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[RP] Ce n'est pas qu'un au revoir...

Asticot
Il n’avait pas su la retenir et elle avait vu sa propre mère sur son lit de mort. La douleur fit place à la folie. Les poings serrés elle frappait le torse du baron. Non qu’elle lui faisait mal, mais il fallait l’aider à reprendre pied. Il tenta de reprendre ses mains sans succès. Quelques secondes d’hésitation, il avait déjà vu faire cela par d’autres mais pour lui c’était une première fois. Jamais il n’avait levé la main sur une femme, pourtant cette fois là, il ne sut que faire d’autre et il la gifla suffisamment fort pour lui faire reprendre conscience.

Il accompagna son geste d’une voix forte et sans aménité..


Allons ! Calme toi ! Je comprend ta douleur, mais par respect pour ta mère, cesse de te comporter ainsi et reprend toi. Pour le reste, je n’ai pas à me justifier devant toi, tu n’es encore qu’une enfant, mais tu sais très bien qu’on ne faisait pas faire à ta mère ce qu’elle ne voulait pas. Il est probablement trop tôt pour que ces mots t’atteignent et te fasse réfléchir. Un jour tu comprendras…

Pour l’instant, va retrouver Ally, j’ai à faire par ailleurs.


Il la poussa devant lui dans les escaliers, s’assurant ainsi qu’elle ne resterait pas dans la chambre de feue sa mère et alla voir Louison pour la charger d’aller chercher le croque mort de la ville.
_________________
--Funerator



Qui était donc Funerator, nul ne le savait, son père était déjà le croquemort du village, et comme le voulait la tradition, dès qu’il fut en âge et qu’il eut croqué son premier mort, celui de son père défunt, il repris alors l’activité.

La journée touchait à sa fin, et il achevait la mise en bière de celle qui se nommait Emilie, une vieille femme du village qui vivait recluse à l’extérieur des remparts. Personne ne savait de quoi, ni depuis quand, elle était morte, seule l’odeur avait attiré un maraud passant par là !

Funerator, tel était son nom, finissait enfin la fermeture du cercueil,. Et oui un notable local, dans sa bonté avait payé le nécessaire. Allez savoir pourquoi, peut être ce dernier dans sa jeunesse l’avait bien connu…. enfin cela était une autre histoire !

Quand une jeune personne se présenta, pour sur cela lui faisait bien drôle de voir de la jeunesse dans son échoppe, il était plutôt habitué à voir des vieux et vieilles, tristes, aux yeux rougis.

Enfin si elle était là, ce n’était sûrement par pour lui faire la causette… Elle lui expliqua qu’une personne était à priori passée dans l’autre monde, mais qu’il fallait le vérifier avant de passer le corps en terre… Il suivit donc la jeune femme, en la demeure de la défunte, et s’appliqua à faire ce pourquoi il était là ! Mais en voyant le corps, bien qu’il ait déjà croisé moult cadavre, il eu un signe de réticence, et sortit de sa poche sa pince. Autant croquer un corps mort ne l’effrayait nullement, mais il ne voulait pas être le prochain à se faire croquer !

Il souleva alors la couche, et vit les pieds… pour sur cela faisait quelques temps qu’ils n’avaient pas vu un baquet d’eau, il prit sa pince, et pinça fortement l’orteil, entendant même un crac, mais point de réaction, la vie avait définitivement quitté ce corps ! Il annonça :

humanitus accidere !

Il ne restait plus qu’à l’emporter et faire la mise en bière…
--Dorilys

Ça faisait une éternité qu'elle ne s'était pas reçu de baffe. Alors venant d'une personne qu'elle connaissait, pour ainsi dire, à peine, cela la surprit davantage. Elle se calma instantanément mais ne put détacher son regard haineux du baron. Mais sa frustration ne fit que grandir lorsqu'il la congédia sans ménagement, comme la simple gamine qu'il voyait encore en elle.

Si Dorilys n'avait pas encore retrouvé toute sa raison, son esprit de contradiction, lui, fonctionnait à merveille. Non, elle n'avait pas envie d'aller voir Allyxia! Non, elle n'avait pas envie de retrouver Astyxio! Ce qu'elle voulait, c'était être seule. C'est donc dans sa chambre qu'elle trouva refuge.

Sa chambre? Non, ça surement pas! La chambre qu'on lui avait allouée, oui. Mais pas Sa chambre. Bien que Gyldas ait été persuadée que la meilleure solution pour ses enfants était de résider ici, Dorilys ne s'y sentait pas à sa place. Et elle n'avait pas envie d'y rester.

Sans attendre de savoir ce qu'on allait faire de sa mère, elle écrasa rageusement les larmes au coin de ses yeux et décida de rassembler quelques affaires. Avant que quiconque s'aperçoive de quoi que ce soit, elle serait déjà loin.


--Cyrielle

De trois ans plus jeune que son aînée, Cyrielle avait toujours été une petite fille calme. Aussi placide que son père, elle savait rester discrète quand la situation l'exigeait. Mais s'il y avait une personne avec qui elle était souvent en désaccord, c'était bien sa sœur. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir lui ressembler.

