ne l'avaient pas compris. Pas un mot ne peut s'échapper d'une gorge nouée à l'extrême par la déception et la honte. Il reste hébété, l'Petit, incapable de se défendre encore. De toute façon le Licorneux est reparti. La porte s'est refermée, et le monde se réduit à la table devant lui.

Bulle.

Perdu dans un océan de frustration, son échec cuisant frappant par vagues continuelles et fracassantes les falaises de sa conscience, il reste là. Les digues de la contenance se brisent sur un ultime assaut alors que le velin contre sa poitrine se froisse, et les larmes roulent sur les joues maigres. C'en est fini. Sillons bruns creusés dans la poussière qui le macule encore. Noisettes perdues dans un verre désormais vide.

Chuintement.

Un murmure. Il est là, sans que Louis ne l'ait deviné. Le tavernier lui parle de sa voix bourrue qui se glisse maintenant en murmure. Les Lacs salés qui lui servent de regard se relèvent jusqu'au vieux. Emmerdants ? Pas le terme qu'il choisirait. Hautains, incompréhensifs, incompréhensibles, fermés, cruels, arrogants, dédaigneux, supérieurs, méprisants... ça oui alors. Mais emmerdants ?

Sur la table, du pain et fromage ont remplacé la bouteille et le verre de Mackx. Effaçant ainsi les vestiges d'une conversation qui n'avait en rien arrangé le moral d'un messager en perdition totale. L'attention du tavernier envers l'oisillon perdu ne suffisait pas à tarir le ruisseau déçu qui s'échappait de ses yeux, mais y réveillait une lueur reconnaissante.

Serrement.

Un coup à l'estomac, les tripes qui se nouent tandis que le vieux continue à parler. Louis tourne légèrement la tête pour suivre le discours et remarquer la porte, qui d'ailleurs s'ouvre sur une brune qui glisse jusqu'à l'extérieur sans leur prêter attention. Un instant, l'espoir renait, vibrant, redressant les épaules d'un Louis qui ne supporte pas l'idée de rentrer avec cette lettre toujours cachetée.

Doute.

Mais... Le tavernier ne se moquerait-il pas à son tout d'un gamin qui court de désillusion en désillusion depuis son arrivée à Ryes ? Ne ferait-il pas miroiter devant lui une énième chimère, espoir salutaire pour mieux le voir s'effondrer ensuite ? Louis secoue la tête et réagit. Non... Le vieux est bien la seule bonne âme qu'il a croisée depuis son arrivée. Mais... Si le tavernier ne lui ment pas, le chevalier en revanche... Un Licorneux... Etant donné l'accueil des deux autres...

Bruit.

Un homme entre et le Vieux s'enfuit. Petit groupe qui pénètre le lieu ensuite et prend place. Des mômes, comme lui, et une femme qui a une allure qui accroche le regard d'un Louis en pleine réflexion. S'en détache, pour mieux se concentrer sur l'information. Sursaut, lever de noisettes détrempées vers le tavernier qui parti sans attendre et redescend l'escalier.


Merci.


Tout à sa lutte contre l'optimisme qui tente de chasser la déception de sa caboche retournée, il ne suit pas vraiment l'échange entre le môme arrogant, le tavernier et ... l'homme qui est sorti de la salle du fond.

Impressionné.

La carrure du chevalier rappelle dans l'esprit de Louis des images peintes qu'il a vues au cours de ses pérégrinations. Les gantelets, l'épée, sa prestance... Le gamin se ratatine encore, l'espoir qu'il avait nourri en fuite, ombre fugace d'un succès envisagé qui se carapate. Ô non, il n'osera jamais s'approcher de celui qui prend parti pour... Qui quoi ? Louis revient à la réalité, hommes d'armes qui se tiennent près du vieux, les voix s'élèvent, le ton est donné, messager qui se fait tout petit soudain.

Etonnement.

