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[RP] Bourgeon, babil et mélancolie...

--Juste_une_fille



La lueur rose d’une après midi d’hiver forme l’horizon d’une nature hostile figée par le froid. A une centaine de mètres les toits d’une ferme et quelques arbres dressent leurs silhouettes. La lumière du jour se reflète sur le paysage, faisant briller la glace, modelant la neige qui recouvrait les champs et divisant en une constellation de paillettes aux tonalités variées, froides, démontrant les efforts inutiles d’un soleil invisible et lointain.

Un petit convoi de chevaux et mules suit une sente envahie par la mousse, sans se presser, au rythme des craquements du givre sous les sabots et des nuages de vapeur qui s’échappent des naseaux des montures.

En tête une silhouette menue anonyme. Préférant éviter la foule des villes, c’est à l’écart qu’elle a préféré acheter ce lopin de terre et cette maisonnette. Même pas pour y vivre, tout juste y passer quelques jours par mois au mieux. Tant qu’elle vivra du moins, elle s’astreindra à venir visiter celui qui désormais y demeurera.

Ce nourrisson encore accroché à elle et dont elle se doit de se séparer. Des mois durant elle avait cherché l’endroit, la personne…Toutes les conditions pour que son fils soit en sécurité… Elle avait tourné ça des centaines de fois dans sa pauvre tête malmenée et n’avait trouvé de meilleure solution que de le tenir à l’écart du monde, des ennuis, de sa vie d’errance…
Loin d’elle.

La nourrice engagée est personne de confiance. Ayant passé l’âge de folâtrer, libérée de toutes obligations maritales grâce à un veuvage dû à ces foutus croisés. Les premières gelées avaient emporté l’enfant chétif qu’elle avait mis au monde trop tôt, beaucoup trop tôt à cause du chagrin. Elle avait vu dans la proposition de la toute jeune femme qui s’était présentée à elle une seconde chance.

La brunette ouvre les portes du logis, laissant entrer les rayons d’un soleil pâle. Hésitante malgré toutes ses belles résolutions… Bon sang que c’est difficile de se résoudre à s’amputer d’une partie de soi-même… Elle laisse à la nourrice le soin d’ouvrir les volets et de faire prendre le feu dans la cheminée. N’étant en quelque sorte qu’une visiteuse en la demeure…
Abandonnant son barda près de l’entrée, elle se laisse glisser dans un fauteuil, l’enfant tout contre elle. Alors qu’il entrouvre les yeux, l’irrépressible bouffée de tendresse s’empare d’elle comme chaque fois qu’elle porte le regard sur lui. Un doigt caressant vient effleurer sa joue de porcelaine, provoquant un petit mouvement de tête, la recherche de la source nourricière. Et le sourire qui s’affiche aux lèvres de la brunette, suivi d’un délaçage de cape, chemise, enfin tout ce qui fait barrière entre la bouche de l’affamé et son repas.

Le fils s’empare triomphant de ce qui lui revient de droit, laissant aux grands toute considération autre que celle de satisfaire son appétit, de rechercher ce contact, peau à peau, cette odeur si familière, aimée, de façon purement viscérale, primale. Petite main posée non loin de la bouche, qui caresse et gratouille, appuie et parfois griffe sans le vouloir la fine peau tendue sous la montée de lait.

La jeune mère elle, se concentre sur tout ce qu’elle doit faire dans la journée, organiser une vie, laisser les ordres précis à la nourrice, moult conseils pour que le champ donne assez afin qu’ils en vivent confortablement en plus de la somme rondelette qu’elle a déjà fourni. Evaluer les besoins les plus pressants, ceux qui feront bientôt surface, envisager dès à présent un avenir. Jamais il ne sera dit que son fils aura connu existence chiche ou précaire. Tant de choses et le temps qui semble lui manquer soudainement, ou bien cette boule qui grandit dans son estomac à l’idée que demain elle le quittera…



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--Berthilde_la_nourrice



La fille lui avait plu, dès la première rencontre, dès le premier regard. Berthilde avait su lire dans les yeux de la brunette la sincérité, la douleur aussi.
Qui elle est ? La nourrice n’en a pas la moindre idée. D’elle, elle ne sait qu’un nom et une adresse, à n’utiliser qu’en cas d’extrême nécessité. Mais elle sait au plus profond d’elle-même qu’il ne s’agit pas là d’une de ces jeunes nobliotes dévoyées, désireuse de se débarrasser d’un passif encombrant. Il y a dans son attitude bien plus d’honneur et de noblesse que chez la plupart de ces gens là…

