--Coeur_de_la_meute
Solitaire
On ma appelé ainsi, il y a quoi ? quelques mois, quelques semaines ?
On ma même mis les chiens aux fesses un jour, de sales cabots hargneux tout efflanqués, devraient un peu mieux les nourrir, ils nont pas fait long feu, la lutte a été courte , bien trop courte à mon goût même pas celle où lon sent ses muscles agir et la tension du combat monter
Echine hérissée, gueule ouverte , prêt à fondre sur la proie , à lagripper et à sentir ses crocs senfoncer dans la chaire tendre , le liquide chaud couler dans sa gorge , et les soubresauts de la victime agonisante sous sa dent
Jleur ai pas fait cet honneur , leur ai rompu le dos de coups de crocs bien appliqués et les ai laissé là carcasses sanguinolentes tachant la neige immaculée puis , me suis détourné , dédaigneux , pour menfoncer dans lombre de la forêt de cette foulée inimitable quont ceux de ma race , les prédateurs , marquant à peine le manteau neigeux
Planté droit , dominant le groupe , je le toise, lui , le détrôné qui saplatit à mes pieds , lorsque je le croise , gorge offerte marquant sa soumission , là ça m amuse .Quaurait pu faire ce pauvre alpha face au colosse que je suis , double du poids, muscles durcis par les batailles , poitrail que les domine tous , unique de la portée
Coeur de meute
Sa meute , ma meute, je lai choisie, de ce groupe de jeunes loups, jen ai fait une force , une bande qui sagrandit , chaque jour il en vient , solitaires comme moi avant ou par deux ou trois , se mettre sous mes ordres et les siens .
Elle ma louve , la seule qui ne me craigne pas , est ce pour cela quelle est devenue ma compagne, est ce pour sa fourrure de feu qui la rend , comme moi si singulière ?
Sur le rocher où je me tiens elle me rejoint de son pas souple , tend son museau vers le mien , le mordille, grogne , lheure serait-elle à la bagatelle ? pas loin de lui répondre et de chercher un coin tranquille
Mais ce bruit qui me parvient , qui la saisit aussi et fait doucement hérisser les poils de notre dos , oreilles pivotant pour le capter de manière plus précise coupe court à tout autre projet
Quelques jappements , la meute sagite ,les bêtes tournent , sensibles elles aussi à cette plainte qui leur parvient, faisant se dresser sur leurs pattes ceux des miens qui prenaient un peu de repos .
Ce sont nos frères qui hurlent ainsi, ceux que jattendais , ceux qui ne viendront plus .
Hurlement dagonie, appel à la vengeance , toi qui mentends au plus profond de la forêt ,ne laisse pas ma mort impunie , venge moi mon frère , tue ces humains qui me blessent et machèvent , prends leur vie , que leur sang recouvre le nôtre
Un grognement sourd , un feulement sorti de la gorge, les oreilles se plaquent et le museau se plisse . Lentement les poils du cou se hérissent , les pattes arrières se plient et celles de devant se tendent , la gueule se redresse et souvre
Et le long hurlement du géant répond à celui de son frère , comme si , les dernières notes de ce chant dagonie , reprenaient vie et senflaient dans celui du Cur de la meute , comme si dans le concert qui suit, elles criaient au monde lappel à lhallali lancé par le molosse , glaçant les sangs de ceux qui lentendent
Les notes se sont effacées et jai rassemblé les miens , tous les miens , ils savent que faire , rompus à nos habitudes de chasse mais cette fois le gibier ne sera pas ces cervidés ou ces vaches parfois égarées
Non cette fois ce sera lhomme et mes babines se retroussent dans un rictus de mépris et de haine
lhomme et sa lâcheté
lhomme et ses pièges dont lacier sest imprimé dans ma chaire . Ont-ils vraiment cru quils pouvaient ainsi me vaincre ? que le fer serait le plus fort ? que la douleur de la chaire qui peu à peu se déchire , alors que les mâchoires mortelles laissent échapper leur proie , me retiendrait ?
Lhomme et ses chiens , qui pue la peur à dix lieues , qui sen remet à leurs crocs ridicules
Lhomme paiera cette nuit , ma meute sera sur lui
Les arbres ont défilé , les foulées sont amples et souples, les corps droits et les gueules légèrement ouvertes , les pattes marquent à peine la neige , choisissant dinstinct le chemin le plus sur , celui qui ne se dérobe pas sous leurs poids
Et les lumières sont apparues, fragiles touches dorées dans la pénombre des bois , formant trois groupes , pauvre humains aux yeux aveugles
Les pas se sont ralentis, sapprochant doucement, ce sera trois groupes de loups pour trois groupes d hommes . Croyaient ils que nous nous lancerions dun seul élan vers eux ? que nous leur donnerions une chance de se regrouper ? de saider mutuellement?
Leur séparation est ce qui pouvait ce faire de mieux, alors je lance dabord les premiers , les éclaireurs et la peur éclate en vagues puissantes , me faisant froncer la gueule de dégoût
Et je m'avance au milieu d'eux donnant ainsi le signal à ceux que j'ai retenu , oui ,ils peuvent aussi s'élancer dans un deuxième assaut , oui ils peuvent prendre part au banquet , déchirer de leurs crocs , déclencher la panique parmi ces pauvres deux pattes
Lui je le repère, au centre , une accrochée à son bras , ses yeux ne reflètent pas la peur, pas encore, leur éclat métallique me défie , ne crains rien , bientôt tu la ressentiras
Trois notes aigues retentissent , fragiles qui se perdent dans les bois , dun souffle puissant je laisse éclater ma voix qui les recouvrent sans effort , long hululement dont les arbres alentour en renvoient lécho , repris en chur par les autres
et crocs en avant , cauchemar de leur nuit, avec mes frères je bondis sur le plus proche , pas le meneur non, pas encore , lui il doit voir ses frères mourir , il doit prendre conscience que son combat est vain , lui, je le garde .......pour la fin , lorsque j'aurai croqué un peu de tous les groupes