Ylalang
[RP ouvert à tous ceux qui frayent au château de Reims]
C'était un étrange retour en Champagne, qui laissait un gout amer en bouche, une sensation d'inachevé, de décalage par rapport à tous ceux qui évoluaient autour de la Vicomtesse d'Avize.
Il était aisé de reconnaitre qu'elle n'avait pas su trouver sa place au milieu de la nouvelle génération de conseillers, même si elle pouvait toujours compter sur l'appui de certains nobles.
Était-elle donc restée si loin des rouages du pouvoir pour ainsi perdre ses capacités ? Difficile à dire... Il fallait admettre que ceux réunis actuellement étaient d'excellents conseillers, et que malgré quelques accroches, chacun tentait de faire mieux.
Ainsi le séjour au Conseil de Leah Melani ressemblait maintenant à un séjour touristique dans la capitale champenoise, à vaquer à ses occupations, et passant suivre les débats de temps en temps, sans pour autant avoir quoi que ce soit à ajouter à ce qui se disait. Elle avait eu pour principe à son arrivée inattendue au conseil de laisser d'abord la place aux jeunes pour qu'ils fassent leurs preuves.
Je suis trop vieille pour ces conneries...
Il y a encore quelques années, elle aurait tout fait pour se mettre en lumière, n'était-elle pas réputée pour cela ?
Comploter, fomenter, assassiner avait constitué autrefois son quotidien, et il fallait désormais reconnaitre que ce n'était plus le cas. C'était donc avec un soulagement certain qu'elle avait vu apparaitre une liste ducale pour les prochaines élections, affichant un sourire narquois à la lecture de certains noms. Cela faisait suffisamment longtemps qu'elle faisait de la politique pour ne plus éprouver de surprise aux retournements de situations et de mantels de chacun. Et cela l'assurait de pouvoir quitter cet inconfortable siège ducal dans les prochains jours.
Dans le silence qu'elle affichait au conseil, il était difficile de de savoir si c'était l'ennui ou le désintérêt pour la situation qui en était la cause. Les rapports s'empilaient, des noms défilaient, "prise de reims 1457", "bourrins", "lions de Juda", et finalement Leah Melani se rendait compte qu'elle n'arrivait même plus à s'inquiéter de la situation, éprouvant un sentiment diffus d'impuissance face à tout ce qui se tramait.
L'unique question qu'elle se posait était "Comment aurait-on pu empêcher cela ?", mais il n'y avait aucune réponse dans son esprit. Tout semblait aller à vau-l'eau, et finalement cela lui était désormais égal.
Et parce qu'elle ne respectait plus grand chose désormais, elle s'était mise à siffloter un air qui serait bien vite connu dans ses moments d'ennui.
Le bon roi Lévan III
A mis sa culotte à l'envers ;
Et alors Armoria
Lui dit : Ô mon roi !
Votre Majesté
Est mal culottée.
C'est vrai, lui dit le roi,
Je vais la remettre à l'endroit.
Le bon roi Lévan III
Chassait dans la plaine d'Anvers ;
Alors Armoria
Lui dit : Ô mon roi !
Votre Majesté
Est bien essoufflée.
C'est vrai, lui dit le roi,
Un lapin courait après moi.
Le bon roi Lévan III
Voulait s'embarquer sur la mer ;
Et Armoria
Lui dit : Ô mon roi !
Votre Majesté
Se fera noyer.
C'est vrai, lui dit le roi,
On pourra crier "le Roi boit".
A Armoria, dit-on,
Lévan III offrit un dindon.
"Un dindon à moi!
lui dit Armoria,
Votre Majesté
a trop de bonté."
"Prends donc, lui dit le roi,
C'est pour te souvenir de moi."
La Melani, dans une de ses houppelandes rouges, qui finissait presque par être un symbole de la grande Maison éponyme, finit par arriver devant la porte de la Commissaire au Commerce, et toqua à la porte, espérant qu'elle n'aurait pas à la chercher au CEC ou dans quelque autre instance nébuleuse champenoise.
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