A ce qu'il peut voir de la place où il s'est recroquevillé, la femme... la licorneuse à ce qu'il peut apercevoir de sa cape, et celui que le tavernier a désigné comme un chevalier possiblement membre du Haut Conseil, défendent le vieux. Ainsi, ils ne seraient pas sans cesse méprisants ceux de là-haut ? Et de nouveau, au fond de lui, il espère. N'ose pas un geste, mais entrevoit une lumière au bout du tunnel. Peut-être... Peut-être qu'il saura la satisfaire... Peut-être qu'il pourra enfin donner ce parchemin... Il suit la scène, essuyant d'une manche crasseuse ses larmes.

Peut-être.
Le vieux François
Un ordre claque après un petit rire prétentieux.

Punition, Rufus. Prends Gros-groin, Tirefesse et Morula.

Le petit morveux vient d'appeler ses chiens. S'ils ne les avaient pas vu entrer les quatre nommés il aurait vraiment pu penser le vieux qu'avec des noms pareils, ils étaient de véritables clebs à quatre pattes.
La meute obéit sagement à son maître. Quatre molosses armé de leurs crocs pendant à leurs ceintures se lèvent et se positionnent autour de sa carcasse. Les mains des toutous bien dressés se posent déjà sur le pommeau des épées. L'atmosphère vient de se tendre comme une corde prête à rompre. La tension électrique vient de figer la salle de la taverne.

Le vieux ne bronche pas. Pas un geste de recul. Il n'a pas baissé les yeux. Lentement ses bras se croisent sur son ventre. Il attend.
Parce qu'il sait très bien le vieux, qu'ici, le petit con de nobliaud n'est pas le maître. Il a fait une erreur, une erreur fatale. Un manque total d'appréciation de la situation. Aveuglé par son orgueil et trop occupé par ses propres fesses, il n'a pas vu. Qu'ici ce ne sont pas ses terres. Que si ses sbires le touchent, jamais il ne pourra remettre les pieds à Ryes. Parce qu'il est ici, le tavernier une institution, un repère, celui qui accueille et qui a toujours été droit dans ses bottes et juste comme un piquet de justice. Il n'a en plus pas peur de mourir le vieux aux bras croisés. D'autant moins que près du jeune homme, il y a un chevalier. Le collier ne l'a pas trompé. Et ce chevalier ne le laissera pas se faire embrocher. Non. Parce qu'un chevalier défend un idéal de justice et de noblesse. Que dans le cas précis, il est seul contre quatre hommes armés lancé contre lui par un ordre d'un petit con dépourvu de la plus élémentaire des courtoisies. Les chevaliers sont toujours du côté du gars qui est tout seul et des faibles. Et le petit nobliau a pas l'air de le savoir.

Mais la scène ne se déroule pas tout à fait comme le vieux François l'avait prévu. Nouveau protagoniste. Un voix claque à sa dextre. Enguerrand de Lazare vient de sortir du clôtet. Encore un allié pour son camps. Et pas des moindres. L'homme, d'une voix de centaure en courroux demande aux chiens de garde de se détourner. Il n'a toujours pas tourné la tête l'ancien naufrageur. Les yeux toujours plantés vers le brun dont le rire risque de changer, il attend, bras immuablement croisés sur sa bedaine. C'est ensuite à la brune de se lever et de lui rappeler qu'ici il ne peut pas lever le petit doigt à sa guise.
Bienvenu à Ryes, monsieur.
Bienvenu dans un des seuls endroits du Royaume où on ne traite pas les gueux comme des vies prenables à loisir sur un coup de sang. Bienvenu dans un lopin de terre qui vit au rythme d'ideaux. Où le mot protection veut dire quelque chose. Et où votre titre de noblesse quel qu'il soit ne vaudra jamais celui qui pend au coup des deux Licornes debout. Chevalier.

La brune au collier licorne demande de quoi manger pour la môme qui les accompagne.


J'vous prépare ça chevalier.

