Eilinn_melani
[A Argentan, quelques mois plus tôt]
La toux persistante d'une l'enfant résonnait dans l'Hôtel particulier de la famille Melani. Cataplasmes de moutarde, pommades diverses et variées ne faisaient rien pour améliorer la santé de la cadette de la Vicomtesse d'Avize. Agée d'une dizaine d'années, à la santé fragile, Eilinn Melani avait supporté avec difficulté l'humidité automnale de l'Alençon, avant qu'un médecin parisien ne donne son verdict après un énième examen de la fillette.
Du soleil, Vicomtesse, du soleil et un temps moins humide que les plaines du Domaine Royal sont les seules choses indispensables pour guérir votre enfant et réguler ses humeurs !
Cette nouvelle avait bien entendu plongé la vicomtesse dans un certain émoi, et après quelques discussions avec son époux, la décision avait été prise d'envoyer Eilinn en convalescence. Le choix du lieu fut fait rapidement, il fallait trouver un endroit proche d'une université de médecine, avec un temps clément. Toulouse et Montpellier étaient ainsi arrivés en tête, et ce fut surtout parce que la Vicomtesse pouvait compter sur quelques connaissances fiables en Languedoc qu'il fut décidé d'envoyer la fillette là-bas.
La gouvernante d'Eilinn, Narcisse, fût dévolue à accompagner la fillette dans les Terres du Sud. La solide jeune femme, brune et charpentée, telle un roc sur lequel on pouvait s'appuyer, avait accepté cette charge avec joie, qui la rapprochait de sa famille établie dans les terres pyréennéenes.
Les semaines suivantes furent ainsi rythmées par la préparation des bagages de la fillette et de sa gouvernante, ainsi que l'achat d'un pavillon cossu pour l'accueillir dans la bourgade de Nimes, non loin de Montpellier. Les quelques contacts de la Vicomtesse d'Avize dans cette province avaient grandement facilité les choses, et peu après la Noël, enfant, gouvernante et carrosse vicomtal prirent la route du sud.
[A Nimes]
L'installation dans la nouvelle maison se fit sans encombre, même si l'oriflamme qui fut accroché au fronton de la demeure ne fut pas sans en étonner certains.
L'enfant et sa gouvernante prirent bien vite leurs aises, et l'argent maternel fut investi dans l'embauche de quelques domestiques pour l'entretien de la maison et du jardin. Peu d'étalage de richesse, mais suffisament d'aisance financière pour que les commérages répandent le bruit de l'emménagement d'une noble demoiselle à Nimes.
Un médecin fut trouvé pour soigner Eilinn, prescrivant pommades et potions pour évacuer les humeurs qui rongeaient l'enfant.
Et les résultats furent finalement ceux escomptés. Au bout de quelques semaines de temps clément, la fillette avait cessé de tousser à en rendre l'âme. Parfois encore quelques quintes catarrheuses la secouaient, inquiétant la nourrice mais sans aucune mesure avec les mois précédents. Mais le médecin avait averti que tout voyage trop long dans les terres nordiques du royaume de France provoqueraient à nouveau les tourments dont l'enfant s'étaient libérés, et qu'il faudrait envisager une installation définitive dans un endroit sain.
L'une des grandes révélations de l'enfant chétive fut celle de la mer Méditerranée, étendue bleutée calme et paisible. Même si il était encore bien trop tôt pour songer s'y baigner, Eilinn demanda à plusieurs reprises à sa gouvernante d'aller contempler ce paysage.
Narcisse, Mère connait-elle la Méditerranée ?
Que non point, Eilinn, la vicomtesse n'est jamais descendue si loin dans le sud, mais elle connait la Manche, la mer qui borde la normandie. Une mer agitée et tourmentée, presque l'Océan, comme elle, alors que vous, vous représentez à merveille la calme et douce méditerranée.
Mais peut-être que votre défunt père connaissait cette mer. Il était issu de la belle Italie, près de Milan...
Et l'enfant s'était prise à rêver de ce père qu'elle n'avait pas connu, dont elle avait hérité l'azur de ses yeux.
Les jours s'étaient écoulés, la routine s'installait dans la belle demeure de Nimes. Eilinn s'était enquis de la situation familiale au cours de la correspondance qu'elle avait avec sa mère. La Champagne n'était pas actuellement un havre accueillant, son beau-père lui était bien trop occupé par sa charge de maréchal d'armes, et son frère restait occupé par la gestion du vicomté paternel. Ainsi n'avait-elle pas présentement sa place auprès de sa famille, et l'hiver n'était point encore fini...