Les quelques jours passés en chemin l’ont pleinement confortée dans l’opinion qu’elle s’est forgée. La jeune femme aime son enfant, au point d’en souffrir le déchirement de l’abandon, au point d’en oublier sa douleur pour lui offrir ce qu’il y a de mieux… Une mère, douce dans chaque geste qu’elle prodigue au nourrisson, dans chaque parole qu’elle lui adresse, dans chaque berceuse qu’elle lui fredonne quand elle pense que personne ne l’entend.

Ainsi suivait-elle, prête à se consacrer en cette forme de réclusion à un enfant qui n’était pas le sien, mais qu’elle saurait aimer et protéger. Les termes du contrat étaient clairs. La mère reviendrait régulièrement, veillerait à subvenir à leurs besoins, et surtout tenterait de sauvegarder cette filiation par intermittence. Chacune à sa place. Et c’était très bien ainsi. Aussi jeune et fragile qu’elle semblait être, la brunette était déterminée. Certaine d’avoir fait le meilleur choix et cela paraissait à la nourrice valeur sûre.
Aussi sûre que la maison, le champ et les écus sonnant.

Berthilde s’affaire déjà dans la maisonnée. Un emménagement n’est pas une mince affaire, et encore moins en hiver et surtout en cette région inhospitalière. Elle aussi a beaucoup à faire d’ici le lendemain, comme rendre le lieu habitable, chaleureux, d’ailleurs le feu est allumé rapidement pour commencer à réchauffer les murs de pierre.
Décharger tout ce que la demoiselle a prévu pour les prochaines semaines, bois, nourriture, vêtements, elle a pensé à tout, tout prévu apparemment. Ce qui la conforte encore dans l’idée qu’elle possède de bonnes capacités d’organisation, donc pas une noble ayant vécu à l’abri, bien au chaud et ayant toujours disposé de serviteurs pour gérer son quotidien, ainsi que des moyens au-dessus de ceux de gens du commun.

Bien vite, l'efficace nourrice a effectué la plupart des tâches les plus immédiates et prépare un repas sobre mais nourrissant. Elle sait d'expérience combien l'allaitement peut être fatigant, et vu la constitution de la donzelle, elle se demande même par quel miracle elle est arrivée à nourrir son bébé et lui donner de si belles joues rosées.

La nature et ses miracles.
--Juste_une_fille




L’aube déjà, et elle n’a pas fermé l’œil.
Dans la soirée les deux femmes avaient réglé les derniers détails de leur arrangement. Réfléchissant et remédiant par avance au moindre problème qui pourrait surgir.

Le fourmilion dort, repu de l’ultime tétée que sa mère vient de lui donner. Et tout en surveillant le souffle calme du sommeil du bienheureux, elle est en train de se bander la poitrine. Les bandes de tissu serrées sauront tarir son sein en peu de temps. Tout cela ne serait qu’un mauvais moment à passer. Loin d’être le pire.

Les larmes qu’elle a versé, celles qu’elle a contenu de peur de jamais plus pouvoir s’arrêter ne sont rien. Elle sait que ce qu’elle va faire est juste, bien. Nécessaire. La chemise est passée, puis le reste des vêtements. Il est temps.
Une dernière caresse, hésitante, surtout ne pas le réveiller… Un murmure avant de quitter la chambre, "Un mois mon fils…" et la porte se referme en silence sur les mots à peine soufflés. L’air semble soudain lui manquer, et les battements affolés de son cœur résonnent dans ses tympans.
Vite…
Partir le plus vite possible.

Attrapant ses affaires d’une main tremblante, elle s’empresse de sortir de la maison. Le froid mordant de cet hiver rigoureux lui picote le visage jusqu’alors enfiévré par l’émotion. Comme une gifle glacée. La jeune femme harnache sa monture rapidement, vérifie ses provisions, son armement puis se hâte de monter en selle et de prendre la route.