Le regard se pose une dernière fois sur le brun. Tu récup'ras ton dentier dans l'coin, jeune homme, les chicots au sol ça fait désordre... Le tavernier s'incline et se retourne.
Puis lentement il passe entre les deux mastards postés à sa droite comme s'ils n'avaient jamais existé et s'en va contourner son comptoir. En passant, il se place devant le capitaine... il est donc au Haut Conseil maintenant. Il incline respectueusement la tête et regarde l'homme qui l'a défendu avant d'ajouter en montrant la table du petit piaf qui semble s'être ratatiné sur son siège.


L' jeunot là, il a une missive pour le Haut Conseil. Il a été renvoyé du poste de garde parc'qu'il voulait pas la lâcher hormis dans la main d'un chevalier y siégant. Vu qu'il y tient comme à sa vie et qu'il est là d'puis un moment, Cap'taine, je m'permets de vous suggérer d'y prêter attention.

Nouveau signe de tête et le vieux tavernier s'en retourne derrière son comptoir avant de passer en cuisine.
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Du rhum, des femmes et d'la bière... mais en silence foutredieu....
Adrian
Désamorçage rapide de la situation. Le Vicomte n'est pas stupide : et la réaction purement instinctive qui a consistée à faire défendre son honneur par ses gens se doit de retomber, quand elle va contre ses intérêts. Rufus attend, une main sur l'épée, un signe de tête de son maistre : non, ce n'est pas un chien. Mais un soldat habitué à obéir. Nous ne sommes pas en un troisième millénaire utopiste: ici, mes bons amis, nous sommes au siècle où le sang règne. Et si un sang décide que tu dois mourir, petit, alors tu mourras. Point, à la ligne. Tu peux trouver l'action illogique, hors de propos: tu le feras tout de même, car tel est ton devoir, et telle est ta destinée. Bref. Rufus n'est pas un chien: seulement un soldat qui obéit. A certains égards, Adrian montre qu'il est encore clément : il n'a fait qu'esquisser l'envie de montrer ce que HONNEUR veut dire.Il est très drôle de voir les conceptions que les uns et les autres peuvent avoir de l'Honneur : car dans la tête du jeune Vicomte, ce ne sont pas réellement la question de savoir s'il a raison ou non de réagir. Il ne sait pas s'il aurait dû être plus poli. C'est possible ; il n'en a cure. Là, ce que le Faucon voit, c'est qu'un homme touche à son sang, à sa famille, à son Honneur. Et cela, le jeune Faucon ne le laissera faire.

D'un signe de tête échangé, Rufus s'est calmé, et a fait signe aux trois autres d'en faire de même. Ils sont toujours là, ils observent. Ils sont attentifs aux gestes du Vicomte.


- " Il y a èrement et outrage, Chevalier. Montrer son désaccord avec des méthodes est une chose. Faire attentement à mon honneur, et à travers moi à l'Honneur de ma famille en est une autre.

Vous devriez mieux tenir vos serfs... "


Point. L'entame n'a pas été orgueilleuse, loin de là: il n'a pas forcément d'aise, le jeune garçon. Il a défendu sa famille, comme on le lui a toujours appris. Lui aussi, à certains égards, est un bon petit chien. Comme il aurait défendu la Licorne si, son mantel à l'épaule, on avait manqué de respect à l'Ordre en taverne. Même outrage, même réaction.
Non, sa réaction n'avait pas été juste. Et alors? De un, le cuistre était tavernier. Son métier était donc de SERVIR, et sans barguigner. Si la Licorne recellait de pareilles aberrations sur ses terres, pourquoi pas? Il regarderait la poutre en son oeil plutôt que l'écharde sur ces terres. De deux, il était face à un noble : donc personne à qui il devait respect. Si l'entièreté du système féodal, et même de la structure du respect dû à son sang était remise en cause, sur quoi s'appuierait-il pour être obéi? A dire le vrai, il n'était bien entendu pas en train de réfléchir à toutes ces choses. Il avait juste répondu de façon Pavlovienne à une stimulation. De trois, une réponse aussi abrupte ne doit pas s'étonner de voir face à lui déchaîner les enfers. Il avait face à lui un enfant, pardieu! Et vous pouvez, lecteur, être sûr que le jeune garçon suffisant aurait baissé pavillon devant remarque juste et réfléchie, présentée avec un tant soit-peu de cordialité. Il se serait excusé, aurait reformulé, aurait fait en sorte que l'incident reste vierge. Pas avec une atteinte pareille: son beau-père avait été maistre des lieux, pardieu! Son propre père y avait créé une bonne part des structures existantes. Alors de quel droit ce faquin se permettait-il de le remettre à sa place? De quel droit se permettait-il de tâcher qui il était?

