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Info:
Mars 1458, alors que la zoko est de retour sur les terres bourguignonnes, un drame se joue...

[RP] Semper ...

Felina
[Sémur]


Nuit … Seule ...

Des heures qu’elle est là, dans cette chambre, leur chambre … Dans l’âtre aucune flamme, sur la table, la bougie éteinte … Aucun semblant de vie si ce n’est le souffle lent de la Rastignac, prostrée dans un recoin de la pièce, genoux repliés contre elle, tête enfouie en eux et bras les entourant. Les larmes se sont taries après avoir coulé sans s’arrêter depuis sa sortie de taverne. Autour d’elle un vrai massacre. Une chaise en morceaux git au milieu de la pièce, les draps de la couche sont massacrés, étalant leurs lambeaux sur le parquet, des morceaux de ce qui avait du être une bouteille jonchent le sol … La Féline a bu, trop … pas assez. Tout ce qui lui est passé sous la main, mais rien à faire, l’oubli n’est pas venu … la souffrance est toujours là, enserrant son cœur entre ses serres, lui broyant un peu plus à chaque nouvelle inspiration.

La soirée de la veille repasse en boucle dans son esprit embrumé, alors qu’au loin, le ciel obscur se teinte de lueurs rougeoyantes, signes que l’aube approche lentement.
L’implacable vérité s’est enfin imposée à elle, alors qu’elle revoit le Borgne et sa suffisance lui expliquer que Jules est mort, comme s’il lui parlait du temps qu’il fait, sans aucune émotion. Mettant le rouquin plus bas que terre, le raillant et en parlant comme le dernier des vauriens … Un des leurs, un zokoïste, qu’il a achevé sans aucun regret comme il l’a bien précisé, arrachant la vie à un homme blessé sans plus de cérémonie. A peine si elle entendu que ce n’est pas lui qui l’a planté, mais une rouquine haute comme trois pommes, encore une enfant, celle là même qui lui avait sauvé la vie quelques années plus tôt et qui venait de la lui arracher en lui volant son Jules. Le nom est murmuré par Lucie : « Maeve … » et fourré dans un coin de la mémoire de celle qui est en train de devenir folle. Pour la mercenaire, Maleus a enfin obtenu ce qu’il voulait, et peu à peu la Féline découvre la vérité, Sa vérité … Il n’a jamais accepté Jules au sein de la compagnie, il a tout fait pour les séparer, les rabaissant sans cesse, ne les considérant plus que comme des fautifs, des faibles … Elle n’a jamais compris, lui refusant de lui parler, de lui expliquer. Et voilà qu’enfin il a trouvé le moyen de se débarrasser du gêneur. Celui qu’elle considérait comme son frère retrouvé vient de lui voler son âme … son Autre.

Lorsqu’elle a réalisé, elle a bondit telle une furie, lui sautant à la gorge et lui crachant au visage. Quelques coups mais pas assez, la faute d’une Blondie qui protège son Borgne, comme toujours, se fichant comme de ses dernières chausses puantes du drame qui se joue devant elle, du mal que le Mal’ est en train de lui faire. Une lame dans son dos, et elle se retourne, appuyant alors la pointe contre son ventre en s'avançant sur elle. Plante moi Lucie, envoie moi le rejoindre !! Allez, sois courageuse !! Je n'ai pas peur de toi !

Traîtres … Pires que Lui … pires qu’Eusaias …

Lâche moi … Dégage !

Et la Blonde d’en remettre une couche, refusant de lui dire où est le corps, lui parlant sciences et expériences. L’estomac fait des nœuds et le cœur se vrille … Au bord de la nausée, la sauvageonne recule, posant un regard de dégout profond sur ceux qui furent ses compagnons d’armes … et soudain toute la lumière se fait sur ce qu’est réellement la Zoko. De véritables monstres, des égoïstes assoiffés de sang. Elle l'a toujours su, mais en cet instant elle ne peut pas le supporter. Elle avait oublié la réalité dans les bras de son Autre. Que fait elle là ? Qu’est elle en train de devenir ? Est-ce vraiment ce qu’elle voulait ? Est elle aussi comme eux, insensible aux autres … Ne vaut elle définitivement que cela ? Un regard vers cette bague, et une furieuse envie de la leur jeter au visage. Mais elle n’en fait rien … pas encore, et pendant que dans esprit commence un combat entre raison et déraison, le Borgne continue de persifler, tel un serpent, se permettant même de souiller la mémoire du rouquin.

Sois fier de toi Maleus d’Assay tu m’as tout pris !


Les quelques mètres les séparant sont de nouveau franchis en un éclair, la gifle est cinglante, saignante et le visage du Borgne à jamais marqué du sceau de la Rastignac. Il ne pourra plus jamais oublier ...

La Ferme !! Ne parle plus jamais de lui … Plus JAMAIS !!

Quatre zébrures sur sa joue droite, souvenir d’une haine qui vient de prendre naissance. Elle réclamera vengeance, plus tard, lorsqu’il sera en état, elle vaut mieux que lui, elle ne massacrera pas un homme diminué et blessé, elle ne fera pas comme eux …
Une promesse arrachée à la Blonde : récupérer le corps, à l’Aube.
Un dernier regard sur les deux, et la Rastignac tourne définitivement les talons, s'enfonçant dans la nuit Noire de cette Bourgogne maudite. Ce soir, Maleus est mort avec Jules, et ne reste plus dans son esprit que l’image d’un nouveau démon, un nouvel ennemi dont elle se devra se débarrasser. Tu vas l’payer Mal’ … oh oui … Tu vas l’payer. Le prix du sang, une vie pour une vie. Ta Vie pour Sa Vie … Nous nous reverrons.

Quelques raies de lumière qui percent les volets fermés de la chambre et viennent chatouiller la mercenaire, toujours semi morte dans son coin. Visage qui se relève … blême, regard vide et joues rayées de ses larmes qui ne couleront plus jamais. Les ébènes, mortes, balaye une fois encore la pièce, s’arrêtant de longues minutes sur Son épée, posée contre le mur. Dans un profond soupir, la carcasse se soulève enfin. Aucun n’effort n’est fait pour améliorer sa mise, et elle sort dans le froid matinal. Tel un zombie, automate sans plus aucune chaleur humaine, elle descend les escaliers de l’auberge et sort dans la ruelle. Regard vers le ciel qui luit de Ses couleurs. Flammes qui dansent au dessus d’elle, lueurs carminées qui se reflètent alors que sa flamme à lui s’est éteinte. De nouveau cette douleur dans la poitrine, comme une lame qu’on enfonce, et un geste rageur pour effacer une nouvelle bouffée de sanglots. Un cri muet à la Lune encore visible, Féline qui hurle, mais aucun son qui ne franchit la barrière de ses lèvres.

Jules !!!!

La charrette demandée à l’aubergiste la veille, dans un éclair de lucidité, l’attend devant la porte, et la mercenaire prend place, faisant claquer les rênes pour faire s’ébranler le cortège. Puis quelques minutes plus tard, elle pousse la porte de la chambre de Lucie, sans frapper ni s’annoncer.


Je suis là …

Pas un mot de plus, ils sont inutiles, elles savent toutes les deux la raison de sa présence ici. Le Chercher … Le Voir … Une dernière Fois … Le Ramener… Faire ce qu’il y a à faire, pour Lui, pour Eux.

Semper …

_________________

A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Jules.
[ Renaitre pour mieux crever... ]


Ne vous entretuez pas tout les deux !

Les vraies blondes de cheveux doivent avoir des dons de prédilection.
Le soir pointait largement en la ville de Sémur. Était présent dans la taverne deux éclopés et un môme à la frimousse blonde trop pur d'esprit et lent à suivre une rouquine. Le Borgne avait décidé de faire bouillir à nouveau le sang du Sambre... A son apogée. Des semaines que le rouquin se faisait à ce corps meurtri, des jours que le jeune fougueux souhaitait que Maleus lui lâche la grappe sur le dossier "erreurs".
Rien à carrer. Il avait beau lui dire et lui expliquer qu'après cette convalescence il n'allait plus que se tourner pour le compte de la Zoko au lieu du sien, et que Félina ne rentrerait pas en compte, le dict mélancolique devait savourer de faire partir un roux fulminant sur une canne de bois taillée par les griffes féliniennes.
Et ce ne serait pas une demande au Colosse pour calmer le jeu qui allait changer quoi que ce soit. Pas son problème, rien à foutre. Rien d'étonnant pour le Jules... Au moins aura-t-il essayé.

La fatigue pointait facilement... Et la carcasse carminée ne sentait pas du tout l'occasion de se retrouver seul à seul avec le chef éclopé à la pipe. A peine l'Ange sortie que comme par hasard la langue de vipère se libère... Le Borgne l'aurait-il fait devant Lucie, bien une question qui restera sans réponse pour le roux.
Mais qu'importe... La grande gueule a tout ses droits quand on est au-dessus du lot. Le Sambre préfère ne pas répondre et tenter d'ignorer le Borgne pour les premiers rappels au passé. Qu'est-ce-qu'il cherche...? A quoi cela sert-il de foutre le bordel entre eux deux...? Eikorc n'avait pas hésité à montrer au Jules les quelques règles de vie de groupe, mais pour le Borgne il pouvait avoir toute son aise...?
Il serre les dents. La ferme Maleus, je sais déjà ce que j'ai à faire.


Pourquoi faut-il qu'à chaque fois que tu me vois, sans arrêt toutes tes phrases sont tournées pour ma pomme ?! Fous moi la paix Maleus !


Mais il continue, poison craché sans modération... Il doit profiter qu'il n'y ait personne d'autre à part un blondinet trop jeune pour comprendre, et surtout de son côté, pour invectiver sans se retenir. Mais jamais, oh non jamais le rouquin n'aurait cru que le Borgne ose...


Vu ta tignasse de rouquin, ta mère a du s'faire sauter par les anglois.


Les onyx brillent de colère pure. Muscles crispés sous l'insulte, le poing dextre vient frapper l'autre éclopé en plein visage, tout en se levant de chaise. Mais la carcasse carminée encore en plein repos rappelle bien vite sa pseudo-fragilité et le Sambre se tord en deux de douleur dans la seconde qui suit. Seul le gosse de la Féline vient tenter de porter secours au Borgne en soutenant une jambe du rouquin... Sans effet.
Le jeune fougueux ravale un gémissement et ne fait que fixer celui qu'il ne considère plus comme un chef respectable. Les mots sifflent, faible miroir de sa rage qui s'installe.

Répète... Un peu... T'es pathétique.

Et l'autre blessé à terre en rajoute, sans aucun mal apparent.

Ta mère aurait arrêté d'écarter les jambes d'vant l'premier venu si elle avait su qu'elle accoucherait d'un couard.


Cette fois, s'en était trop... Il allait tout lui faire payer. Le prendre par le col avant de lui marteler sa face de toute la force qu'il pouvait. Même si cela devait être devant les têtes hagards de Karyl et Maeve, qui semblait venir chercher le petit. Le visage couvert de bleus se tourne à peine vers le môme qui s'interpose entre les deux adultes.

