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[RP] Un retour aux sources.........

Sarutobi_noburo
[aux abord de Nagasaki, quelques temps plus tôt]

Une silhouette tassée par les années traine ses trois jambes dans la poussière de la route. Les deux premières sont celle du vieux Sarutobi Noburo. Elles ont vues bien des chemins, foulés bien des champs de bataille. Mais aujourd’hui la vieillesse les rattrape, et le vieux combattant économise ses forces à chaque pas. Non pas qu’il se soit affaibli tant que ça, mais la fougue de sa jeunesse est restée derrière lui voilà bien des hivers. La troisième est le long manche de la naginata lui ayant valu son surnom et sur lequel il s’appuie lourdement. Dressée aux cieux au dessus de sa tête, la lame ébréchée et émoussée par trop de combats n’étincelle plus guère au soleil, couverte de bandelettes de tissus fin, comme un membre blessé.

Le vieux guerrier ne reconnaît plus les terres de sa naissance. La baie autour de Nagasaki à tant changé depuis toutes ces années. Sakura sa tendre épouse est-elle toujours vivantes ? Que se devenus leurs enfants ? Ces questions le taraudent depuis déjà de longues semaines, et pressent imperceptiblement son pas alors que les premiers toits se dessinent à l’horizon.

Un temps d’arrêt, à l’entrée de la bourgade. Calmer un palpitant usé qui s’emballe. Sarutobi ferme les yeux un moment pour faire le vide. Ne pas se laisser à trop d’espoirs quant à ce qu’il pourrait retrouver. Ne se préparer à rien, pour n’être point surpris……

Une traction sur son hakama le tire de sa brève méditation et attire son regard vers ce qu’il reste de l’unique vêtement le vêtant encore. Un jeune bambin, petite menotte agrippant le tissus, sourire curieux aux lèvres, l’air de dire « Bonjour monsieur, t’es qui ? »…… Le vieillard se courbe un peu, répondant au sourire par un autre, plus large qu’il ne l’aurait voulu à l’origine. Une main qui va ébouriffer les cheveux de l’enfant, l’air de dire « suis juste un vieux qui rentre chez lui »……

Et le vieux……. rentre chez lui…… Traversant la ville, il remonte sur la colline où se dressait autrefois sa demeure. Cœur qui se serre à l’approche, quand il aperçoit l’entrée de la champignonnière familiale, où il travaillait avec ses frères autrefois. Puis le sentier tourne derrière le petit bosquet d’érables, remontent encore un peu….. Encore un détour…… Et une larme ne peut s’empêcher de glisser à son œil quand il se perd dans les branches du cerisier trônant toujours au milieu de la cour. La maison autour à vieillie elle aussi. Certaines ailes semblent même à l’abandon, pourtant, alors qu’il en fait le tour, sur le flanc opposé, des rizières nouvelles amènent un changement aux souvenirs du vieillard.

Revenant devant la maison, il grimpe les quelques marches, s'arrête un instant sous l'auvent...... S'annoncer? Il est ici chez lui après tout..... Main qui fait coulisser le panneau, il entre, frotte la poussière à ses pieds nus directement sur son hakama appuie sa naginata contre le mur avant d'avancer de quelque pas dans la pièce de vie. Sous une petite marmite, le feu couve toujours dans le foyer......

Ainsi, quelqu'un vit toujours par ici.......

Ainsi quelqu’un vit encore ici……
Sarutobi_noburo
[Retrouver ses marques]

Le vieux reste là un instant, détaille chaque recoin de la pièce.... le service à thé hérité de sa mère, là sur le meuble bas..... On pourrait croire qu'il n'a pas bougé depuis toute ces années, mais l'absence de poussière dément bien vite cette hypothèse. D'ailleurs, la maison dans la partie clairement occupée semble très convenablement entretenue.... Pour peu, il aurait l'impression d'être parti hier, ci ce n'est les courbatures qui lui prennent le dos quand il se penche pour saisir délicatement la théière de fonte ainsi qui deux petits bols de porcelaine. Sous le meuble, les boites à thé n'ont pas bougé non plus, et.... oui, celui là embaume.... rapidement mis à infuser.

Assis sur ses talons, le vieillard contemple un moment les braises sous le feu, et laisse les bribes des souvenirs qui lui restent d'autre fois l'envahir. Ses enfants qui jouaient dans la cour, les amis qui venaient lui rendre visite, les jours de marché où ils descendaient en famille pour vendre leurs champignons....... Et Sakura...... Sa douce Sakura....... Pour un peu, et il pourrait encore sentir le parfum du jasmin qu'elle répandait toujours autour d'elle comme une aura bienfaisante......

