Aléanore, pendant ce temps là, dort de ce sommeil rempli de cauchemard qui est son lot quotidien quand la dose d'opium salutaire n'a pas été prise au coucher. Ces cauchemards peuplés de rapaces, de balbuzards et de faucons, de charognards, foutus corbeaux qui ne la laissent jamais en paix, comme sa conscience du reste. Haletante, elle se redresse dans la couchette, la chainse de lin plaquée contre son corps nimbé de sueur maudissant son amie qui ne supporte pas l'odeur de sa pipe ou l'idée qu'elle puisse se droguer, mais comment le Cristal aurait-il pu comprendre la nécessité de ces drogues, elle ne lui avait jamais dit ce qui l'avait poussée à quitter la Bourgogne. Comme l'aurait-elle pu sans risquer de troubler la vie des personnes ayant le plus d'importance à ses yeux. Cruel dilemme qui est son lot de tous les jours. Revoyant sa conversation en taverne avec les lectourois, en se levant vers la fenêtre en prenant soin de ne pas réveiller Clarisse, dormant sur une couchette au pied de son lit. Plus de fiancé, une famille mais si loin, au propre comme au figuré du reste, plus de rêves ? Menteuse ! Il en reste un : Sa mort. A la fenêtre de sa chambre, la jeune fille observe son ainée qui ne trouve pas le sommeil non plus, l'angoisse pré-maritale surement. Sans un bruit, l'Opale rejoint sa couche et se love sous les couvertures guettant avec appréhension l'arrivée de Morphée et son cortège de mauvais rêves.
(...)
Réveillée en sursaut par les cris de Georgia morigénant sa jeune maitresse et les paroles de Kachina en quête d'une aide à offrir, Aléanore tourne la tête sur le côté et repousse les couvertures et fourrures en masse qui avaient été rajouté pendant la nuit par Clarisse qui sait la jeune fille frileuse, un sourire de reconnaissance à sa servante déjà habillée et affairée à préparer les robes des deux jeunes filles. Robes ou prodiges émanant des mains de la fournisseuse royale fraichement nommée, Kalopsite de Rhodes, arrachant un soupir de bonheur à Aléanore qui s'extrait tout à fait de sous l'amoncellement de couverture et faisant fi de toutes convenances, descend les escaliers, en simple chainse, cheveux détachés, coulant dans le bas des reins, et pieds nus pour venir planter un baiser sur la joue de son amie avant d'attraper une poignée de fruits confits pour elle-même, gobés sans pitié l'un après l'autre, tandis qu'elle observe Georgia démêler l'or de la chevelure de Cloé. Quand enfin le rapide et frugal déjeuner est avalé, et les mains vaguement essuyées, la jeune fille saute sur la table en face du Cristal avant de fixer la vieille fille alençonnaise, une lueur interrogative dans le regard.
-« Pensez-vous que nous puissions nous passer des étuves et la préparer ici, Georgia ? »
Car même si elle naime pas la grosse femme, force est de constater que celle-ci est une alliée efficace concernant certaines tâches dépassant lentendement de la jeune fille, comme les soins du corps que lon doit apporter à une jeune femme qui sapprête à partager sa couche avec un homme pour la première fois.
-« Je moccupe de cela, Damoiselle, je vous ferai appeler pour lhabillement et la coiffure. Allez donc vous préparer et par pitié, avalez quelque chose, vous êtes plus maigre quun coucou. »
Un coup dil amusé à ses jambes fluettes qui dépassent de la chainse avant dacquiescer et dattraper une brioche dans la main droite, jetant un rapide coup d'oeil à l'amie de Cloé venue voir la future promise, pour remonter en courant les escaliers jusquà sa chambre et de déposer entre les mains de Clarisse, la brioche encore tiède.
-« Bon appétit, cara mia ! »
A peine les mots prononcés, la jeune fille ôte en riant la chainse et se glisse derrière le paravent cachant le baquet placé dans un coin de la chambre depuis son arrivée, avec un soupir daise, la jeune fille simmerge dans leau chaude tandis que la servante sempresse de manger la brioche dorée, gagnée par la bonne humeur de sa maitresse qui nemploie les surnoms affectifs en italien quà de très rares occasions, bien trop contente de voir lombrageuse étincelle si souriante, Clarisse sempresse alors dattraper le broc deau pour rincer le corps denfant de la jeune fille, seffrayant encore de la minceur extrême de sa jeune maitresse, pourtant pas un mot ne franchit la barrière des lèvres de la bourguignonne tandis quelle tend le grand drap de bain pour y envelopper la jeune fille.
