Ninoua
[Mercredi 10 février 1458 AU BON VIEUX LEVAiN Boulangerie de Ninoua]
Ce jour-là, il flottait dans l'échoppe comme une odeur d'innovation culinaire. La maîtresse des lieux avait revêtu son tablier blanc et retroussé ses manches comme à son habitude. Sauf qu'aujourd'hui, ce n'était pas pour faire ses pains et pâtisseries ordinaires, non. Elle avait envie d'essayer quelque chose de neuf, de créer une nouvelle douceur à faire partager aux Briançonnais qui viendront faire tinter la clochette en entrant dans sa boulangerie.
Ninoua n'avait pas de recette, elle suivait son instinct et ses envies, comme toujours. Et en ce mercredi de la mi-février, toute enceinte qu'elle était, elle avait envie de prunes, de noix, d'amandes et de cannelle. Une grande jatte en terre cuite serait le chaudron magique, où les ingrédients se mélangeraient pour former une nouvelle symphonie pour papilles.
Deux poignées de noix concassées, autant d'amandes hachées et ce qu'il faut de cannelle accueillent un pot de miel de fleurs, quatre oeufs et une demi-motte de beurre fondue au coin du fourneau. Quelques tours de cuillère en bois plus tard, voilà la mesure de lait et celle d'eau-de-vie qui viennent s'ajouter à la fête. Ne reste qu'un peu de levain pour mettre l'ambiance et faire gonfler le tout une fois à l'intérieur du four.
Son doigt plongeant dans la préparation, la pâtissière vérifia que le mélange était à son goût. Dans quatre petits moules à manquer, graissés et farinés, elle versa l'appareil qui en remplit une bonne partie. Enfin, touche finale, Ninoua disposa une à une les demi-prunes sur le dessus.
Dans le four, elle jeta une poignée de farine pour tester la température. Si elle noircit, c'est trop chaud. Si elle blondit, c'est à point et on enfourne en un tour de main.
Le supplice des gourmands dura une vingtaine de minutes jusqu'à ce que la jeune femme ressorte les petits moelleux et les laisse refroidir avant de les libérer des moules.
Hélas ...
Si les parfums vous mettaient l'eau à la bouche, ce qui sortit du moule ne ressemblait pas vraiment à un gâteau. Les sourcils froncés, Ninoua chercha d'où provenait son erreur. Et soudain l'évidence. Comment avait-elle pu l'oublier, elle avait pourtant les mains continuellement plongées dedans !
Le plat de sa main alla claqué sur son front et elle s'écria
La farine !
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Ce jour-là, il flottait dans l'échoppe comme une odeur d'innovation culinaire. La maîtresse des lieux avait revêtu son tablier blanc et retroussé ses manches comme à son habitude. Sauf qu'aujourd'hui, ce n'était pas pour faire ses pains et pâtisseries ordinaires, non. Elle avait envie d'essayer quelque chose de neuf, de créer une nouvelle douceur à faire partager aux Briançonnais qui viendront faire tinter la clochette en entrant dans sa boulangerie.
Ninoua n'avait pas de recette, elle suivait son instinct et ses envies, comme toujours. Et en ce mercredi de la mi-février, toute enceinte qu'elle était, elle avait envie de prunes, de noix, d'amandes et de cannelle. Une grande jatte en terre cuite serait le chaudron magique, où les ingrédients se mélangeraient pour former une nouvelle symphonie pour papilles.
Deux poignées de noix concassées, autant d'amandes hachées et ce qu'il faut de cannelle accueillent un pot de miel de fleurs, quatre oeufs et une demi-motte de beurre fondue au coin du fourneau. Quelques tours de cuillère en bois plus tard, voilà la mesure de lait et celle d'eau-de-vie qui viennent s'ajouter à la fête. Ne reste qu'un peu de levain pour mettre l'ambiance et faire gonfler le tout une fois à l'intérieur du four.
Son doigt plongeant dans la préparation, la pâtissière vérifia que le mélange était à son goût. Dans quatre petits moules à manquer, graissés et farinés, elle versa l'appareil qui en remplit une bonne partie. Enfin, touche finale, Ninoua disposa une à une les demi-prunes sur le dessus.
Dans le four, elle jeta une poignée de farine pour tester la température. Si elle noircit, c'est trop chaud. Si elle blondit, c'est à point et on enfourne en un tour de main.
Le supplice des gourmands dura une vingtaine de minutes jusqu'à ce que la jeune femme ressorte les petits moelleux et les laisse refroidir avant de les libérer des moules.
Hélas ...
Si les parfums vous mettaient l'eau à la bouche, ce qui sortit du moule ne ressemblait pas vraiment à un gâteau. Les sourcils froncés, Ninoua chercha d'où provenait son erreur. Et soudain l'évidence. Comment avait-elle pu l'oublier, elle avait pourtant les mains continuellement plongées dedans !
Le plat de sa main alla claqué sur son front et elle s'écria
La farine !
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