Bref. Les adolescents sont parfois extrêmement pointilleux. Et le Faucon l'était sûrement à l'excès, lorsque l'on touchait à l'honneur. Avait-il raison ou tort? Cela, très cher(e), dépendra de votre propre appréciation de l'honneur. En ce temps, il y aurait eu matière à pendaison. Pas parce qu'il avait raison, ce bougre de taulier: parce qu'il avait été agressif.

Il ne l'aurait pas tué, ce vieux grigou. Non-non-non: il lui aurait montré ce que voulait dire "Noblesse". Un doigt eut suffit... Maintenant, le vieux s'était créé un ennemi. Et pas des moindres... Car le Faucon n'oubliait pas. Il savait déjà les noms des assassins de son père. Il savait déjà les noms de ses opposants politiques. Son décompte personnel commençait juste : et le François ornerait donc la première ligne de son débit personnel. Les temps s'annonçaient orageux, à Ryes...

Il était en pleine négociation, et sa situation chutait à vue de nez. Comment eut-il pût savoir, le jeunot, qu'il faisait face aux deux futures puissances de Ryes? A un futur Ve Grand Maistre de l'Ordre à l'animal cabré, et à la future Prévôte, donc en charge de tout ce qui a trait de près ou de loin à Ryes? Le hasard faisait parfois bien les choses. Ou mal, c'est selon la vision que l'on en a. Quoi qu'il en soit, le jeune homme était dans une sale situation, entre les deux personnes qui décideraient très bientôt de son avenir proche.
Se tournant vers Enguerrand de Lazare, l'épée encore au fourreau et la dague sous le coude, à la ceinture, il lui lança:


- " Joignez-vous à nous, capitaine. Le génépi a l'air avenant... "

Et voilà. Il suffisait de peu de choses, en vérité, pour que querelle de la sorte soit effacée : Adrian avait fait son travail, avait montré que l'on n'attentait pas à l'Honneur de sa famille impunément, et avait décidé de calmer le jeu. Il ne tenait qu'à la suite des évènements de revenir à l'apaisement. Et, de façon à bien appuyer cela, le jeune homme désigna un siège au capitaine, montrant d'un petit geste de la main à Rufus de faire sortir les hommes. Ils iraient probablement s'égayer dans le bourg, en ne restant pas trop loin: ils avaient fait leur office.

Se recentrant sur le Chevalier, il continua, comme si rien ne s'était passé (ce qui était vrai pour lui, sa respiration n'ayant même pas été modifiée outre-mesure, hormis à l'entrée en matière d'Enguerrand de Lazare...), et lui répondit:


- " Je pense pouvoir avoir fiance en vous pour ce domaine. Dois-je considérer que vous acceptez? "

Car la réponse du Chevalier n'en était pas une: soit il acceptait, et auquel cas Adrian se fichait comme de l'an mille des méthodes que Zalina utiliserait pour se faire (elle pourrait même y envoyer des familles de cardinaux par charriots entiers, il s'en contrefichait!), vu qu'elle aurait RESPONSABILITE des terres, soit elle refusait, et en ce cas RIEn ne se faisait. Il n'y avait pas à discuter si oui ou non, si qui ou quoi: soit Zalina prenait les choses en main, et le jeune Vicomte lui en déléguait la charge, soit elle ne les prenait pas: et Coyote, à ce moment-là, aurait autant d'importance qu'un pet de corbeau.