Dégages Karyl ! Pars avec Maeve !


Les jais reviennent sur leur cible. Si le Colosse dit qu'on doit se débrouiller, il va le faire taire cet homme. Lui faire ravaler ses paroles...
Mais il ne devait pas en être ainsi. A peine le rouquin enchaine deux pas vers l'éclopé à battre qu'une horrible douleur le prend aux côtes, assez pour l'effondrer au sol. La rouquine a eu le dernier mot d'un poignard maintenant ensanglanté.

Un instant le roux fixe cette jeune sœur de cheveux avec une lueur d'incompréhension, avant de se tourner vers le môme qui le regarde froidement. Même lui... Même ce petit...
Dégoût qui lui monte en esprit. Il faut encore se soigner... Heureusement que les sutures tiennent après le temps passé. Il n'a pas encore remarqué le borgne relevé qui se rapproche... Et la lâcheté de se remettre à l'œuvre par deux coups de bottes au ventre.

Souffle coupé, sang qui coule de sa bouche. Cette impression d'avoir l'intérieur brisé, de ne plus contrôler les spasmes de ce mal qui grandit... Intolérable. La carcasse carminée se tord de douleur alors que rentre un Eikorc étonné de la scène... A en applaudir. Puis un champ de blé et une Lune de s'inviter. Des discussions qui s'éternisent alors que lentement le froid prend part chez le Sambre.
Il ne voit que de la trahison... Autant chez Maleus, qu'Eikorc ou même Karine qui rechigne à le soigner. Plus rien n'a d'importance... La Zoko n'est que mensonge en liens... Juste une armée de monstres se rassemblant pour calmer cette envie de sang et de combat... Comme leurs alliés.
Il fallait commencer à mourir une seconde fois pour le comprendre... Et fixer une dernière fois les azurs métalliques du Démon zokoïste pendant qu'il le soulève avec sa délicatesse bien connue... Avant de le plaquer sur une table pour que Sélène tente le seul soin qu'elle connait : cautériser les plaies.

Mais l'hémorragie interne ne se soigne pas à cette époque ténébreuse de la médecine en pleine quête de savoir. Et la Lune ne fait que terminer sans le vouloir le travail de la Camarde... Choc thermique. Le cerveau et le cœur ne suivent plus les pics de douleur...
Il n'aura plus jamais la chance de montrer ce qu'il vaut... L'âme emplie de haine envers cette compagnie. Qu'ils aillent le rejoindre aux Enfers...

La tête tombe mollement sur le côté sénestre, onyx ouverts sur la seule liaison qui maintiendra l'Autre fort dans son contrôle immortel. Sur le pommeau d'une canne somme toute banale, une inscription : "Semper".

Fin d'une vie. Début d'une folie maitrisée par un prince.

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Il n'y a que les flammes de la colère qui m'ont fait vivre... Alors je vais les servir... A travers Toi... Semper
Luciedeclairvaux
N'étaient-ils devenus que des âmes sombres ...

Quelques semaines auparavant, la Zoko était arrivée en Bourgogne à point nommé : au duel d'un des leurs contre leur bourreau de naguère, Eusaias. Ç'aurait pu être une fameuse revanche, sauf que l'action était orchestrée par le vilain petit canard de la Compagnie, Jules, et pour d'obscures raisons que Blondie n'avait pas bien comprises. Une histoire de virilité plus qu'une histoire d'honneur, en avait-elle déduit. Et personne ne s'était préoccupé de la chose.
A part Brigide, l'herboriste.

Mais, avec sa fâcheuse habitude de fourrer son nez dans les affaires des autres, additionnée à son orgueil démesuré (voir une autre blonde intégrer la troupe avait déjà été un coup dur, alors si en plus elle lui prenait sa place de doc !), Lucie dans sa grande générosité, donc, avait fait don de sa personne pour sauver le roux : deux longs cheveux d'argent, pour deux coutures bien distinctes, pile et face. Une dose de sang froid et d'intense concentration plus tard, assortie d'un coup de pouce divin, Jules était presque vivant.

Il fallut encore quelques jours pour le voir sortir de sa chambre et se trainer avec sa canne. L'herboriste avait donné ... des herbes. Certainement. Tout ce qui intéressait Blondie, c'était l'évolution des cicatrices. Elle notait mentalement le nombre de jours avant qu'une croute ne se forme selon l'un ou l'autre type de points, l'état des boursouflures, la tension de la peau ... Elle espérait un jour pouvoir obtenir des cicatrices quasi invisibles. Pas comme cet horrible chantier qu'on lui avait infligé sur le visage. A défaut de trouver le sale bâtard d'infirmier dijonnais qui lui avait fait ça, la balafrée cherchait sa revanche sur la science.

Un soir, le roux et la blonde, forcés de constater qu'il y avait là-haut des dieux qui faisaient bien ce qu'ils voulaient d'eux, avaient poussé l'intimité jusqu'à comparer leurs similaires cicatrices. Torse et dos, comme lui. Un truc écopé en Flandres, une histoire d'Ange ... d'où le surnom, lui avait-elle expliqué. Elle n'y connaissait rien aux herbes, mais elle avait souvent noté qu'en instaurant une certaine confiance avec le blessé, il rechignait moins à montrer ses balafres. Et puis il était zokoïste, un lien s'était créé, fatalement.

"Ne vous entretuez pas ..."


Laisser le Borgne et le Sambre dans la même pièce ... c'était vraiment pas une bonne idée. Maleus avait fichu tout son travail en l'air, et en plus, elle s'était bien emmerdée à retrouver le corps que les deux Poches à Gnole, Germaine et Robert, alias Karine et Burrich, avaient voulu embarquer pour dieu sait où, dans l'honorable but de cacher le crime. Il lui avait fallu alors trouver Arnulf, lui demander de transporter le corps de Jules, et continuer l'expérience dans sa propre chambre ! Fenêtres ouvertes. Si elle chopait pas la mort avec ça ...

Du coup, quand elle tomba sur Felina, elle sut immédiatement qu'on allait lui retirer sa mine d'informations, son laboratoire, son trésor. S'en étaient suivis de cinglantes paroles et un coup de griffes d'acier sur la tronche de Maleus. Un coup à lui extorquer l'autre œil. Lucie, prête à tous les sacrifices pour son maître d'armes déjà amoché, s'était donc décidée à accepter de rendre la dépouille de Jules à sa maîtresse. C'était pas grave, il commençait à sentir, t'façons ... "A l'aube", avait-elle dit. Le temps de remettre de l'ordre dans les boyaux et de recoudre ...

De flamboyantes trainées orangées déchiraient le mauve du ciel, tandis que Lucie croisait enfin les mains de Jules sur son ventre. Lavé, habillé, coiffé, un peu pâle certes, mais il faisait bonne impression pour recevoir sa dulcinée. Elle caressa doucement sa joue, comme elle l'avait fait sur la lice. Nulle larme pour mouiller sa main, cette fois. C'était bel et bien terminé pour lui. Ne sommes-nous devenus que des âmes sombres ... songea-t-elle en se remémorant les paroles de la Féline, la veille au soir. La moindre parcelle de pitié, d'affection, en Lucie, était reléguée dans les tréfonds de son âme, mais bouillonnait réellement sous le couvercle de ses intentions. Pour la Zoko elle s'était endurcie. Pour battre la campagne, sans attache. Pour mener des batailles, sans merci. Pour vivre avec eux, partager leur sort, ne faire qu'un. Bien malin celui qui pourra dire combien de serpents bougent dans le nid, ou s'il n'y en a qu'un seul et unique : la Zoko. C'était Felina elle-même qui lui avait appris à ranger sa peine, à n'en utiliser que le fruit : la rage. A tuer les fantômes du passé ... Elles avaient fait du chemin, depuis cette clairière angevine, s'étaient étoffées, avaient vieilli sûrement. L'une appliquée à n'être que l'Ange de la Zoko, tandis que l'autre muait lentement sa folie en douceur maternelle et rêves amoureux. La Panthère devenue Chatte. Comment Lucie n'avait-elle rien vu de ce bouleversement ? Trop occupée sans doute à faire taire un récent et indécent goût pour la gnole ... et sa poche.

Je suis là …

Ce furent des azurs apaisées qui se plantèrent dans les onyx ternes. La dernière fois qu'elle avait posé sa main sur elle, l'autre l'avait mordue. Mais Lucie, qui n'avait peur de rien, réitéra, avec plus de douceur cette fois, et de son bras enveloppa les épaules de Felina pour la mener jusqu'au lit de son amant déchu.

_________________
Maeve.
[Une soirée, il y a quelques jours…]

Elle l’avait vu venir, bien sur… Elle l’avait senti. Elle savait qu’elle devait sortir de cette taverne.

Jules, Maleus, Karyl… et la jeune Alterac, dans une auberge de Sémur.
Le rouquin, elle ne le connait pas. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il a fait de la peine à celui qu’elle considère comme son petit frère depuis que Gaspard a quitté cette place pour devenir son amoureux. Il a blessé, les mots violents touchant Karyl qui n’en avait pas besoin. Elle sait aussi que Maleus ne l’aime pas, tout comme Karine et Burrich ne le portent pas dans leur cœur. Elle sait qu’il connait sa sœur, mais depuis quelques temps ce n’est plus un gage de probité que de fréquenter Nore. Maeve n’aime pas la façon de parler, de faire, l’air condescendant du zokoiste, sa manière de toujours vouloir participer, d’être une victime de ce qu’il a provoqué.

Et puis y’a Maleus… Qu’elle connait depuis sa tendre enfance, qu’elle retrouve. Le Borgne qui toujours lui parle d’égal à égale, qui lui prête son bandeau, qui l’accueille sur son accoudoir, la laissant porter son fils nouveau né… Mal’ et ses défauts, mais Mal’ quand même. Elle peut discuter avec lui, au moins. Et qu’il se dispute avec sa mère ou les autres ne change rien à l’affaire. Qu’il peut être dur, le Borgne, dans ses paroles ou ses actes, mais qu’il lui inspire de la compassion aussi, bandé telle une momie à cause d’une armée bourguignonne.

Enfin, Karyl… tête blonde pour laquelle elle s’était prise d’affection une fois passée la jalousie, lors de leur première rencontre. Dès que les deux se retrouvaient à Sémur, le gamin venait partager sa chambre, ponctuant soirées et nuits d’histoires improbables, de souvenirs drôles ou touchants, écoutant à son tour les anecdotes de la jeune Alterac, ils s’apprivoisent rapidement et il y a quelques temps, c’est sans hésiter qu’elle lui avait proposé de rejoindre le Pacte. A la vie, à la mort, ensemble, le club des Cinq avant l’heure. Se protéger, être là en cas de problème, se soutenir.