Gestes précis et mesuré, le vieux Noburo obéissant à une vieille habitude, sers deux bols de thé.......

_________________
Sarutobi "Nanigata" Noburo.....
Sakura...
Encore une journée ordinaire, comme toutes les journées précédentes et depuis des années maintenant. Ce matin, comme chaque matin, elle a salué le soleil levant, assise en tailleur à même le sol de la salle de repos. Instant de recueillement face à l'astre du jour qui lui donne la force de faire face à chaque nouvelle journée et de la vivre comme la dernière...

Cela fait longtemps que plus personne ne partage sa couche, pourtant comme chaque matin, elle l'a préparée et y a posé une fleur d'oranger fraîche. Elle n'a pas oublié qu'il apprécie son parfum, le soir au coucher.
Dans un rituel immuable, elle s'est ensuite vêtue. Une robe simple, souvent bleu ciel, parfois rose aussi. Ce matin, Dieu sait pourquoi, elle a revêtu l'Unique : la robe de soie naturelle qu'il lui a offerte, quelques jours avant son départ ... Elle l'a portée chaque année, à la date anniversaire de leur union et à chaque anniversaire de son départ. Ce matin n'est ni l'un, ni l'autre, mais elle l'a choisie, sans même y penser. Comme chaque jour où elle ressent l'envie de le sentir plus proche. Chaque jour où son absence lui fait plus mal peut-être...

Comme chaque jour, elle s'est ensuite rendue dans le séjour et a salué l'arrivée des ouvrières, debout sur la terrasse qui donne sur les rizières,à l'arrière du pavillon. Comme chaque matin, chacune d'elle s'est inclinée, et elle les a toutes saluées, murmurant le prénom de chacune. Même si elles sont loin, elle les reconnait et sait leurs visages, leurs vies. Elle connait chaque famille, chaque travailleur et les enfants de ceux-ci.
Ensuite, elle a pris son petit déjeuner. Simple, sans fioritures. Un thé au jasmin, celui qu'elle préfère et qu'elle boit toujours dans le service à thé de sa belle-mère... et un peu de pain, accompagné de fruits ou de viande séchée.

Ensuite, elle a marché jusqu'à la champignonière, en contrebas du pavillon. Elle y a salué le personnel et ses enfants, qui l'assistent désormais à la gestion du bien hérité de son époux. Sagesse, rigueur et détermination. Tels sont les maîtres mots qui l'ont guidée durant toutes ces années où elle a administré l'entreprise familiale, après son départ à lui ... Elle s'est occupée de tout, entourée des gens compétents qui étaient déjà au service de son époux. Puis les années ont passés et les plus jeunes ont remplacé les plus vieux, les enfants ont pris le relais et l'entreprise a grandi, lentement, sagement.

Après la champignonnière, elle est descendue à la rencontre des ouvriers de sa rizière. Elle n'a pas lâché les rennes là non plus. La rizière fait vivre aujourd'hui plus de la moitié des familles du village et si elle est satisfaite de cette évolution, elle est restée fidèle à elle même : discrète et simple. Comme au premier jour, à son arrivée à Nagasaki, il y a plus de 50 ans.

Après le repas de midi, elle s'est accordée une courte sieste, juste pour pouvoir veiller tard, comme chaque soir... et attendre son retour. Car elle sait qu'il reviendra. Même si les dernières nouvelles remontent à loin.

Elle a ensuite retrouvé son koto, la seule folie qu'elle s'est permise, il y a longtemps, avec ses premières économies. En le regardant, elle ne peut retenir un sourire en se remémorant le jour où il est entré et qu'il l'a surprise, assise là, comme aujourd'hui, en train de jouer l'air traditionnel dont elle porte le nom.

Elle s'apprête à effleurer les cordes et à jouer quand un son discret l'arrête, bientôt suivi du frottement discret mais caractéristique que produit le panneau d'entrée lorsqu'on le fait coulisser. Sakura a toujours l'ouïe fine malgré son âge avancé et elle connait chaque son de sa maison et là ... Dans la pièce dont elle n'est séparée que par un fin panneau de bois et de papier, quelqu'un se déplace. Une ombre s'arrête de l'autre côté du panneau à présent. Cette silhouette ... elle ne la distingue pas nettement mais... un frisson passe sur ses épaules et son souffle s'accélère imperceptiblement.... Puis l'ombre disparait... La vieille Sakura ne détache pas son regard de l'endroit où elle est apparue. L'inconnu semble parcourir la pièce de vie...

