--Magdelon
***Le Béarn enfin... la jeune femme partie depuis des mois de son pays natal était heureuse de rentrer.
Cela se ressentait, elle allongeait le pas depuis deux jours au grand dam du vieux ronchon qui les accompagnaient elle et sa maîtresse.
D'ailleurs elle se demandait bien pourquoi cette dernière s'était entichée de ce vieil ivrogne, celui-ci semblait lui vouer un amour et une dévotion sans faille. Il passait le plus clair de son temps à parler tout seul répétant sans cesse. « maître j'avions r'trouvé la p'tiote » ou à se plaindre de tout.
Sa maîtresse allait même jusqu'à lui laisser sa monture et marcher. Une femme de son rang... Magdelon n'en revenait pas.
Ils avaient passé la ville d'Orthez, Magdelon avait joué au guide en expliquant l'histoire du Pont Vieux enjambant le Gave, celui-ci ayant fortement impressionné sa maîtresse.
Bientôt le long ruban menant à la ville de Pau se déroulait devant eux, ils traversèrent quelques villages pour faire une brève halte à Lescar en milieu de journée.
Magdelon aurait aimé aller rendre visite à une amie mais sa maîtresse avait tout juste bu quelques gorgées d'eau et était visiblement pressée d'arriver.
L'après-midi se passa tout aussi tranquillement, avec pour seul incident le pas de côté de l'ânesse qui avait répondu à un énième coup du vieux fou.
Elle surveillait discrètement sa maîtresse, son manque d'appétit n'étant pas fait pour la rassurer. Heureusement ils arrivèrent finalement aux portes de la capitale sans encombres.
Après s'être pliés aux formalités administratives et empêchées leur belliqueux compagnon de rosser le maréchal qui les avait accueillit, le petit groupe se dirigea droit vers le château.
Un coup d'il sévère au vieux crouton pour le faire tenir à sa place, et Magdelon s'approcha du garde à l'entrée. Elle discuta avec lui à voix basse quelques instants et lui remit ce qui pourrait ressembler à un mouchoir.
Il les regarda, jaugeant cet étrange trio, un vieillard , une frêle silhouette avec un âne pour monture et la jeune femme qui l'avait interpellé, une simple servante.
Devant la rigueur de leurs atours, celui-ci hésita mais l'insistance de la jeune femme le fit céder, il les fit attendre le temps de se renseigner.***