Il fallait tout de même constater qu'il était très diplomate: car il demandait de façon polie au chevalier, tout en lui montrant la nécessité où il se trouvait: quand on se remettait avec quelle puissance il avait pu défendre l'honneur de sa famille, aurait même été capable de faire molester un homme, c'était acte de grande humilité que de montrer au chevalier les problèmes que la famille rencontrait alors. Quoi qu'il en soit, ainsi était le jeune Faucon: tout en contradiction: tendre avec sa famille, haineux et sec avec ses ennemis ou ses inférieurs, aimable avec ceux de la même condition, voire même obséquieux quand il savait leur devoir respect et même attention, alors qu'il n'était que dédain pour ceux relevant de ce qu'il appelait le "paysage".

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Zalina
Le tavernier s’en retourne à ses fourneaux. Zalina l’en remercie d’un léger hochement de tête. A défaut de mieux, Bérénice aurait de quoi calmer cette faim qui l’avait rendu si bavarde. C’était presque dommage pour le son de la jolie voix qui ne se ferait peut être plus entendre. Mais allez savoir…

Adrian calme ses hommes et les renvoient dehors.
Il est peut être encore jeune mais il sait se faire écouter de ses hommes. Des gaillards comme çà, même loyaux, ils ne vous obéissent pas au doigt et à l’œil sans que vous ayez obtenu un minimum de respect de leur part. Sans cette condition, ils finissent par vous trancher la gorge dans votre sommeil, surtout si vous avez les poches pleines.
Il sera sûrement un grand meneur plus tard. Mais il a encore à apprendre, ne serait ce que pour éviter de se faire poignarder un soir.


Jeune Vicomte, l’honneur se lave en tête à tête avec le fautif, ou entre un champion et le fautif, l’épée à la main. Non à quatre contre un vieux désarmé.
L’honneur est un grand mot sous lequel on cache bien des crimes. En ces terres, la méthode que vous préconisiez est plus grand déshonneur que l’affront qu’il vous a fait à vous et votre famille.


La Peste mit de coté l’allusion à sa « gestion de ses serfs ». Elle n’était que Capitaine de la Licorne, non Grand Maistre et n’avait jamais aimé contraindre les gens à faire quoi que ce soit. La discussion mène parfois à bien meilleur résultat, et comprendre l’erreur évite de la renouveler.
En somme, elle tenait aussi bien « ses serfs » qu’elle avait été tenue enfant par ses nounous, Maistre et autres gardiens.
Revenir sur le sujet qui semblait, pour le moment du moins, clos pour le tavernier et Adrian ne servirait qu’à maintenir la tension où elle n’est pas nécessaire. Zalina préférait profiter de ces quelques heures de détente pour faire la connaissance de la jeune Lionne et de son frère. Qui sait quand elle aura l’occasion de les recroiser ? Ou si elle aura l’occasion de les recroiser un jour…
Frère qui voulait une réponse claire à son tour.


J’accepte.

Réponse courte mais claire. Avait elle besoin d’en dire plus ?
Comme pour insister sur l’invitation du Fauconnier, la Peste fit signe à Enguerrand de venir partager un verre avec eux. Une bonne occasion de clore le chapitre précédent une bonne fois pour toute.
Sauf qu’à trois adultes, une bouteille et un seul verre, c'est un peu juste…


Tavernier ? Pourriez vous nous apporter deux autres verres s’il vous plait ?

Le génépi est certes très bon, mais si je le bois seule à la bouteille, vous aurez du mal à en profiter.


Surtout qu’elle ne laisserait sûrement pas une goutte de sa boisson préférée pour ces camardes du jour.
En attendant la décision du second Capitaine et l’arrivé du tavernier avec la commande de Bérénice, Zalina porta son attention sur la jeune fille. L’héritière de Guillaume… La pointe de jalousie remonta en elle mais elle l’enterra aussitôt. Ce n’était qu’une enfant.