Quelques minutes plus tôt, elle l'avait bien entendu se mettre à crier. Mais elle n'avait pas osé intervenir. Elle avait entrebâillé la porte de sa chambre et n'avait pas perdu une miette de la scène. Bien qu'elle soit jeune, la raison de la folie de sa sœur lui parut évidente: maman était morte. Des larmes roulèrent le long de ses joues, mais la petite brune ne bougea pas.

Elle aurait voulu rejoindre sa sœur sans se faire voir, mais le couloir ne désemplissait pas. Elle dut se résoudre à attendre le départ du croque mort avant de quitter sa chambre et se précipiter dans celle de sa sœur. Mais ce qu'elle vit ne lui plut pas du tout.


- Mais… Dori, qu'est-ce que tu fais? Tu vas pas t'en aller!

Mais Dorilys rassemblait imperturbablement ses affaires sans lui répondre. Assez téméraire, Cyrielle insista:

- On n'a pas le droit de quitter la maison. Le baron l'a dit, et tante Ally aussi. Si tu t'en vas, je vais le dire!

Elle n'osait pas lui avouer qu'elle avait peur de se retrouver seule. Elle s'était toujours appuyée sur Dorilys, en dépit de leurs désaccords fréquents. Elle espéra, par ce chantage, la ramener à la raison et lui faire changer d'avis.
--Dorilys

Tiens donc! Revoilà la casse pied de service! Déjà à son apogée, le cynisme de Dorilys réussit encore à monter d'un cran.

- J'en ai assez. J'en ai marre de toujours t'avoir dans mes pattes quand c'est pas le moment. T'es bien comme Arteis. Toujours là où tu devrais pas être.

Dorilys n'avait jamais digéré le fait que son père trompe sa mère avec d'autres femmes. L'apothéose avait été atteinte le jour où il était réellement parti avec une autre. Depuis, il était mort, et la rousse ne s'en portait que mieux. Mais la jalousie en appelant à la mauvaise foi, elle ne pouvait s'empêcher de retrouver les défauts de son père adoptif dans sa sœur.

- Tu joues au petit ange alors que tu n'es qu'une chipie. Tu finiras comme lui! Alors je vais te dire un truc. Va faire ta petite rapporteuse si ça te chante, moi, je m'en vais quand même.

Elle termina son baluchon par un nœud grossier et toisa sa sœur:

- Laisse-moi passer maintenant!

--Cyrielle

Alors là, c'était un peu fort! Elle méritait bien son caractère de rouquine celle-là! Il fallait à tout prix la retenir.

- C'est pas ce que je voulais dire. Comme d'habitude, tu comprends rien à rien. T'es dans ton monde égoïste et tu vois rien. T'as même pas vu l'homme bizarre qui l'a emmenée. Tu vois même pas qu'Astyxio est amoureux de toi. Tu vois même pas que moi, j'ai pas envie que tu t'en ailles.

Cyrielle se retint de pleurer de toutes ses forces. Elle savait par expérience que Dorilys détestait par-dessus tout l'entendre chouiner. Il fallait trouver quelque chose, n'importe quoi, pour la retenir. Sans le savoir, la petite brune allait trouver les mots marquants:

- On va enterrer maman, et tu seras même pas là! Et moi, je vais faire quoi sans toi? Si tu pars, emmène-moi avec toi.
--Dorilys

Elles s'étaient toujours chamaillées. Elles n'avaient jamais été d'accord sur quoi que ce soit. Alors qu'est-ce qui lui prenait, à la brunette, de s'accrocher à sa pseudo-frangine comme si sa vie en dépendait?

- Tu viens si tu veux. Mais moi, je t'attends pas.

Cependant, la jeune femme devait bien admettre que sa sœur avait raison. Aussi céda-t-elle du terrain:

- Je partirai après la cérémonie. Tiens toi prête.

Asticot
Non seulement il avait du apprendre à Dorilys la mort de sa mère, mais il avait également du l’apprendre à Ally. Depuis la veille, elle errait telle une âme en peine, attendant et redoutant le moment qu’elle savait inéluctable. Pourtant quand le moment se présenta, elle accusa le coup. Pas une larme de versée, aucune crise de nerfs telle que Dorilys. Mais une phrase dite d’une voix d’outre tombe qui tomba telle un couperet :

Après la cérémonie, je prend le bateau, je pars pour une lointaine contrée par delà les océans. Je prends les petits avec moi et les enfants de … Gyldas. Astyxio retournera à l’école.

D’un ton un peu plus amène elle ajouta…


Tu pourras t’en occuper un peu ?

Le baron était à mille lieux de penser qu’elle lui confierait leur fils aîné. Il pensa qu’il aurait aimé s’occuper également de Cerise, mais il n’était point le moment d’en discuter. Par ailleurs, il ne savait toujours pas si sa fille savait qui était son père. Il se contenta donc de rassurer Ally.

Bien sur ! tu sais que cela me ravit. Et quand ses études seront terminées, je le prendrais avec moi, il apprendra à diriger mes terres à mes côtés. Bien sur, dès ton retour, tu le verras quand bon te semblera. Je ne te demande qu’une chose, donne lui de tes nouvelles de temps à autre. Je n’aimerai pas avoir à expliquer à notre fils ce qu’il pourrait prendre pour un désintérêt de la part de sa mère.

