[ Le soir de l'attaque ]
Shhtttt tu fais trop de bruit on va nous entendre bougre d'âne !
L'homme, d'âge certain, ni trop vieux, ni trop jeune, mais très moche, se fâchait en silence sur l'un de ses compères voleur, brigand. Rapaces en tous genres, cette meute vaquait a divers larcins depuis des lustres.
Yeun était le chef de cette tribu de voleurs, grand, les cheveux noirs et les yeux sombres , d'une hygiène se rapprochant plus des eaux boueuses que des bains d'auberge et a l'odeur de sueur rance pestilentielle. Il portait sur lui de vieux vêtements défraichis, le type même de vagabond qui fait apporte la crainte, ou la pitié; et a qui vous offriez le couvert et vous faisiez dépouiller.
Ce soir là, ils étaient tous réunis, faisant le moins de bruit possible pour un nouveau coup a préparer. Cà marmonnait, ça rognait, ça râlait. Quand un bruit de craquement de branches avait sorti Yeun de ses gonds . L'homme s'était levé, sans broncher, les autres l'avaient suivi, par habitude. Quelque pas dans les bois et ..
Oh la ma ptite dame a ct'heure devriez être au chaud ......Z'avez perdu quéquchose ?
Yeun regardait la donzelle qui fouillait le sol avec un sourire carnassier. Des couleurs de noble sur le dos , c'était très intéressant.... pour ses poches. Et madame jouait de ses grands air à l'envoyer balader qui plus est. L'homme pensait qu'elle ne manquait pas de toupet et sourit plus largement.
De ses mains calleuses, ses hommes derrière lui, il attrapa la dame par les épaules, d'un geste sec et la leva de terre. Bien sûr qu'elle allait se débattre et hurler, encore une excuse.
Un cri, et une main qui cingle le visage de la dame a trois reprises pour l'assommer. L'homme réfléchit. Une femme portant les couleurs d'un noble Breton ne pouvait errer seule dans les bois. La garde ne devait pas être loin.
Aussitôt le piège fut tendu, la cape de la bougresse pendue a une branche, les hommes en retrait derrière les arbres et souches diverses. Ils n'eurent pas longtemps a attendre.
Deux hommes ...
Un affrontement houleux, ses hommes tombent sous l'effet de deux gardes en furie...
Yeun est en rage..
Un homme a terre, mais cette fois pas des siens ...il semble mort.
Encore des siens a terre, Yeun hurle, le deuxième revient a la charge.
Charge fatale...
Le deuxième a terre a l'agonie, et l'homme laissa tomber sa proie, aux belles couleur des écus, au sol. La donzelle s'affaissa sur ses genoux, l'homme fier de ses claques qui assomment part d'un éclat de rire au milieu de la nuit, voyant le résultat que cela provoque a la bougresse. Son rire s'arrêta quand il vit la dame, a genoux, aux cotés du garde, un dague en main, le regard sombre qui l'épie du coin de l'il.
Oh la ma pt'ite dame quoi qu'tu crois faire avec'çà ?
le regard de la dame retourna sur le garde a terre, l'homme se pencha, cela n'avait duré que quelques secondes . Il vit le garde sourire, et la lame de la dague briller arrivant a capter le peu de rayon de lune entre les branches épaisses des arbres. Yeun écarquilla ses yeux globuleux, il fit un pas, la dague, emplie du sang coulant tout droit de la gorge du garde, avait déjà été lancée plus loin. Ah elle se résignait la dame, signe de sagesse. Yeun se retourna pour hurler sur ses hommes prêts a se battre pour une vulgaire dague
Bande d'ânes ! Vous z'avez pas ôt choz a faire non ? Ramassez moi c'foutoir ! On rentre avec la pt'ite dame.
Il désigna deux hommes, les chargeant de chercher a qui appartenait les couleurs sur la tenue de la donzelle, ignare de son état, il n'y connaissait rien, mais l'ordre avait fusé, les hommes devaient obéir.
Yeun saisit la dame toujours au sol, et en guise de sac a patates, la souleva pour la porter sur son épaule. C'était sans compter sur le fait qu'elle allait évidement, cette harpie, se débattre en frappant, mordant . L'homme excédé la jeta a terre beuglant, hurlant, postillonnant en crachant presque .
Le poing se leva et s'abaissa aussi rapidement, enfin assommée, la gourde ne lui casserait plus les oreilles. Son paquet sur l'épaule, Yeun s'enfonça dans la forêt, suivi de ses hommes.
[Quelques jours plus tard]
Yeun était étonné, aucun autre garde, ni d'arrivée massive. Sans doute perdait il son temps. Il ne toucherait jamais écus de cette carcasse qui semblait dépérir dans un coin.
Exaspéré, il reparti dans la forêt, accompagné de quelques bougres, laissant aux autres, le soin de surveiller la pimbêche. Que pouvait il leur arriver ? Au pire, ils mangeraient du noble au déjeuner, et pillerait par la même occasion les biens qui pouvaient se trouver sur leur chemin.
Fort de son expérience, Yeun commença a fouiller les coins et recoins de la forêt, il déjeunerait bientôt dans une écuelle de cette noblesse qui le faisait vomir.