Le voyage a-t-il été agréable, jeune fille ? Votre frère semble être un parfait garde du corps.
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En deuil et à la recherche des triangles...
Enguerrand_de_lazare
Situation reprenant tour raisonnable alors que la tension elle se retirait en quelque coin retiré. Les paroles de la Capitaine ponctuant la partition, laissant la mesure comme suspendue en l'air.
Scène figée le temps d'un battement de paupière avant que brutalement chaque protagoniste reprenne vie, éléments s'enchainant les uns après les autres comme dans un ballet réglé à la perfection par quelque chorégraphe adepte de la précision la plus stricte.

La peste de prime levée s'était rassise, s'adressant au jeune homme attablé avec elle.

Mouvement du Vieux puis signe de tête au capitaine adressé, empreint de respect et se peut d'une pointe de remerciement. Quelques mots a son attention. Un gamin. Une missive. Note mentale. Nouvelles questions venant s'ajouter à une liste déjà fort longue.

Signe du jeune homme aux quatre lascars. Celui là semblait être le chef ou le maitre des quatre lascars. Voilà information des plus importante qu'il lui faudrait étudier rapidement. Qui étaient ces inconnus là, et que faisaient ils avec Zalina en l'auberge. Vicomte avait elle dit. Et ces couleurs...N'étant pas expert ès héraldique il serait bien en peine d'en trouver leur provenance, mais il les avait par le passé déjà croisées, il en était certain. Encore d'autres questions donc. Bien plus qu'il ne l'aurait voulu lui même.

Invite de la part de celui-ci, enfin, à venir partager boisson avec lui, appuyée un instant après par un geste de la peste à son encontre, tandis que les quatre s'en retournaient au dehors.

Voilà les éléments à nouveau ordonnés correctement et premières informations obtenues. De prime le messager. Ensuite le trio.
A l'attention de celui-ci, d'une voix encore teintée de l'irritation de la scène précédente.


Merci pour cette proposition, que je ne manquerai point d'honorer d'ici un court instant.

Fin sourire se voulant poli sur ce visage encore marqué par la rencontre avec sa sœur, quelques instants plus tôt. Regard appuyé ensuite vers le Vieux, comme pour s'assurer, même s'il n'en doutait pas un instant, que tout allait bien pour lui. Il avait du en voir de bien pires dans son passé à la fois si secret et visiblement si troublé.
Quelques pas en direction du môme coursier, son visage se déridant lentement, le licorneux arrivant à afficher sur sa face aspect presque rassurant, forçant légèrement le trait tant le gamin semblait pétrifié.Si
Signe de tête en guise de salut, l'homme se plantant debout face à son interlocuteur.


Salut à toi jeune messager. Je me prénomme Enguerrand de Lazare et suis l'un des deux Capitaines de la Licorne, ce qui visiblement fait de moi l'un des destinataires de cette missive dont le Vieux a parlé, n'est ce pas?

Un silence, observant la demi portion devant lui, avant de reprendre.

Mais toi, qui es tu et qui t'envoies?

D'autres questions encore se bousculaient en sa tête. Renvoyé du poste de garde avait dit le François. Avec une missive pour le Haut Conseil. Il allait devoir tirer cette histoire au clair.
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P'tit Louis
Le ton se calme en face, il n'entend plus ce qu'il se dit. Les hommes armés se poussent puis s'en vont. La conversation semble reprendre à quatre alors que le Vieux retourne derrière son comptoir. Un temps d'arrêt, Louis sent bien qu'on parle de lui.

Rougeur.

Sur les pommettes encore humides d'un messager qui baisse furieusement les yeux, se faisant encore plus petit. Mais non, pas un bruit. Un zeste de noisette qui se glisse pour observer, ça discute encore. Léger soupir. Qui se prolonge quand il pense soudain que peut-être il tenait sa chance. Si elle apprend qu'après s'être fait jeté, il avait eu l'occasion de parler à un membre du Haut-Conseil et...

Sursaut.