Puis le silence à nouveau. Alors, lentement, elle pose ses mains sur le koto ... et entame doucement ... Sakura
Sarutobi_noburo
[Retrouver ce qui nous manque quand on l'a cherché ailleurs en vain.....]

Bol entre ses mains, le vieux laisse ses souvenirs se perdre un moment dans les vapeurs s'échappant de la tasse..... Ses années passées au loin s'envolent le long de ses pensées, se souvient de ce jour d'autrefois, où l'ordre de mobilisation du Shogun avait atteint le village, l'envoyant lui et tant d'autres en campagne pour vingt mois...... À quelque mois près, cela va faire vingt ans.......

Puis dans les volutes lui apparait comme un visage qu'il s'ose à peine à espérer revoir...... Sentiment étrange, il se fige un moment, les mains toujours sur le bol, ne pouvant se résoudre à y boire. Yeux qui se ferment, l'ouïe qui se tend instinctivement..... Et un cœur usé par les années qui se brise d'une seule note, y jaillissant le vent du printemps emportant les fleurs du cerisier......

Bol qui échappe de ses mains et roule à terre, répandant le thé sur le sol, mais le vieux Sarutobi n'y prête guère attention et se laisse bercer par la chanson, ou plutôt, emporté par un flots de souvenirs et de rêves qu'il avait laissé ici autrefois, il y a si longtemps......

Toujours figé, seul un doigt semble rompre sa paralysie pour venir essuyer une larme coulant à sa joue, en même temps que ses lèvres se mette à vibrer, d'abord timidement, puis avec un peu plus de courage, accompagnant cette chanson si familière des paroles qu'il se chantait à lui même toute ses années pour ne pas perdre espoir......



Sakura, Fleur du cerisier des campagnes
Sur des prés des collines et des montagnes
Pour autant que vous pouvez le voir.
Sont-ce les nuages ou le brouillard?
Embaumant dans le soleil du matin.
Sakura, qui te dépose sur mon chemin
Traçant ma route de ton parfum....

Sakura, qui te pare de rose et de blanc
À travers le ciel de printemps,
Pour autant que vous pouvez le voir.
Sont-ce les nuages ou le brouillard?
Lassant trainer à l'aurore leur fragrance
Allons voir, Alons voir....
Quel goût à l'espérance......
[1]

Lentement, il se relève et s'approche du panneau coulissant d'où perlent les harmonies du Koto comme une fine pluie sur les rizières. Soupirant presque les dernières paroles de la chanson, il se remet à genoux devant le panneau, pose délicatement la main dessus, mais hésite encore...... Puis les dernières notes à leur tour s'envolent, glissant comme une main tendue vers la sienne, faisant lentement coulisser le pan de bois......

Elle est là, juste devant lui, aussi belle que lorsqu'il est parti, le même regard qui l'a séduit autrefois. Le vieux Noburo ne voit plus ni les années qui les ont séparés, ni les rides qui les comptent. Il ne voit que ce que son cœur à devant les yeux, sa tendre Sakura, son amour pour lequel il aurait pu être roi, mais pour qui il n'était pas là......

Une évidence qui lui monte les larmes aux yeux en même temps qu'elle relâche d'un coup tout le poids des années sur ses épaules, le projetant face contre le tatami, les deux mains de part et d'autre du visage ne cherchant même pas à le relever..... Mille sentiments refoulés soudain l'écrasent, l'amour, la honte, regrets et remords, des envies de remonter le temps, en tirer le fil pour en changer la trame....... Comment ose-t-il fouler encore le sol de cette demeure qu'il a pour ainsi dire abandonné?...... Lui qui dans la défaite n'a pas eu le courage de se faire seppuku, en vient à espérer trouver une lame pour mettre fin à la culpabilité qui l'étouffe......


- hontōni gomen'nasai, puisses-tu un jour me pardonner......

À peine plus un murmure qui s'échappe de ses lèvres où plus aucun souffle ni respiration n'osent plus sortir de ça vieille carcasse et répandre son déshonneur sur cette maison.......

[1]: merci d'imaginer que Sarutobi chante en Japonais, la traduction s'écartant légèrement du texte original tout en en conservant au mieux l'esprit..... que les puriste m'excusent.....

_________________
Sarutobi "Nanigata" Noburo.....
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