Il semblait que les choses étaient en bonnes voies… Dori était partie se calmer dans sa chambre, le croque mort avait certifié le décès. Il lui restait quelques jours pour organiser la cérémonie.

Une visite au diacre, quelques écus laissés pour l’église et les pauvres de la ville et Gyldas fut emmenée dans sa dernière demeure. Cérémonie sobre et sans gros attroupement. La pauvre n’était pas du village et exception faite des enfants et de ses amis, il n’y avait que les sempiternels badauds et grenouilles de bénitiers.

De retour dans la maison d’Ally, chacun y allait de ses préparatifs de départ quand Ally vint paniquée lui dire qu’elle ne trouvait nulle part trace de Dorilys et de Cyrielle.

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--Dorilys

Et pour cause. Les deux filles étaient parties. Profitant de ce que chacun était occupé à ses propres bagages, la rousse et la brune avaient sellé Feu Sauvage, accroché maladroitement leurs baluchon en croupe et quitté la propriété sans que personne ne le remarque.

La seule personne que la rouquine regrettait de laisser en arrière, c'était son blondinet. Durant son séjour, elle ne lui avait jamais laissé deviner qu'elle l'aimait. Et sa fierté lui interdisait d'aller lui dire adieu. Alors elle lui avait laissé un mot. Accroché sur son oreiller, elle ne doutait pas qu'il le trouverait.


Citation:
Cher Astyxio,

Je ne sais pas par ou commencer. J'ai tant de chose à te dire, mais les mots ont du mal à venir.
Ne crois pas que je te déteste. C'est faux. Tu le sais. Tu l'as toujours su.

Nos retrouvailles ne se sont pas passées comme tu l'aurais souhaité. J'en suis désolée.

Et aujourd'hui, je m'en vais. Je fais peut être la pire bêtise de ma vie, mais je ne peux pas rester ici. Je refuse également de suivre ceux et celles qui, pour moi, sont responsables de la mort prématurée de ma mère.

Toi et moi, ça aurait pu être possible. On ne le saura jamais. Ne sois pas malheureux. Tu mérites mieux que moi. Si on est fait l'un pour l'autre, on se reverra.

Adieu Tixo, je ne t'oublierai jamais. Je te le promets.

Ta rousse,
Dorilys


Cyrielle avait quelque peu hésité, se demandant ce qu'ils allaient faire de leur jeune sœur, la petite Ambre. Mais Dorilys l'avait mise au parfum:

- C'est la volonté de maman qu'elle soit ici. C'est la notre de nous en aller. On ne fait rien de mal en la laissant ici. Si tu as des scrupules de l'abandonner, tu restes, mais moi, je pars maintenant.

Dorilys ne comprenait toujours pas pourquoi Cyrielle tenait tant à l'accompagner, mais elle en avait pris son parti. Si elle suivait, tant mieux, si elle traînait, tant pis. Il fallait faire vite pour ne pas qu'on les rattrape.

--Astyxio_
Astyxio comme tout le monde préparait son sac. Retour à l’école avait dit sa mère… et ce que disait sa mère était en général sans appel. Il était bien sur très peiné de la mort de sa tante, mais il était encore plus inquiet pour Dorilys. Pourtant, malgré l’inquiétude qu’il ressentait pour la petite rouquine, il ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir de l’avoir à la fois vertement réprimandé puis royalement ignoré.

Toutes ses affaires tenaient dans un sac. Un dernier regard dans la chambre pour s’assurer qu’il n’avait rien oublié quand il vit un mot sur son oreiller. Intrigué, il le prit dans ses mains, sachant déjà qui l’avait rédigé.

Quelques mots… rien pour ainsi dire… elle lui disait juste qu’elle partait sans lui. Du moins c’est ce qu’il comprit et retint. Les yeux commençaient à piquer. Allait il devoir se cacher pour pleurer ? Avant de décider quoique ce soit, il cacha au fond de sa poche le mot de Dorilys pour que personne ne tombe dessus par hasard. Il ne voulait pas qu’on le traite encore en petit garçon qui a un gros chagrin.

Il était planté au beau milieu de la chambre à réfléchir quand il entendit sa mère appeler Dorilys et Cyrielle… un moment de silence, et son père qui s’y mettait aussi. Ainsi, elle avait fait ce qu’elle disait… « Et aujourd'hui, je m'en vais. »

Refoulant ses sentiments, il sentait que quelque chose d’important était en train de se passer et qu’il devait montrer ce qu’il voulait pourtant cacher à ses parents. Il descendit, le mot de Dori à la main et le tendit à sa mère.

Dori avait fuit, emmenant avec elle sa jeune sœur Cyrielle… Le blondinet ne put s’empêcher de se demander ce qu’elles allaient devenir. Elles, seules, sur les routes alors que lui était encore avec ses parents, prêt à rejoindre l’univers sécurisé de l’école qui devait faire de lui un homme.
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