Il y a des regards qui blessent, qui offensent, dautres qui touchent, et depuis son arrivée à Lectoure, LOpale avait eu le droit à tous ces regards, mais plus encore que les premiers qui lavaient vaguement chagrinée, ce sont les seconds qui la gênent, la forçant à manger plus que de coutume pour contenter Cloé et Georgia en qui Clarisse avait trouvé des alliées de taille dans sa lutte contre la maigreur vers laquelle tend la jeune Alterac, aussi le drap de bain est-il pudiquement resserrée contre son corps tandis que Clarisse sort les sous-vêtements, hâtivement passés par la jeune fille qui se décide enfin à sortir de derrière le paravent et à cesser son manège, une fois la barrière de cotillons érigée entre son corps et lazur brumeux de la camériste.
Oui, Aléanore est noble, depuis sa naissance, de ses boucles brunes à ses petits orteils finement limés, mais cest ainsi, et cela ne lavait jamais choquée. Aussi est-ce avec plaisir, qu'elle revêt la chainse de satin écru tendue par sa domestique puis la robe à tassel parme, bordée de fourrure de lapin que la prestigieuse couturière avait créé spécialement pour ce jour, glissant avec délectation ses petits pieds dans une exquise paires de mules satinées du même ton que la chainse, livrées avec le précieux colis, et enfin, la masse sombre de la chevelure est coiffée en une longue tresse, à temps puisque le lourd accent de lalençonnaise se fait entendre dans le couloir, incitant la jeune fille à presser sa camériste pour quelle récupère la tenue de la mariée, se chargeant elle-même de choisir la paire de chaussures qui fait défaut à la future mariée.
Cavalcade rieuse dans le couloir de létage pour rejoindre la promise déjà en sous-vêtements, et sans façon, lOpale se jette sur le lit de son amie, au risque de froisser sa nouvelle tenue. Et tandis que Clarisse et Georgia habillent la future mariée, lOpale se sent au devoir de fournir quelques détails.
-« Tu feras attention, la collerette est finement cousue au col de la robe, jai préféré cela à un simple voile, ce qui permettra quelques fantaisies dans la coiffure. »
Une fois, la fiancée habillée et assise devant la coiffeuse, cest une séance éprouvante mais amusante qui voit le jour dans la chambre du Cristal qui enfin, finit coiffée dun chignon vaporeux, laissant une certaine liberté à la chevelure blonde ceinte dun ruban de satin du même bleu que la robe. Et satisfaite du résultat, lOpale recule et récupère les délicates mules bleues quelle tend à son amie avec un sourire tendre avant de saisir celle-ci entre ses bras pour la serrer doucement, baiser rapidement déposé avant de se diriger vers la sortie.
-« Clarisse, ma mante ! Et toi, ne te tortures pas, tout va bien se passer. »
Mante et servante récupérées dans le couloir avant d'attraper le bras de sa camériste.
-« Maintenant, hâtons-nous darriver à léglise, même je ne sais absolument pas où elle est ! »
Et lOpale déclater de rire en sortant de la maisonnée, sa mante anthracite et doublée de lapin, resserrée autour delle, mars à Lectoure a beau être doux, il nen reste pas moins, un mois dhiver. Un sourire aimable à sa servante, elle aussi, avant de presser le pas pour gagner léglise avant tous, éternelle enfant, qui marche le nez en l'air pour regarder tomber les flocons de neige sur ce 8 mars 1458 avant de se cogner dans un messager essoufflé tenant une lettre à main pour Damoiselle Cloé de Fleuriel d'après ses dires. Lettre vivement attrapée avant de faire demi-tour et de la poser sur la table de la cuisine en évidence.
Citation:Ma chère Cloé,
Voici le jour de prendre ton envol arrivé et malheureusement je ne suis pas a tes cotés pour ce jour si important. Je sais que Belialith aurait sans doute voulu etre présente elle aussi pour partager avec toi le bonheur de fonder un foyer.
Sache que malgré la distance qui me sépare de toi, tous mes voeux de bonheur t'accompagne ce jour, toi et ton époux. Et que je vous souhaite sincérement amour sincère et mutuellement consenti.
J'espere en outre te voir avec lui sur tes terres de Fleuriel, je tacherai d'acceuillir ton chevalier un peu moins abruptement que le dernier.
Chaleureusement
El Cid, Duc d'Escouché
Surintendant des Finances
Et enfin, l'Etincelle repart direction l'église, les flocons disions nous ?
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Edit pour rajout de la lettre de Cid et suppression de quelques élèments._________________
La Rançon du Succès d'une Pouffy-girl