Madnight
Alors, qu'est ce qu'il a dit le Géant Catalan ?
Tu sors de la ville par la porte arrière, tu débouches sur un chemin qui longe un ancien champ de mais et tu traces droit ...
En a de bonnes le Barbu ! S'il croit que brouetter deux tonneaux de pinard sur ce chemin caillouteux c'est facile !
Mad ruminait comme d'habitude sa mauvaise humeur.
Allez viens boire un ptit coup à la maison, enfin au campement, qu'il a dit l'autre ! Et ramène deux tonneaux, car on sera avec plein de potes qui sont des bois sans soif !
Elle avait dégotté les tonneaux. C'était déjà pas si mal. Finalement en temps de guerre, le vin c'était encore la seule chose qu'on réussissait à trouver sans trop de peine !
Ah ! de la lumière !
Les feux du campement commençaient à être visibles. Mad avait hâte d'arriver et poser sa brouette. Ses bras criaient basta.
Elle vit son pote dont la carrure impressionnante se détachait dans la lueur des feux. Il lui fit signe d'avancer.
Salut mon grand ! Je t'ai ramené la bibine comme prévue.
La fête peut commencer.
D'ailleurs, fait soif. Si on s'en servait un ptit d'avance ?
--Cristopho
L'grand brun voit quelqu'un brouetter deux futs. Se précipite et décharge les deux futs, aidés par un de ses lascards.
_Bien d'accord.. fait soif...
Ramasse sa mase d'armes et défonçe le couvercle du tonneau avec. Passe une chope à la Mad, s'en prends une et commence à puiser dans l'tonneau. Lève sa chope bien pleine à ras bord de pinard et la vide cul sec. Ah bah, l'as d'la descente le colosse...
Vas s'poser près du feu avec ses autres compagnons, qu'ont déjà vidés un fut... Ah les ivrognes.. z'y vont pas d'main morte...
S'rapproche encore du feu et vas tourner la demi-carcasse qui y rôtis. Butin d'un p'tit raid sur une ferme isolée.. Bah oui, ses hommes ils ont soif et faim.. R'gardes sa dizaine de mercenaires profiter des joies d'la vie, en l'occurrence se bourrer la gueule avec tout c'qui s'boit... Fait un peu d'place à son amie à coté d'lui.
_Alors quoi d'beau?
Regarde ses amis qui commencent à entonner à belle voix une chanson paillarde...
_T'occupe pas d'eux, sont d'ja bourrés... Mais t'risque rien
Madnight
Perds pas de temps le catalan ! En deux coups de cuillères à pot, il te décharge les futs, en perce un et sert copieusement Mad d'une bonne grosse chope.
Et glou et glou et glou ! Mad avale presque d'un trait le vin et essuie sa bouche d'un revers de main.
Faut pas croire ! la jeune Mad en quelques mois de guerre a pris les allures d'un garçon manqué. Elle découvre qu'elle a la descente de gosier aussi rapide que le cours du torrent à la fonte des neiges !
Elle voit le regard surpris et amusé du géant qui a du mal à comprendre qu'une frêle jeune fille puisse boire comme un trou .
Faut dire, qu'à Forcalquier, les distractions étaient plutot rares, et la taverne était devenu le point de ralliement.
Et que fait on dans une taverne ? Ben on boit pardi !
Et puis suis endurcie par la guerre, trimbalée au milieu de soldats ivres de sang et de pinard. Faut pouvoir se donner du courage le matin avant d'aller se battre ! Alors t'assure que je peux faire la pige au lever de coude à pas mal de soudards de ma connaissance !
Toutefois, Cristopho sent que Mad n'est pas rassurée.
Elle a accepté sans hésiter son invitation, mais voyant la folle équipée sauvage en train de chanter, elle regrette un tantinet son impulsivité.
Le géant la rassure.
T'occupe pas d'eux, sont d'ja bourrés... Mais t'risque rien
Elle a pas peur la Mad, et même que la chope qu'elle vient de se reservir, lui met du chaud au coeur. Elle se sent bien finalement. L'ambiance est bon enfant et elle a tellement envie de penser à autre chose qu'à cette foutue guerre. Elle zieute le roti qui est en train de cuire.
Humm ça sent bon ! Je peux avoir un ptit morceau pour éponger tout ça ?
--Cristopho
Rg'ardes la Mad qui boit cul sec. 'Tain, s'il avait cru sa d'une p'tite frèle comme sa...
_Bien d'accord, j'ai la dalle moi...
Se relève et vas sortir le morceau de viande du feu, et commence à le couper généreusement. En r'files un bout à sa voisine. Hé non, chez heu y'a pas d'couverts, juste une gamelle en bois et la dague en guise de couteau-fourchette... Bah oui, n'est pas chez les nobles non plus... S'avale un morceau de barbak, cuit à point et bien salée.... 'Fin quelque chose d'autre que des légumes et du pain. R'gardes les autres mercenaires rigoler, chahuter et manger. D'vrais gamins... Faut bien qu'ils s'détendent après tout... Passent leurs vies à tuer sur des champs de batailles, à s'les geler sous des tentes et à crever de faim lors de sièges...
