Flore
Enored a écrit:
Dia dhuit jolie fourmi éclaireuse ! La colonie est arrivée ! On s'installe où ?
Dia dhuit jolie fourmi éclaireuse ! La colonie est arrivée ! On s'installe où ?
Vous pouvez établir votre nid ici. Le lieu est sûr. Rit et accueille Enored par une franche accolade.
Tu vois ? Cétait facile de traverser les lignes ennemies ! Seule ombre au tableau, Nanou. Jattends des nouvelles mais en même temps, il paraît que les félons ont encore massacré des civils. Jespère quelle nest pas parmi ces malheureux. Elle est si jeune. Nous naurions peut-être pas dû la laisser partir seule, vu les exactions régulières des marquisaux.
Marque une pause, pour effacer de son esprit les visions du sort possible de sa petite cousine. La guerre a déjà touché nombre de ses amis et de plus en plus souvent, son imagination ségare douloureusement à travers les tentatives dexplication des épreuves quils ont endurées.
Flore ne peut se permettre de se laisser envahir par ces pensées terrifiantes et sa tactique, efficace, est de se concentrer rapidement sur autre chose.
Elle enchaine :
Le départ est pour très vite. Nous voulons tous en finir avec les derniers défenseurs du marquisat. Tu peux rejoindre Sofio. Elle seconde le Capitaine Namaycush. Tu recevras ton affectation au sein de larmée.
Je suis dans la section « Baston », sous les ordres de Gorborenne. Tu ne peux pas le rater si tu le croises. Je suis plutôt confiante pour la suite, malgré que ce soit ma première expérience au combat.
Tout dans cette armée démontre leur professionnalisme. Les affrontements seront éprouvants mais lentraînement des soldats de Pa Capituna leur donnera un avantage certain.
Les soldats du MAO ont pour eux leur instinct de survie, décuplé par la peur au ventre. Ils se battent pour une cause illégale, condamnée par lintégralité des Royaumes connus.
Naturellement, ils ont suivi les dirigeants quils connaissent et aujourdhui, ils constatent leurs mensonges et sont témoins de lexpression de leur haine partout où un débat naît. Résultat, plus de tribune déchanges.
Les marquisaux ne combattent pas seulement sur le champ de bataille. Ils tentent de museler lopposition par tous les moyens. La raison est tellement évidente.
Leur tromperie ne peut tenir la route face aux arguments légitimes de lEmpereur, du Roy de France et du Pape.
Sourit en coin.
Eux peuvent périr écrasés sous cette pression. Jaimerais par contre que le peuple provençal ouvre les yeux.
Flore laissa la parole a lirlandaise, la conversation ne continua pas longtemps sur la politique.
Elles eurent même loccasion de partager une bouteille de vin rouge, bien utile pour se détendre avant de retourner dans larène.
Nuit du mardi 2 au mercredi 3 mars Début des travaux de désherbage en zone aixoise
Les instructions étaient claires. Attaque cette nuit sur le flanc de lennemi. Profiter au maximum de leffet de surprise. La mission était donc de se faufiler à travers les buissons discrètement jusqu'à la position choisie pour l'assaut.
Flore regrettait de ne pas avoir choisi une tenue foncée chez le tisserand. Elle avait encore cherché des couleurs aisément repérables, ce qui en ce moment nétait guère approprié. Heureusement, la lune se montrait timide. Camouflage chanceux.
Première expérience sur le champ de bataille. Elle obéissait sans contestation. Lorsquon ne maîtrise pas une situation il est toujours préférable de se taire et faire preuve dhumilité devant ceux qui savent, plutôt que de parler pour se faire valoir vainement.
Flore évolue au milieu de la lance, attentive aux mouvements de ses compagnons. Parmi eux, Samuel. Aucun mot nest échangé, la concentration est maximale. Ils aperçoivent enfin les étendards ennemis. La demoiselle sourit. Ses informations se révèlent exactes.
Ensuite, lattente, nervosité contenue, répétition mentale des gestes dattaque et esquive puis
Lueur aveuglante
BAAAAAAASTOOOOOOOON!!!!
Le signal ! Ils surgissent de leur cachette, galvanisés par le puissant appel du géant. Devant eux, les adversaires restent un instant interdits devant limposante silhouette. Il nen faut pas plus pour quils soient face à face, se lançant sauvagement dans la bataille.
Cest très rapide, bien plus que ce que Flore imaginait. Des coups fusent de tous les côtés. Peu aguerrie au combat, il lui est très difficile desquiver et de se mettre en position pour porter une attaque. Sa hache est affûtée, relativement légère lui a-t-on dit mais ses mouvements sont trop lents pour mettre à mal un adversaire. Flore commence à sénerver de cette incapacité à toucher du félon lorsque leur chef de section ordonne le repli.
On se replie, dans le maquis, on ne laisse personne! Isa, On les couvre!
Pas le temps de voir qui cest, ni de la jouer délicate. Les compagnons au sol sont ramenés au plus vite dans les broussailles. Flore reconnaît alors Samuel, inconscient. Effrayée, elle recule, incapable de lexaminer de peur de découvrir sa mort. Gorborenne et Isa poursuivent la lutte. Ils les rejoignent rapidement. Enfin, il lui semble. Elle ne sait pas, le temps ne sécoule plus normalement. Elle est là, en face de son cousin grièvement blessé, ou pire encore et voit pour la première fois, concrétement, les drames causés par cette guerre. Un sentiment de haine monte en elle à lencontre de la fausse marquise. Pauvre folle ! Tant de sacrifices pour un trône volé !
Leur lance retourne au campement. La bataille est terminée pour ce soir. Les marquisaux soccupent aussi de leurs compagnons tombés. Le géant couvre leur retraite par un joli feu de joie. Les paroles entendues entre soldats font état dune correction infligée aux félons. Flore n'est pas pour autant rassurée. Elle sinquiète pour Samuel, emmené à la tente dinfirmerie. Elle serait inutile là-bas, elle ne connaît la médecine que par ses lectures à lUniversité de Genève.
Elle doit savoir pour les autres.
Les informer que Samuel est blessé. Oui, elle dira ça. Il na pas bougé depuis leur retour du champ de bataille mais ça ne veut rien dire.
Il est inconscient. Oui, cest ça. Il ne peut en être autrement.
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