Ce soir là, l’adolescente et l’enfant s’étaient retrouvés seuls. Pas qu’ils fuyaient la compagnie, mais ils avaient vu en passant devant les fenêtres de la taverne voisine une chevelure de feu qui ne leur disait rien qui vaille… Et c’est alors qu’ils terminaient un combat de chatouilles, Maeve gagnante, que le Borgne était passé voir si tout allait bien… Le chef zokoiste en mode papa poule, même pour des enfants qui ne sont pas les siens. Lui allait dans l’autre auberge, et les gamins de se décider, encore essoufflés de la bataille menée rire battant. Suffira d’ignorer Jules et puis c’est tout. Comme ça, pas de souci. Mouvement enclenché, une course perdue pour la rouquine qui rit encore, les joues roses de l’effort.
Jusqu’à ce que la taverne remplie ne se vide et qu’il ne reste qu’eux quatre, une fois la Blonde sortie. C’est alors qu’elle l’avait senti… Maleus qui cherche, titille, et blesse… Qui balance pique sur pique à un rouquin clairement énervé, incapable de se contenir. Elle le sent, la Flamme, et s’empresse d’entrainer Karyl vers la sortie… l’heure d’aller le déposer chez Breiz où il doit dormir ce soir là, délaissant leur chambre commune.

Et elle sort dans l’air vif, rajustant sa cape, habituant les saphirs à l’obscurité, attendant un blondinet qui n’arrive pas… Les sourcils se froncent alors que le ton monte à travers la porte… qu’elle rouvre, elle entre à nouveau, venant chercher son frère, inquiète. Maeve ne comprend pas comment on peut s’énerver et s’en prendre à son chef. Sage écuyère, elle suit les ordres donnés, sans remettre en cause ce qu’on lui apprend, et surtout pas la hiérarchie. Elle ne veut pas assister à ces histoires de grands, elle ne veut pas se trouver au milieu du règlement de comptes, elle a déjà pris parti de toute façon…
A l’intérieur, le spectacle offert à ses yeux d’abord ébahis lui fait voir rouge…. Le Borgne, son borgne, au sol, prostré de douleur. Jules, debout, colérique et fou furieux, qui avance pour achever le travail… et surtout, surtout, entre les deux, un petit blond qui tente de calmer le jeu de sa voix encore fluette, pupilles dilatées, apeuré… Le sang dans les veines de la Flamme ne fait qu’un tour. S’il n’y avait eu que Maleus, elle aurait crié. Mais il y a Karyl, alors elle s’interpose entre le Sambre et le gamin, elle se cale au milieu d’une scène improbable… Elle hurle, elle crie, quand même…


Va-t-en jules ! Va-t-en maintenant ! Laisse Karyl tranquille ! Laisse Mal’ !

Instinctivement -parce qu’elle a beau n’avoir que quatorze ans, elle reste l’enfant mutilée dans une clairière limousine, elle reste l’écuyère formée aux armes, elle reste la recrue de l’Ost lorrain, elle reste la future chevalier - sa main droite rejoint la garde de la dague que sa mère lui avait offerte à ses huit ans, après son agression. Une dernière fois, elle tente de faire fuir le rouquin qui n’écoute pas ses invectives paniquées… Qu’il parte ! qu’il respecte son maitre, qu’il s’éloigne de Karyl… qu’il parte !
Jules, au lieu de reculer, avance, et sans réfléchir, elle agit. Sans y penser, son corps menu en dernier rempart entre le blondinet et l’agresseur, elle plante la dague dans les côtes du zokoiste. Le geste est maladroit, mais guidé par l’instinct et l’entrainement… La dague n’a pas du aller bien loin dans le ventre du rouquin, mais surpris, il tombe au sol. La porte s’ouvre sur un Colosse qui après avoir saisi la teneur de la scène, applaudit une Flamme choquée et immobile. D’un regard Maeve a vérifié que Karyl allait bien, d’un geste elle a ramassé sa dague et l’essuie sur sa chemise.


Snell a dit qu’il fallait essuyer, toujours, pour pas que ça rouille…

Et elle essuie, l’Alterac, elle essuie pendant de très longues minutes, incapable de comprendre ce qu’elle vient de faire. Ne faisant qu’apercevoir Maleus qui se relève et vient frapper son agresseur. Jusqu’à ce qu’Eikorc l’appelle, lui donnant un foulard pour terminer de nettoyer cette dague mortifère du sang de son compagnon d’armes dont il ne s’occupe pas. Par Aristote que leurs regards sont vides… Et pourtant elle ne lâche pas celui du colosse. Essuyant à l’aveugle… Maeve ne voit pas Karyl essayer de sauver le rouquin, elle ne voit qu’à peine Sélène entrer à son tour dans la pièce teintée du carmin de la colère, du noir de la mort. Elle essuie, encore et encore, à en déchirer le tissu souillé, ne semblant revenir à la vie que pour demander ce qu’en dira sa mère… s’excuser…

C’est… je ne voulais pas… Karyl, il fallait protéger Karyl… il était fou…

Dans un brouillard léthargique, elle s’arrache à l’azur d’Eikorc, et va prendre place près de son petit frère, n’osant pas un regard vers le corps qui perd vie à leurs pieds. Jusqu’à cet ordre, intimé par Maleus, de sortir, de rentrer chez elle, chez eux. Cette fois, elle ne lâche pas la main du blondinet qu’elle entraine à l’extérieur, cette fois elle fait bien attention à ne pas le quitter des yeux. Petit à petit la Flamme en elle luit de nouveau, de sa faible étincelle… Et elle sort. Le chemin vers la maison ne se fera pas comme d’habitude… les dernières traces d’insouciance viennent de déserter la rouquine. La Flamme devient femme une deuxième fois. Adieu Enfance.
_________________

Au revoir, Fab.
Karyl
Est-il nécessaire de conter une fois de plus l'histoire qui se déroula ce soir là? Que dire de plus? Que raconter qui ne le fut déjà fait cent fois? Un drame, voilà ce qui s'est produit. Un drame comme tant d'autres en cette sombre époque. Juste une flamme qui s'est éteinte précocement, une de plus. Juste un regard qui ne se portera plus sur une vie à peine esquissée. Ne reste plus qu'une douleur en seul vestige de vies brisées. Une douleur puissante, ravageuse, destructrice. Tant de gâchis pour rien, tant de larmes à venir pour une simple dispute... Et au milieu de cette débâcle de sentiments occasionnés, perdu entre la haine des uns et la lassitude des autres peintes sur fond d'indifférence, un petit garçon vit s'envoler une page de son enfance. Il était de ces enfants que l'on disait bruyants, bavards, fatigants et pourtant tellement attachant. De ses enfants de rien, lâché seul sur le théâtre de la vie avec en tête le rêve fou de devenir le plus grand des aventuriers et l'espoir secret d'appartenir à une famille. Espoir souillé, balayé d'un simple revers de main.

"Tu vas voir on va pourvoir faire pleins de choses ensemble avec le bouclier, tu vas venir hein?"
"Dégages! Vas voir ailleurs!" (1)

Ce n'avait été que quelques mots lancés dans un mélange de haine et de dédain. Juste quelques mots avant que la colère carmine ne laisse place à l'indifférence, laissant de côté un petit bout de rien incrédule. "Il revient de loin Karyl, soit patient" lui avait-on recommandé et du haut de ses huit ans le petit va-nus-pieds avait alors taché de comprendre.

"Tu vas pas venir me voir m'entrainer alors?"
" J'veux pas d'toi! "

Comprendre cette haine qui poussait l'éclopé à se montrer si odieux, à blesser Félina au point qu'elle veille rester seule. Le petit avait lu en réponse à ses demandes tant de haine dans les onyx qu'il aurait aimé paternelles, tant de rage dans cette voix qui le repoussait avec violence...

"Pourquoi tu veux pas de moi?"

Et de haine en rejet, de colère en indifférence, le cœur du petit vagabond avait finit par se briser. Karyl réalisa qu'il n'aurait jamais la famille que la Féline lui avait fait espérer... Brisée sous les coups verbaux d'un rouquin trop en colère pour entrevoir le mal qu'il venait de faire. Trop aveuglé pour comprendre.

"Tu voudras jamais être comme mon père alors?"
"Non, Jamais..."

Et l'enfant parti...



[Plus tard, une autre taverne, une autre ambiance]

Les rires enfantins avaient retenti de nouveau loin de la haine.... Une bataille de chatouilles, un petit blond qui riait aux éclats oubliant ses peines. Moments de bonheur avec cette grande sœur qu'il venait de trouver... Maeve... Amour fraternel naissant qui ne demandait qu'à éclore. Une famille peut-être... enfin? Et ce besoin pourtant de regarder en arrière... Jules... Félina... Eux...

Il ne fut pas difficile à convaincre le petit vagabond de retourner dans la première taverne, retrouver Jules. Il voulait tenter un masque d'indifférence pour le faire réagir, l'attaquer pour lui hurler : J'existe! Mais Jules n'était pas prêt, Jules ne voulait pas être père. Le nouveau Jules ne voulait que Félina... Félina que l'enfant n'avait d'ailleurs plus vu depuis la dispute.

"Tu es méchant!"

Mais malgré ses dires, malgré les blessures, malgré la colère, le petit bonhomme avait choisi. Se serait Jules ou se ne serait personne parce que Félina l'aimait et qu'il aimait Félina. Parce que malgré le rejet du rouquin son désir de famille restait le plus fort. A lui alors de montrer qu'il pouvait être fort, qu'il pouvait être digne de ce qu'on lui refusait. Il était un homme, il devait juste le prouver à Jules...
Et alors que tous avaient senti que la situation dérapait, que la rage de Jules devenait débordante, que sortir devenait la seule chose à faire, karyl s'était figé, onyx tournés vers les deux colériques. "Laisses dont les grands régler entre eux leurs affaires, vas-t'en pendant qu'il en est encore tant. Laisses la haine se calmer seule. Fuis!" Mais Karyl fit un autre choix... de ceux qui change tout... Il avait lâché volontairement la main de Maeve qui devait l'entrainer loin de cet enfer. Il était resté. Il savait que Jules exploserait.


"Je voulais juste que il me voit Félina... je voulais pas que il..."

Oui, Karyl était resté attendant le moment propice pour intervenir. Petit bout de rien, à peine plus lourd qu'une plume, il voulait pourtant prouver qu'il était un homme, prouver à ce zokoïste face à lui qu'il n'était pas qu'un gamin parmi tant autres. Karyl voulait tant que Jules le voit enfin. Alors il s'était interposé quand Maleus était tombé à terre tentant de le protéger en faisant barrage de son corps. Il avait regardé le rouquin dans les yeux le mettant au défi d'oser attaquer, de l'affronter lui. Trop concentré sur celui-ci il n'avait pas vu cependant Maeve revenir et il mit bien du temps à comprendre pourquoi d'un coup la grande carcasse carmine s'effondra.

"Si je étais pas resté, Maeve n'aurait jamais..."