_Ah la guerre... Notre métier... Gagner à la pointe d'sa lance notre pain quotidien -sans oublier le houblon quotidien aussi hein-...
S'enfile une grande rasade de pinard.
_On as combattu partout... D'puis dix ans p'tètre... Contre tout l'monde... Contre les français, contre les Maures, contres certains espagnols, contres les turcs... T'parle d'une vie hein
R'gardes sa frêle voisine.
_Et toi, qu'est tu fout dans c'te guerre? L'prends pas mal, mais t'as pas la carrure d'une guerrière...
Faut dire que comparé à lui, la petite fait sans doute pas l'poids... doit bien en tenir deux comme elle dans son gilet...
Madnight
Hummm ! Mad salive. Cristopho lui tend un morceau de viande dans une gamelle en bois. Elle le récupère prestement avec ses doigts. La viande est brulante, mais qu'importe, elle s'empresse d'y mordre dedans.
Pas de couverts. A la guerre comme à la guerre !
Pendant qu'elle dévore sa part, elle écoute les états d'âme du géant.
Ah la guerre... Notre métier... Gagner à la pointe d'sa lance notre pain quotidien ... On as combattu partout... T'parle d'une vie hein
Mad était songeuse. Elle avait du mal à croire que l'on pouvait considérer la guerre comme un métier. Pour elle, la guerre c'était l'horreur, les morts, la famine, la souffrance. Etre payé pour tuer ? Impensable !
Elle ne voulu pas vexer son nouvel ami, et s'abstint de toutes remarques à ce sujet. Certainement, il avait ses raisons, et la tristesse avec laquelle il parlait, prouvait qu'il n'y prenait aucun plaisir. Mais on était tous la pour rigoler et surtout pas se laisser aller à la morosité.
Et toi, qu'est tu fout dans c'te guerre? L'prends pas mal, mais t'as pas la carrure d'une guerrière
La question surprit Mad et la fit sortir de ses pensées. Elle éclata de rire. Nullement offusquée la jeune Mad. Déjà assez mince, les privations l'avaient rendues maigrichone. Elle n'avait pas trop le temps de faire la belle devant son miroir pour admirer ses formes, mais elle sentait ses vêtements qui commençaient à bailler sérieusement.
Et sûr que devant la stature imposante de Cristopho, sa frêle silhouette contrastait.
Disons que j'ai fait un choix !
Pas besoin d'avoir des biscottos pour être un guerrier !
Elle s'amusa à tater les biceps du catalan, qui gonflaient sous sa chemise.
Il faut aussi de la cervelle, de l'esprit et de la diplomatie.
dit elle en riant et prenant un air supérieur. De plus elle ajouta un semblant de révérence, reste de souvenir d'un temps déjà lointain.
Tu parles d'une guerrière ! Me suis fait blesser le premier jour de la guerre, donc j'avoue ne pas être un as à l'épée.
Mais pas ma faute.
Aussi pourquoi font ils des épées aussi grosses et lourdes ? Hein dis moi ? A ma première charge, j ai failli partir avec l'épée.
Me suis retenue in extremis pour pas tomber aux pieds de mon attaquant, avant qu'il ne me touche !!
Je revois encore son sourire moqueur et mauvais. Mais il a pas eu de pitié le bougre. M'a transpercé comme t'as pris le roti tout à l'heure avec ta dague !
Heureusement Ste Boulasse et Aristote n'ont pas voulu de moi !
Par contre, parait que j'ai la langue bien pendue, donc j'ai profité un max de ma convalescence pour faire le trouble fête des ennemis.
Si tu veux rire je vais te raconter quelques anecdotes et tu me raconteras aussi les histoires drôles que t'as vécues. Mais avant tu veux bien me servir un verre de vin ? C'est efficace pour délier les langues !
Ceci étant dit avec un clin d'oeil au catalan en même temps qu'elle lui tend son verre vide.
Par contre je pensais qu'on serait plus nombreux ce soir ! Y a bien ton groupe qui chante et met l'ambiance, mais c'est dommage qu'on puisse pas partager un si bon pinard !!
Mad jeta un regard en coin aux soldats déjà bien éméchés qui levaient leurs verres en aboyant ! Elle se mit à rire.
Elle était en tête à tête avec ce grand barbu étranger, en train de manger avec les mains, en écoutant les braillements paillards du reste de la folle équipée !
Elle chassa rapidement cette image farfelue et questionna Cristopho d'un air moqueur :
T'as bien dit à tous qu'on faisait la fête ce soir ? Ils n'ont peut etre pas trouvé le chemin du campement ? Se sont perdus en route !
Si tu leur as donné les mêmes explications qu'à moi, c'est sur, qu'ils vont tous arriver quand il y aura plus de vin dans les futs !
Au train où ça va, vont bientot nous retrouver à chanter et danser autour du feu, où bien à l'état d'épave en train de cuver !