Onibaka
[ Imari, le lendemain, une belle journée...]
Ayant laissé son escorte aux bons soins de leur contact local, Onibaka après un bain revigorant, quelques simples préparatifs et s'être muni d'une forte somme en espèces sonnantes et trébuchantes, s'en fut flâner en ville. Des années plus tard, réuni avec de bons amis, il devait leur conter ces jours mémorables, en voici un extrait...
"Je commençais tout d'abord par reconnaître les abords du quartier des divertissements. Devant m'y aventurer sans escorte ( tu te rappelles Mamoru, comme j'avais dû batailler pour que vous acceptiez de me laisser y aller seul, et tout ça pour découvrir ensuite, que comme à ton habitude, tu m'avais désobéi une fois encore), donc reprenons... Je passais une bonne heure à me familiariser avec toutes les voies de repli possibles en cas de guet-apens, la disposition des boutiques et des gargottes locales...
Finalement rassénéré, il était temps de procéder aux dernières vérifications d'usage. Mon armure un peu trop voyante était remisée dans notre comptoir local, et je l'avais troquée pour une mise bien moins guerrière. Désormais, tout en moi respirait le négociant cossu, trop riche pour être véritablement honnête d'ailleurs (rires entendus), et mes kobans cliquetaient de manière ostentatoire presque sur commande. Ma silhouette était voûtée et une touche d'huile et de poudre de plomb me donnait des tempes grissonnantes préfigurant celles qui ornent mon front désormais. Des fibres de cotons épataient mes joues et ajoutaient encore quelques années à mon déguisement, enfin une moustache tressée avec soin ( ceci avait constitué une véritable torture et aujourd'hui encore j'ai un doute n'ayant jamais vu un seul homme du continent avec cette parure ridicule) devait rappeler celles en vogue alors au Royaume des Ming, pays avec lequel j'étais censé entretenir un commerce florissant de produits de luxe à destination de nos nobles toujours avides de frivolités. Enfin un costume de lin richement ouvragé de fils de soie achevait cette évocation de l'opulence la plus ostentatoire. Un petit coffret de bois de rose fiché sous le bras, il ne me restait plus qu'à entrer dignement dans l' ôkiya Nitta et y faire la connaissance de ses pensionnaires...
Konnishi Wa, je me présente Onibaka ( hé oui mes amis à quoi bon chercher un nouveau pseudonyme au risque de faire éclater la supercherie par inadvertance), marchand de mon état et venu participer à la mise à prix de la hana de votre déjà renommée apprentie geiko Sun Chan... Je salue profondément et manque de m'étaler au sol de saisissement devant la face d'une horrible mégère aux lèvres pincées qui me fixait d'un oeil torve et calculateur ( j'en frémis encore, d'ailleurs longtemps après encore je songeais parfois que cette horrible sorcière eu été un atout de choix parmi nos troupes, sa seul vue vous glaçant d'effroi jusqu'au sang). Dans cette pièce se trouvaient par ailleurs un jeune nobliau au visage contrarié qui venait sans doute d'avoir à converser avec la-dite sorcière et un homme à la mise plus commune. Seule menace directe en vue le cerbère en jupons... Fatale erreur comme la suite des événements allait le prouver"
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Ayant laissé son escorte aux bons soins de leur contact local, Onibaka après un bain revigorant, quelques simples préparatifs et s'être muni d'une forte somme en espèces sonnantes et trébuchantes, s'en fut flâner en ville. Des années plus tard, réuni avec de bons amis, il devait leur conter ces jours mémorables, en voici un extrait...
"Je commençais tout d'abord par reconnaître les abords du quartier des divertissements. Devant m'y aventurer sans escorte ( tu te rappelles Mamoru, comme j'avais dû batailler pour que vous acceptiez de me laisser y aller seul, et tout ça pour découvrir ensuite, que comme à ton habitude, tu m'avais désobéi une fois encore), donc reprenons... Je passais une bonne heure à me familiariser avec toutes les voies de repli possibles en cas de guet-apens, la disposition des boutiques et des gargottes locales...
Finalement rassénéré, il était temps de procéder aux dernières vérifications d'usage. Mon armure un peu trop voyante était remisée dans notre comptoir local, et je l'avais troquée pour une mise bien moins guerrière. Désormais, tout en moi respirait le négociant cossu, trop riche pour être véritablement honnête d'ailleurs (rires entendus), et mes kobans cliquetaient de manière ostentatoire presque sur commande. Ma silhouette était voûtée et une touche d'huile et de poudre de plomb me donnait des tempes grissonnantes préfigurant celles qui ornent mon front désormais. Des fibres de cotons épataient mes joues et ajoutaient encore quelques années à mon déguisement, enfin une moustache tressée avec soin ( ceci avait constitué une véritable torture et aujourd'hui encore j'ai un doute n'ayant jamais vu un seul homme du continent avec cette parure ridicule) devait rappeler celles en vogue alors au Royaume des Ming, pays avec lequel j'étais censé entretenir un commerce florissant de produits de luxe à destination de nos nobles toujours avides de frivolités. Enfin un costume de lin richement ouvragé de fils de soie achevait cette évocation de l'opulence la plus ostentatoire. Un petit coffret de bois de rose fiché sous le bras, il ne me restait plus qu'à entrer dignement dans l' ôkiya Nitta et y faire la connaissance de ses pensionnaires...
Konnishi Wa, je me présente Onibaka ( hé oui mes amis à quoi bon chercher un nouveau pseudonyme au risque de faire éclater la supercherie par inadvertance), marchand de mon état et venu participer à la mise à prix de la hana de votre déjà renommée apprentie geiko Sun Chan... Je salue profondément et manque de m'étaler au sol de saisissement devant la face d'une horrible mégère aux lèvres pincées qui me fixait d'un oeil torve et calculateur ( j'en frémis encore, d'ailleurs longtemps après encore je songeais parfois que cette horrible sorcière eu été un atout de choix parmi nos troupes, sa seul vue vous glaçant d'effroi jusqu'au sang). Dans cette pièce se trouvaient par ailleurs un jeune nobliau au visage contrarié qui venait sans doute d'avoir à converser avec la-dite sorcière et un homme à la mise plus commune. Seule menace directe en vue le cerbère en jupons... Fatale erreur comme la suite des événements allait le prouver"
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