Le soleil s'est levé en plein bleu. Les cloches des petites églises rurales annoncent la messe. Tout parait calme. Mais à Cosnes, on s'agite.
Celeste s etait levé tot ce jour, et dés le pied au sol il s etait dirigé vers la tente de la meyre afin d y collecter quelques directives de qisine et ses desirs de mise en table des haustes tables au basses tables afin de définir qui sera là au plus prés jusqu au dernier convive mis au lointain des bassesstablées.
Breiz sous sa tente est entourée de dames et de servantes qui sont fort occupées à l'atourner.
La fiancée se revêt de ses plus riches et plus beaux habits sortis pour l occasion des grandes caisses et coffrets .
Ce qui l'occupe d'abord le plus longuement, ce sont ses cheveux roux : elle aimait, jusqu'ici, les porter flottants sur ses épaules, mais elle ne veut plus désormais les avoir que tressés. Armée de son peigne d'ivoire, elle sépare donc ses cheveux en deux grosses nattes. Sa servante lui présente des rubans, des bandelettes de soie, des galons d'or qu'elle entrelace habilement avec ses cheveux. C'est ce qu'on appelle des crins galonnés. Et Breiz n'a point besoin d'emprunter de faux cheveux, comme tant de femmes sont contraintes de le faire.
Par un geste charmant, elle les ramène sur le devant de ses épaules, se regarde un peu dans le miroir et s'estime satisfaite.
Celeste sourit en voyant la meyre s affubler ainsi
Elle n'a pas besoin de se teindre ou de se poudrer de safran. Gaspard de Montmayeur, dit que certaines femmes de son temps étaient « ensafranées ». Breiz n'est pas de celles-là : telle elle est sortie du bain jeudi au soir, telle elle est aujourd'hui
Blanche est comme fleur de lis
Mais ceci est de droite nature,
Sur elle n'y a autre teinture.
(Dumars.)
A ceux qui trouvent que la toilette est longue, elle pourrait répondre que ce jour-ci ne ressemble pas aux jours ordinaires et qu'elle, Aélis, n'est point comme celle de la chanson
Quand la belle fut levée
Et quand elle fut lavée,
Ja la messe fut chantée...
Mais il est temps que Breiz choisisse entre tant de richesses. La toilette commence : grande affaire.
La chemise, en fine toile de lin, est blanche « comme fleur des prés » avec une légère teinte de safran qui n'est pas désagréable. Son luxe ne consiste qu'en petits plis ou « rides » d'un effet charmant. Elle n'est pas même ornée d'une broderie d'or aux manches et au cou, car Breiz s'est souvenue du prédicateur qui tonnait, si fort contre le luxe de l'habillement féminin et prétendait que certaines chemises coûtaient plus cher que le surplis d'un prêtre !
Sur cette chemise. Breiz revêt cette sorte de robe qui forme l'élément principal du costume des femmes, comme de celui des hommes : le pelisson hermin. C'est une très fine fourrure d'hermine enfermée entre deux étoffes, de façon à n'apparaître qu'aux bords du vêtement, aux manches et au cou. L'une de ces étoffes, celle qui touche directement la chemise et que l'on ne voit pas, est de la soie, un cendal de haute valeur. Il est, pour Breiz, de rouge foncé, presque violet. Un léger galon d'or pare le bout des manches qui sont serrées au poignet, et le bas de la jupe, qui s'arrête à la cheville. Une passementerie semblable agrémente l'encolure que l'on appelait tout bonnement la goule du pelisson. . Il engonce au point qu'on a dû supprimer la fourrure du corsage et de la jupe pour ne laisser un peu d'hermine qu'à l'encolure et aux manches. Le pelisson a tourné à la robe. Il est d'ailleurs couvert de la tunique de dessus, le bliaut, qui le cache presque tout entier. Ici, le luxe éclate. C'est le vêtement des grandes fêtes qu'on ne porte pas plus de vingt fois par an. Cette belle tunique, très légère, en soie verte brochée d'or, descend presque aussi bas que l'habit du dessous. Les manches, très larges et fort longues, traînent jusqu'à terre et l'on voit, par-dessous, les manches ajustées du pelisson avec leur étoffe violette et leurs galons d'or. Le corsage du bliaut est collant, avec un petit décolletage carré sous lequel on aperçoit la goule de la robe fourrée. La jupe, fendue par derrière, est à tout petits plis. Entre le corsage et la jupe, une pièce d'étoffe souple et légère, très ajustée, épouse étroitement les hanches et le ventre. Cette « pièce de milieu » se lace par derrière comme le corsage lui-même dont elle forme le prolongement et est serrée autant qu'il est humainement possible! Toute 1'encolure de ce bliaut d'apparat est ornée de larges galons d'or; les manches, munies du même galon, sont tailladées et coupées. Mais ce qui frappe surtout, c'est la ceinture, magnifique, jetée négligemment sur les hanches et qui retombe par-devant jusqu'au bas du bliaut. Un orfèvre y a enchâssé des topazes, des agates, des escarboucles et des sardoines .
Pendant le temps qu'elle s'habillait, Breiz s'était contentée d'une chaussure découverte destinée à la chambre, ses eschapins, il lui faut maintenant mettre ses souliers de noces, deux petits souliers très étroits, à bec pointu, en beau cuir de Cordoue brodé d'or. Sur sa tête, elle ajuste un petit voile circulaire et sur ce voile (difficile à bien fixer), on lui pose son cercle d'or garni d'émeraudes et délicatement émaillé, véritable couronne qui le voile fait délicatement ressortir. Adieu, les simples chapels de roses qu'elle portait jadis su temps de la Pentecôte et qui coutaient si peu.
C'est fini, la toilette de noce est achevée. Un dernier regard sur le miroir. Breiz n'est pas mécontente de son chef-d'oeuvre. Elle sait bien qu'elle ne le portera qu'aux grands jours de fête et qu'il finira, quand il sera usé, en quelque pauvre moutier où il servira à faire chasubles et chapels et ce soir au pied du lit, en tas afin d entamer la consumation de cette nuitée de noce.
Et, pour ce jour solennel, elle se réjouit d'être belle.
[Mode chef modo On]
A l'avenir, pouvez vous citer vos sources ? Ce texte est intégralement tiré du site :
http://medieval.mrugala.net/Mariage/Un%20mariage%20au%20MA.htm
Un mariage au Moyen Age par Léon Gautier & Jacques Levron
Merci et bon jeu.
[Mode chef modo Off]