Les ombres s’allongeaient sur le chemin en ce début de journée lumineuse. Tout est calme dans le val où la fumée maile droit dans le ciel clair et où les rayons du soleil filtrent entre les feuillages d’un vert tendre. Elle s’enfonce sur le sentier forestier, mains crispées sur le pommeau de sa selle. Ne pas se retourner, laisser le canasson avancer, encore, plus loin, jusqu’en haut.
Au versant de la montagne surplombant la vallée encaissée s’accrochait un brouillard épais qui intensifiait l’isolement des lieux par son opacité froide. Elle se retourne enfin. De l’endroit, une chape dense cachait le hameau. Un dernier regard scrutateur en direction de la maison, comme si elle voyait au-delà du brouillard, au travers des murs.


"Un mois, Fourmilion, un mois…"

Avant de se détourner et de repartir.


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--Berthilde_la_nourrice


Et les mois se succédèrent ainsi qu’il avait été convenu.
La jeune femme revenant, mois après mois, parfois avec quelques jours d’avance, parfois avec une semaine de retard, mais elle revenait.

A la joie qui leur illuminait le visage succédait quelques jours plus tard la tristesse de la séparation et les pleurs de l’enfant. La mère, elle, s’efforçait de ne rien montrer à son fils de ce qu’elle ressentait, lui offrant un visage souriant et aimant en toutes circonstances.

Chaque soir le bébé s’endormait en serrant contre lui le vieux gant de cuir usé que la nourrice avait subtilisé à la jeune mère. Sans doute y retrouvait-il l’odeur de cette dernière.

Le bébé grandissait bien et vite. Le gaillard serait grand. Devenait tenir ça du père, la mère tenant plus du format de poche.

Berthilde avait pris l’habitude de noter chaque progrès ou instant que la mère aurait voulu partager et qu’elle avait manqué. Tout y était répertorié, daté… Un jour peut-être le feuilletteraient-ils ensemble, la mère verserait quelques larmes se reprochant d’avoir manqué tant, le fils la serrerait dans ses bras lui disant que ce n’était pas grave.


Et les jours s’écoulèrent, les saisons suivant aux saisons jusqu’aux deux ans de l’enfançon.

La mère avait prévenu que rien ne pourrait l’empêcher d’être là et l’enfant trépignait depuis la veille, impatient. La nourrice le regardait avec un sourire compatissant alors qu’il engouffrait son gruau à grandes cuillérées en envoyant un peu partout au passage…
--Juste_une_fille.




Elle avait chevauché à bride abattue ces deux derniers jours afin d’être là en temps et en heure. Le jour se levait à peine lorsque le hameau fut enfin en vue. Elle marqua une pause sur les hauteurs, vérifiant son encombrant paquetage à l’arrière de la selle d’une main nerveuse.

Deux années avaient passé, loin de l'enfant. Son fils a les yeux d'un Ange, et chaque fois qu'elle revient elle est aussi émue. Quelques jours par mois être enfin soi, rire...
Et pourtant, son anniversaire va tout changer. Il va perdre son statut de bébé pour passer à celui de l'enfant en âge d'apprendre. Et il a devoir faire son apprentissage en condensé, puisqu'elle n'est mère qu'à temps partiel.
De son côté, elle a bien oeuvré. Continuant d'amasser fortune pour que jamais il ne manque de rien.

Ainsi l'enfant était toujours bien vêtu. Nulle maladie due aux carences habituelles des paysans de basse extraction ne l'avait touché, toujours nourri de produits de bonne qualité et en nombre plus que suffisant. Elle s'employait néanmoins à veiller à ce que rien n'attire trop l'attention. Vêtements de belle facture, en provenance des meilleurs tisserands de la capitale, mais sans fioriture ou ornements ridicules dont la noblesse aimait à faire étalage. Et la demoiselle n'oubliait pas non plus la duègne qui avait l'éducation quotidienne de son fils en charge. Aussi, tout ce petit monde évoluait-il de façon harmonieuse, en dépit de son caractère particulier.

Mais revenons-en à ce jour annonciateur de changement pour l'enfant.

Arrivée devant la maison, elle descend de sa monture et la débarrasse de son volumineux chargement, avant de la mener à l'écurie.
Lorsqu'elle en ressort son fils est déjà devant l'amoncellement de paquets, sourire jusqu'aux oreilles. L'image la frappe en plein coeur, encore plus que de coutume... Qu'il est grand déjà sur ses petites jambes, et qu'il ressemble à son père, en dépit de la finesse de ses trait enfantins. Sa main s'accroche à la chambranle de l'écurie, il lui faut quelques secondes pour se ressaisir. Le temps de refouler une montée fulgurante de larmes, de poser quelques respirations pour se calmer. Jusqu'à ce qu'il se retourne, peut-être a-t-il senti le regard de sa mère, et qu'il s'élance pour se jeter dans ses jambes.