Et c'est incrédule, absent qu'il demeura le témoin de la suite des évènements. Il ne réagit même pas lorsque Maleus vînt frapper de nouveau. Les yeux rivés sur Eikorc qui n'avait pas répondu à son appel : "Viens m'aider" et qui s'occupait à présent de sa grande soeur tout aussi choquée que lui. Tout semblait passer si vite et en même temps si lentement... Lui retirant sa chemise pour éviter que le sang ne s'écoule de la nouvelle plaie de Jules... Maeve essuyant la lame de la dague... Des entrées... Et ce corps qu'il essayait d'aider et qui ne répondait déjà plus. Choqué, le petit est bien plus que ca. Il vit ses amis indifférent au sort de cet homme, il vit s'envoler une fois de plus ses espoirs. Et plus que tout, il comprit que jamais il ne pourrait se réconcilier avec celui qui aurait du être son père. Il vit mourir ses rêves de famille en même tant que Jules et c'est vers félina que toutes ses pensées s'envolèrent. Il avait aimé être son fils même si cela n'avait duré quelques semaines... Il ne pourrait plus. Comment l'aimerait-elle encore après ça?


Jules est mort cette nuit là pour rien, sans raison dit-on. Voilà surement comment l'histoire sera racontée et pourtant, un petit bonhomme haut comme trois pommes gardera tout sa vie au fond de son cœur une tout autre version. Il gardera en lui le secret d'une des causes qui auront conduit sa mère à perdre son Autre, à le perdre lui... Il avait été de ceux qui avaient attisé la haine et lui était resté. Jules est mort car il était resté dans cette taverne... volontairement.


"Je te demande pardon... maman"

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(1) Ce n'est pas un dialogue qui est relaté ici, mais les souvenirs de Karyl, ce qu'il en a gardé en mémoire.

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Un simple gamin des rues.
Maeve.
[Le même soir]

La porte claque dans leur dos... Maleus ne les a pas suivis finalement, mais elle le remarque à peine... Regard rivé sur le blondinet sous son bras, les pas pesés, la rue vide, tant de silence après tout ce bruit...

Le petit garçon a obéi à l'ordre du mercenaire poussé vers la sortie par Maeve alors que son regard fixe le corps de Jules... ce père qu'il avait tant espéré, désormais à peine vivant. Transi par le froid d'avoir sacrifié sa misérable chemise pour tenter d'aider le zokoïste, ce n'est que le claquement de la porte se refermant derrière eux qui semble ramener l'enfant dans la réalité. Portant alors le regard vers Maeve... ses yeux hurlent alors qu'aucun son ne parvient à franchir la muraille de ses lèvres.

Le cri silencieux atteint la jeune Alterac au milieu de son mutisme. Le torse nu de celui qu'elle considère comme son frère l'interpelle soudain, elle le lâche, un instant, sans le quitter du regard, ôte sa cape et la pose sur les épaules du blond. En d'autres temps, elle aurait souri de le voir noyé dans cette cape de laine trouée de partout. Mais elle se contente de le reprendre sous son aile, physiquement. Déglutit, ouvre la bouche... ferme les yeux une seconde avant de le regarder encore. Voix rauque, très rauque.


je .. je voulais pas...

Il se laisse faire l'enfant perdu entre réalité et cauchemar. La cape vient enfin réchauffer son corps offrant un contraste saisissant avec le froid qui règne de sa tête. Un instant, la caboche se détourne pour fixer cette porte qui vient de se refermer sur eux... besoin de savoir... peur de la vérité et cette voix qui vient percer la nuit. L'onyx passe alors sur les traits encore juvéniles de la jeune adulte et ce n'est que là, seuls au milieu de la ruelle, que l'enfant comprend enfin l'acte que la jeune fille vient de faire.. juste pour lui...Et il veut parler l'enfant, lui dire qu'il comprend, qu'elle ne doit pas s'en vouloir mais rien ne sort. Silencieux il se contente alors de resserrer son étreinte autour de Maeve. Il ne voulait pas non plus.

Le petit corps pressé contre le sien, les bras menus qui lui enserrent la taille, lui font réaliser qu'elle n'est pas vraiment seule, que si elle est choquée, lui aussi, surement plus. Elle doit... elle doit s'en occuper, bien sur... elle a du mal... elle est adulte, si responsable et pourtant... la Flamme ne jette pas un regard vers la porte, comme si ce qu'elle ne voyait pas n'existait pas. La ruelle se quitte, la terre crisse sous les pas, un rayon de lune berçant les silhouettes malingres qui progressent doucement, ne formant qu'une ombre. Il la regarde, les genoux ploient... sur le bas côté, une pierre, large, plate. Entre les deux domaines.... la taverne à gauche, la maison à droite, et les deux, perdus là, entre deux mondes... elle s'assied, l'attire contre elle.


je suis désolée Karyl.. j'avais peur... j'ai cru que...

Lentement, alors que le môme l'accompagne dans son geste prenant place à ses côtés, l'enfant laisse place au jeune gamin des rues qui a grandi trop vite. Karyl laisse pour un temps place à celui qu'il fut dans ce qui lui semble à présent être une autre vie là bas, plus à l'Ouest... Paris. Ses grands yeux noirs semblent se teindre d'une étrange nuance métallique alors qu'enfin la voix minaude s'élève fébrilement.

Tu... me as sauvé maeve...

Et l'enfant de sourire pour rassurer sa "soeur" tout ira bien puisqu'ils sont ensemble.

Si elle avait bien conscience d'avoir fait ça pour le protéger, si c'est ce qu'elle se répète depuis que la dague s'est enfoncée dans les côtes du rouquin, si elle l'a entendu de Maleus... elle n'avait pas encore fait le lien entre protéger et sauver, entre l'idée de faire rempart, et le risque qu'il n'a pas subi... La surprise vient nouer la gorge, l'émotion et la pression qui redescendent à un rythme affreusement lent viennent faire poindre les larmes au bord de ses paupières, affolant les battements de son coeur à tel point qu'elle a l'impression qu'on n’entend plus que ça dans le coin de campagne qui sépare la ruelle du domaine... Rien qu'un mot, le seul qui parvient à franchir la barrière de ses lèvres.
merci... avant d'enfouir dans la tignasse du blond qu'elle serre un peu trop dans ses bras mortifères son minois maintenant humide.

Peur. Lui qui si souvent s'est vanté d'être un aventurier sent son propre coeur s'affoler comme cette nuit là au fond d'une cave humide. Faible, il avait était trop faible cette nuit là et voilà que tout recommence. La culpabilité vient alors faire écho à cette peur qui le glace. Il avait voulu montrer à Jules son indifférence, sa maturité. il s'était opposé à lui comme pour lui prouver sa valeur et n'a réussi qu'à faire couler le sang et les larmes. Que va dire Félina... cette pensée tout à coup l'oppresse alors que l'étreinte de Maeve se fait plus forte encore. Et le besoin d'être consolé revient en une vague effrayante. Blotti dans les bras de la jeune fille c'est la peur qui dicte ses mots.


Je.. suis désolé de avoir laché ta main..

Un sanglot, presque inaudible, qui s'interrompt... comment peut il être désolé, lui qui n'y est pour rien, lui qu'elle n'aurait pas du laisser derrière elle, lui qu'elle doit protéger ? elle relève la tête, essuyant ses joues sur son bras, forçant le regard entre les deux, déglutit, et essaie de reprendre sa place... c'est elle la grande, bien sur...

c'est pas de ta faute Karyl... c'est pas de ta faute... tu as été courageux tu sais ? courageux... Et toi, fillette ? L’as-tu été ? Et toi fillette, qu'as-tu fait ? As-tu essayé une autre solution ? Avais-tu besoin de ta dague pour protéger l'enfant ? Maeve s'en veut, elle laisse rouler de nouvelles larmes qui glissent sur un tendre sourire qu'elle force sur ses lèvres. je n'aurais pas du, tu as été.. courageux...

Les onyx froids de l'enfant des rues se posent sur la grande soeur. Il sait, il a déjà ce chagrin, ce désarroi et de nouveau il tente de jouer les hommes. Il n'est plus un enfant. Alors, une main doucement se lève vers le visage de la jeune rouquine et vient cueillir la larme qui s'écoule.

Il allait faire du mal à Maleus.. tu es chevalier tu avais pas le choix... C'est moi le garçon, je aurais du faire le premier... Et le voila qui baisse la tête rageur d'avoir laissé Maeve commettre l'irréparable et de prier, onyx tournés vers ce qu'ils viennent de quitter, pour que le rouquin s'en sorte.

Le contact de la menotte sur sa balafre trempée la touche et alors qu'elle allait poser sa tête sur celle du blondinet, elle entend... Karyl, mon dieu... que t'ai-je fait pour que tu penses comme ça ? Comment as-tu grandi pour croire qu'un garçon de huit ans doive défendre une écuyère de quatorze ? La Flamme vacille et tremble... elle se détache de Karyl, l'assied, face à elle, à califourchon sur les genoux maigres... Elle le fixe, plus de larme dans les saphirs entre douceur et dureté qu'elle pose dans les charbons du gamin.


il allait te faire du mal... Maleus... C’est à part, ils sont grands... mais toi non... garçon ou pas, fille ou pas, je suis ta grande soeur tu te rappelles ? Grande... c'est moi qui protège... plus de jeu là Karyl... Et de suivre le regard du môme vers la gauche, vers la taverne dont ils n'aperçoivent même plus les lueurs.
Il était fou... je n'ai pas su faire autrement... j'ai... tout ce sang... mais toi, tu vas bien, hein ?

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Post écrit à quatre mains avec ljd Karyl que je remercie grandement.
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Au revoir, Fab.
Karyl
[Le même soir, sur le chemin vers un ailleurs]

Les mots ont bien du mal à percuter l’esprit embrouillé du petit garçon qui écoute pourtant attentivement la jeune fille. Ils ne jouent pas non, il sait bien la réalité de leur situation mais pour lui, son jeune âge n'excuse rien à sa faiblesse. Félina lui a depuis longtemps appris le maniement d’une dague. Il aurait donc pu... il aurait du être celui portant le coup. Mais voilà, il avait vu en Jules l'image d'un père, son rêve à porté de main. Et à dire vrai, il n’y a même pas songé.

Son rêve fut pourtant vite brisé par un simple "Dégages, je ne veux pas de toi". Et Il avait voulu lui faire payer ses mots. A y regarder de plus près, il n'avait pas agit pour seulement défendre Maleus. Il s’était avant tout opposé à Jules pour qu'il le regarde enfin et cette réalité peu avouable venait de bouleverser à jamais la vie de Maeve, de Félina et de tant de gens… Comment se pardonner ? Il ne peut pas. Pas plus qu'expliquer tout cela à celle qui l’observe, le détaille. Il se contente alors d’un vague "
Je vais bien... et toi?" en guise de réponse mais au fond de ses yeux brille une lueur qui demande pardon.