Et comme tout enfant qui se respectait, Eilinn au bout de quelques semaines, malgré l'embauche d'un précépteur, malgré le temps consacré à ses soins, se prit à trouver le temps long.
Narcisse, peut-être serait-il temps que je noue quelques relations dans cette province ? Mère apprécierait que je fasse cela.
Narcisse acquiesca aux propos de la fillette, et promit de l'aider dans sa quête. Il fallait donc chercher quelques fréquentations nobles ou bourgeoises, seyant à la condition d'Eilinn. Et parce que le hasard réserve toujours son lot de surprises, la gouvernante apprit que Jehanne Elissa de Volpilhat cherchait une dame de compagnie. Volpilhat, quel noble nom que celui-ci, garant pour sur de l'honneteté et de la probité de ses membres !
Eilinn fut enthousiasmée par cette perspective, et reçut la bénédiction maternelle pour cette entreprise, lui apprenant qu'elle avait connu la mère de la jeune demoiselle à l'Hérauderie, et qu'elle avait appris au père les rudiments héraldiques.
Ainsi Eilinn se saisit d'une plume finement affutée, et écrivit donc à Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat, tentant de se rappeler tous les conseils de sa mère quand il s'agissait de s'adresser à un noble.
La toux persistante d'une l'enfant résonnait dans l'Hôtel particulier de la famille Melani. Cataplasmes de moutarde, pommades diverses et variées ne faisaient rien pour améliorer la santé de la cadette de la Vicomtesse d'Avize. Agée d'une dizaine d'années, à la santé fragile, Eilinn Melani avait supporté avec difficulté l'humidité automnale de l'Alençon, avant qu'un médecin parisien ne donne son verdict après un énième examen de la fillette.
Du soleil, Vicomtesse, du soleil et un temps moins humide que les plaines du Domaine Royal sont les seules choses indispensables pour guérir votre enfant et réguler ses humeurs !
Cette nouvelle avait bien entendu plongé la vicomtesse dans un certain émoi, et après quelques discussions avec son époux, la décision avait été prise d'envoyer Eilinn en convalescence. Le choix du lieu fut fait rapidement, il fallait trouver un endroit proche d'une université de médecine, avec un temps clément. Toulouse et Montpellier étaient ainsi arrivés en tête, et ce fut surtout parce que la Vicomtesse pouvait compter sur quelques connaissances fiables en Languedoc qu'il fut décidé d'envoyer la fillette là-bas.
La gouvernante d'Eilinn, Narcisse, fût dévolue à accompagner la fillette dans les Terres du Sud. La solide jeune femme, brune et charpentée, telle un roc sur lequel on pouvait s'appuyer, avait accepté cette charge avec joie, qui la rapprochait de sa famille établie dans les terres pyréennéenes.
Les semaines suivantes furent ainsi rythmées par la préparation des bagages de la fillette et de sa gouvernante, ainsi que l'achat d'un pavillon cossu pour l'accueillir dans la bourgade de Nimes, non loin de Montpellier. Les quelques contacts de la Vicomtesse d'Avize dans cette province avaient grandement facilité les choses, et peu après la Noël, enfant, gouvernante et carrosse vicomtal prirent la route du sud.
[A Nimes]
L'installation dans la nouvelle maison se fit sans encombre, même si l'oriflamme qui fut accroché au fronton de la demeure ne fut pas sans en étonner certains.
L'enfant et sa gouvernante prirent bien vite leurs aises, et l'argent maternel fut investi dans l'embauche de quelques domestiques pour l'entretien de la maison et du jardin. Peu d'étalage de richesse, mais suffisament d'aisance financière pour que les commérages répandent le bruit de l'emménagement d'une noble demoiselle à Nimes.
Un médecin fut trouvé pour soigner Eilinn, prescrivant pommades et potions pour évacuer les humeurs qui rongeaient l'enfant.
Et les résultats furent finalement ceux escomptés. Au bout de quelques semaines de temps clément, la fillette avait cessé de tousser à en rendre l'âme. Parfois encore quelques quintes catarrheuses la secouaient, inquiétant la nourrice mais sans aucune mesure avec les mois précédents. Mais le médecin avait averti que tout voyage trop long dans les terres nordiques du royaume de France provoqueraient à nouveau les tourments dont l'enfant s'étaient libérés, et qu'il faudrait envisager une installation définitive dans un endroit sain.
L'une des grandes révélations de l'enfant chétive fut celle de la mer Méditerranée, étendue bleutée calme et paisible. Même si il était encore bien trop tôt pour songer s'y baigner, Eilinn demanda à plusieurs reprises à sa gouvernante d'aller contempler ce paysage.
Narcisse, Mère connait-elle la Méditerranée ?