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--Le_fourmilion
La nuit avait été courte. Trop excité, trop impatient, trop p’tit pour gérer tout ça. Depuis la veille il répétait…

Nanniversaireuh, nanniversaireuh, nanniversaireuh…

Même qu’à force de le seriner il arrivait à en découper soigneusement chaque syllabe. Faut dire aussi que Berthilde l’avait repris pendant des heures jusqu’à ce qu’il le dise correctement.

Na-Ni-Ver-Sai-Reuh… avait-il ahané…

En fait, il ne sait même pas ce que cela veut dire, mais Berthilde avait insisté donc cela devait être un truc super important, et puis Maman venait. Ce serait une fête comme à chaque fois. Câlins et présents seraient de la partie. Que demander de plus pour ravir le cœur d’un si jeune enfant.

Le bruit des sabots devant la maison le tire de sa rêverie digestive post-gruau-cataclysmique… Et tandis que Berthilde s’affaire à nettoyer le désastre, il se glisse au dehors. Le cheval a déjà disparu et ne reste qu’un tas de paquets.
Ses yeux s’écarquillent et papillonnent de bonheur. Maman est là…

Mais où ?
Le cheval renâcle indiquant à l’enfant l’endroit où son regard doit se porter, et bientôt la joie transfigure son petit minois. Et de ses petites jambes il franchit en courant les quelques mètres qui les séparent, se jette sur elle, la faisant chavirer jusqu’à ce que tous deux retombent dans le foin de l’écurie dans un torrent de rires.


MA-MAN !!! MA-MAN ! MA-MAN !

Ne cesse-t-il de crier à tue-tête…

Nanniversaire ?

Parce que même s’il est tout heureux de revoir sa mère, il est curieux de découvrir enfin le secret que renferme ce mot…
--Juste_une_fille.



Les cris de joie de son fils résonnent dans l’écurie, et très certainement dans toute la vallée. Calmant son rire elle se relève du tas de foin, tapotant négligemment ses vêtements pour les débarrasser de quelques brins. Elle sourit regardant l’enfant, puis lui tend la main pour l’entrainer au dehors.
Arrivés devant l’amoncellement de paquets, elle le lâche et commence à effectuer un étrange rituel sous les yeux du fourmilion, séparant certains des autres. Bien évidemment, elle sait qu’il doit trépigner. Au bout de quelques instants, elle désigne un des tas du doigt :


Voilà… Celui-là est pour toi !

Puis s’accroupissant devant lui, elle glisse d’une voix douce à sa petite oreille "Bon Anniversaire mon fils…" avant de lui effleurer la joue d’un baiser.

Dès lors, la scène n’est plus que frénésie de découverte et de cris de surprise joyeuse. Petites figurines finement sculptées entament déjà un simulacre de combat dans les mains de l’enfant, jusqu’à la découverte du dernier présent. Le plus gros. Presqu’aussi haut que lui. Statue de cheval à sa vue à lui… Petit cheval de bois pour sa mère.

Il lui adresse un regard interrogateur. Auquel elle répond en le saisissant sous les aisselles pour le soulever et le poser sur le cheval, le maintenant ensuite par la taille.


Un vrai petit cavalier…

Ou le début d’un apprentissage.

Et la journée se déroulera dans la joie, entre les mets fins qu’elle avait rapporté pour l’occasion, le renouvellement d’une garde robe pour un garçonnet qui grandissait à vue d’œil.
Mais l’initiation ne se limiterait pas à tenir en équilibre sur une monture de bois. Désormais, à chaque visite mensuelle, la jeune femme emmènerait l’enfant dans de longues promenades en forêt, lui apprenant à reconnaitre les empreintes et les sons, les baies consommables et les champignons.
Ou comment s’en sortir sorti du cocon douillet de la maison.



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--Le_fourmilion
Et il en avait été ainsi durant toute sa troisième année, et lorsque celle-ci prit fin, il avait acquis certaines connaissances de survie. Oh, évidemment cela ne fut pas toujours sans mal. Il lui était arrivé de picorer quelques baies en se trompant. Sa mère le laissant apprendre de ses propres erreurs, toujours prête à lui faire absorber quelque médication lorsque survenait de façon impromptue les résultats de ses étourderies. Ainsi avait-il retenu.