Maeve quant à elle semble soulagée de sa réponse, qu’il aille bien, qu'elle n'ait pas fait ça pour rien, c’est tout ce quelle demande. Les conséquences sont encore loin devant. Pour l’heure la nuit est là, en cocon protecteur de ce couple d'enfants perdus par l'immensité de leurs actes et la toile de leur vie se tisse...leurs vies... si seulement... Ils savent, lui comme elle, que cet acte aura des répercussions sur eux tous, tous ceux qu'ils fréquentent, qu'ils aiment, qu'ils supportent. Mais Maeve ne semble pas vouloir insister là-dessus. A-t-elle comprit que le rapport jules / Karyl était particulier, en soupçonne-t-elle seulement l’ampleur ? Surement aussi peu qu’il imagine deviner la responsabilité qu'elle se plante sur les épaules...
Si tu vas bien... alors je vais bien... C'est tout ce qui importe... répond-t-elle peu convaincante alors que le champ des possibles s'entrouvre dans la pénombre... Que va-t-on faire Karyl ? Enchaine-t-elle d’avantage pour elle-même que pour l’enfant, elle n'attend pas de solution, elle se parle...

Mais karyl semble s’apaiser. Elle va bien... Il y croit un moment, il veut y croire, il en a besoin comme d'une lumière dans sa nuit... un espoir. Elle va bien alors il va bien aussi. Mais son esprit reste attaché à cette taverne. Que s'y passe t-il, que font-il ?... Un regard interrogateur se pose sur l'ainée, mais il a trop peur karyl de la réalité de ses actes pour même songer à faire marche arrière. Il préfère se blottir de nouveau dans les bras protecteurs de la jeune fille, l'image rassurante de la demeure Alterac berçant son cœur. Resserrant son étreinte, il lui murmure alors en réponse à cette question qui n’en était pas une. «
Rentrer à la maison.... » Au domaine Alterac, le seul foyer qu’il s’autorise encore à envisager. Comment Félina pourrait encore de lui après ce qu'il venait de faire ? Voilà sa famille brisée avant même de s'être créée et l'espoir s'essouffle.

Maeve ne releva pas la question muette. Surement refuse-t-elle même de se la poser. Elle a vu l’état de Jules, elle a vu les autres s'en moquer, elle sait au fond d'elle, mais refuse de l'admettre, trop tôt, bien trop tôt. Concentrée sur Karyl elle ne voit rien d'autre... que lui... et ces conséquences qui se profilent... "Rentrer à la maison"... Elle sait qu'il parle de la demeure Alterac... Félina est si importante pour lui, et ce corps allongé là bas... Elle frôle d'une pensée ce lien, l'importance pour Karyl, mais ne comprend pas tout, ne mesure rien...


Notre maison Karyl... pas « la »... notre... notre maison, notre chambre... Petit frère, tu te rappelles ? Dans ses yeux brille une étrange lueur comme si elle avait peur qu’il ne s’échappe, qu'il lui en veuille, qu'il l'ignore, qu'il l'oublie à cause de ce qu'elle a fait. Ne m'en veux pas ... tous les deux hein ? Et son regard qui finalement dévie à droite, vers la maison... ses parents... Karyl... si.. enfin... Elle prend une inspiration, une bouffée d'air glacial. Faut le dire... ?

La mine de Karyl est quant à elle devenu interrogative, sourcil haussé. Comment peut-elle même imaginer qu'il lui en veuille ? Étrangement de l'horreur de cette nuit aux conséquences du lendemain, un lien puissant, plus fort que n'importe quel pacte vient de voir le jour. Et l'enfant la regarde, cette là même qui vient de sacrifier son innocence pour le protéger lui. Il n'a pas de mot pour l’expliquer mais au fond de lui il sait déjà que Maeve vient de se faire une place à jamais dans son âme d'enfant. Une place particulière, irremplaçable. Et la peur un instant se tait pour laisser l'enfant se faire envahir par la chaleur de cette pensée. Il n'est pas seul... ne le sera plus et c'est un sourire, étrange sourire dans de tels circonstances qui vient orner ses traits.

On dira demain... ce soir… je veux juste être avec toi... tu veux bien? Et l'enfant se lève, se recule sans la lâcher des yeux comme si la jeune fille risquait de disparaitre et lui tend finalement la main. Ils ne doivent pas rester là. Ils ne peuvent rien faire d'autre qu’attendre à présent et la nuit va être encore bien longue. Le minot soupire à ses pensées alors qu’une question lui brule les lèvres. Ses yeux s’accrochent à ceux de sa sœur et la question est posée dans un murmure : On se quittera plus jamais hein?

Le sourire qu’affiche le minois jusque là paniqué de Karyl calme comme rien n'avait pu le faire le coeur de la jeune fille devenue femme deux fois... Et comme apaisée par les mots, l'attitude de Karyl, et ce lien qui entre eux s'est tendu, créé, infaillible, la soutient alors qu'elle se relève, liant sa main à la menotte du blond. Doucement elle hoche la tête...
Demain... demain on dira oui... assumer ses actes, c'est être un peu chevalier déjà, fait-elle semblant vouloir se raccrocher à ce qu'elle est, à ses principes, ses réflexes, oublier tout le reste, sauf ce petit frère qu'elle s'est découvert. Plus jamais non... ce soir, tous les deux... on mettra deux édredons. Et le froid qui demeure. On rentre ?...

Elle offre à Karyl un sourire, surement que cette dague sur sa cuisse pèse un peu moins lourd que tout à l'heure... Et voilà qu’elle l'entraine vers la maison, vers leur chambre. Et il ne t'arrivera rien. Ca, c'est plus qu'une promesse, un serment.

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Suite du post écrit à quatre mains.
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Un simple gamin des rues.
Felina
Autre chambre, autre ambiance, autre solitude. Lucie est là mais la Féline ne la regarde pas, ni ne sent son bras qui l’enserre. Sans réaction, regard aussi vide que son âme qui ne fixe que Lui … ou ce qu’il en reste. Ce corps étendu là … ce petit mètre qui la sépare de lui et qui soudain semble être comme un fossé infranchissable. Un pas, un seul pas elle pourra le toucher … Mais rien, elle ne fait rien, restant pétrifiée, statue sans vie qui pourtant ne peut détourner ses yeux où toute flamme s’est éteinte de Lui.
De nouveau cette sensation d’étouffer, cette lame qui s’enfonce dans son cœur … Et la sombre vérité qui lui fait face, cruellement évidente. Il semble si détendu, son visage pâle contrastant avec ses longs cheveux roux -qu’il n’avait plus jamais renoué depuis la Lice - éparpillés sur le lit et dans lesquels le soleil vient jouer de ses reflets. Si mortellement beau … Macabre scène et pourtant la Rastignac sourit, juste une fraction de seconde, un fugace et pâle sourire en voyant son fougueux si calme … comme jamais elle ne l’a vu et ne le verra plus.

Mais aussitôt le poids dans sa poitrine revient l’oppresser et les paupières se gorgent de nouveau de sanglots qu’elle ne refoule pas, à peine si elle a conscience qu’elle pleure à chaudes larmes. Et cet espace entre eux enfin franchi, de ce pas si difficile pour elle, ce dernier pas vers lui. Senestre tremblante qui vient se saisir de la sienne, si froide. Soudain elle comprend qu’Il n’est déjà plus là depuis longtemps, ne subsistant plus ici que sa carcasse glaciale. Le travail de la Blondie est admirable pourtant, et l’on aurait presque pu croire que Jules dormait. Si seulement, si seulement elle pouvait voir son torse se soulever au rythme de sa respiration, si seulement cette main n’était pas si froide, si seulement elle pouvait sentir son cœur pulser sous ses doigts. Mais rien … rien d’autre que le Néant et la Mort, dans sa plus pure apparence. Ses jambes vacillent soudain, et ses dernières forces semblant comme l’abandonner elle s’effondre à genoux au bord du lit, ne se préoccupant plus de Lucie et de ses sarcasmes, en proie à sa peine et le corps secoué de sanglots de plus en plus violents.

Adieu ...

De longues minutes s’écoulent alors pendant qu’elle reste là, visage niché dans son épaule, à la recherche d’une chaleur et d’une odeur qu’elle ne ressentira jamais plus. Vague de souvenirs qui remonte de nouveau à la surface, comme dans l’arène quelques semaines avant. Pourtant cette fois Jules a perdu la Lutte contre les démons des Enfers, et elle le ressent au plus profond de son être. Il n’est plus là, Il ne reviendra plus jamais. Elle l’a perdu, pour toujours … Il ne lui reste plus rien ... et Karyl aussi est parti loin d'elle, sans même lui dire au revoir, fuyant sûrement les monstres Zokoïstes, et par la même occasion elle ... Mais comment le blâmer de ne pas vouloir d'une telle mère, incapable de répandre autre chose que le Mal, incapable de lui offrir cette famille tant espérée. Retour de cette Malédiction à laquelle elle avait cru pouvoir échapper, en vain, et qui lui a fauché tous ceux qu'elle avait aimés ...

Semper …

Dans un long et douloureux soupir, elle parvient finalement à se remettre sur ses jambes, reprenant légèrement pied avec la réalité, et alors qu’elle essuie rageusement une ultime larme, c’est d’une voix sans plus aucune émotion dans l’intonation qu'elle vient rompre le silence morbide de la pièce.


Aide moi à l'porter dehors, j’suis venue avec une charrette …

Pas un merci pour ce qu’elle a fait, mais juste cette Haine qui la consume de l’intérieur, cette haine pour tous les autres, ceux qui leur ont fait ça. L’heure de la vengeance arrivera en son temps … mais avant, lui offrir les derniers honneurs. Et dans son esprit, une seule fin est envisageable...
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Maleus
[Parce que les remords d’un borgne n’appartiennent qu’à certains privilegiés]

Pousser à bout le rouquin pour en arriver à ce résultat…Agacé le borgne, ouais bon la majorité du temps il est agacé mais pas à ce niveau.
Une encore plus grande sensation de perte de contrôle qui le ronge depuis ce fameux soir où le roux à pousser son dernier soupir, son dernier gémissement, sa derniere plainte.
Tant mieux ça fera des vacances à la troupe qu’il dit le cyclope, un foutu gars qui passe sa vie à se lamenter parce que son égo a trop été malmené depuis son entrée à la zoko…pfeuh…Comment être peiné de la disparition d’une telle loque humaine.

Non…Le borgne n’a pas une once de remords, un mort parmis tant d’autres, un mort est un mort et celui en question n’a pas réussi à se faire une place dans le cercle afféctif très très fermé du grincheux.
Oh oui il l’a poussé à bout, depuis quelques temps déjà il s’est amusé avec ses proies, le rouquin et la feline victimes de la langue de vipère en chef…Pas la "voix" de la troupe pour rien…

Chacunes de ses attaques ont fait mouche, Il n’y a que la vérité qui blesse dit-on…Faut croire que sur le coup le borgne a donné plus de véracité à ce dicton…Eh puis, il a ce don le grognon…des phrases, des mots qui blessent l’âme..comme des coups de poignards au palpitant, des coups simples et/ou bas.
Minable le Jules etait, minable sa mort fut point barre...Sauf que bon, l’aurait préféré que ça ne se passe pas, chieur jusqu’au bout le lamentable…Si il s’etait accroché à sa vie comme il s’accrochait d’habitude à sa foutue fierté tout aurait été plus simple.

