--Quitterie
RP ouvert à tous dans le respect et la cohérence du décor et de l'histoire donnée. Bon jeu.
Déplacé de la gargote poitevine pour cause de déplacement IG des différents intervenants. S'intègre à l'histoire qui veut.
Déplacé de la gargote poitevine pour cause de déplacement IG des différents intervenants. S'intègre à l'histoire qui veut.
[La Fuite]
Son souffle était court, le sang affluait, bouillonnant et frappant fort dans ses tempes, ses mains moites tremblaient ... Tout doucement délicatement elle faisait tourner la clef dans la vieille serrure rouillée, tentant le plus possible de ne pas faire de bruit ... Elle se retient de respirer au moment ou le "clack" fatidique, résonne ... Elle tend l'oreille, rien que le bruit assourdissant de son coeur qui cogne fort au creux de sa poitrine qui se soulève rapidement ... Perles de sueurs froides qui lui coulent le long des tempes et sur sa nuque ... Elle recouvre sa longue chevelure châtain et se couvre le visage de son châle finement tissé. Elle passe sa tête pour regarder dans le couloir, pas âme qui vive ... Elle se retient de sourire, ne pas s'emballer trop vite, elle n'est pas encore sortie ... Puis cette esquisse est vite balayée par un rictus de douleur qui lui tenaille le ventre, elle se mord l'intérieur de la joue pour ne pas gémir ...
Un dernier regard vers cette maudite chambre et c'est souliers en main qu'elle avance dans le couloir en rasant les murs ...
*Adieu mon passé ... Adieu horrible vie, oui adieu ... Si je dois mourir, qu'il en soit ainsi, mais je veux mourir libre, oui libre ...*
Des mois qu'elle projette son évasion, des mois, depuis le jour où ... En y repensant, la voilà prise de nausées ... Pas le moment de faiblir! Elle a réussi à dérober LA clef, celle qui va lui permettre de vivre, de revivre.
A pas lents elle s'avance au coeur de cette demeure maudite, celle où elle vit depuis plusieurs années maintenant, pas un seul regard sur ce qui l'entoure dans le semi obscurité qui règne, la lumière lunaire filtrant à travers les épais rideaux pendus aux fenêtres. Nuit propice ... Ou du moins elle l'espère, car le risque de se faire voir est bien présent ... Mais dans sa condition elle n'a pas d'autre choix que de le prendre ce risque ...
Elle arrive enfin aux cuisines, douce chaleur de la pièce qui caresse sa peau, des braises rougeoient encore dans l'âtre ... Elle sait qu'à cette heure de la nuit elle n'y croisera personne, elle en profite pour mettre dans un torchon quelques menues victuailles. Mais alors qu'elle s'apprête à enfiler ses souliers, assise sur le rebord de la grande cheminée, des bruits de pas dans le couloir ... Paniquée, elle attrape son baluchon improvisé mais ses souliers lui glissent des mains ... Plus le temps de les récupérer, elle s'engouffre sous la grande table en retenant son souffle et une faible lueur apparait ... Elle tremble et fait tout pour n'émettre aucun son, se mordant la lèvre à sang alors que de nouveau une douleur sourde et aigüe tenaille son ventre.
Un bruit de choc la fait trembler, un juron puis la lueur qui se fait plus vive alors que l'intrus se baisse pour ramasser ses souliers.
Crénom de non ! Qui qu'à encore laissé ça ici ! Mais c'pas vrai ça hein ! Bordel c'est pas possible ça, peuvent pas les faire sécher ailleurs ?
Tssss pis ça c'est encore l'autre là ... Elle va voir demain ce que va lui passer le Maître ... Tiens pour la peine je vais les lui cacher ...
*Non !!!!!!!!!!!*
Morsure plus vive l'empêchant de hurler, alors que résonne dans la pièce le rire tonitruant du majordome. Elle serre les poings à s'en faire blanchir les jointures des doigts. Maudite, elle doit être maudite ...
