La furie de Bourg s'était reculée un peu de la ville pour quelques temps. Une retraite chez les bonnes surs? Oui en quelques sortes. Il lui arrivait bien de dormir au couvent, ne se sentant plus la force d'avancer.
Elle avait eu du mal de se remettre de ses maux au poitrail, malgré les herbes qu'on lui avait prescrites. Puis elle aspirait un peu à de la légèreté. Trop de non dits, de haine qui l'entourait et ce malgré elle.
C'est donc avec plaisir qu'elle rendait service à la communauté qui l'accueillait le temps que tout s'arrange un peu dans sa tête et dans son cur.
Mais quittez Bourg un temps lorsque vous y êtes attaché, c'est perdre une partie de soit même.
Par un jour de grande fièvre, elle eut reçut une convocation du tribunal: soit disant du vol et une escroquerie auprès d'un Burgien qu'elle connaissait très bien. Trop faible, elle ne put s'y rendre le jouir même mais quand elle eut voulu plaidoyer, on lui ferma les portes.
Drôle de façon de faire! Pire que Robbert le gardien de ce tribunal! pensa t'elle.
Mais bon... .
Haussant les épaules, la blondinette reprit son chemin en direction du couvent, priant le Très haut de bien vouloir aider ce pauvre Casaperta qui s'était toujours dévoué corps et âmes pour les siens et qui lui avait rendu de nombreux services.
Le mal du pays lui revenait... Impressionnant tout de même de ne point de passer ne serait ce que quelques temps de son village! Y aurait il une sorte d'herbe bleue qui embaumerait la cité de Bourg et qui rendrait ses Burgiens accrocs au point de ne plus pouvoir le quitter(
)? La blondinette au demi neurone, n'en savait fichtre rien, mais une chose est sûre, c'est qu'elle se rendit au village histoire de retrouver ses souvenirs.
Robbert l'eut jeté de la taverne, surement trop bougon de ne pas lui avoir laisser de petit mot concernant son absence. Les rues étaient désertes, c'en devenait presque effrayant. Les villageois avaient ils eu la même idée que Choco? Avaient ils déserté pour voir si l'herbe était plus verte ailleurs? Le peu de personne qu'elle croisait n'avait guère le sourire, cela mis un sacré coup à son moral déjà pas bien haut...
Elle s'assit dépitée sur l'herbe fraichement humide de la rosée du matin et, faisant mine de dessiner sur son carnet, elle écoutait les rumeurs que deux femmes de la campagne se contaient.
PLAIT IL? Choco bondit complètement consternée par les nouvelles qu'elle entendait. Elle ne pouvait pas y croire et se refusait d'entendre plus que les horreurs qui venaient d'être énoncées.
Les deux vieilles la regardait et l'une d'entre elle ouvrit la conversation
_Ben qu'y ma p'tite?! On dirait qu'tes pas d'ici toi! Pourtant m'semble que si? T'étais pas au courant d'tout ça?
Les yeux humides, et toute fébrile, Choco leur fit signe bredouillant quelques mots polis et se retira tâchant de se remémorer tous les bons moments depuis son arrivée ici.
Mais plus fort qu'elle, les questions se bousculaient dans sa tête. ...
Comment une ville réputée pour être terre d'accueil et de chaleur s'était tout à coup transformée en un désert?
Comment des gens qu'elle fréquentait autrefois pouvaient changer du tout au tout, retournant leur mantel et devenir accusateur alors qu'ils avaient toujours été jusque lors été droits et justes?
Comment avait elle pu se voiler la face? Se tromper sur les gens à ce point là?
Quel fut le motif déclencheur? La parole de trop qui a fait que la cruche était pleine et que son contenu s'est déversé sur les gens?
Que faire? Quoi dire pour arranger les choses?
Et sa Tinou...Non pas possible! Pas elle! Une femme si pleine de vie et qui s'est dévouée corps et âme pour sa ville et ses habitants; qui n'a pas eu peur de dire « zut ça suffit!! »(pour rester poli) quand il le fallait ou quand elle sentait que ça allait trop loin. Quelqu'un de franc, chose qui manquait à priori à cette ville... mis au buché avec sa fille?pour sorcellerie?! Sans crier gare? A la bonheur! Et demain se sera au tour de qui?!! Pourquoi?
Bourg se perd et se meurt. Certes, elle n'avait rien fait jusque là pour rectifier le tir et ne pouvait que se blâmer elle-même de ne pas avoir été là pour ces derniers temps pour ses amis. Mais elle était loin de penser qu'une chose aussi terrible et cruelle pouvait se produire ici-même, dans la ville qu'elle chérissait tant... .
Même elle ne se sentait plus chez elle et abandonnait petit à petit son nid douillet pour se cloitrer dans une petite chambre que les religieuses lui avaient soigneusement préparer. Peut être devrait elle entreprendre un voyage, ou tout simplement déménager après avoir crier sa haine et son indignation à qui voulait l'entendre. Mais pour l'heure il fallait qu'elle s'occupe d'un de ses amis, qui devait être bien plus mal en fiche qu'elle: Kio...
Elle marcha longuement pensant à sa Tinou, dansant les pieds nus dans un champs de coquelicots; elle adorait ces fleurs... . Elle l'imaginait aussi crier à tue tête. Elle était comme ça sa Tinou, tout feu tout flamme, posée quand il le fallait au travail par exemple, mais très bonne vivante. Un sourire s'esquissait enfin sur son visage, malgré les larmes qui coulaient sans pouvoir s'arrêter.
Elle trouva un coin isolé le long de la Reyssourse, apercevant au loin le moulin de son amie qui lui manquait déjà terriblement. Elle aurait aimé s'y rendre et serrer son ami dans ses bras, mais à priori que de passages, et ni le cur de pouvoir discuter avec les gens, ni la force de sortir deux mots de sa bouche sans fondre en larmes.
Elle s'assit donc au bord de l'eau et prit sa plume pour écrire d'une main tremblante à Kio et Aël.... .
Citation:Mon très cher Kio, mon petit Aël,
C'est du haut de ma tour d'ivoire où je me suis réfugiée quelques temps que je viens d'apprendre la terrible nouvelle... .
C'est avec le cur lourd et plein d'indignation que je vous écris. J'aurais aimé le faire en d'autres circonstances, mais la bêtise humaine est à priori plus forte que l'amour, à mon grand damne... . Les questions se bousculent dans ma tête, comme cela doit être le cas aussi pour vous, et cela me désole.
Je ne suis pas habile pour écrire ce genre de lettre, veuillez m'en excuser...
Aussi, sachez, que même peu à Bourg je pense terriblement à vous et qu'il suffit d'un mot de votre bouche ou penché sur du papier, pour que je revienne parmi vous et vous aide du mieux que je puisse pour surmonter cette tragédie.
La vie ne sera plus la même il est vrai, et nos oreilles souffriront peut être moins lors de nos rencontres en taverne ou dans les rues de la ville, mais notre Tine sera toujours dans nos coeurs.
Puis elle a toujours voulu le meilleur de nous, ne la décevons pas et continuons à rester les mêmes et nous battre pour ce qui nous semble juste.
Je suis sure qu'ils ne l'emporteront pas au paradis...
Je vous embrasse bien fort tous les deux.
Votre amie Choco
Choco enroula le vélin et laccrocha à la patte de l'oiseau afin qu'il puisse faire son travail.