Tchantches
[Siège de Forcalier]
- Dis moi Olaf, déjà qu'on est devant une ville dont je n'arrive pas à prononcer le nom, où tu as dit qu'on était à Fort qu'à lier ?
Vraiment, jamais entendu, je n'ai pu me faire qu'un français tout maigre hier et encore je l'ai à peine blessé.
quand vont-ils nous envoyer du gros gibier ?
Tchantchès parlait en réparant sa cotte qui avait souffert d'un mauvais coup deux jours plus tôt.
- tu sais Olaf, ça sert finalement un bon équipement. Sans ma cotte de maille j'aurais les os broyé, alors que là l'onde de choc s'est répandue et j'ai juste un peu mal partout.
Regarde mon épaulière, comme elle est bosselée. J'ai eu de la chance, peut-être devrais abandonner ma grande épée à deux mains et prendre un bouclier.
J'ai bien un écu, mais je ne m'en sers qu'en tournoi.
Olaf n'écoutait même plus, une fois que le vieux avait bu sa bière, il débitait des bêtises à longueur de temps et pour lui, il suffisait d'opiner du chef.
- Oui mon Seigneur.
- Demain Olaf, on va enfin manger à notre faim.
Demain, tu verras, on écrasera l'ost prétentieux de la France qui n'a de franc que le nom, tant ils sont perfides et misérables.
Tchantchès rapiéça très mal sa cotte, l'heure avancée faisait qu'il y voyait mal, en plus, fatigué de ses longues luttes, il avait bu plus que de raison, or, avant un combat, il ne le faisait jamais.
Olaf regarda son maître, celui qui à Tabor aurait pu le tuer et l'avait finalement pris à son service, comme un esclave et puis progressivement comme un serviteur et enfin presque comme un ami, sauf qu'il ne le lui avouerait jamais.
Il le regarda et il vit le masque de la mort sur son visage. Jamais avant il ne l'avait vu. Il l'avait toujours vu victorieux, mais là il fut prit d'un grand doute.
- Seigneur Tchantchès ?
- Oui Olaf ?
- Si demain vous et moi, nous assurions les arrières de la troupe ?
Les français sont ici dans un cul de sac et le seul danger peu venir de renforts venant d'Aix. Qu'en pensez-vous ?
- Olaf, si je ne te connaissais pas, je penserais que tu as peur.
Comment veux-tu que je rejoigne ma belle au soleil, tu sais ma margueritte qui m'attend déjà depuis 1428, et bien il me faut enfin mourrir un jour les armes à la main, cela pourrait bien enfin se produire devant ce bled inconnu de mon vocabulaire.
- Oh Seigneur, depuis que je vous connais vous dites cela à qui veut l'entendre, mais vous vous battez de telle manière que c'est l'ennemi qui périt et non vous-même.
- Normal Olaf, la vraie foi ne peut tolérer la lâcheté devant le jugement du très haut, c'est à lui de choisir le moment. Moi je ne fais que multiplier les occasions.
Or donc, Demain comme d'habitude, je serai seul en avant et l'épée en garde haute. A pied pour entrer dans la brêche et je serai celui qui ouvre la voie dans les murailles.
Alors, moi je vais me coucher, sois gentil, brosse encore une fois mon vieux Bayard et donne lui la meilleur paille et ajoute un peu d'avoine à sa pitance.
Tchantchès tourna les talons et sa pensée parti rejoindre déjà sa belle margueritte, la seuile femme qui dans son jeune temps lui avait chaviré l'âme.
Tchantches
[Attaque sur Forcalier]
Cela avait été une bataille sanglante de plus.
Une fois encore le vieux s'était rué dans la brèche, il avait bataillé ferme, ses coups écartaient les hommes du premier rang ennemi, il les sonnait mais personne ne tombait, encore une fois ils l'évitaient tel un flot flide qui se referme derrière l'homme.
Il vit plusieurs ennemis tomber, des ammis aussi, mais la bataille resta incertaine et à la tombée de la nuit, hormis morts et blessés, c'était encore le Statu Quo.
Puis tout à coup, les rangs ennemis cédèrent et la ville fut ouverte, tout le monde s'engouffra dans la brêche et le flot des assaillants, tel une rivière en crue pénétra dans la ville.
Finalement ils résistent ces français, va falloir, insister, va falloir les massacrer tous.
Olaf, je t'en prie, trouve moi une autre cotte de maille, celle-ci est par trop ajourée et les réparations me paraissent difficiles.
Heu Olaf ?
Tant qu'à faire, trouve moi aussi un autre Heaume, celui-ci est tellement bosselé que je ressemble à un pamplemousse.
Tchantchès resta sur les remparts, il ne participerait pas aux poursuites et voire même aux pillages coutumiers qui auraient lieu dans les maisons des traîtres.
Il ne violerait pas non plus, il n'était pas là pour ça. La provence récupère ses villes, la justice du très haut est en marche.
L'odieu français va devoir rentrer chez lui et, espérons-le, ravaler son arrogance et faire la paix.
Mais qui sait de quoi ces ignobles gens sont capables à l'avenir ?
Olaf revint avec les objets demandés, Tchantchès vit bien quelques taches de sang mais ne posa aucune question.
- Olaf, encore une mission, trouve-nous de la bière, et quand je dis de la bière, ne lésine pas sur la quantité, hein ?