Il l'avait longuement observée lorsqu'elle posait ses collets. Les endroits les plus indiqués pour le faire. Et la façon nette et sans méchanceté qu'elle avait de mettre fin aux souffrances d'une proie. Apprenant les gestes sans les effectuer lui-même. Peut-être quand il serait plus grand...

Pour son troisième anniversaire il avait reçu un bouclier et une petite épée en bois.
Berthilde le reprimandait souvent lorsqu'il s'entrainait à frapper les grosses courges qui poussaient dans le terrain.
Il se laissait gentiment gourmander, sachant bien que malgré tout la nourrice était toute aussi fière de ses progrès que sa propre mère.

Pour son quatrième anniversaire, ses cris de joie avaient résonné longtemps dans la vallée tant son excitation avait été comble. Maman lui avait offert un chiot. Et Berthilde avait craint le pire pour ses légumes et ses jambons.
Ils allaient donc en forêt avec les montures, des jours durant. Il continuait d'apprendre. Sa mère lui expliquant qu'elle avait souvent trouvé refuge dans certains bois, qu'elle trouvait moins effrayants que les villes. Et les nuits à la belle étoile, allongé aux côtés de sa mère étaient les plus belles qu'il passait. Elle lui racontait des histoires de chevaliers, de remparts, de guerre, et lui rêvait d'un jour faire partie de l'une de ces histoires.
Il s'imaginait chevauchant à la droite de sa mère, son alan courant au devant d'eux, éloignant leurs ennemis à grand renfort d'aboiements terrifiants.
--Juste_une_fille


Avec la cinquième année de son fils s'amorcèrent de profonds changements. Il grandissait vite et se montrait vif d'esprit, intéressé par la moindre chose.
Parfois il semblait à la jeune femme qu'il buvait ses paroles et ça l'effrayait. Et si elle était mauvais professeur qu'adviendrait-il de lui ?
Alors elle traquait la moindre erreur afin de mieux débusquer ses propres faiblesses.

Au milieu de cette année là, elle entreprit de lui apprendre les bases de l'écriture, afin qu'il put plus tard acquérir certain savoir que l'on ne trouve que dans les livres et sur les ennuyeux bancs de l'université.
Bien sûr, cela avait aussi pour but de satisfaire la curiosité de l'enfant tout en continuant de l'occuper au sein de la maison.

Qu'il se hasarde jusqu'en ville l'inquiétait. Pas qu’elle doute des capacités de Berthilde à le protéger, mais elle savait la nature humaine, et que les enfants pouvaient se montrer bien plus cruels en laissant libre court à une certaine méchanceté naturelle. La jeune femme avait pu se rendre compte par elle-même de l’ostracisme régnant en Franche Comté, où l’étranger était suspect dès qu’il osait se manifester. Et cela semblait ancré dans les gènes aussi naturellement que le gui qui s’accroche et parasite le pommier.

Fort heureusement, sa curiosité était pour l’instant satisfaite par les leçons administrées, que ce fut par sa mère ou par sa nourrice. Et chaque jour qui passait lorsqu’elle était au loin, elle rendait grâce à ce hasard qui avait mis Berthilde sur sa route. Elle remplissait son rôle au-delà de ses espérances, palliant les absences maternelles sans jamais déroger à son rang. Et pourtant la jeune femme savait que la nourrice aurait elle aussi donné sa vie pour le garçon. Elle admirait en silence cette abnégation, se trouvant parfois loin d’être à la hauteur en comparaison, coupable de cette absence que rien ne compensait à ses yeux.
Aussi essayait-elle de combler ce manquement en prolongeant de son mieux chacune de ses visites. Même si chaque fois le départ se faisait plus douloureux.

Leur existence coulait néanmoins des jours heureux, des jours d’insouciance, à l’écart de tout et de tous. Entre les longues escapades en forêt au son des jappements du chiot et les leçons plus statiques, elle jouait au chevalier avec son fils, bâton dans la main pour elle et l’épée en bois pour lui. S’évertuant autant que faire se peut à le faire progresser dans le maniement d’une arme factice, lui montrant comment le poignet se devait rester souple et la main ferme…

Tant de jeux ô combien innocents…



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Topic verrouillé par {Léon} à la demande de son créateur
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