Il est là, devant lui. Pupilles écarquillées, lèvre inférieure qui se mord, les doigts qui tricotent un pull invisible maillé de peur et de pression. Il est Capitaine... L'p'tit Louis n'a absolument aucune idée de ce que c'est, mais si c'est au Haut-Conseil comme elle l'a demandé, alors c'est... Une chance inespérée. En tout état de cause, il ne l'espérait d'ailleurs plus. Sa main se porte à sa poitrine, où il a calé la missive scellée. Mais avant, il doit lui répondre.

Carpe.

Si, si, vous en avez surement déjà vu. Mouvement de lèvres, on ouvre, on referme. Généralement, c'est quand on est très impressionné. Le souffle qui sert alors à parler, formant des mots en passant entre la langue et le palais, puis franchissant les lèvres entrouvertes, se fait court, et on n'arrive rien à dire. Muet comme une carpe quoi. Remarquez, ça va bien avec ses yeux de merlan frit. On reste dans l'habitant aquatique. Seulement à un moment, va bien falloir qu'il cause le gamin. Il semblerait... oui ça y est, il parle.


Je.. Enchanté, m'sieur.. euh Messire.. Capitaine Enguerrand...

Non, ce n'est pas terrible, mais c'est un bon début, qui s'accompagne d'un redressement des épaules. Il tente même de se lever, mais ses gambettes tremblent un peu et il fait plutot trembler la table. Elle lui avait pourtant dit, qu'un chevalier c'était impressionnant, mais qu'il avait une mission, et qu'il devait absolument la mener à bien.

Mais l'accueil à la herse l'avait refroidi sur la chevalerie. Fini les rêves sur les écuyers, et toute la clique. Sont pas si serviables. Cependant, l'homme qui lui faisait face avait l'air d'une autre trempe. Il semble épuisé. Quelques gouttes de sueur ont collé des mèches à ses tempes, et les traits de son visage sont tirés. Cependant, il arbore une mine presque avenante, qui engage le messager à continuer... Une chance, il n'en aura pas deux, il le sait maintenant.


J'm'appelle Louis. J'suis le messager d'Apolonie de Nerra-Viverols, elle est d'Auvergne... Et elle m'a confié une lettre pour un membre du Haut-Conseil. A remettre en main propre.

L'assurance se regagne au fur et à mesure des syllabes qu'il prononce. Debout, face au capitaine, il reprend petit à petit contenance, même si sa mine défaite, les cheveux en bataille, la mise poussiéreuse n'aident pas au tableau du messager sur de lui. Comme quoi la vie est bien faite, il ne l'est pas.
Enguerrand_de_lazare
A mesure que le temps s'écoulait, le gamin semblait lentement reprendre contenance. Panique, angoisse et désespoir, triptyque semblant avoir envahi cette frêle carcasse - était ce là d'ailleurs état naturel ou conséquence de cet épisode du poste de garde dont le Vieux lui avait parlé -, cédaient petit à petit place à une forme d'espoir teintée d'assurance presque retrouvée.

Apolonie avait il dit. Ironie de la vie. Quelques minutes plus tôt il était revenu en pensées, accompagné par sa sœur, sur les terribles champs de Vendôme qui avaient vu leur perte il y a plus d'un an maintenant, et voilà qu'il se retrouvait face à un messager court sur patte envoyé par l'une de celles qui à l'époque s'était retrouvée dans le camp adverse, chevauchant aux côtés de ses compagnons sentinelles alors que les lances des Ordres Royaux cinglaient à leur rencontre.
Apolonie. Il ne savait quasiment rien de cette femme. Auvergnate, oui, mais pour le reste...
Baste! Si ce gamin avait été envoyé jusqu'ici avec missive à remettre en mains propres, c'est que le message, quoi qu'il puisse contenir, devait avoir son importance.

Sentiment d'irritation à nouveau alors qu'il ressongeait aux paroles de l'aubergiste. Si cette missive là était à la hauteur du décorum, il allait falloir régler au plus vite le problème qui était survenu au poste de garde. A vouloir par trop respecter consignes et recommandations on risquait parfois d'en rater informations capitales.
Coup d'œil rapide en direction de Zalina, prévôt chargée de la supervisation de la garde. Il irait lui parler tout à l'heure, une fois l'affaire finie avec le môme.

