Iskander
[Aix ... plus vraiment Aix ... ailleurs déjà]
Citation:
RP de voyage, pour les morts, pour ceux qui sont entre deux et pour les vivants qui veulent retrouver leurs morts ...
Les étoiles s'allongent, s'amenuisent ...
Le temps passe ...
Des ombres passent au dessus de moi, de tous côtés.
Des cris ... des hurlements ... dans la nuit ... leur écho.
La silhouette de Blackwolf, distincte, tenant l'étendard des Scorpions ... irréel dans la fournaise ...
Je gis, sans bouger ... cette impression de flotter sur le dos, sans prise sur le chaos.
Puis cette ombre qui s'avance et cache tout ... une odeur de chien mouillé, de pisse ... une barbe poisseuse sur mon visage ... une lourdeur sur mon corps.
La glaise froide et humide sous mes mains ...
Rien ...
Cette impression de flotter à nouveau ... la lumière ...
La lumière ... le médecin m'avait dit ... ne pas aller vers la lumière ...
Le soleil se lève ... je vois le Levant .
...
Rien encore ...
Le vent. Ce poids sur mon corps. Pas de douleur. Incapable de bouger pourtant.
Je tente de serrer les mains ... bouger les doigts ... j'arrive à peine à cligner de l'oeil.
...
Le soleil a disparu ... je suis debout. Enfin, je crois.
Il y a plein de gens autour de moi, aussi perdus que moi.
Ils avancent sans bouger les jambes ... puis bougent les jambes, comme par réflexe.
Une grotte sans lumière. Pourtant, j'y vois.
Etrange. Seul son, un clapotis lointain.
Les gens sont abimés ... puis changent d'apparence. Certains deviennent jeunes ... les blessures se referment ... drôle de vision.
Ils sont ternes ... peureux ... inquiets.
Nous avançons tous vers le clapoti de l'eau.
Cette barque noire qui flotte sur les eaux noires aussi.
Le Passeur laisse monter quelques personnes à son bord. Elles le payent.
... Je n'ai pas un sou vaillant.
De l'autre côté ... des pommiers en fleur. Non, chargés de fruits. Non ...
Trop loins. Des pommiers assurément.
...
D'autres n'ont rien ... des compagnons ... râlant à demi-mots sur les détrousseurs de cadavres ... la bouche fermée.
Un reflux ... remonter la pente ...
... long tunnel ... la lumière au bout ... ne pas aller vers la lumière ...
...
Rien ...
Le Vent.
Palpé. Froid aux pieds.
Le Levant ... le soleil se lève à nouveau ... les lèvres craquelées ... la soif ... toujours cette barbe humide sur mon visage.
Des gens passent ...
Je garde les yeux ouverts ... ne parviens même plus à cligner.
Un visage s'approche ... des doigts sales viennent fouiller ... palpent ... entrent dans ma bouche ... en sortent ...
Le visage repart.
Rien à nouveau ...
...
L'impression de flotter au dessus de tout ... Aix ... Aix qui vit ... les morts qui gisent sur le champ ...
D'autres qui errent ... tentant de relever leur corps ... je me vois ... ne pas partir ... garder ma dépouille ... trouver Vero ... lui dire ... aaaah, que faire ?
Est-ce ainsi quand on est mort ?
...
Les rues d'Aix ... passages en tavernes ... passages à travers tout ... drôles de sensations ... impression de m'étioler ... revenir ...
Mon corps ... toujours là, sous le grand barbu ...
...
Le sol, de nouveau ... même vision ... même point de vue monotone ...
Le soleil se couche. Soif ... si soif ...
Une ombre ... la lisière ...
Rien.
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