Puis un bruit d'eau, celui d'une cruche que l'on rempli à la louche et enfin la lueur s'éloigne dans un bruit de savates qui trainent au sol ... Elle reste là sans bouger un long moment, un très long moment, grimaçant à chaque douleur spasmodique qui lui tenaille le ventre.
Tout doucement elle ressort de dessous la table, le regard hagard et perdu ...
*Que vais-je faire ? Que dois-je faire ? ... C'est ce soir ... Oui ce soir ou jamais ...*
Elle s'approprie deux autres torchons qu'elle improvise sandales puis se dirige vers la porte ... Doucement, lentement, elle soulève le loquet et dans un grincement sinistre la porte s'ouvre, laissant un vent glacial s'engouffrer dans la pièce et s'insinuer dans ses vêtements. Elle frissonne de froid mais surtout de peur, ne pas se faire voir ... Fuir, courir, elle n'a plus que cela en tête.
Tout d'abord elle longe le mur jusqu'à l'appentis et se place face à la forêt qui se dresse devant elle, majestueuse et effrayante. La lumière blafarde de l'astre lunaire donnant de drôles de formes et de drôles d'ombres aux arbres tortueux dépourvus de leur parure de feuillage.
Longue hésitation ... Déjà de nouveaux flocons font leur apparition, tombant sans bruit rejoindre le manteau de neige qui recouvre toute verdure. Et c'est tête baissée qu'elle finit par se jeter vers la liberté, SA liberté, courant aussi vite que sa condition le lui permet et sans se retourner ...
Déjà les chiens aboient et grognent ... Elle doit faire vite, s'éloigner le plus possible de cet endroit maudit. La neige s'intensifie par bourrasques effaçant lentement les traces qu'elle laisse derrière elle.
La neige et la glace craquent sous ses pieds gelés, à peine protégés par la fine couche de tissu, mais la douleur n'est rien par rapport à celle qui monte crescendo au coeur de ses entrailles...
*Pas ce soir, au non ! Non ! Pas maintenant ! Aristote je t'en supplie ! Tout mais pas ça !*
Elle court, chute, criant alors que la douleur devient de plus en plus insupportable, mais elle serre les dents. Une chance, elle n'a qu'une chance et c'est ce soir où jamais.
Chaque fois elle se relève et continue, malgré le blizzard qui lui fouette le visage, la neige lui brouillant la vue autant que la douleur vive. Elle ne sent plus ses pieds complètement gelés mais elle avance encore et toujours. De longues minutes, des heures même maintenant qu'elle brave les éléments déchainés et son propre corps qui semble y mettre du sien ...
Puis une douleur vive encore, sourde, plus vive que les autres, l'obligeant à se stopper en pleine course...
Contact doux et chaud entre ses cuisses ... Liquide brûlant sur sa peau glacée qui s'écoule ...
NOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN
Un hurlement retentit dans la nuit, provocant l'envolée d'une chouette. Haletante et terrassée de douleur, elle s'agrippe à un arbre. Reprendre son souffle et continuer il le faut, coute que coute ... La progression est maintenant lente et difficile, entrecoupée de longues pauses, pendant lesquelles elle étouffe ses cris dans son châle, ses ongles s'enfonçant dans la mousse des arbres ...
Et la panique laisse maintenant place à l'instinct animal ... L'issue est proche ... Du regard elle essaie de trouver un bouquet d'arbres, serrés les un aux autres, coupant ce vent glacial qui vient du nord ... Refuge trouvé, de ses mains nues elle creuse le manteau de neige pour y faire un trou ... Douleur lancinante qui ne lui laisse aucun répit, son ventre se durcit, nouvelle contraction et de nouveau ce liquide chaud qui lui coule entre les cuisses ... Hurlement animal qui monte du fond de sa gorge alors qu'elle est accroupie au dessus du "nid" formé dans la neige ... Cri bestial qui déchire la nuit ...
AAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHH