Camille_agathe
Lundi 15 février 1458 : Fugue à Dunkerque.
C'est l'histoire d'une orpheline. Normale, blanche*. Ouais, z'allez me dire, des orphelines on en a vu des tonnes, c'est toujours pareil, aucune originalité, blablabla. Je sais qu'y en a des tas, j'ai lu les fiches. Y a aussi des amnésiques à la pelle, et les gens dont on à tué toute la famille... c'est simple, j'ai même pas compté. On fait c'qu'on peut quand on débarque. Donc une orpheline. J'aurais bien fait ce récit à la première personne du singulier, mais vu qu'elle a trois ans, je me suis dit que j'allais vous épargner les babillages et les zozotements le plus possible. Non, ne me remerciez pas, c'est tout naturel.
Elle s'appelle Camille-Agathe, et bien que -feu- ses parents soient tous deux français, elle débarque d'Angleterre escortée par une nonne hollandaise. Ca en jette hein ? Trois ans et déjà ça se la pète à être cosmopolite. Bref, là elle est dans les rues de Dunkerque, fatigué du voyage en coche depuis Calais, rêvassant et trainant les pieds comme d'habitude, avec la bonne sur qui lui tient fermement la main pour qu'elle se faufile pas encore n'importe où, curieuse comme elle est. L'autre jour elle l'a cherchée trois heures sur le bateau, elle était pas ravie c'est moi qui vous le dis.
Toe !**
Camille hâte le pas et suit en silence Sur Hanneke, dont le prénom la fait rire d'habitude, parce que quand on le prononce ça fait comme si on éternuait. Seulement aujourd'hui elle n'est pas d'humeur à rire. Elle ne sait même pas pourquoi la Sur l'emmène en France, ni pourquoi elles ne sont pas restées dans la premiere ville.... Moi je sais, bien sûr. C'est parce que j'ai cliqué sur l'Angleterre, comme ça pour rire. Mais là-bas dans les tavernes ils parlent de Facebook ou de Robbie Williams... en sms ! Pensez si ça m'a vite gonflée. "Jeu de rôle médiéval multi-joueurs" tu parles ! Me restait plus qu'à venir voir si la pub n'était mensongère que chez les anglishes.
Enfin, je suis sûre que la nonne a une bonne raison pour se pointer ici... Faut juste que je l'invente, mais je ferai ça sur le tas si la gamine lui demande. On fait ça à la bonne franquette, hein.
Camille-Agathe pense à sa mère. A sa gentillesse, sa patience, ses baisers... à ce qu'elle lui racontait sur son défunt père, entre deux quintes de toux tuberculeuse. Comment il était beau et gentil et tout ça, comme elle lui ressemblait de visage... Seulement le problème avec les pensées quand on les laisse gambader....Vlà la petite qui pense au jour ou elle a trouvé sa mère morte dans son sommeil, il y a quelques mois de cela.
Maman.... réveille-toi... Maman ?
Pauvre gamine, si c'est pas malheureux. Elle a jamais connu l'un, elle perd l'autre toute jeune... De quoi vous tirer les larmes, si si. D'ailleurs je vous laisse un moment pour trouver un mouchoir, va.
A y est ? Je vous aurai bien laissé respirer un peu, mais le vie de Camille continue et on est pas là pour pleurer.
La gamine est plongée dans de sombres pensées, mais jamais pour longtemps. Elle a trois ans, après tout. Un truc qui brille et paf, elle oublie ce à quoi elle pensait la seconde d'avant. Là en l'occurence, le truc qui brille, c'est une vitre de taverne.
La nonne fait l'erreur de lui lâcher la main, et l'enfant en profite. Qui peut l'en blâmer, cet Hanneke n'a de marrant que le nom.
Elle court aussi vite qu'elle peut, sème la pauvre nonne qui s'emberlificotte dans son habit trop emcombrant, et déboule dans la taverne municipale de Dunkerque.
Il y a là trois femmes, deux blondes et une brune. Sa mère etait brune, vers qui pensez vous que la petite se dirige ? Bingo, la brune.
Mélusine n'a pas de lait à lui offrir, mais elle a un nom joli, elle. Un nom comme dans les comtes que maman lui racontait à la veillée. On s'installe sur ses genoux, on raconte sa courte vie en babillant.
* c'est pas du racisme c'est du Coluche bande d'ignares.
** Allons !
C'est l'histoire d'une orpheline. Normale, blanche*. Ouais, z'allez me dire, des orphelines on en a vu des tonnes, c'est toujours pareil, aucune originalité, blablabla. Je sais qu'y en a des tas, j'ai lu les fiches. Y a aussi des amnésiques à la pelle, et les gens dont on à tué toute la famille... c'est simple, j'ai même pas compté. On fait c'qu'on peut quand on débarque. Donc une orpheline. J'aurais bien fait ce récit à la première personne du singulier, mais vu qu'elle a trois ans, je me suis dit que j'allais vous épargner les babillages et les zozotements le plus possible. Non, ne me remerciez pas, c'est tout naturel.
Elle s'appelle Camille-Agathe, et bien que -feu- ses parents soient tous deux français, elle débarque d'Angleterre escortée par une nonne hollandaise. Ca en jette hein ? Trois ans et déjà ça se la pète à être cosmopolite. Bref, là elle est dans les rues de Dunkerque, fatigué du voyage en coche depuis Calais, rêvassant et trainant les pieds comme d'habitude, avec la bonne sur qui lui tient fermement la main pour qu'elle se faufile pas encore n'importe où, curieuse comme elle est. L'autre jour elle l'a cherchée trois heures sur le bateau, elle était pas ravie c'est moi qui vous le dis.
Toe !**
Camille hâte le pas et suit en silence Sur Hanneke, dont le prénom la fait rire d'habitude, parce que quand on le prononce ça fait comme si on éternuait. Seulement aujourd'hui elle n'est pas d'humeur à rire. Elle ne sait même pas pourquoi la Sur l'emmène en France, ni pourquoi elles ne sont pas restées dans la premiere ville.... Moi je sais, bien sûr. C'est parce que j'ai cliqué sur l'Angleterre, comme ça pour rire. Mais là-bas dans les tavernes ils parlent de Facebook ou de Robbie Williams... en sms ! Pensez si ça m'a vite gonflée. "Jeu de rôle médiéval multi-joueurs" tu parles ! Me restait plus qu'à venir voir si la pub n'était mensongère que chez les anglishes.
Enfin, je suis sûre que la nonne a une bonne raison pour se pointer ici... Faut juste que je l'invente, mais je ferai ça sur le tas si la gamine lui demande. On fait ça à la bonne franquette, hein.
Camille-Agathe pense à sa mère. A sa gentillesse, sa patience, ses baisers... à ce qu'elle lui racontait sur son défunt père, entre deux quintes de toux tuberculeuse. Comment il était beau et gentil et tout ça, comme elle lui ressemblait de visage... Seulement le problème avec les pensées quand on les laisse gambader....Vlà la petite qui pense au jour ou elle a trouvé sa mère morte dans son sommeil, il y a quelques mois de cela.
Maman.... réveille-toi... Maman ?
Pauvre gamine, si c'est pas malheureux. Elle a jamais connu l'un, elle perd l'autre toute jeune... De quoi vous tirer les larmes, si si. D'ailleurs je vous laisse un moment pour trouver un mouchoir, va.
A y est ? Je vous aurai bien laissé respirer un peu, mais le vie de Camille continue et on est pas là pour pleurer.
La gamine est plongée dans de sombres pensées, mais jamais pour longtemps. Elle a trois ans, après tout. Un truc qui brille et paf, elle oublie ce à quoi elle pensait la seconde d'avant. Là en l'occurence, le truc qui brille, c'est une vitre de taverne.
La nonne fait l'erreur de lui lâcher la main, et l'enfant en profite. Qui peut l'en blâmer, cet Hanneke n'a de marrant que le nom.
Elle court aussi vite qu'elle peut, sème la pauvre nonne qui s'emberlificotte dans son habit trop emcombrant, et déboule dans la taverne municipale de Dunkerque.
Il y a là trois femmes, deux blondes et une brune. Sa mère etait brune, vers qui pensez vous que la petite se dirige ? Bingo, la brune.
Mélusine n'a pas de lait à lui offrir, mais elle a un nom joli, elle. Un nom comme dans les comtes que maman lui racontait à la veillée. On s'installe sur ses genoux, on raconte sa courte vie en babillant.
* c'est pas du racisme c'est du Coluche bande d'ignares.
** Allons !