Que non point, Eilinn, la vicomtesse n'est jamais descendue si loin dans le sud, mais elle connait la Manche, la mer qui borde la normandie. Une mer agitée et tourmentée, presque l'Océan, comme elle, alors que vous, vous représentez à merveille la calme et douce méditerranée.
Mais peut-être que votre défunt père connaissait cette mer. Il était issu de la belle Italie, près de Milan...
Et l'enfant s'était prise à rêver de ce père qu'elle n'avait pas connu, dont elle avait hérité l'azur de ses yeux.
Les jours s'étaient écoulés, la routine s'installait dans la belle demeure de Nimes. Eilinn s'était enquis de la situation familiale au cours de la correspondance qu'elle avait avec sa mère. La Champagne n'était pas actuellement un havre accueillant, son beau-père lui était bien trop occupé par sa charge de maréchal d'armes, et son frère restait occupé par la gestion du vicomté paternel. Ainsi n'avait-elle pas présentement sa place auprès de sa famille, et l'hiver n'était point encore fini...
Et comme tout enfant qui se respectait, Eilinn au bout de quelques semaines, malgré l'embauche d'un précépteur, malgré le temps consacré à ses soins, se prit à trouver le temps long.
Narcisse, peut-être serait-il temps que je noue quelques relations dans cette province ? Mère apprécierait que je fasse cela.
Narcisse acquiesca aux propos de la fillette, et promit de l'aider dans sa quête. Il fallait donc chercher quelques fréquentations nobles ou bourgeoises, seyant à la condition d'Eilinn. Et parce que le hasard réserve toujours son lot de surprises, la gouvernante apprit que Jehanne Elissa de Volpilhat cherchait une dame de compagnie. Volpilhat, quel noble nom que celui-ci, garant pour sur de l'honneteté et de la probité de ses membres !
Eilinn fut enthousiasmée par cette perspective, et reçut la bénédiction maternelle pour cette entreprise, lui apprenant qu'elle avait connu la mère de la jeune demoiselle à l'Hérauderie, et qu'elle avait appris au père les rudiments héraldiques.
Ainsi Eilinn se saisit d'une plume finement affutée, et écrivit donc à Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat, tentant de se rappeler tous les conseils de sa mère quand il s'agissait de s'adresser à un noble.
Citation:
A Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson, Baronne de Malpertuis,
Salutations.
Permettez-moi de me présenter, je suis Eilinn Melani, fille de Leah Melani, Vicomtesse d'Avize et ancien Maréchal d'Armes de l'Hérauderie, et de feu Atto Melani, Vicomte de Beaurepaire et ancien régent de Champagne.
Je suis nouvellement installée en Languedoc pour des raisons de santé, et j'ai ouï dire que vous cherchiez une dame de compagnie. Étant de noble lignage, et ayant reçu une éducation convenable à mon statut, j'ose espérer pouvoir remplir cet office auprès de votre personne.
Je ne m'égarerai point en flatteries concernant le nom des Volpilhat, mais je serai honorée et heureuse de vous rencontrer, serait-ce pour lier connaissance, et ainsi savoir si vous souhaitez me prendre à votre service.
Eilinn Melani.
Salutations.
Permettez-moi de me présenter, je suis Eilinn Melani, fille de Leah Melani, Vicomtesse d'Avize et ancien Maréchal d'Armes de l'Hérauderie, et de feu Atto Melani, Vicomte de Beaurepaire et ancien régent de Champagne.
Je suis nouvellement installée en Languedoc pour des raisons de santé, et j'ai ouï dire que vous cherchiez une dame de compagnie. Étant de noble lignage, et ayant reçu une éducation convenable à mon statut, j'ose espérer pouvoir remplir cet office auprès de votre personne.
Je ne m'égarerai point en flatteries concernant le nom des Volpilhat, mais je serai honorée et heureuse de vous rencontrer, serait-ce pour lier connaissance, et ainsi savoir si vous souhaitez me prendre à votre service.
Eilinn Melani.
La fillette relut sa lettre, lui trouvant des défauts sans pour autant définir lesquels. Peut-être trop court ? Mais quoi rajouter ?
Devait-elle dire qu'elle aimait les chevaux et la peinture, ou cela ennuierait alors Jehanne Elissa ?
Eilinn se trouva un peu dépourvue, elle ne connaissait pas la destinataire, et ne savait donc comment tourner sa lettre pour qu'elle donne une impression favorable de sa personne. Narcisse la rassura donc.
Vous l'avez écrit avec votre coeur, autre chose importe-t-il ?
Et la fillette d'acquiescer aux propos de sa gouvernante. Un coursier fut donc mandaté, et la missive partit rejoindre les terres de Cauvisson.
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