Aelith
Elle écoutait les quelques mots du cavalier, un sourire aux lèvres, légèrement amusée par son ton assuré. Elle n'avait pas répondu à sa question, hésitant toujours à donner son nom aux inconnus. Qui lui avait appris cette stupide règle, déjà? Lothaire, sans doute... Il n'en loupait pas une quand il s'agissait de rappeler à l'ordre l'ex-petite fille qu'elle était. Quoiqu'il en fut, elle n'eut guère le temps de lui répondre: Yohanna et Lilo s'étaient rapproché d'eux, et il était hors de questions qu'elles la surprennent en pleine conversation avec un homme. Pour la simple - et excellente - raison qu'elles auraient immédiatement tenté de lui chiper. Vous savez, dans ces cas-là, la famille ne compte pas!
Mais en instant, la situation bascula. Le bruit, les branches, la fumée, les brèves explosions: rien n'avait plus le moindre sens, la réalité semblait percée par la flèche de la magie. Aussi étonnant que cela fut, alors que la jument se cabrait sous l'effet de la peur, Aelith ne paniqua pas, non: la première pensée qui la traversa fut en effet celle de la sorcellerie. Quelle situation ironique! Elle dont l'enfance avait été bercée par les insultes au vu de la séduisante mais effrayante couleur de ses cheveux, elle soupçonnait désormais être victime de ce qu'on lui avait toujours reproché sans la moindre raison. Il faudrait sans doute réfléchir là-dessus dès qu'elle aurait cinq minutes à elle.
Tentant de calmer la jument dont les hennissements nerveux et les ruades successives manquaient à chaque instant de la mettre à terre, Aelith ne vit évidemment pas, la fumée n'arrangeant rien, la femme qui sauta du haut d'une branche pour atterrir sur la croupe de sa monture. Lorsqu'on agrippa son menton, elle poussa un cri, soudainement apeurée. La jument, face à la surcharge pondérale qui pesait sur son dos, se cabra une ultime fois, jetant à bas les deux femmes qui se retrouvèrent à terre.
En temps normal, Aelith aurait immédiatement saisi la dague cachée dans la doublure de ses bottes. En temps normal, elle aurait mis en pratique les enseignements de son cousin qui, s'il s'était toujours révélé être un très mauvais conseiller conjugal, possédait une maîtrise des armes dont beaucoup devaient être envieux. Elle était agile, elle était rapide, et même si sa technique ne valait en aucun cas celle d'un guerrier durement entraîné, ou même celle d'un vulgaire brigand qui aurait pratiqué plus souvent qu'elle, elle avait ses chances.
Mais rien n'était normal. Quelques semaines plus tôt, elle était resté quelques minutes de trop dans le lac de Cosne, et ses jambes avaient souffert du léger incident. Le choc brutal qu'elle venait de recevoir en chutant lourdement au sol réveilla une douleur qu'elle avait crue définitivement enfouie. Elle poussa un bref hurlement, et sa douleur lui en rappelant une autre, son esprit se focalisa sur Luna et Yohanna: où étaient-elles? Aveuglée par la lancinante douleur, elle mit quelques instants à se redresser, constatant qu'elle était loin d'être la seule à avoir été agressée, et que celle qui l'avait fait tomber au sol la toisait désormais, un sourire sardonique aux lèvres.
Je savais que j'aurais du rester au lit, ce matin..., haleta-t-elle, grimaçant.
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Mais en instant, la situation bascula. Le bruit, les branches, la fumée, les brèves explosions: rien n'avait plus le moindre sens, la réalité semblait percée par la flèche de la magie. Aussi étonnant que cela fut, alors que la jument se cabrait sous l'effet de la peur, Aelith ne paniqua pas, non: la première pensée qui la traversa fut en effet celle de la sorcellerie. Quelle situation ironique! Elle dont l'enfance avait été bercée par les insultes au vu de la séduisante mais effrayante couleur de ses cheveux, elle soupçonnait désormais être victime de ce qu'on lui avait toujours reproché sans la moindre raison. Il faudrait sans doute réfléchir là-dessus dès qu'elle aurait cinq minutes à elle.
Tentant de calmer la jument dont les hennissements nerveux et les ruades successives manquaient à chaque instant de la mettre à terre, Aelith ne vit évidemment pas, la fumée n'arrangeant rien, la femme qui sauta du haut d'une branche pour atterrir sur la croupe de sa monture. Lorsqu'on agrippa son menton, elle poussa un cri, soudainement apeurée. La jument, face à la surcharge pondérale qui pesait sur son dos, se cabra une ultime fois, jetant à bas les deux femmes qui se retrouvèrent à terre.
En temps normal, Aelith aurait immédiatement saisi la dague cachée dans la doublure de ses bottes. En temps normal, elle aurait mis en pratique les enseignements de son cousin qui, s'il s'était toujours révélé être un très mauvais conseiller conjugal, possédait une maîtrise des armes dont beaucoup devaient être envieux. Elle était agile, elle était rapide, et même si sa technique ne valait en aucun cas celle d'un guerrier durement entraîné, ou même celle d'un vulgaire brigand qui aurait pratiqué plus souvent qu'elle, elle avait ses chances.
Mais rien n'était normal. Quelques semaines plus tôt, elle était resté quelques minutes de trop dans le lac de Cosne, et ses jambes avaient souffert du léger incident. Le choc brutal qu'elle venait de recevoir en chutant lourdement au sol réveilla une douleur qu'elle avait crue définitivement enfouie. Elle poussa un bref hurlement, et sa douleur lui en rappelant une autre, son esprit se focalisa sur Luna et Yohanna: où étaient-elles? Aveuglée par la lancinante douleur, elle mit quelques instants à se redresser, constatant qu'elle était loin d'être la seule à avoir été agressée, et que celle qui l'avait fait tomber au sol la toisait désormais, un sourire sardonique aux lèvres.
Je savais que j'aurais du rester au lit, ce matin..., haleta-t-elle, grimaçant.
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