Le cyclope se prend à s’inquieter surtout pour l’etat mental des deux jeunots, entre la jeune Maeve qui tue pour la premiere fois, quoi que sans les coups de bottes emplis de colère qu’il a donné à la crevure il s’en serait p’t’etre sorti pour continuer à geindre, à s’plaindre, à jouer sa victime…Pauv’ gamine, c’est pas facile de digerer la premiere victime, même si elle n’est pas seule à avoir participé à cette mort.
Enfance brusquement éffacée par le sang, brusque ouais mais peut-être bénéfique…tuer change la vision du monde, la rend plus pâle, plus froide mais tellement plus réelle.

Il repense au p’tiot Karyl, lui aussi a été touché, d’une autre façon que la jeune Alterac c’est certain mais surtout moins enviable. Voir mourir l’homme qui aurait pu être un père même si il s’y refusait, l’homme qu’aimait sa "mère" de feline…Une petite chose muette et sans défense depuis ce soir sanglant, bien loin de l’image du mioche bavard voulant etre le plus grand des aventuriers ainsi que chevalier et mercenaire…Sûr qu’il ne doit plus penser à ses plans d’avenir actuellement, tout ça à cause de cette tache de rouquin pleurnicheur, l’idée que le rouquin mercenaire rejoigne les grands tels que le Bire, Fab’, Evan’s, Marlowe’s ainsi que tant d’autres sur l’enfer lunaire le debecte…Comment un chialeur de premiere peut-il avoir le droit de fouler la même terre démoniaque que tous ces gens que le borgne respectait…Non doit y avoir un enfer au rabais, pour les ratés, le grincheux l’éspère..le rouquin n’a pas fait ses preuves pour accéder là où vont tout les "indésirables" trépassés du royaume.

Inconsciement il passe sa main sur sa joue mutilée…La griffe vengeresse de la Rastignac a atteint sa cible malgrès la surveillance d’une blondie protectrice… Juste un avant goût de ce qui l’attend quand ils se recroiseront.
Eh bien elle périra comme tant d’autres sous ses coups d'épée, si elle n’est pas capable de passer outre ce sentiment de vengeance sans grand interêt elle mourra…Faire couler le sang est devenue chose banale pour le borgne, amis, ennemis, compagnons d’armes, nobles, gueux, femmes, hommes et enfants, il coule de la même façon, la couleur est la même et le resultat toujours à peu près identique.
Après réfléxion comment pourrait-elle ne plus songer à la vengeance alors qu’il a fait tout pour qu’elle sombre dans la haine ce fameux soir où il lui a annoncé la mort de son Jules.
Tout pour qu’elle ne pense plus à Maeve, qu’elle ne concentre sa haine que sur lui…

La pipe est allumée, la fumée vient flotter dans l’air frais sémurois, une sensation de point final à chaque fois que la fumée est recrachée pour s’évaporer dans l’immensité.

Ainsi va la vie…

…La mort.

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--Haine_ecarlate



[ Quand on joue avec le Feu... On se brûle ]

IL est là. Son jumeau, son pire ennemi, celui qui n'a jamais cessé de faire partie de lui depuis que la Pivoine avait démontré l'ampleur de ses fautes. L'Autre... Le Fou... L'Assassin... Celui qui sourit narquoisement et jubile à chaque combat. Celui qui se délecte de chaque cri étouffé d'une femme battue. Celui qui guide sa colère quand il n'y a plus de limite... Il avait dû l'accepter en son esprit tourmenté comme le juste retour de ses fautes passées. Combien de fois avait-il cru qu'IL allait gagner définitivement ce duel sempiternel...? Le rouquin décédé ne compte plus. Il s'en fout. Seul compte dorénavant le règlement de compte contre ce miroir qui le nargue d'un sourire monstrueux. Pas d'onyx, juste une paire d'yeux aussi brillants que la colère qui lui ravage l'âme...
Le Sambre ne veut même pas savoir ce qu'il fiche dans cet antre écarlate et sombre... Frapper jusqu'à la disparition totale de l'Autre est son seul objectif aux Enfers qui lui ont déjà ouvert les portes. Le monde d'en bas sera le domaine où il sera élu esclave d'un démon ? Qu'il en soit ainsi ! Mais avant... Que le Fou aille au Néant. Cela doit bien exister !

Pourtant le mort ne bouge pas. Ce n'est ni la douleur du vivant ni le remord qui le retiennent... Mais la rage qui l'emplit encore et toujours plus. Une vie d'échecs... De sang versé... Et on lui vole la chance de faire autre usage de sa carcasse. Comme si les autres zokoïstes et alliés n'ont jamais fauté... Foutaises, mensonges, couleuvres !
Qu'ils crèvent au plus vite... Pour que débute un combat qu'il souhaite éternel. S'il faut devenir monstre aux ordres d'un prince pour y arriver il y consacrera toute son existence infernale. Aussi longtemps que la vengeance restera dans le cœur des Hommes... Semper.


Et tu crois pouvoir me vaincre alors que tu n'as toujours fait que crier et user ta rage ? Jules... Regarde la vérité en face... Je ne suis plus en toi. Ici il n'y a plus de règles, plus de frontières à la folie. Tu es juste un clébard blessé qui gémit.


Rire narquois de l'Autre de voir cette proie trop facile enfin à portée. Il laisse la haine qui émane du nouveau pantin des Enfers le nourrir.

- Regarde toi, écoute toi... Tu n'as jamais été capable de comprendre quel était le credo de cette compagnie. T'en as crevé crétin. Tu voulais quoi ? Protéger ? Ahahahahahaha... Mais qui... Alors que tu ne sais même pas te contrôler.


- Ferme la...

- Tu n'as plus rien à m'ordonner. Ta vie est terminée, ton poids sur ma force a disparu. Bientôt ton nouveau et dernier maître reviendra terminer de scinder ton âme... Car là-dedans... Tu souffres et pleures.

- C'est faux ! Tu ne sais rien !

- AH ! Ne me fais pas rire ! Devant un môme tu perdais tout tes moyens... Surtout Lui...

- Tais-toi !

- Tu es faible parce que t'as la trouille ! Tu as eu peur d'être le père de ce blondinet insignifiant... Et voilà ce que ça a donné. Tu t'es fait même balader par une rouquine qui n'a jamais planté qui que ce soit ! Tu pues la peur...

- J'ai fait mes choix ! Karyl ne me méritait pas, je n'étais pas prêt ! Pas après tout ça.

- Cause toujours. Le gosse est venu de lui même et tu lui a détruit son miiignonnn espoir de famille de ton égo brisé... Le borgne a raison de te traiter de moins que rien. Je me demande même si tu méritais cette bague... Quoique maintenant tu ne dois plus l'avoir, vu que tu as respecté une règle pour une fois. T'es crevé pour de bon !


- Maleus ?! Ne m'parle pas de ce chien galeux qui profite d'une gamine pour me tuer !

- Il ne t'aurais pas tué si tu n'avais pas cherché tout ces ennuis pour te faire... C'est quoi déjà ce mot...? Oh... Pardonner.

- J'ai tué un innocent et frappé une femme.

- Innocent ? Pfinh ! Comme si ce Stannis était blanc comme neige. Seule ta vengeance importait... L'homme qui a vu ses terres le trahir et lui prendre son premier amour naïf. Puis cette brune sorcière n'a fait que nous divertir après tout, à vouloir tellement découvrir ton visage. Battre une femme, c'est d'actualité. Ah... Que de bonnes raisons devant la Licorne. Quel dommage que l'on ne se soit plus autant amusé après que tu te sois mis à genoux devant cette femme... Cerridween.


- C'était jamais assez, je me faisais toujours battre à plate couture.

- Parce que tu n'es plus redevenu cette bête noire !

- La ferme ! Je n'avais pas toujours besoin de Toi !

- Tu aurais dû. Tu n'es une perte pour presque personne. Les mômes oublieront vite ce passage "effroyable" grâce à l'aide de leurs compagnons... Et maintenant tu vas apprécier la suite de la vie de cette femme que tu chéris tant.

- ...

- Enfin tu y penses... Je me demande à quel point la Veuve va faire du tort dans le monde vivant... Puisque tu n'es plus là, il n'y a pas de raison qu'Elle ne soit plus de retour. Les gosses sont loin. Personne ne va te pleurer, ni rassurer cette femme. Tu es et resteras SEUL, comme la Féline...

- ESPÈCE D'ENF...


Le Fou vient saisir au col le fougueux inapte à se mouvoir, sourire carnassier qui ne disparait pas de ce miroir dégoutant.

Je ne me lasse pas de te voir aussi attardé. Pauvre victime sans confiance qui montre au royaume entier qu'il est vivant en étant exécrable. Évidemment tu n'as pas pu supporter que l'autre éclopé insulte ta mère... Qui n'aurais pas agis comme toi ?... Mais ta vie, tes batailles, tes guerres, toutes tes actions ont été tournés par Moi. Ta Haine. Tes échecs sont mes victoires !

Coup de poing dans l'estomac qui tord en deux l'âme tourmentée. Carcasse carminée qui revient en place par la seule force de l'Assassin. Yeux brillants de folie qui questionnent avec plaisir les onyx colériques.


Sais tu la différence entre un Roi et sa monture ?

Hein ?...


Au tour du genou dextre de réveiller un peu plus la rage grandissante du Sambre. Et la voix sadique de continuer...

Je te parle pas des conneries du genre "l'un est humain l'autre animal", ou bien "l'un a deux jambes l'autre quatre"... Si chacun détient la même forme, la même puissance et les mêmes capacités... Pourquoi l'un devient Roi et dirige les combats tandis que l'autre porte l'être sur son dos ?!

Bras puissants qui jète le nouveau mort plus loin, trop excité de la suite.


Il n'y a qu'une seule réponse. L'INSTINCT !
Pour que des hommes sortent du lot en ces temps et amassent assez de puissance pour devenir Roi, ils combattent, cherchent cette force délicieuse... Une soif inextinguible de batailles, d'envies meurtrières... Écraser, découper, dépecer ses ennemis ! Sang !


Rire froid et fou qui se répercute sur les murs sombres, enchaine la tirade. L'Autre s'approche lentement de son miroir abasourdi.


Loin loin dans les âmes est enterré l'instinct de tuer et massacrer ! Mais toi... Tu n'as plus rien de tout ça ! Tu n'as plus ces réflexes purs, basiques ! Tu te bats avec ta tête depuis ce jour. Essayer de vaincre tes ennemis par la logique...