Regard à nouveau porté sur celui-ci, tandis que ses traits se détendaient pour reprendre son expression initiale. En voilà un qui avait du cran. De l'honneur également. Et, il le voyait dans son attitude et l'avait senti lorsqu'il avait évoqué le nom de sa maitresse, une fidélité sans faille à son encontre. Voilà qui ferait se peut un jour intéressante recrue pour la Licorne. Amusement soudain de la part du Capitaine, révélé par un discret sourire se faisant place sur son visage. Que dirait cette ancienne sentinelle d'avoir pour messager un licorneux. Léger hochement de tête pour chasser ces pensées vagabondes. Le messager. La missive.


Jeune message, je suis bien membre du Haut Conseil, et suis donc parfaitement en mesure de recevoir la missive par toi apportée. Permets moi avant toute chose de te féliciter pour ta ténacité et ton obéissance envers ta maitresse. Peu de jeunes hommes de ton âge auraient force et volonté assez pour accomplir ce que tu viens de faire, sois en assuré.

Regard franc posé dans celui du môme.
Paroles directes et honnêtes.
Il n'aimait point pour sa part compliments inutiles et platitudes aussi lorsqu'il adressait propos de ce genre à autrui, ceux ci étaient pensés et à ses yeux des plus mérités.

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Bérénice de Jeneffe
Et voilà. Toujours la même chose avec les grands : elle n'existait pas. Elle n'avait jamais existé. Seulement quand sa mère s'occupait encore d'elle et lui contait des histoires. Seulement quand elle était toute seule avec son frère. Mais là elle n'était pas toute seule avec sa mère, tout comme elle n'était pas toute seule avec son frère. Elle avait été gentille pourtant, non? Elle regarda le vieil homme qui ne lui porta aucun regard et qui parti vaquer à ses affaires comme si de rien n'était. Les grands ils s'occupaient que de leurs affaires de toute façon. Elle se tourna vers son Faucon puis vers la Brune, avec un brin d'espoir mais rien.

Elle se tourna de déception du coté de l'âtre ou ronronnait un apaisant feu de cheminée. Elle regarda les flammes jouer avec légèreté et finir de dévorer les buches qui leur avaient été données en sacrifices. Elle renifla et s'essuya rapidement son nez du revers de la main ainsi que ses yeux qui commençaient à piquer. Elle était déçue la petite lionne. Elle secoua tristement la tete et plissa son petit nez d'insatisfaction. Elle renifla bruyement tout en prenant une grande respiration et se tourna à nouveau vers les grands. Aucun changement notable. Y en avait même un nouveau. Mais pas plus de chance d'être l'objet d'une quelconque attention.

Et son ventre commençait à gargouiller. C'est qu'il faisait vraiment faim là! Mais non, elle dirait rien. De toute façon, comme d'hab, ça servirait à rien. La preuve quelques minutes plus tot. Elle regagna sa place, manquant d'attérir a coté du siège lorsqu'elle s'amusa a sauter dessus pour y prendre ses aises et colla son menton sur le bord de la table. Elle s'amusa autant que faire se peut à faire d'étrange bruits de bave bulleuse alors qu'elle jouait du bout des doigts sur ses lèvres plissées. Mais ça ne l'occupa qu'un brève temps. C'est qu'un gamin ça change vite d'avis et ça s'ennuie vite.

Elle regarda en soufflant la brune, alternant avec le frérot. Puis elle se redressa, un grand sourire sur les lèvres. Enfin quelqu'un qui s'adressait enfin à elle! Elle ouvrit la bouche pour répondre mais se ravisa : pas de faux espoir, ça allait pas durer pour sur. Et c'était à tous les coups une excuse pour l'endormir et lui reprendre son frère par la suite; méfiance, méfiance...
Elle baissa les épaules et se remit dans sa position initiale pour répondre d'un air blasé.


-Humm... j'veux plus faire d'cheval...et j'ai faim.
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