Main sénestre glaciale qui vient relever le médusé dans un cri de douleur, en le prenant par les cheveux de feu.

Et ça n'a pas marché ! Comme une épée jamais sortie du fourreau ! Voilà pourquoi tu es Faible. Et voilà pourquoi maintenant... JE vais m'occuper de cette vengeance. Tu n'es plus rien. Nous ne sommes plus rien.

Cri bestial d'un autre monde, taureau millénaire qui fait son entrée par le centre dans un jaillissement de flux carmin. Regard noir qui fixent les deux parties d'une âme brisée par la haine... Le Prince Démon de la Colère sait son droit et ses devoirs. Une troisième partie subsiste encore... Lourde tristesse et pesant désespoir en cette marionnette désarticulée. Elle ira à Lucifer. Quand au reste... Ils ne feront qu'un. L'Autre prendra le contrôle.
Un sbire de Léviathan avec une seule voie : grandir sa haine par le seul esprit vivant auquel il est lié... Et le lui amener.



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Luciedeclairvaux
Dehors ça gazouillait. Indifférent, le matin vint avec son cortège de vies, ses petits bruits, et la beauté des astres qui laissait place aux douces couleurs de l'aube. Saloperie de matin.

Blondie, le nez à la vitre, jeta un rapide coup d'œil à la brune agenouillée contre son amant, son aimé, son amour. Son cadavre maintenant, ni plus ni moins. Mais Lucie restait. Sa façon à elle de soutenir la Féline. Pas sentimentale la zokoiste, mais la Compagnie comptait. En elle, l'Ange reprenait le dessus sur la lionne quand il s'agissait de la troupe. Pas de pacte, pas d'énoncé grandiloquent ni de promesse scellée sur vélin de qualité. Pourtant leurs bagues similaires parlaient pour eux. Ad eternam ... si tu pars c'est les pieds devant. On t'avait prévenu, le roux.

Sa respiration formait une légère buée sur le carreau, par intermittences. Au rythme de son souffle, le paysage prenait des allures opaques, les prés se couvraient d'un éphémère brouillard.
Marrant Sémur.
Qu'est-ce qu'on fout là d'ailleurs ... Ici ou ailleurs, quelle importance. Rentrer en Anjou ? Pas pressée depuis que le vicomte était mort. Plus jamais pressée de rien.

Nouveau coup d'œil à la brune.

Le vicomte ... l'aurait-elle serré dans ses bras, elle aussi, si elle avait été un instant seule avec sa dépouille ? Ridicule. Elle ne l'avait même pas fait de son vivant, alors mort ... C'est les vivants qu'il faut enlacer. L'arrondi du menton remonta en une petite moue. Elle s'en savait incapable aussi. La récente virile étreinte avec l'autre soudard en était la preuve évidente. Ridicule. Seul le borgne était au courant de ces imbécilités puériles, heureusement. Elle souriait à demi en se remémorant ses mots quand une voix d'outre-tombe la tira de ses pensées.


Aide moi à l'porter dehors, j’suis venue avec une charrette …

Lucie soupira. C'est qu'il était gaillard le type. Elle jeta un coup d'œil sur le palier et réapparut, déçue. Arnulf devait être avec Maleus : le géant le transportait partout depuis qu'il était blessé.


Arnulf est pas là, j't'aide. Elle faillit ajouter, "p'tain ces mecs, jamais là quand on en a besoin", mais se retint à temps et posant les yeux sur le roux. Puis elle l'empoigna par les guiboles et leva ses yeux clairs vers Felina. Prête ?
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Rodrielle
[Ad Vitam Eternam… ou pas.]

Qu’en est-il alors des autres membres de la Zoko ? Peut être quelqu’un se pose-t-il la question, peut être pas, mais sachez que ce drame les touche aussi, les autres, ou du moins la Rodrielle…
Les sabots de l’étalon noir au galop raisonnaient dans les rues de Sémur encore silencieuses. Le soleil se levait à peine ce jour là, pâle, accompagné par une brise glaciale piquant chaque parcelle de peau de la donzelle. Triste journée qui commence et qui, certainement, n’allait pas s’arranger.


[Quelques jours après les évènements…]

Pardon ?!

Voix cristalline qui retentit dans la chambre d’une auberge de fortune sémuroise. Heureusement qu’elle était toute seule la donzelle, elle aurait réveillé un mort presque… D’ailleurs, en parlant de ça, c’est ce qu’elle venait d’apprendre en lisant cette lettre qu’elle pensait être une missive de prompt rétablissement de la part de sa protégée blonde du nom de Brigide.
Parce qu’en fait, Rodrielle était cloitré dans sa chambre miteuse à cause d’un virus qui l’obligeait à rester au lit depuis une petite semaine, sans compter l’ennuie profonde qu’elle ressentait ici… Bref elle n’était pas sortie depuis les péripéties précédentes de la lice.
Et ce jour là, Bri lui apprit par lettre interposée non seulement qu’elle était partie pour Valence sans dire un mot mais aussi que Jules était mort…

Mort !
Difficile à y croire. Pas une explication, juste cette phrase qui sonne faux sur une lettre de nouvelles : « Jules n’est plus… ». Voilà, c’est tout. Alors comment auriez-vous réagi à sa place ? Rodrielle, d’abord étonnée par la nouvelle, rit… Pas possible qu’il soit mort le fougueux ; lui qui était sortit (presque) indemne des griffes du Balbuzard et qui vivait avec la féline, alors il avait une santé de fer ! A force de l’entendre et de le fréquenter, Rodrielle l’imaginait indestructible, presqu’autant physiquement que moralement… Un roc carmin comme on dit. Mais bon, cette précision dans la lettre de Brigide ne pouvait être une farce de sa part… Et c’est en prenant son courage à deux mains que Rodrielle décida d’aller en savoir plus.

Et elle trouva la meilleure personne pour lui expliquer l’histoire : Maleus. Le pauvre borgne complètement amoché, nouvellement père et pour l’instant fragilisé par sa désastreuse mésaventure était assis là, seul en taverne. Et sur ce coup là, Rodrielle préféra faire fie des convenances pour savoir le fin mot de l’histoire. « J’viens d’apprendre que Jules était mort. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Question qu’elle n’aurait peut-être pas dû poser. Heureusement la donzelle était assise, sinon elle serait tombée de bien haut !

Et la plaisanterie se transforme en horreur…

Temps en taverne écourté pour cause de grande perturbation. Impossible… Comment avait-il pu finir ainsi ? Une mort bête, comme l’avait dit le borgne, ca c’était sur. Mais une mort causée par le chef même de la troupe, voilà ce qui était moins acceptable. Enfer, tourments, mauvais rêves… Comment Mal’ avait-il pu finir Jules de la sorte ? Tête qui tourne, profond soupire, et la donzelle s’affale sur un banc. Elle n’arrive pas à digérer la nouvelle. Puis tout se mélange, les pensées s’embrouillent dans une tornade noire.

La même question se pose alors que pour les autres : qu’est-ce que la Zoko finalement ? Elle qui pensait chaque membre uni comme une famille, avec plus ou moins d’affinité certes mais une famille quand même. Rodrielle est la première à les aimer comme ses gosses tous ces jeunots sans attaches. Avec les chefs (et peut être certains autres), elle fait partie des plus vieilles après tout… La vioque comme il l’appelait le poisson rouge. Oui et alors ? Il fallait bien quelqu’un pour les surveiller tous ces fougueux ! Et pourtant, Rodrielle a l’impression qu’elle a faillit à sa tâche… encore une fois.

C’est qu’elle l’aimait beaucoup le rouquin. Finalement elle a passé pas mal de temps avec lui, à tenter de lui remonter le moral, à l’enguirlander pour qu’il comprenne qu’il n’était pas le plus fort et qu’il fallait y aller doucement avec les autres… Une tête de mule sur qui elle gardait toujours un œil au cas où il y allait trop fort avec quelqu’un du groupe, comme avec Armand ou Brigide par exemple. Un môme qu’il fallait mater et qui, finalement, commençait à se calmer grâce à l’amour.
Nouvelle pensée pour la féline, et panique totale. Comment allait-elle prendre la chose ? Maleus avait prévenu la donzelle qu’il allait la mettre au courant le soir même… Moment qu’elle fut bien contente d’éviter d’ailleurs. Mais pour elle, pour cette jeune femme fragile, Rodrielle se devait d’être là. Au moins le lendemain.


[Retour au petit matin… ambiance glaciale]

L’étalon ralentit l’allure à la vue de la charrette arrêtée devant la taverne où dort Blondie. La donzelle avait appris que cette dernière avait gardé le corps pour elle ne savait quelles expériences, et dans une suite logique, Félina devait elle aussi se trouver là.
Ravalement de salive avant de descendre de l’animal et d’entrer dans la taverne, silencieuse. Rodrielle monta alors les marches sur la pointe des pieds, ne préférant pas rompre ce mutisme, et vit les deux jeunes femmes porter difficilement le corps du défunt. Dur de le voir comme cela, immobile et si blanc… Révélation : Jules n’est plus.

Heum… Z’avez besoin d’un coup d’main ?

Difficile de rester sûr de soi dans de telles situations… Mais Rodrielle se le devait, pour elle-même mais aussi pour Félina sur qui ses émeraudes se tournèrent. La donzelle ne prit pas la peine d’attendre la réponse d’ailleurs, et attrapa à son tour le corps par un bras, allégeant le corps pour l’une et l’autre zokoïste. C’était sa façon à elle de montrer qu’elle était là… Ad Eternam.

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Atelier de création
Felina
Plus rien …

Un simple hochement de tête lorsque Lucie lui répond et déjà la blonde se saisit des jambes du corps du rouquin. Petit soupir … Ne pas penser, ,non ne surtout pas penser, et faire les gestes de façon mécanique. Ne pas sombrer, pas encore, pas maintenant. C’est maintenant qu’il faut se montrer forte et imperturbable, le pire est à venir. Ce n’est qu’un cadavre, rien d’autre … Faire le vide autour de soi et s’approcher des bras pour s’en emparer et le soulever. Soudain un voix connue derrière elle. : Rodrielle. Nouvelle compagne d’arme et d’infortune dans la cave d’un Balbuzard quelques temps avant. Pas un mot à son encontre, mais un regard qui en dit plus long que des paroles pourtant. Merci … Elle s’écarte alors et se saisit du bras qu’elle lui a laissée, fuyant le visage de son Autre. Non ce n’est pas lui ! Ce n’est rien qu’une enveloppe de chair, il est parti … parti !! Nouveau signe du menton pour donner le signal et les trois femmes zokoïstes soulèvent enfin la carcasse carminée et entament leur descente vers l’extérieur de l’Auberge.

Pas un homme pour les aider, mais la Rastignac aime autant, et si elle avait pu s’en charger seule, elle l’aurait fait, envoyant au diable quiconque lui proposerait de l’aide. Mais force est de constater qu’en cet instant, elle ne pourrait rien faire sans le secours de Rodrielle et Lucie, aussi serre-t-elle les dents et accepte-t-elle pour un moment leur présence à ses cotés. Néanmoins, alors que l’étrange cortège brinqueballant descend lentement les escaliers, puis traverse la salle commune sous le regard inquisiteur des quelques âmes déjà réveillées et du tenancier, la suite des évènements s’organise déjà dans son esprit torturé.

Dehors, elles lèvent une dernière fois le corps pour le déposer sur le lit de paille dans la charrette, et, après un dernier coup d’œil vers son visage tuméfié, Félina rabat sur lui le drap noir qu’elle avait apporté avec elle, pour se soustraire à la vue de cette carcasse qu’elle ne veut plus voir. Puis, rapidement, se replaçant à l’avant de la charrette, elle se saisit des rênes. Quelques secondes de silence avant qu’elle ne se décide à se tourner vers ses deux comparses. Le regard qu’elle leur lance alors, aussi noir que la nuit , est sans équivoque et les mots prononcés fouettent l’air, comme si elle les leur crachait au visage. Voix blanche, pas d’agressivité, mais de la détermination comme jamais … et une pointe légèrement menaçante.


J’me charge du reste … Fichez moi l’camp !


Pas un merci, rien … Une seule envie, un unique désir : qu’elles s’en aillent au plus vite et la laisse seule avec lui. Détestez moi, barrez vous. Je ne veux pas de votre pitié, je ne veux pas de votre aide. Oubliez moi et retournez à vos vies, votre troupe … Je n’existe plus pour vous, je suis morte avec lui et je vais le rejoindre. Dégagez ! En cet instant, seule la Veuve Noire commande aux actes de la sauvageonne, l’enfonçant dans une solitude profonde, et éloignant d’elle toute tentative de compassion. Folie qui la ronge ... Lente et inexorable descente aux Enfers entamée cette nuit et qui ne trouvera son terme que lorsque tout ceci sera enfin terminé. Ce dernier voyage, elle doit le faire seule, sans personne autour d’elle. Hors de question qui quiconque la voit sombrer, ni verser de larmes. Ça suffit !

Dernier regard à la Blonde et à la Brune, et déjà elle fait claquer le cuir sur le dos du cheval. Carriole qui s’ébranle et s’éloigne au petit trot de cette ville maudite, en direction des bois.

Seule.

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Luciedeclairvaux
A défaut du costaud portier de la Zoko, c'est Rodrielle qui pointe le bout de son nez. Elle tombe bien, Lucie n'avait pas envie de se casser le dos à trimballer le cadavre. Sa nuit blanche passée à préparer le mort a souligné une fatigue déjà bien trop présente ces derniers temps.

Heum… Z’avez besoin d’un coup d’main ?
C'est pas d'refus.

Un instant, l'Ange de la Zoko lève les yeux pâles vers ses compagnons d'armes. Deux tueuses en réalité. Elle surprend leurs regards, les non-dits, l'imperceptible frisson sur les corps. Ces deux-là ont un passé commun que Blondie ignore. Elle note ça au creux de sa mémoire, c'est pas vraiment le moment de demander ce qu'il s'est passé chez Eusaias ...

Et elles trainent le roux jusqu'à sa dernière couche : un lit de paille sur une charrette. Que va en faire Félina ? L'enterrer toute seule ? Le faire brûler ? Jeter son corps à la mer ? C'est loin la mer, et il sent déjà ... Quoiqu'elle fasse de lui, quelles que soient les petites bêtes qui le rongeront, il ne sera plus d'aucune utilité. Un casse-croûte pour les vers de terre, au mieux. Quel gâchis.

Lucie regarde le drap noir et se disant que c'est leur lot à tous. Où vont nos pensées, nos savoirs ... dans le néant. Elle a bien entendu parler de ces histoires de lunes, de diables, de passages. Mais elle s'en cogne bien. Elle, elle sait que c'est maintenant qu'il faut être un ange. Tant qu'on est en vie. On n'a jamais vu un ver de terre avec des ailes.

L'image la fait sourire. Elle est cognée.
Par la pensée, elle dit au revoir à son laboratoire ambulant, et à Jules par la même occasion. Si Felina l'enterre, elle ira le déterrer dans quelques jours pour voir quelles sortes de bêtes nous bouffent. On sait jamais, toute expérience scientifique peut s'avérer utile. Un jour peut-être on pourra définir le moment de la mort rien qu'en regardant un macchabée.
Elle est cognée.

Aux paroles de la Féline son sourire disparait.


J’me charge du reste … Fichez moi l’camp !
Bien, on dégage.

La dureté froide de la brune coule sur elle. L'habitude. Elles n'ont jamais entretenu d'autres rapports, mais Lucie sait à quoi s'en tenir. Félina souffre jusqu'à la folie, elle souffre autant qu'elle a aimé. Autant de sentiments dont la blonde semble dépourvue, pourtant pas faute d'avoir essayé. Non, si son sourire disparaît, c'est parce qu'elle ne sait pas où elle va l'enterrer. Alors, elle la laisse partir, puis dès que la charrette passe à sa portée, d'un bond agile, elle saute dedans et se couche auprès de Jules, dans la paille, dont elle se dissimule partiellement.

Toi et moi dans la paille, qui l'eût cru hein ?


... murmure-t-elle au roux muet.
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--L_ankgoz


La Mort dans l'âme ...

Elle était là, tapie dans l'ombre depuis quelques jours à attendre ... Attendre non pas la mort, puisqu'elle avait déjà frappé ... ELLE était la mort, celle qui fauche les âmes, celle qui arrache à cette terre ceux dont le tour est venu ...
Des jours qu'elle attend là, celle qu'elle va pouvoir torturer, faire culpabiliser. Celle avec qui elle va passer, des heures, des jours, des mois, des années ... Celle a qui elle va inlassablement répéter son incapacité à garder un homme, à être heureuse. Et son nom de Veuve Noire lui va si bien ...
Un sourire s'esquisse sur le visage de la créature de l'ombre, se délectant déjà de la souffrance à venir, tout comme elle se délecte actuellement du chaos qui règne autour du Sambre ... Cette âme torturée par cette entité qui fait partie de lui et contre laquelle il a toujours lutté ... Et cette blonde à la gueule d'ange mais à l'esprit ô combien tordu ...
Oh oui elle aime ce spectacle qu'offre la mort qu'elle donne, chaque fois elle s'en nourri, s'en abreuve ... Les réactions étant tellement différentes ... Mais là elle, attend sagement son arrivée qui ne devrait pas tarder. Elle l'observera tout d'abord pour mieux la cerner afin de mieux torturer ensuite ...

Elle est là, l'Ankgoz dans toute sa splendeur. Aussi belle que froide dans la pâleur de sa peau diaphane, dans les courbes sublimes, les formes parfaites qu'elle avait pris pour corrompre le Rouquin, afin que cette fois-ci, il se laisse pervertir et sombrer dans le monde mortel de l'ombre.
Enfin la voilà qui entre dans la chambre où le corps repose, dans toute sa beauté elle s'avance. Oh oui elle était vraiment belle, le Rouquin avait vraiment bon goût en matière de femmes. Elle s'approche d'elle lentement, ce sourire narquois aux lèvres. Elle la hume pour s'enivrer de son odeur de haine et de tristesse mêlées, odeur suave et délicieuse au nez de l'Ankgoz. Elle s'approche encore, lui tourne autour et la frôle, une main caressant ses cheveux, puis sa joue. Elle est exquise ainsi ... Si belle face à la mort qu'elle commence à trop bien connaître ... Veuve Noire ...

Et l'observation se poursuit en silence, elle la suit dans ses moindres faits et gestes, lui colle à la peau comme une seconde ombre. Tellement belle devant la mort ...
Une troisième femme entre et elle continue d'observer, caressant furtivement la Féline, se délectant de son malaise, son mal-être ... Puis elle les suit lorsqu'elle emmènent le corps, lent ballet morbide qui s'achève par le dépôt du corps dans son lit de paille. Et là l'Ankgoz souffle à l'oreille de la Veuve Noire :


Regarde ... Regarde comme il est beau dans la mort ... Regarde ce que tu as fait de lui ... Tout comme tu l'as fait pour d'autres ... Regarde ton oeuvre ...

Mais elle lui jette à peine un oeil, ce qui arrache un petit rire à l'Ankgoz. La torture ne fait que commencer ... Et elle prend place à ses côtés sur la charrette, portant de nouveau sa main à sa joue pour la caresser, presque amoureusement, tant elle est belle dans cette rage qui gronde au fond d'elle.

Juste toi et moi ...

Mais elle grimace lorsqu'elle constate que la blonde, folle les suit. Tant pis, elle fera fi d'elle, y a que la brune qui l'intéresse. Elle reporte donc toute son attention sur elle, se penche et laisse glisser son souffle glacial sur sa peau, sourire aux lèvres, elle lui susurre au creux de l'oreille.

Tu vois ce que tu lui as fait ? Tu vois où te mène l'amour ? Tu as été incapable de résister à Eusaias ... Tu t'es faites avoir, comme une bleue. Tu n'as pas été là pour LUI, quand il avait le plus besoin de toi. Tu ne mérites pas l'Amour d'un homme parce que tu es incapable de t'en occuper. Tu ne connais que la mort ... Tu vis avec elle et tu la répands autour de toi comme du poison. Tu l'as tué, tout comme tu as tué ton frère ... Souviens-toi, Devil ...

Maudite, tu es maudite ma belle Veuve Noire ...
Petit rire sarcastique avant de reprendre. Tu es même incapable de le venger, tu le veux mais tu ne le feras pas. Jamais.
Tout juste bonne à le rejoindre de les limbes ...


Et elle continue l'Ankgoz à lui insinuer ces idées en tête tout en caressant son visage magnifique, ses onyx à présent vides de tout. Elle n'est plus qu'une coquille vide où seule la haine trône. Tableau tellement beau, que l'Ankgoz en frémit de plaisir.

Je vais maintenant partager ta vie ma belle ... Mais dis moi ... Que va tu faire de lui ? Lui que tu as tué par ton incompétence, celui que tu as abandonné et laissé crever seul ... Quelle fin mérite-il à tes yeux ?
Ce fougueux rouquin au tempérament de feu ...


La forêt est en vue, sombre et majestueuse ... Le soleil de l'aube la parant de mille feux, splendide spectacle qui se dévoile sous leurs yeux alors que doucement la charrette ralentit. Le Palefroi repasse au pas et le cortège se fait happer par la semi obscurité des arbres, la lueur du jour naissant n'étant pas assez forte pour pénétrer le manteau des résineux et les tortueux entremêlement des branches des caducs où naissent à peine, les bourgeons. Encore quelques minutes, à une allure lente puis l'attelage s'arrête dans un clairière.

Que vas-tu faire de celui qui t'a aimée ?
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